Rodrigo Leão

A Mae
Sortie le 29 mars 2010
Label : Difference
Sorti et acclamé dès l’été 2009 au Portugal, le nouvel album de Rodrigo Leão et de son groupe Cinéma Ensemble, A Mãe, s’apprête à étendre son doux sortilège en France.

Enfant du rock venu à la musique adolescent à l’époque du punk et de la new wave, Leão compose le plus souvent seul sur clavier, que ce soit au piano, au synthétiseur, ou avec son instrument initial, la basse électrique. « Je peux passer des mois à essayer des mélodies dans mon coin avant d’en faire quelque chose. J’ai appris en écoutant Pink Floyd et Joy Division à plus soif, dit-il.

Neil Hannon (Divine Comedy), Stuart A. Staples (Tindersticks) et Melingo (nouvel ambassadeur du tango argentin) en sont les invités de marque au fil de trois chansons littéralement envoûtantes. A eux trois, ils donnent bien le ton de cet album résolument ouvert au monde, frottant leurs essences pop, rock et latines aux radieuses harmonies de l’Orchestre symphonique de Lisbonne, partie prenante de cet enregistrement. Quant à la voix céleste d’Ana Vieira et aux plages instrumentales, si chères à Rodrigo Leão, elles en constituent la marque de fabrique, l’aimante amarre tressée de cordes, semée de valses et de tangos rêveurs. De fulgurances irradiantes en abandons inouïs, cette musique opère alors une sorte de maléfice où toutes les étiquettes volent en éclat. Pop, folk, rock classique et world ne font plus qu’un et, magnanimes, ourdissent le brasier symphonique final du disque : O Futuro, tel est son titre, tel est son mystère.

Figure incontournable de la pop lisboète, cofondateur de Sétima Legiao dès 1982 et, surtout, pilier de Madredeus de 1985 à 1993, Rodrigo Leão y prouve une fois de plus à quel point sa patte singulière sait combiner sensibilité à fleur de peau et tourbillon mélodique.

Album : A MAE
Label : DIFFERENCE
Distributeur : Pias
Je n’étais pas formé au classique mais j’y suis venu assez naturellement sans jamais avoir à renier mon identité. J’ai toujours eu un rapport assez intuitif avec la musique, les choses se sont mises en place progressivement. » Son chapelet d’influences s’est ainsi ouvert à Mozart, à Beethoven, mais aussi à Philip Glass, à Michael Nyman.

« Je les écoute tous encore et toujours, beaucoup. » Il raffole en particulier du violoncelle et de l’accordéon. « C’est vrai, j’ai de plus en plus de mal à envisager mes compositions sans ces deux là ! ». « J’essaie de faire la musique de la façon la plus intuitive, explique Rodrigo Leão. Si j’ai besoin d’artistes invités, c’est pour la rendre plus réelle. Quoiqu’il en soit, j’ai beau venir du rock, ce que je crée fuit toute pesanteur. Je pense que mes notes cherchent plutôt à échapper aux difficultés du monde et, s’il le faut, relaxent. » Une musique sensible, donc, néanmoins en perpétuel mouvement comme le suggère le nom de son groupe : Cinéma Ensemble. « J’adore le septième art. Il est certain que des artistes comme Visconti, Fellini ou David Lynch, que j’admire, me nourrissent et m’aident à créer. »

Amorcée en 1993, sa carrière solo lui permet, explique-t-il, d’explorer une musique « plus personnelle, plus instrumentale, plus minimaliste, plus symphonique, plus ouverte aux quartets à cordes et aux hautbois ! » Elle l’encourage, aussi, à naviguer au gré des rencontres sans pour autant renoncer à l’ambition internationale.

En 2004, son album Cinéma fait sensation avec, au générique, le piano clair de Ryuichi Sakamoto mêlé à la voix finement brisée de Beth Gibbons, princesse du trip-hop de Bristol.

Les réalisatrices Isabel Coixet et Diane Bertrand en feront d’ailleurs revivre les compositions dans leurs films respectifs (Paris je t’aime, L’Annulaire). Séduit, Pedro Almodovar devient fan lui aussi… en attendant une collaboration future.

Dédié à la mère du compositeur disparue voici un peu plus d’un an, A Mae assume ses climats mélancoliques sans jamais renoncer à l’espérance ni à l’allégresse. Plutôt que de s’enchaîner aux nuances du gris, si belle soient-elles, ses tonalités n’hésitent pas à scintiller du côté de bleus francs comme le large et d’effusions fauves comme le feu. Comme une tristesse panoramique et curieusement vivante, chaleureuse car tendue vers la lumière. « Ma mère m’a toujours encouragé et conforté dans mon appétit de musique, confie Rodrigo Leão. Nous étions proches et ces dernières années, elle était d’ailleurs toujours la première à écouter mes nouvelles compositions. Je me réjouis de l’avoir connue et de lui dédier ce disque. »

« Ces nouvelles chansons, poursuit-il, ont été composées en mouvement, au gré de voyages en Inde, aux USA ou en Italie, puisant différentes émotions et différents regards dans leurs racines. » Finement serti de sons de rues, de cris d’enfants ou d’oiseaux enregistrés avec un simple téléphone portable, l’album témoigne d’une inspiration libre et souveraine. « Car si inspiration il doit y avoir, j’ai compris avec le temps qu’elle se cache souvent dans des petits détails, des hasards de la vie, des surprises dont, bien sûr, font partie les observations de mes amis et de mes proches, toujours bienvenues. De fait, ce disque parle beaucoup, à mon sens, des choses qu’on désire et qu’on ne trouve pas toujours, de ces mirages qui rendent la vie plus complexe mais plus goûteuse. »