Abd Al Malik

L’Art et La Révolte
Théâtre du Châtelet le 16.12.2013
ABD AL MALIK – « L’art et la révolte »
une création librement inspirée de l’oeuvre de Albert CAMUS

Initiée par le Grand Théâtre de Provence, cette création confiée à ABD AL MALIK s’inscrit dans le cadre de « MARSEILLE 2013, capitale européenne de la culture »
La création a déjà tourné sur une 10e de Scènes Nationales ce printemps et partira en tournée sur la saison culturelle 2013-2014.

http://art-et-revolte.tumblr.com
Comme Albert Camus, Abd al Malik considère que « le déterminisme social » n’existe pas. Tantôt rappeur, poète ou encore écrivain, quatre fois consacré aux Victoires de la musique, lauréat du Prix littéraire Edgar Faure, cet artiste élevé dans les quartiers difficiles de la banlieue strasbourgeoise échappe aux clichés habituels. Inspiré par les grands textes, il porte la parole de Sénèque, Spinoza, Verlaine ou encore Césaire, au travers de ses albums hybrides.

Au carrefour du rap, de la poésie et du jazz, Abd al Malik, chanteur lettré, nous livrera un opus inspiré des textes et des grands thèmes camusiens.


« Qu’y a-­‐t-­‐il de commun entre Albert Camus et moi-­‐même ? Il n’y a aucune prétention dans la question que je me pose, mais plutôt une aspiration. Car j’ai toujours vu en Camus un idéal dans la manière d’être artiste, un élan dans la façon d’habiter l’écriture. J’ai surtout vu en lui, comme en moi, ce farouche besoin de représenter “son peuple“, de représenter les siens et, par eux, de chercher inlassablement le moyen de se connecter à tous.

C’est en ce sens que ce qui m’intéresse dans ce projet n’est pas de « parler » de son œuvre (ou de lui-­‐même finalement), mais de questionner les origines philosophiques de celle-­‐ci. Je dirais même de questionner l’origine philosophique, et j’oserais presque dire spirituelle, de celle-­‐ci. Et, de mon point de vue, comme il le dit lui-­‐même d’ailleurs, tout s’origine (et quelque part se termine) dans cet ouvrage de jeunesse intitulé L’envers et l’endroit.

La préface qu’il fait à la réédition ce petit livre, vingt ans plus tard, a toujours été pour moi une sorte de feuille de route. Je dirais même une sorte de viatique dans ma quête, en tant qu’homme de mots, d’une certaine vérité artistique.

C’est pourquoi je me propose de reprendre les intitulés et la thématique de chacune des cinq petites nouvelles qui forment cet ouvrage et d’ajouter sept ou huit autres petites histoires (en liaison évidemment avec les thèmes abordés) et de faire avec tout cela douze ou treize pièces musicales que je mettrai ensuite en scène dans une approche se situant entre la déclamation poétique et théâtrale et le tour de chant. » ABD AL MALIK

BIOGRAPHIE

« Soudain, il n’y a plus eu de frontières, tout s’est ouvert. » Rumba congolaise, rock indé, électro pop, jeune poésie française, world music radicale... tout s’est ouvert. En quatorze titres, Abd Al Malik a renversé tout ce qu’on croyait savoir de lui. Avec l’album Château Rouge, l’enfant de la banlieue de Strasbourg rappelle qu’il a aussi grandi quelques années en Afrique, le révolutionnaire du hip hop français ose la langue anglaise, le rappeur se décide à chanter...

Plus de frontières, vraiment... La feuille de route le promettait déjà : Abd Al Malik a confié la réalisation de son album à Gonzales. « Nous nous étions rencontrés en 2005 ou 2006 au studio Ferber pendant l’enregistrement de l’album Gibraltar, puisqu’il travaillait avec Renaud Létang. Depuis, nous avions envie de travailler ensemble. Quand Bilal et Wallen ont commencé à me proposer des maquettes, faire l’album avec lui est apparu comme une évidence. » Avec le pianiste dadaïste canadien, les décalages, les surprises et les diagonales tombaient sous le sens. Et c’est ce que souhaitait Malik.

Les deux albums Gibraltar et Dante l’avaient installé au premier plan : trois victoires de la musique (dont celle de l’artiste masculin de l’année en 2008), le prix Constantin, le prix Raoul-­‐Breton de la Sacem, la distinction de chevalier des Arts et lettres... Il aurait pu s’installer dans un statut de rappeur néo-­‐classique ou de chaînon manquant entre tradition française et musiques urbaines. Mais, après 180 dates de tournée suivant la sortie de Dante, il a partagé avec son frère Bilal et avec son épouse Wallen ses plaisirs musicaux du moment – Local Natives, Vampire Weekend, Miike Snow...

