Henri Tournier

Hariprasad Chaurasia & L’Art de l’Improvisation
Sortie le 7 octobre 2010
Label : Accords Croisés
Découverte pas à pas de la musique de l’inde du nord par Henri TOURNIER

Livre de 200 pages & 2 CD
Enregistrement de 7 rāga majeurs du répertoire :
Pandit HARIPRASAD CHAURASIA, bansuri
Ustad FAIYAZ KHAN, tabla
Transcriptions analysées de cinq rāga, en notation indienne et occidentale
Peintures de Sujata BAJAJ

La musique indienne touche et fascine. Cet ouvrage s’adresse à tout auditeur curieux et particulièrement sensible à cette musique qui souhaiterait, au plaisir d’une écoute intuitive, ajouter celui de la compréhension de principes fondamentaux. Il se propose également d’offrir des pistes de recherche, de guider les élèves, étudiants, improvisateurs, interprètes, compositeurs de tout horizons qui auraient envie de s’aventurer dans cette musique pour en revenir enrichis dans leur propre pratique. Les improvisations de Pandit Hariprasad Chaurasia servent de fil conducteur pour découvrir étape par étape les différents éléments de la grande tradition musicale de l’inde du nord.

Cet ouvrage propose plusieurs formes d’approche :
- une simple écoute des enregistrements ;
- une lecture de la partie théorique et une écoute en suivant les grands lignes du texte et en se repérant uniquement sur les minutages ;
- enfin une écoute s’appuyant sur les transcriptions et les textes analytiques détaillés. Cet ouvrage offre également la possibilité d’utiliser ses partitions pour rejouer ces improvisations, comme des sortes d’études, sur tout instrument.

Disque 1 : rāga Yaman, Hansadhvanī, Desh, Mālkauns, Bhīmpalāsi
L’interpretation de chaque rāga est l’occasion de présenter, étape par étape, les éléments clefs de la musique hindustanie. La musique est minutieusement décrite à l’aide d’un système original de transcription qui met en parallèle notation occidentale et indienne. Des repères théoriques et une analyse pas à pas, viennent compléter l’enregistrement et la transcription. L’accent est tout particulièrement mis sur la compréhension de ľorganisation du discours improvisé.

Disque 2 : rāga Gujarī todī, Pilū Le second disque permet d’assembler les pièces du puzzle sous la forme d’un rāga dont l‘interprétation explore toutes les facettes. Une pièce plus légère d’inspiration folklorique vient clore ce long cheminement.
Préface de Joep Bor

Dans le domaine musical ľInde est ľun des pays les plus riches et dynamiques du monde. À côté de ľindustrie florissante des musiques de film et de la musique pop, elle propose une grande palette de musiques dévotionnelles, de musiques de danse et de théâtre, ainsi qu’un nombre incalculable de traditions musicales régionales. C’est également ľunique pays à posséder deux grandes traditions musicales : la musique classique de ľInde du nord – que ľon retrouve au Pakistan, à ľest de ľAfghanistan, au Népal et au Bangladesh – appelée musique hindustanie, et celle du sud, la musique carnatique. Chacune de ces deux traditions porte en son sein de multiples genres vocaux et styles instrumentaux différents. Certains sont profondément enracinés dans le passé, ďautres ont une origine plus récente. Une caractéristique importante de la musique classique de ľInde est qu’elle s’est constamment renouvelée, autant dans le nord que dans le sud. À travers les siècles, les artistes classiques ont toujours su intégrer dans leur musique des mélodies folkloriques ou des chants dévotionnels. Ils se sont montrés capables de ľadapter à de nouveaux contextes, formats, auditoires et aux changements de goûts. Par ailleurs, au fil de sa longue histoire ľart musical indien a fait preuve ďune remarquable continuité, tout particulièrement dans la façon dont les musiciens conceptualisent les rāga et les tāla qu’ils vont jouer, ainsi que dans leur façon de composer et ďimproviser. Les musiciens indiens qui sont reconnus et passeront à la postérité, ont été de grands innovateurs ou de fabuleux pédagogues, parfois les deux. Pandit Hariprasad Chaurasia, flûtiste de renommée mondiale, est de ces derniers. Peut-être encore plus que tout autre artiste en Inde, il symbolise le dynamisme de la musique hindustanie. Artiste des plus ouvert et créatif, Chaurasia à côté de ses innombrables concerts et enregistrements en tant que soliste et compositeur de musique de film, a collaboré en Occident avec succès aussi bien avec des musiciens de jazz que classiques. De nos jours, peu ďartistes de ce niveau international prennent le temps de transmettre leur savoir comme le fait Hariprasad Chaurasia. C’est un enseignant très investi ; c’est pour cette raison que je ľavais désigné comme directeur artistique du programme ďétude de musique indienne, du World Music Academy du Conservatoire de Rotterdam en 1991. Il a enseigné à beaucoup de flûtistes à travers le monde. Chaurasia a également apporté une contribution précieuse pour ľouvrage The Raga Guide, comme ce fut le cas pour son assistant Henri Tournier. D’une certaine façon ľArt de ľImprovisation est le prolongement du Raga Guide et, à nouveau, Hariprasad Chaurasia a offert sa musique. La musique de ľInde est par essence de tradition orale et jamais figée. Elle n’a pas été et ne peut être écrite car, pour ľessentiel, elle est créée ( ou recréée ) dans ľinstant. Mais quel est le fonctionnement de ľimprovisation dans ce contexte singulier de la musique classique de ľInde ? Quelle est la part « fixe » et quelle est la part improvisée ? Par ľintermédiaire ďune transcription et ďune analyse méticuleuse des rāga dans les étapes progressives de leur élaboration, Henri Tournier nous livre les réponses essentielles.

