Yom & The Wonder Rabbis
With Love
Sortie le 18 mars 2011
Label : Buda Musique
Le nouveau projet d’un des clarinettistes les plus inventifs de sa génération. Road-trip psychédélique dans une Europe de l’Est fantasmée, au carrefour des influences d’un trentenaire virtuose.
Le prodige de la clarinette klezmer est de retour. Révélé il y a trois ans avec son premier album « New King of Klezmer Clarinet », sur lequel il enfilait avec aisance le costume clinquant de son idole, le gangster musical Naftule Brandwein, Yom avait ensuite mis de côté le sur-mesure pour s’aventurer sur un terrain plus personnel avec le magistral « Unue », en ayant toutefois pris soin de s’entourer d’une remarquable brochette d’invités (Denis Cuniot, Wang Li, Ibrahim Maalouf, Farid D...). Aujourd’hui Yom nous revient seul, ou presque. Accompagné de son nouveau groupe les Wonder Rabbis, il se met plus que jamais à nu... pour découvrir que sous sa chemise se cache un nouveau costume, celui d’un super-héros venu répandre son amour pour la musique, qu’elle vienne d’Europe de l’Est ou d’influences plus électriques et actuelles, afin de délivrer nos oreilles des pollutions sonores et faire encore une fois évoluer la seule passion qui lui donne tant de pouvoirs : le klezmer. Rencontre avec notre héros, qui nous parle de ses origines et de son nouvel album, « With love ».
C’est dans une optique d’ouverture qu’est né le projet « With love ». Le klezmer ayant toujours eu besoin de découvrir de nouveaux pays pour se développer, notre clarinettiste l’a donc ramené vers l’Europe de l’Est.
Je vis mon disque comme une cartographie musicale de ma vision de la musique d’Europe de l’Est. Pour moi ce disque est très axé sur une recherche extra-klezmer, qui va vers les Balkans, la Turquie, la Roumanie. J’ai encore plus bossé la clarinette, mais de façon complètement différente. J’ai insisté sur les styles de jeu roumains turcs et bulgares, au lieu de m’obstiner continuellement sur les mêmes thèmes klezmer et les mêmes gammes... J’ai énormément travaillé sur le son, les ornements, les lignes mélodiques, j’ai complètement repensé ma vision harmonique de la musique et j’ai découvert que mon sujet de travail pouvait s’élargir sans cesse, que l’Europe de l’Est, juive ou non, était infinie.
A ces nouvelles contrées s’ajoute celle plus intime des références qui innervent l’inconscient musical de Yom depuis son adolescence et bouillonnaient jusqu’à maintenant de ne pouvoir se mêler à la fête. D’ailleurs lorsqu’on lui parle de Mogwaï, Kraftwerk, Eno ou encore du trip hop de Bristol, il s’emballe.
J’adore le post-rock de Mogwaï et Do Make Say Think, j’ai l’intégrale de Kraftwerk et Brian Eno est un génie ! Et puis Massive Attack, Tricky, Portishead !!! On peut citer aussi Radiohead et Sigur Ros. Toutes ces influences sont là effectivement. On peut les retrouver de manière plus ou moins littérales, mais à aucun moment je n’ai perdu mon fil directeur, à aucun moment mon amour de la musique d’europe de l’est au sens large n’a été laissé de côté, il est sous jacent à toute ma musique et servi par mes influences les plus diverses.
Un univers qui doit également beaucoup aux Wonder Rabbis, ne serait-ce que pour cadrer et canaliser l’énergie débordante du leader Yom.
Manuel Peskine (clavier) et Sylvain Daniel (basse) font partie des musiciens avec lesquels j’avais e plus envie de travailler. Manuel a une immense culture musicale et une oreille parfaite. Sylvain est un puits de science pop, rock, soul etc. Il possède aussi une vaste connaissance du son et de la production. Quant à Sébastien Lété, c’est un batteur super technique avec une grande culture world. En live c’est Emiliano Turi qui tient les fûts avec un son beaucoup plus rock. Avec tous ces gens merveilleux ’ai vraiment pu aller chercher un son de groupe et combiner toutes mes influences pour les transcender.
Un cocktail détonnant qui ne manquera pas de perturber les puristes de pacotille dont Yom n’a que faire, lui qui exècre tout ce qui a trait à la pureté. L’Histoire lui donne raison. D’ailleurs, le background historique chargé de la musique klezmer n’est bien évidemment pas oublié et se retrouve même dès la pochette du disque créée par le dessinateur Pierre Van Hove.