Wallen, qui fut la première wonderwoman de l’histoire du r’n’b français, et Bilal, l’encyclopédiste des sons urbains, ont composé des titres sur toute la largeur du spectre qui va de la variété africaine au rock torturé. « C’est toujours la musique qui me fait écrire. Je n’ai jamais d’idée sur ce que je vais écrire et sur la manière dont je vais le faire. Bien sûr, je suis dans un certain état avant d’écrire mais c’est la musique qui dirige. Et la musique m’a mis dans un état dans lequel une forme d’écriture s’est imposée. »

Alors, surprise ! La voix de Malik se fond souvent dans la masse sonore, les textes abordent parfois l’abstraction rock. Après quelques expériences sur scène en compagnie de Femi Kuti ou de Jean-­‐Louis Aubert, il abat le tabou des tabous chez les rappeurs soucieux d’orthodoxie : il chante.



Et, en connivence avec Gonzales, il a fait appel à des invités souvent surprenants, comme Papa Wemba, le dieu vivant de la musique congolaise, Ezra Koenig, le chanteur de Vampire Weekend, Primary 1, le jeune prodige londonien de l’année, CocknBullKid, la sensation londonienne de l’an prochain, et évidemment ses familiers Wallen et Mattéo Falkone.

Mais Malik ne renie rien. Sur ses deux précédents albums, il avait beaucoup travaillé avec Gérard Jouannest, compagnon de musique de Jacques Brel et Juliette Gréco. Le pianiste lui a cette fois-­‐ci donné la longue composition qui donne son titre à l’album et sur laquelle il médite sur la déchéance et la mort d’une ancienne gloire du rap.

Il est vrai que cet album lumineux, up tempo et souvent drôle n’est pas seulement un disque heureux. « Pour tout avouer, « c’est un peu la BO de ma douleur », dit Abd Al Malik. Tout au long du processus de création, sa famille et son entourage ont été frappés par une série d’événements dramatiques, dont la mort de son grand-­‐ père. Le père de sa mère est mort au Congo, plus que centenaire, après avoir combattu sous l’uniforme français pendant la Seconde Guerre mondiale et la guerre d’Indochine. Alors, un phénomène curieux survient : « Soudain, il n’y a plus eu de frontières, tout s’est ouvert. » En l’honneur du grand-­‐père, les premiers mots de l’album sont dans sa langue, le lari. Et Valentin jette un pont entre l’Occident arty et turbulent de Gonzales et cet entrelacs touffu d’identités et de fidélités qu’explore le texte de Malik.

Dès ce premier titre, l’album explore sans cesse de nouvelles formes, de nouvelles couleurs, de nouveaux mariages, de nouvelles rencontres. Du rap ? Mais bien sûr, assure Abd Al Malik : « J’ai grandi dans l’idée que le rap c’est la liberté, que l’on y fait ce que l’on veut. À un moment donné, ça s’est figé et des gens ont dit « c’est ça le rap, et rien d’autre ». Mais moi je considère que l’on doit continuer à évoluer. En ce sens, je suis un puriste, un puriste de l’essence des choses mais pas de leur forme. » Il est aussi puriste qu’un Bashung pouvait l’être en bouleversant toute sa musique d’album en album, ou qu’un Dylan électrifiant sa guitare. « Je sais qui je suis, je sais ce que je veux, je sais où je vais. Mais j’aime la manifestation de la singularité, de l’évolution, du mouvement. » Une fois de plus, Abd Al Malik surprend.

LE GRAND THEATRE DE PROVENCE ET LA CAPITALE EUROPEENNE DE LA CULTURE

En 2013, Marseille et sa région seront capitale européenne de la culture, et cette année à venir sera pour nous tous l’occasion de célébrer joyeusement l’art et le territoire, de découvrir des oeuvres, de rencontrer des artistes, de se réunir, de faire la fête, d’ouvrir les yeux, de multiplier les possibles ...

Le Grand Théâtre de Provence, structure de diffusion récente (2007) voulue et soutenue par la Communauté du Pays d’Aix, a pour mission la diffusion de concerts (musique classique et jazz) et de grandes formes chorégraphiques, pour un large public. En parallèle de sa saison, le GTP accueille des artistes en résidence : notre voisin le Ballet Preljocaj, l’Orchestre français des jeunes, Cafe Zimmermann et mène tout au long de l’année des actions culturelles à destination des jeunes et des scolaires, et une politique active afin de permettre aux publics dits « empêchés » de venir écouter de la musique et voir de la danse.

Il accueille par ailleurs le Festival d’Art lyrique tous les ans en juin et juillet et organise le festival « Musique dans la rue » fin août et début septembre.

2013 sera une année spéciale pour nous à plusieurs titres : par désir d’être au cœur de l’événement, le Grand Théâtre produira ou accompagnera plusieurs créations d’artistes reconnus sur la scène nationale et internationale. Grâce au soutien de Marseille Provence 2013, nous donnerons à des équipes artistiques les moyens d’inventer chez nous, sur notre plateau et dans nos studios, des œuvres nouvelles dans le champ musical et chorégraphique et des formes inédites de théâtre physique et acrobatique.

Des centaines d’artistes de tous les âges travailleront l’année prochaine au Grand Théâtre et y présenteront leurs projets ; des dizaines de milliers de spectateurs viendront à leur rencontre ; des partenaires d’autres régions en France accompagneront ces projets en production et accueilleront ces spectacles, faisant ainsi vivre les œuvres et la capitale à travers elles.