Hariprasad Chaurasia et ľArt de ľImprovisation

Cet ouvrage répond à un appel ďoffre lancé par la direction du conservatoire Codarts, dans le cadre du département de recherche dirigé par Joep Bor, sollicitant les enseignants pour témoigner de pédagogies particulières. Un partenariat avec la maison de production « Accords-Croisés », sous ľimpulsion de son directeur Saïd Assadi, a permis de donner une nouvelle dimension à ce projet en réalisant un second enregistrement complémentaire, et en m’offrant le soutien de son équipe. À la fin de ľun de mes séjours ďétude en Inde, il y a maintenant une quinzaine ďannées, Pandit Hariprasad Chaurasia m’annonça son projet ďintégrer le conservatoire de Rotterdam. Il me proposa alors de ľassister, et ďavoir ainsi la possibilité de continuer à suivre son enseignement. Ce fut le point de départ ďune aventure pédagogique passionnante qui bouleversa ma vision de ľenseignement et de la musique. Nécessité est mère ďinvention : Hariprasad Chaurasia réside chaque année plusieurs mois à Rotterdam. De ce fait, généreusement il a toujours laissé les étudiants enregistrer les cours. Au fil des années Hariprasad Chaurasia, confiant dans mon rôle de traducteur-passeur, plutôt que de rédiger quelques lignes ďimprovisation en fin de cours comme aide-mémoire, commença à enregistrer des improvisations sur mesure pour chaque étudiant. Ces enregistrements, véritables petites pièces de concert adaptées au niveau et aux capacités de chacun, sont devenus, parallèlement à l’enseignement traditionnel, un de nos supports pédagogiques. Ľ étudiant tout ďabord écoute et s’imprègne, puis je ľaide à réaliser une transcription en notation indienne. Une troisième étape intermédiaire consiste à travailler cette transcription comme une étude avec support audio, non pas pour en devenir ľinterprète, mais pour tenter ďen ressentir tout le sens de ľintérieur : par le jeu. Les éléments et la construction du discours improvisé retranscrits sont analysés en détail. Ľobjectif final est juste ďutiliser ce support pédagogique comme un simple cadre, point de repère et générateur, pour le travail ďimprovisation.

Hariprasad Chaurasia et ľArt de ľImprovisation est ľaboutissement de cette stratégie pédagogique singulière. Il est également le prolongement du travail ďéquipe réalisé pour ľouvrage de Joep Bor, The Raga Guide : A survey of 74 Hindustani Ragas, Nimbus Records / Rotterdam conservatoire ( pour cette raison les mouvements mélodiques, chalan, de chacun des 7 rāga proposés ici sont ceux élaborés dans The Raga Guide ).

ĽArt de l’improvisation ne prétend en aucun cas vouloir se substituer à un enseignement traditionnel. Fruit de la réalisation ďune centaine de transcriptions en notation indienne, il tente ďapporter quelques réponses au questionnement fondamental sur cette musique, et sur la construction singulière de son discours improvisé.

