Pura Fé

Sacred Seed
Sortie le 27 janvier 2015
Label : Nueva Onda Records
Pura Fé signe son arrivée chez Nueva Onda Records avec Sacred Seed, son nouvel album qui connecte la musique amérindienne au blues, au jazz et à la soul. Sur des arrangements de Mathis Haug, la chanteuse et activiste continue d’explorer les univers à la lisière des traditions Tuscarora.

LINE UP :
PURA FE chant
MATHIS HAUG guitares et banjo
ERIC LONGSWORTH violoncelle
STEPHAN NOTARI batterie, percussions, piano
GUEST :
JEAN JACQUES MILTEAU
Produit et arrangé par MATHIS HAUG
Pura Fé signe son arrivée chez Nueva Onda Records avec Sacred Seed, son nouvel album qui connecte la musique amérindienne au blues, au jazz et à la soul. Sur des arrangements de Mathis Haug, la chanteuse et activiste continue d’explorer les univers à la lisière des traditions Tuscarora.

Une maison de la banlieue de Durham, en Caroline du Nord. Née en 1959 et grandie à New York, c’est ici que Pura Fé a posé valises et guitares. Elle ne s’imagine plus ailleurs : « Je voulais me rapprocher de ma tradition, de ma culture, de mon langage. Me sentir à la maison, parmi ma communauté. » Pura Fé est indienne Tuscarora, artiste, activiste. Et plus encore, toutes choses entremêlées.

En 2005 sur The Last & Lost Blues Survivor, compilation du label américain Music Maker destinée à réhabiliter des musiciens oubliés, on découvrait cette voix qui n’allait plus nous quitter. Quatre albums ont suivi chez Dixiefrog, imposant à nos oreilles une exceptionnelle chanteuse entre folk, blues et musique traditionnelle.

Alors qu’elle signe aujourd’hui son arrivée chez Nueva Onda Records, Pura Fé continue de tendre une ligne de vie entre ses racines ancestrales et des préoccupations contemporaines.

Ainsi Sacred Seed, la « graine sacrée » qui donne son titre à son nouvel album, renvoie autant aux légendes amérindiennes qu’aux OGM de Monsanto. « On me qualifie d’activiste alors que je me situe seulement dans la perspective traditionnelle qui m’impose de porter la responsabilité léguée par mes ancêtres. C’est pourquoi je fais de mon mieux pour que soient respectés les peuples indigènes et pour combattre les menaces qui pèsent sur notre environnement, à commencer par les entreprises qui exploitent le pétrole et le gaz de schiste. » Son parcours musical, qui relie le folklore au mainstream par l’entremise du blues, relève des mêmes préoccupations chez une artiste grandie avec la Motown et qui cite aussi bien Buffy Sainte-Marie que Charley Patton et Joni Mitchell parmi ses influences. En plus des « musiques traditionnelles du monde entier, partout où l’esprit est connecté aux racines ».

Dire qu’elle baigna dans la musique est un euphémisme puisque, côté maternel, on recense huit générations de chanteuses Tuscarora.

Sa mère wagnérienne chantait magnifiquement l’opéra, au point de participer à plusieurs Sacred concerts de Duke Ellington. « J’aurais aimé que le monde entier puisse l’entendre mais l’époque était difficile pour une femme de couleur », raconte Pura Fé dont le père, né à Porto Rico, avait des origines indiennes et... corses. A New York, l’adolescente ne trouve sa place ni dans le système scolaire ni dans la vie citadine. Elle plonge dans les disques parentaux de native music et participe aux pow-wow de la communauté amérindienne. « C’est en me connectant à mes racines indigènes que j’ai trouvé mon identité. »

