Arnaud Roulin
Massages for piano
Sortie le 31 mars 2023
Label: Lying Lions Productions
Pianiste, compositeur, masseur, kinésiothérapiste, vivant entre Paris et Rio de Janeiro, énigmatique dandy, indispensable partenaire, il a œuvré avec des artistes majeurs tels Poni Hoax, Sébastien Tellier, Catherine Ringer, Jim Black, le Tigre d’eau Douce de Laurent Bardainne, Camélia Jordana et le Supersonic de Thomas de Pourquery. Ses influences pianistiques sont Oscar Peterson, Duke Ellington, Nina Simone, Don Pullen, Alice Coltrane, Hermeto Pascoal, Anne Queffelec … Sa plume est si singulière que sa musique parvient à réunir dans un seul son le piano classique, le piano solo jazz et l’easy listening. On y entend Frédéric Chopin, Érik Satie, Nina Simone, Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou. Écouter Arnaud Roulin est une promenade en forêt, un délicieux et doux massage du tympan, apologie de la lenteur et de la tendresse.
J’ai toujours aimé l’éthos d’Arnaud Roulin, son ambiance, sa vibration, sa cosmo-énergie sans véritablement le connaître. J’ai travaillé, connu et aimé beaucoup des personnes avec qui il fait de la musique, et même une ou deux fois partagé la scène avec lui.
Tout le monde l’aime.... il y a quelque chose chez lui de la douceur maligne, de la coolerie expérimentée, du rêve souriant aux yeux ouverts... Je me souviens qu’un de ses amis m’a dit un jour qu’il était en fait corniste avant d’être pianiste, et cela n’a fait qu’ajouter du mystère, de la densité, et de l’admiration...
Il y a quelques temps j’ai écouté en random l’intégrale de la musique pour piano de Bartok jouée par Zoltan Kocsis et me suis fait la réflexion que le « piano solo » est comme la charpente, l’ossature, le squelette d’une pensée musicale. C’est donc avec l’envie de connaître la substantifique moelle, l’essence, la pensée et le coeur musical d’Arnaud Roulin que j’ai lancé ses « Massages for Piano » en écrivant ces quelques lignes.
J’y ai découvert un pianiste qui embue mes yeux de larmes de joie, et provoque chez moi, ce sourire particulier que j’aime tant...celui qui dit : « Mais bien sûr que je t’aime!!....viens on va se promener, se trouver un spot et kiffer... »
Son toucher, son staccato léger, son agilité, ses changements de tonalité, ses chromatismes, ses nuances soudaines, ses clins d’oeil, ses subtiles dissonances, ses ornements, ses trilles, ses mélodies seules qui donnent envie d’être chantées et ses ondes à la fin de chaque morceau m’avaient déjà conquis lorsqu’est arrivé le morceau que j’allais mettre en boucle pour finir d’écrire ces lignes: « Nuclear Blues » qui semble avoir tout pour me combler, les clusters, les mouvements parallèles, la grille harmonique qui descend vers le beau passé, la poignance de la mélodie, les sons venteux qui le portent haut, haut, haut dans le coeur....
Merci Arnaud, il n’y a rien de plus précieux qu’un morceau que l’on sait pouvoir écouter en boucle infinie...
Christophe Chassol
Tout le monde l’aime.... il y a quelque chose chez lui de la douceur maligne, de la coolerie expérimentée, du rêve souriant aux yeux ouverts... Je me souviens qu’un de ses amis m’a dit un jour qu’il était en fait corniste avant d’être pianiste, et cela n’a fait qu’ajouter du mystère, de la densité, et de l’admiration...
Il y a quelques temps j’ai écouté en random l’intégrale de la musique pour piano de Bartok jouée par Zoltan Kocsis et me suis fait la réflexion que le « piano solo » est comme la charpente, l’ossature, le squelette d’une pensée musicale. C’est donc avec l’envie de connaître la substantifique moelle, l’essence, la pensée et le coeur musical d’Arnaud Roulin que j’ai lancé ses « Massages for Piano » en écrivant ces quelques lignes.