Il permet plusieurs formes ďapproche :
 une simple écoute des enregistrements ;
 une lecture de la partie théorique et une écoute en suivant les grandes lignes du texte et en se repérant uniquement sur les minutages ;
 enfin une écoute s’appuyant sur les transcriptions et les textes analytiques détaillés.

Cet ouvrage offre également la possibilité ďutiliser les partitions pour rejouer ces improvisations transcrites, comme des sortes ďétudes, sur tout instrument.

Disque 1 : rāga Yaman, rāga Hansadhvanī, rāga Desh, Tāla, rāga Mālkauns, rāga Bhīmpalāsi

Ľinterprétation de chaque rāga est ľoccasion de présenter, étape par étape, les éléments clefs de la musique hindustanie. La musique est minutieusement décrite à ľaide ďun système original de transcription. Des repères théoriques et une analyse pas à pas, viennent compléter ľenregistrement et la transcription. Ľaccent est tout particulièrement mis sur la compréhension de ľorganisation du discours improvisé.

Disque 2 : rāga Gujarī Todī, rāga mishra Pilū

Le second disque permet ďassembler les pièces du puzzle sous la forme ďun rāga dont ľinterprétation explore toutes les facettes. Une pièce plus légère ďinspiration folklorique vient clore ce long cheminement.

Pandit Hariprasad Chaurasia



Depuis plusieurs décennies, Pandit Hariprasad Chaurasia a élevé ľart de la flûte à son plus haut niveau. Adepte ďune pratique musicale vécue comme une sorte ďascèse, son souci de perfection ľa amené à mettre au point des techniques de jeu tout à fait particulières. Une tenue de ľinstrument, s’inspirant notamment de celle des joueurs de shahnaï ( sorte de hautbois ), lui a permis de résoudre les difficultés posées par ľécart important des trous sur le bansuri, ďacquérir une mobilité des doigts, une virtuosité inégalée notamment pour le jeu en « glissando » des ornementations.

Il s’est beaucoup attaché à développer un phrasé imitant les inflexions subtiles de ľart vocal, ainsi qu’une technique de staccato reproduisant les effets rythmiques du sitār. ĽInde compte maintenant toute une génération de flûtistes très influencés par son style, sa technique et sa musicalité.

Hariprasad Chaurasia est né à Allahabad (1938), lieu sacré situé au confluent du Gange, de la Jamuna et de la Saraswati. Il fait partie ďune modeste famille de commerçants et de lutteurs et doit pratiquer pendant des années la musique en cachette, son père le préparant à une toute autre destinée. Tout ďabord il étudie le chant auprès de Pandit Raja Ram, puis la flûte auprès de Pandit Bholanath à Bénarès, pendant cinq années. Ses qualités de souffle et de sonorité, son aisance ainsi qu’une grande imagination le font rapidement connaître. Il commence à jouer pour la All India Radio à Cuttack dans ľOrissa, puis s’installe à Bombay, joue et compose pour ľindustrie du film, débordant ďactivités dans ce contexte de musique légère. Ses qualités en tant que compositeur auront une grande influence sur la beauté et la clarté de construction de ses improvisations.

Se destinant à une véritable carrière de musicien classique, après des années de vie professionnelle il sollicite ľenseignement de Smt. Annapurna Devi, fille du grand Ustad Allaudin Khan, soeur ďAli Akbar Khan maître du sarod. Annapurna Devi joue le sitār et le surbahār ( sitār basse ) ; elle se consacre exclusivement à la transmission du savoir, et ce, pour un cercle de musiciens très restreint. Elle excelle tout particulièrement dans la connaissance des rāga, du développement du prélude ( ālāp ), du répertoire de compositions anciennes ainsi que dans la maîtrise de certaines techniques ďimprovisation.

Après avoir refusé durant des années les demandes réitérées de Hariprasad Chaurasia, elle ľaccepte enfin, mais lui demande de changer ďinstrument afin de perdre tous les automatismes acquis... Devant son refus, la solution trouvée est alors une terrible mise à ľépreuve : continuer sur la flûte mais en la jouant en gaucher. C’est grâce à ľenseignement de cette musicienne hors pair que Hariprasad Chaurasia estime avoir pu façonner cette musicalité qui lui est si particulière.