Passée par les musicals de Broadway, choriste de studio en studio, elle éprouve naturellement le besoin d’exprimer sa propre personnalité. « Et c’est sorti comme ça ! » Le jaillissement prend pour nom Ulali en 1987. Le trio de chanteuses, complété par Soni Moreno et Jennifer Kreisberg, fait sensation en creusant jusqu’aux racines des musiques amérindiennes qui préfigurent le blues. Egalement fouillée par l’un des plus grands fans de Pura Fé, Taj Mahal, la connexion entre native music et blues devient la marque de fabrique de sa carrière solo propulsée par le soutien de la Music Maker Relief Foundation. « Les connexions entre amérindiens et afro-américains sont nombreuses depuis l’esclavage. Les gens ne le comprennent pas toujours mais les Native Peoples ont toujours fait partie de l’évolution de la musique américaine : dans le jazz, le blues ou le rock’n’roll, nous sommes là ! »

Quand elle n’est pas en tournée ou en train de plaider ses convictions de citoyenne, Pura Fé continue de chanter, dans sa maison de Durham, le blues Tuscarora. Elle sort parfois la guitare lap-steel avec laquelle elle a l’habitude de s’accompagner. Une musique domestique que Mathis Haug, recruté pour réaliser l’album Sacred Seed, a choisi de capturer dans son jus, à partir de maquettes que Pura Fé réalisa seule, avec percussions et looper. Mathis choisit de la conduire sur des chemins inconnus qui croisent des routes qu’elle a souvent empruntées : « Peu de personnes savent que la pulsation du blues vient des tambours de la Nation indienne, ce rythme si particulier que l’on appelle le “shuffle” et que l’on peut aisément entendre dans le tambour de Pura Fé.

N’étant pas un spécialiste de la musique amérindienne, je voulais que cet album soit une porte d’entrée vers cette culture, en montrant les différentes influences qu’elle a pu avoir sur les styles que l’on connaît bien en Europe : le jazz pour “In a Sentimental Mood”, le blues pour “Idle No More” et “Spirit In The Sky”, la soul pour “Hiyo Stireh”. »

L’enregistrement ne s’est pourtant pas déroulé en Caroline du Nord mais dans le sud de la France, pays auquel la chanteuse se pense « mariée », autant en raison de ses ancêtres corses que de l’accueil bienveillant que sa musique y a toujours rencontré. Pendant une semaine, Pura Fé s’est enfermée dans un mas gardois en compagnie de Mathis Haug (guitares, banjo, arrangements), Stéphan Notari (piano, percussions) et Eric Longsworth (violoncelle). Une orchestration épurée qui l’autorise à se concentrer sur ses merveilleuses qualités vocales. « Mathis m’a demandé de ne pas jouer de guitare, raconte-t-elle après-coup. J’ai répondu... OK ! Dans un sens, ça m’arrange. En concert, je vais pouvoir me lever et me connecter avec le public d’une manière qui m’était impossible avec la guitare lap-steel sur les genoux. »

Entre anglais, tuscarora et tutelo, les onze titres de Sacred Seed alternent compositions originales et deux reprises. Mais Pura Fé, tout en convoquant son peuple et sa terre (« My People My Land »), outrepasse la tradition autant que le blues et le folk en adoptant donc une instrumentation singulière – le violoncelle – qui tranche avec ses productions précédentes. C’est aussi cette ouverture que symbolisent les reprises de Duke Ellington (le standard « In a Sentimental Mood ») et Norman Greenbaum (le boogie « Spirit In The Sky »). « J’ai encouragé Pura Fé à mêler ses magnifiques chœurs traditionnels à des musiques aux sonorités celtiques (“River People”), ou plus rock à la Neil Young (“Woman’s Shuffle”), et on a décidé d’ouvrir l’album avec la douceur d’un chant sacré (“Mohomeneh”) », explique encore Mathis Haug. Car Sacred Seed est aussi un grand disque de chanteuse, les harmonies étant assurées par les voix superposées de la seule Pura Fé.

« J’ai du forcer ma timidité et faire des choses dont je ne me sentais pas capable », confie-t-elle. C’est pourtant un album qui lui ressemble, le plus intime et aventureux tout à la fois. Les pieds enracinés mais le poing levé, comme un message légué par Pura Fé aux descendants des nations amérindiennes : « Nos enfants sont prêts à défendre leur culture. Il est important que nous placions cette responsabilité entre leurs mains. »