J’y ai découvert un pianiste qui embue mes yeux de larmes de joie, et provoque chez moi, ce sourire particulier que j’aime tant...celui qui dit : « Mais bien sûr que je t’aime!!....viens on va se promener, se trouver un spot et kiffer... »
Son toucher, son staccato léger, son agilité, ses changements de tonalité, ses chromatismes, ses nuances soudaines, ses clins d’oeil, ses subtiles dissonances, ses ornements, ses trilles, ses mélodies seules qui donnent envie d’être chantées et ses ondes à la fin de chaque morceau m’avaient déjà conquis lorsqu’est arrivé le morceau que j’allais mettre en boucle pour finir d’écrire ces lignes: « Nuclear Blues » qui semble avoir tout pour me combler, les clusters, les mouvements parallèles, la grille harmonique qui descend vers le beau passé, la poignance de la mélodie, les sons venteux qui le portent haut, haut, haut dans le coeur....
Merci Arnaud, il n’y a rien de plus précieux qu’un morceau que l’on sait pouvoir écouter en boucle infinie...
Christophe Chassol
Arnaud Roulin est revenu au piano sur le tard. Après avoir tâté toutes sortes de claviers, de l'orgue liturgique aux synthétiseurs discoïdes, il a attendu la trentaine pour se coltiner le vieux machin, avec cordes et marteaux, en bûchant les sonates de Mozart. En bossant ses gammes, il a plaqué un vernis académique sur une pratique affranchie de toute entrave dans les multiples formations où il a opéré. Une nouvelle corde à son arc, dont il n'imaginait pas qu'elle le projetterait bientôt dans le mille du pianiste intrépide : le solo. Pour un premier album sous son nom, on ne fait guère plus casse-gueule. D'ailleurs, ce n'était même pas son intention.
Pour comprendre comment Arnaud Roulin a étrenné la chute libre après avoir été poussé dans le dos, il faut remonter une histoire débutée à Nantes où il est né en 1979. Il a commencé par souffler, à 7 ans, dans un cor dont un camarade du conservatoire s'inquiétait qu'il ne puisse produire que trois notes, puisqu'il n'a que trois pistons. Le cuivre avait d'autres capacités, mais pas celle de produire des harmonies comme le piano familial, un Gaveau du début du siècle, sur lequel il a articulé ses premières compositions au primaire. Pas assez bien selon sa professeure qui pensait qu'il ne pipait rien à l'instrument et l'orienta vers l'orgue liturgique, pour lui épargner le toucher legato. Arnaud Roulin n'a plus touché de pianos mais s'est lâché sur tous les autres claviers tombés sous ses doigts. Sans cesser de jouer du cor, avec lequel il est entré dans la classe de jazz du CNSM (Conservatoire national supérieur de musique) de Paris, avant de le remiser au milieu du cursus pour se consacrer aux orgues et synthétiseurs. Au même moment, les promos sont chahutées par des élèves du nom de Thomas de Pourquery ou Laurent Bardainne, membres d'un collectif qui improvise toute la nuit au squat des Falaises. Arnaud Roulin habite à 100 mètres. Il contribue à agiter cette bande qui, depuis, s'égaye pour irriguer du sang neuf dans le jazz français et les musiques transvervales.
Arnaud Roulin est membre du Crépuscule des dinosaures, quartet éphémère de Laurent Bardainne qui sort un album en 2002. La formation préfigure surtout Poni Hoax, groupe électro-rock incarné par la voix du regretté Nicolas Ker, dont le succès international est catapulté par le tube Antibodies en 2008. Plutôt jazz à l'orgue Hammond dans le projet Tigre d'eau douce, du même Bardainne, plutôt rock aux synthés de Viva and The Diva (avec Maxime Delpierre, Mark Kerr et Sir Alice), il embarque aussi dans le vaisseau Supersonic de Thomas de Pourquery, dans l'orbite de Sun Ra, dont les trois albums ont été multi-récompensés depuis une dizaine d'années. Dans tous les bons coups, une autre musique revient pourtant à ses oreilles : la sienne, dont il brouillonne régulièrement des lignes depuis des années, sans aboutir. En 2017, le dernier album de Poni Hoax et l'ultime tournée ont marqué la fin d'un cycle et le début d'un nouveau. Arnaud Roulin a donc composé un répertoire, pour un quartet dont il serait enfin le leader. Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu.
