Ahmad Jamal
Ballades
Sortie le 13 septembre 2019
Label : Jazz Village / Pias
FONDATION LOUIS VUITTON LES 4 & 6 JUILLET 2019
Il sait se faire rare sur la scène parisienne, aujourd’hui, le dernier géant du piano d’un genre qu’il préfère appeler musique classique américaine que jazz, Ahmad Jamal choisit la Fondation Louis Vuitton pour sa dernière venue en Europe. Il y présente en avant-première mondiale le programme de son nouvel album, Ballades, dont la sortie est prévue à le 13 septembre 2019.
A 88 ans, tout comme Chopin, Liszt, Brahms, le jazzman de légende écrit ses Ballades. En complément de ces pièces en solo, quelques œuvres en duo et en quatuor, avec Herlin Riley (batterie), James Cammack (contrebasse) & Manolo Badrena (percussions), font de ce nouvel album un chef d’œuvre à découvrir en live et en exclusivité dans l’Auditorium de la Fondation.
Il sait se faire rare sur la scène parisienne, aujourd’hui, le dernier géant du piano d’un genre qu’il préfère appeler musique classique américaine que jazz, Ahmad Jamal choisit la Fondation Louis Vuitton pour sa dernière venue en Europe. Il y présente en avant-première mondiale le programme de son nouvel album, Ballades, dont la sortie est prévue à le 13 septembre 2019.
A 88 ans, tout comme Chopin, Liszt, Brahms, le jazzman de légende écrit ses Ballades. En complément de ces pièces en solo, quelques œuvres en duo et en quatuor, avec Herlin Riley (batterie), James Cammack (contrebasse) & Manolo Badrena (percussions), font de ce nouvel album un chef d’œuvre à découvrir en live et en exclusivité dans l’Auditorium de la Fondation.
A l’orée de ses quatre-vingt-dix ans, Ahmad Jamal étonne encore et toujours. Inscrit à jamais dans l’Histoire par l’apport de son trio à la musique classique américaine, le pianiste aborde ce bouquet d’immortelles ballades en quasi-solitaire (la contrebasse de James Cammack n’intervenant en subtil contrepoint que sur deux titres). Une démarche rare, voire presque inédite dans une discographie entamée au mitan du siècle précédent, mais qui semble trouver ici la plus heureuse des conjonctions. C’est sur l’instance de Seydou Barry, son manager et compagnon de longue route (30 ans !), et en marge de la session d’enregistrement de Marseille, son précédent album pour Jazz Village/PIAS, qu’Ahmad Jamal s’est lancé dans cet exercice sans filet mais qui convient si bien à son art de l’épure et de la respiration. C’est d’ailleurs sur une magnifique relecture de la composition dédié à la Cité Phocéenne que s’ouvre le récital. « Marseille » se pare ici de couleurs nouvelles, pas moins sensibles ni mélancoliques que celles de sa version princeps, mais à la dramaturgie sensiblement différente. « Because of You » et « Whisperings » un peu plus loin dans l’album, montrent, si besoin en était, qu’Ahmad Jamal est un compositeur inspiré, délicat mais refusant la joliesse. Prolixe mais jamais bavard, ne reprenant le thème que pour mieux l’enrichir, ou l’aborder par son versant le moins facile. On a connu des rhapsodistes moins aventureux ! C’est aussi par des intuitions rythmiques délicieuses que le pianiste aime apporter de la surprise. Et si « Poinciana » est un classique d’Ahmad Jamal depuis son apparition au répertoire en 1958 au milieu des concerts historiques au Pershing (fameux club de l’hôtel du même nom à Chicago), le traitement en solo absolu lui donne des atours presque mystérieux. Le thème transparait en filigrane de développements passionnants, comme une esquisse prenant davantage d’épaisseur à chaque coup de crayons et soulignant le sujet sans jamais l’épuiser. Ahmad Jamal a fait entrer au Great American Songbook cette composition de Nat Simon et Buddy Bernier – tous deux inspirés à l’origine par un traditionnel cubain. Si l’on espère que cette version n’est en rien définitive, on devine déjà qu’elle fera date dans la discographie. Du Great American Songbook, le pianiste a toujours été épris et rien d’étonnant à ce qu’il soit largement représenté ici. Des gracieux « I Should Care » au très vivant « What’s New », en passant par « Spring is Here » couplé au magnifique « Your Story » de Bill Evans, l’inspiration du pianiste se veut classique, dans le plus noble sens du terme, avec cette concentration qui crée le dialogue entre le fond et la forme.
La résonance est d’ailleurs une structure profonde du jeu d’Ahmad Jamal, si on en juge les échos impressionnistes de « Land of Dreams » et le sous-texte de « Emily », un standard des deux Johnny – Mandel et Mercer – qui appelle mille autres références (Le « Spartacus Love Theme » d’Alex North ?) Si l’ondoyante contrebasse de James Cammack intervient par des traits fort à propos dans « Spring is Here/Your Story » et « So Rare », on n’est pas étonné de deviner que Ballades est en réalité le miroir fidèle de la vie d’un homme passée face à l’instrument, dans un corps à corps doucereux, romantique ce qu’il faut pour n’en garder que l’idée d’un pur dépassement de soi. « Je fais du piano solo tous les jours en travaillant ! » aurait été la réponse d’Ahmad Jamal à la proposition de son manager d’enregistrer en solitaire. Gageons que chaque journée de nos existences soit aussi marquante que ces Ballades.
La résonance est d’ailleurs une structure profonde du jeu d’Ahmad Jamal, si on en juge les échos impressionnistes de « Land of Dreams » et le sous-texte de « Emily », un standard des deux Johnny – Mandel et Mercer – qui appelle mille autres références (Le « Spartacus Love Theme » d’Alex North ?) Si l’ondoyante contrebasse de James Cammack intervient par des traits fort à propos dans « Spring is Here/Your Story » et « So Rare », on n’est pas étonné de deviner que Ballades est en réalité le miroir fidèle de la vie d’un homme passée face à l’instrument, dans un corps à corps doucereux, romantique ce qu’il faut pour n’en garder que l’idée d’un pur dépassement de soi. « Je fais du piano solo tous les jours en travaillant ! » aurait été la réponse d’Ahmad Jamal à la proposition de son manager d’enregistrer en solitaire. Gageons que chaque journée de nos existences soit aussi marquante que ces Ballades.