Le grand respect de Pandit Hariprasad Chaurasia pour la tradition est indissociable de son sens de ľinnovation qui le conduit à collaborer avec des musiciens tel que John McLaughlin, Larry Coryell, Jan Garbarek ou Egberto Gismonti, pour n’en citer que quelques uns. Voyageur infatigable, il se donne pour mission de faire connaître le bansuri et la musique de ľInde, donnant un nombre impressionnant de concerts à travers le monde. Sa discographie est unique, pas moins de deux cents albums auxquels son nom est attaché : répertoire classique, compositions, rencontres, etc.

Hariprasad Chaurasia, parallèlement à sa carrière de concertiste a toujours eu le souci de transmettre son art, de partager sa musique. Il enseigne principalement à Bombay, et depuis 1991, au conservatoire de Rotterdam, où il est nommé directeur artistique du département de musique indienne. À Bombay et Bhubaneshwar il crée sa propre école, Vrindaban Gurukul. Ses concerts sont aussi ľoccasion ďenseigner, au fil des voyages.

Henri Tournier

Bansuri, flûtes, octobasse

Henri Tournier accomplit ses études de musique classique occidentale auprès de Roger Bourdin au conservatoire de Versailles puis auprès de Fernand Caratgé à ľÉcole normale de Musique de Paris ( licence de concert ). C’est Roger Bourdin, soliste renommé et musicien éclectique qui lui transmettra sa passion pour ľimprovisation.

Lauréat des fondations George Cziffra et Yehudi Menuhin, Henri Tournier, parallèlement à ses concerts de musique de chambre, commence à développer son propre langage improvisé dans le contexte des musiques de ballets contemporains, principalement avec la compagnie Peter Goss. Il suit depuis 1989 ľenseignement de Pandit Hariprasad Chaurasia, lors de multiples séjours à Bombay, puis au Conservatoire de Rotterdam où, depuis plus ďune quinzaine ďannées il est son assistant-professeur invité. À Bombay il reçoit également ľenseignement de Pandit Malhar Kulkarni. Henri Tournier accompagne Pandit Hariprasad Chaurasia lors de plusieurs de ses concerts et en 1999-2001 collabore étroitement à la réalisation et ľinterprétation de son concerto « Adi Anant ».

Un des rares musiciens à se réaliser tant dans la recherche musicale que dans la musique classique de ľInde, Henri Tournier réussit à intégrer le bansuri dans le répertoire contemporain en suscitant de nombreuses créations. Il multiplie les expériences musicales avec les ensembles Nyssa, Henri Agnel, Transes Européennes de Pablo Cueco, Aman-Salon de Musique, Millenarium, avec le duo Hyksos, le trio Hardy-Tournier-Roy, Sangeet Art Ensemble avec Sharmila Sharma et Prabhu Edouard, Renaud Garcia-Fons, Willem Tanke...

Il collabore depuis de nombreuses années avec “Accords Croisés” en tant que musicien invité au sein de différents projets originaux de rencontres sous le signe des « Musiques du monde » : Mahwash ( Afghanistan ) & Hespèrion XXI de Jordi Savall, Battements au coeur de ľOrient de Keyvan Chemirani (Iran / Inde / Grèce ), Houria Aïchi ( Algérie ), Luzmila Carpio ( Bolivie ), Abida Parveen ( Pakistan ), Liu Fang, Lingling Yu ( Chine ) et en tant que consultant spécialiste pour ľenregistrement de Ghazals afghans de Mahwash, ainsi que pour le film Ravi Shankar, ľextraordinaire leçon du réalisateur Frédéric Leclair diffusé par Arte ( DVD collection “Accords Croisés”, à paraître ).

Professeur de flûte traversière de 1983 à 2005 au Conservatoire du XIVe arrdt. de Paris, il a enseigné au Conservatoire National de Région de ľÎle de la Réunion où il a organisé des échanges culturels avec ľInde et ľÎle Maurice. Au Conservatoire de Rotterdam - Codarts Henri Tournier crée sa classe ďimprovisation et supervise le travail de recherche des étudiants en Master. Titulaire du Certificat ďAptitude de musique traditionnelle (2001), et membre de la Société Française ďEthnomusicologie, il participe à des conférences et symposiums ( Sangeet Research Academy à Bombay, Rotterdam, Cité de la Musique de Paris… ) et enseigne ľimprovisation modale dans le cadre de master-classes, de stages ( Ariam-Île de France ) et de résidences.