Ayant enregistré des démos au piano chez lui, Arnaud Roulin les a soumises au producteur Babx qui s'est enthousiasmé pour ces versions solo et lui a suggéré de peaufiner ses compos sur le grand piano de son studio à Pigalle. Adieu quartet ! Le nouveau projet a trouvé refuge sur Lying Lions Productions, le label de Thomas de Pourquery. Lequel en est aussi devenu le directeur artistique, attentif à chaque étape, depuis le choix des titres jusqu'au mix co-réalisé avec Guillaume Jay. Seul mais bien entouré, Arnaud Roulin a ainsi pu réaliser la décoction d'une odyssée de musicien : les héros de toujours – Miles, Marvin, Wagner – et les influences pianistiques – Nina Simone, Oscar Peterson, Don Pullen, Antonio Carlos Jobim, Hermeto Pascoal quand il improvise dans les mêmes sphères que Keith Jarrett.
On les entend tous, et on entend surtout l'imaginaire romantique et radieux d'Arnaud Roulin, dans les sept plages de Massages for Piano. Le titre sonne comme du Brian Eno – Music for Airports – dont l'ambient est une autre référence possible – comme Chopin, Satie et un goût revendiqué pour l'easy listening. Il suggère surtout les bienfaits exercés par un solo dont le concept repose aussi sur le son de l'instrument lui-même, qui varie au fil de l'album. Quand Arnaud Roulin a contribué au film Barbara de Mathieu Amalric, en 2017, ses mains étaient celles de Jeanne Balibar et il a joué sur des pianos aux différentes acoustiques, sourde au début de l'histoire puis épanouie sur un grand Steinway. De même ici, alternant entre le Steinway du studio CBE et le Bösendorfer du studio de Babx, il a varié les configurations – caisses ouvertes ou fermées – et les modes d'enregistrement – y compris avec le spectre étriqué du téléphone portable. De Massage I dont le thème incantatoire évoque John Coltrane et Mal Waldron, jusqu'à Massage III qui ferme l'album sur un ton intimiste, les titres sont liés par des drones de synthétiseur Realistic Concertmate MG-1 de Moog, comme un écho des bourdonnements entre deux mondes chez Lynch, sur une idée de Thomas de Pourquery. Dans l'intervalle, Arnaud Roulin y dédie Angela à sa moitié, reprend Le vent, les arbres, les oiseaux m'encouragent de Bardainne (sur l'album Love Is Everywhere) et convoque le souvenir, sur Rue Nobel, de l'appartement où il habitait et où toutes ces mélodies ont été composées : un incendie s'y était déclaré et le piano qui s'y trouvait a été détruit. Trouvez-y les signes que vous voulez – il y en a plein, tous dirigés vers cette musique lumineuse.
Arnaud Roulin aime les massages et il n'est pas de bon masseur qui n'aime pas être massé. Sous ses doigts, les notes de piano chatouillent les pieds puis remontent le long du dos, malaxent les épaules, pétrissent la nuque, le crâne enfin, jusqu'à nous caresser l'âme. Du piano, on connaissait les sonates, préludes, nocturnes et autres Gymnopédies. Il existe désormais aussi les Massages d'Arnaud Roulin.
Pour comprendre comment Arnaud Roulin a étrenné la chute libre après avoir été poussé dans le dos, il faut remonter une histoire débutée à Nantes où il est né en 1979. Il a commencé par souffler, à 7 ans, dans un cor dont un camarade du conservatoire s'inquiétait qu'il ne puisse produire que trois notes, puisqu'il n'a que trois pistons. Le cuivre avait d'autres capacités, mais pas celle de produire des harmonies comme le piano familial, un Gaveau du début du siècle, sur lequel il a articulé ses premières compositions au primaire. Pas assez bien selon sa professeure qui pensait qu'il ne pipait rien à l'instrument et l'orienta vers l'orgue liturgique, pour lui épargner le toucher legato. Arnaud Roulin n'a plus touché de pianos mais s'est lâché sur tous les autres claviers tombés sous ses doigts. Sans cesser de jouer du cor, avec lequel il est entré dans la classe de jazz du CNSM (Conservatoire national supérieur de musique) de Paris, avant de le remiser au milieu du cursus pour se consacrer aux orgues et synthétiseurs. Au même moment, les promos sont chahutées par des élèves du nom de Thomas de Pourquery ou Laurent Bardainne, membres d'un collectif qui improvise toute la nuit au squat des Falaises. Arnaud Roulin habite à 100 mètres. Il contribue à agiter cette bande qui, depuis, s'égaye pour irriguer du sang neuf dans le jazz français et les musiques transvervales.
Arnaud Roulin est membre du Crépuscule des dinosaures, quartet éphémère de Laurent Bardainne qui sort un album en 2002. La formation préfigure surtout Poni Hoax, groupe électro-rock incarné par la voix du regretté Nicolas Ker, dont le succès international est catapulté par le tube Antibodies en 2008. Plutôt jazz à l'orgue Hammond dans le projet Tigre d'eau douce, du même Bardainne, plutôt rock aux synthés de Viva and The Diva (avec Maxime Delpierre, Mark Kerr et Sir Alice), il embarque aussi dans le vaisseau Supersonic de Thomas de Pourquery, dans l'orbite de Sun Ra, dont les trois albums ont été multi-récompensés depuis une dizaine d'années. Dans tous les bons coups, une autre musique revient pourtant à ses oreilles : la sienne, dont il brouillonne régulièrement des lignes depuis des années, sans aboutir. En 2017, le dernier album de Poni Hoax et l'ultime tournée ont marqué la fin d'un cycle et le début d'un nouveau. Arnaud Roulin a donc composé un répertoire, pour un quartet dont il serait enfin le leader. Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu.
Ayant enregistré des démos au piano chez lui, Arnaud Roulin les a soumises au producteur Babx qui s'est enthousiasmé pour ces versions solo et lui a suggéré de peaufiner ses compos sur le grand piano de son studio à Pigalle. Adieu quartet ! Le nouveau projet a trouvé refuge sur Lying Lions Productions, le label de Thomas de Pourquery. Lequel en est aussi devenu le directeur artistique, attentif à chaque étape, depuis le choix des titres jusqu'au mix co-réalisé avec Guillaume Jay. Seul mais bien entouré, Arnaud Roulin a ainsi pu réaliser la décoction d'une odyssée de musicien : les héros de toujours – Miles, Marvin, Wagner – et les influences pianistiques – Nina Simone, Oscar Peterson, Don Pullen, Antonio Carlos Jobim, Hermeto Pascoal quand il improvise dans les mêmes sphères que Keith Jarrett.
On les entend tous, et on entend surtout l'imaginaire romantique et radieux d'Arnaud Roulin, dans les sept plages de Massages for Piano. Le titre sonne comme du Brian Eno – Music for Airports – dont l'ambient est une autre référence possible – comme Chopin, Satie et un goût revendiqué pour l'easy listening. Il suggère surtout les bienfaits exercés par un solo dont le concept repose aussi sur le son de l'instrument lui-même, qui varie au fil de l'album. Quand Arnaud Roulin a contribué au film Barbara de Mathieu Amalric, en 2017, ses mains étaient celles de Jeanne Balibar et il a joué sur des pianos aux différentes acoustiques, sourde au début de l'histoire puis épanouie sur un grand Steinway. De même ici, alternant entre le Steinway du studio CBE et le Bösendorfer du studio de Babx, il a varié les configurations – caisses ouvertes ou fermées – et les modes d'enregistrement – y compris avec le spectre étriqué du téléphone portable. De Massage I dont le thème incantatoire évoque John Coltrane et Mal Waldron, jusqu'à Massage III qui ferme l'album sur un ton intimiste, les titres sont liés par des drones de synthétiseur Realistic Concertmate MG-1 de Moog, comme un écho des bourdonnements entre deux mondes chez Lynch, sur une idée de Thomas de Pourquery. Dans l'intervalle, Arnaud Roulin y dédie Angela à sa moitié, reprend Le vent, les arbres, les oiseaux m'encouragent de Bardainne (sur l'album Love Is Everywhere) et convoque le souvenir, sur Rue Nobel, de l'appartement où il habitait et où toutes ces mélodies ont été composées : un incendie s'y était déclaré et le piano qui s'y trouvait a été détruit. Trouvez-y les signes que vous voulez – il y en a plein, tous dirigés vers cette musique lumineuse.
Arnaud Roulin aime les massages et il n'est pas de bon masseur qui n'aime pas être massé. Sous ses doigts, les notes de piano chatouillent les pieds puis remontent le long du dos, malaxent les épaules, pétrissent la nuque, le crâne enfin, jusqu'à nous caresser l'âme. Du piano, on connaissait les sonates, préludes, nocturnes et autres Gymnopédies. Il existe désormais aussi les Massages d'Arnaud Roulin.