www.henritournier.free.fr

La flûte en Inde

La flûte est un des instruments les plus populaires en Inde. Elle est désignée dans les ouvrages anciens, les textes védiques, par les termes : venu, nadi ou nali, toonava ; mais c’est le mot venu qui a surtout été retenu. Il veut dire littéralement « bambou » ou « roseau », ce qui est également mentionné dans les Jataka ( recueil de contes sur la vie de Bouddha). Elle est connue à travers tout le pays sous des noms très différents : murali, vamsa, (sanscrit), kuzhal, pulangoil ( tamil, malayalam ), kolavi ( kannada ), pi’anagrovi (telugu)… Ces termes ďune connotation très générale sont utilisés pour toutes sortes de flûtes traversières ou droites.

Dans la littérature sanskrite, murali, synonyme de vamsi, fait référence à une flûte traversière. Le murali est un des principaux attributs iconographiques de Krishna souvent appelé aussi muralidhara, « Celui qui tient la flûte », ou venugopala, « Le (divin) berger à la flûte ». Instrument traditionnel des bergers, la flûte a été utilisée depuis les temps les plus anciens comme instrument ďaccompagnement de musiques sacrées. On la retrouve dans les musiques dites folkloriques, ainsi que pour ľaccompagnement de la danse. Au cours du XXe siècle, de grands flûtistes vont contribuer à en faire ľun des instruments dominants de la musique savante.

Ľextraordinaire T. R. Mahalingam (1926-1983 ) fait son apparition sur la scène musicale carnatique ( musique de ľInde du sud ) dès les années 1940, jouant ďune courte flûte, avec une expressivité, une densité de son et une liberté de jeu fabuleuses.

En ce qui concerne la musique classique de ľInde du nord, il a fallu attendre une période très récente pour qu’elle y prenne tous ses titres de noblesse. Pandit Pannalal Gosh (1911-1960) fût ľacteur principal de cette reconnaissance.

Passionné par cet instrument, il eut une démarche essentiellement autodidacte, puis vers ľâge de 37 ans il suivit ľenseignement du légendaire joueur de sarod Ustad Allaudin Khan. Il développa un style très pur, choisissant de jouer sur de très longues flûtes à la sonorité proche de la voix humaine.

Le bansuri, flûte traversière de la musique hindustanié

On appelle communément en Inde du nord cette flûte traversière le bansuri, une des nombreuses dérivations du sanskrit vamsi, « flûte », et du néo indo-aryen bas, « bambou ».

Le bansuri tel qu’il est joué actuellement dans la musique classique de ľInde du nord, consiste le plus souvent une flûte ďune longueur moyenne de soixante-dix centimètres, ayant la note mi comme tonique. Cette longueur, un large diamètre intérieur et les qualités étonnantes du bambou lui donnent sa sonorité profonde, ronde et veloutée si caractéristique. Faite ďune variété de bambou que ľon trouve dans la région ďAssam, elle est percée de huit trous : un trou ďembouchure, six trous de jeu, et un trou de justesse placée vers ľextrémité ( parfois deux ). Elle se joue communément sur deux octaves, parfois trois.

La tenue de ľinstrument diffère de celle adoptée pour les flûtes traversières occidentales, dites flûtes à clefs. Au lieu ďenvelopper la flûte avec le pouce et ľindex de la main gauche tenue verticale, avec le poignet fléchi, ici les deux mains sont tenues à plat, à ľhorizontale ; la flûte tient en équilibre sur ľextrémité des deux pouces, ľannulaire et ľauriculaire de la main droite servant de stabilisateurs. Cette position laisse une grande liberté aux doigts, nécessaire au jeu en glissando.

Enfin, pour obtenir les notes altérées on n’utilise pas de doigtés de fourche (combinaisons de doigts), contrairement à la flûte à bec ou la flûte baroque par exemple, excepté dans la troisième octave : on obtient toutes les notes en obturant complètement ou partiellement les trous. Ce jeu, faisant intervenir une ouverture partielle pose, bien sûr, de grandes difficultés ďintonation et de justesse au début de ľapprentissage, mais il permet progressivement de contrôler avec une grande flexibilité les micro-intervalles et le jeu mélismatique propres à la musique de ľInde.