Grand connaisseur de Comics, Pierre était la personne idéale pour cette pochette. Cela donne un côté pop proche des aspirations du disque. Mais je réfléchissais aussi depuis longtemps au terme de « juste », celui qui a sauvé des Juifs pendant la guerre. Dans les périodes troubles de l’Histoire, celui qui fait un simple geste de bonté humaine devient soudainement un super-héros. C’est pourquoi j’ai pensé à ce justicier qui répand l’amour avec sa clarinette. C’est aussi une référence aux inventeurs juifs de Superman, censé combattre Hitler au départ. Et puis franchement, qui n’a pas envie de se fantasmer en super-héros quand le monde paraît complètement flippant ?!
Toutes ces sages affirmations prouvent, si besoin était, que même si Yom joue au Comic sur son nouvel album, il n’en demeure pas moins un artiste à prendre de plus en plus au sérieux.
Sébastien Mauge
Propos recueillis le 26/12/2010
AUX ORIGINES
La légende veut qu’il ait découvert sa vocation en écoutant Prokoviev. Un choix délibéré malgré son très jeune âge. J’ai commencé la clarinette à 5 ans en écoutant « Pierre et le loup ». J’ai demandé à mes parents de jouer de la clarinette. Plus tard, j’ai appris que mon grand père paternel avait été clarinettiste, notamment dans les bals des mines du nord de la France. Mais les adultes n’ont pas été directement responsables de mon choix et ne l’ont pas influencé.
Jeune surdoué de la clarinette, Yom découvre également d’autres horizons musicaux et se démarque de ses petits camarades du Conservatoire. J’ai écouté beaucoup d’autres musiques étant ado... J’étais depuis la sixième en mi-temps musique donc entouré de musiciens classiques dès l’âge de dix ans. Un environnement où écouter du Pink Floyd était considéré comme bizarre. J’étais un peu punk au conservatoire, mais en même temps très en avance en clarinette pour mon âge, donc on me laissait tranquille. Je n’ai jamais eu envie dans ma vie de faire autre chose que de la clarinette, et c’est beaucoup plus tard, vers 20 ans, que j’ai ressenti le besoin de commencer réellement à mêler à mon background classique et klezmer le reste de mes influences.
Après plusieurs expériences musicales collectives, Yom se lance en solo et fait ses gammes en rendant hommage au maître Brandwein. La figure controversée de ce dernier lui permet à la fois de respecter et de s’affranchir de la tradition. Une décision judicieuse et bénéfique. Rendre hommage à Brandwein a été salutaire pour moi, cela m’a permis d’exister intérieurement et publiquement, ça m’a libéré à tous points de vue. J’ai pu m’autoriser à jouer mes compositions, à me faire confiance, à ne plus me sentir obligé de consciencieusement servir la tradition. En même temps j’ai travaillé mon instrument comme un fou, fait des gammes et arrêté de fumer !
En dédiant son album suivant, « Unue », à une autre légende du klezmer, Giora Feidman, Yom entendait remercier son aîné d’avoir ouvert pour lui la boîte de Pandore. Après l’avoir rencontré et joué avec lui, il m’a beaucoup parlé et je me suis rendu compte que ce clarinettiste que j’écoute depuis l’âge de 7 ans était quelqu’un d’extrêmement ouvert ; c’est lui qui m’a encouragé à trouver la confiance pour faire vivre mon propre univers et me laisser aller sans peur au delà de la simple tradition.
C’est dans une optique d’ouverture qu’est né le projet « With love ». Le klezmer ayant toujours eu besoin de découvrir de nouveaux pays pour se développer, notre clarinettiste l’a donc ramené vers l’Europe de l’Est.
Je vis mon disque comme une cartographie musicale de ma vision de la musique d’Europe de l’Est. Pour moi ce disque est très axé sur une recherche extra-klezmer, qui va vers les Balkans, la Turquie, la Roumanie. J’ai encore plus bossé la clarinette, mais de façon complètement différente. J’ai insisté sur les styles de jeu roumains turcs et bulgares, au lieu de m’obstiner continuellement sur les mêmes thèmes klezmer et les mêmes gammes... J’ai énormément travaillé sur le son, les ornements, les lignes mélodiques, j’ai complètement repensé ma vision harmonique de la musique et j’ai découvert que mon sujet de travail pouvait s’élargir sans cesse, que l’Europe de l’Est, juive ou non, était infinie.
A ces nouvelles contrées s’ajoute celle plus intime des références qui innervent l’inconscient musical de Yom depuis son adolescence et bouillonnaient jusqu’à maintenant de ne pouvoir se mêler à la fête. D’ailleurs lorsqu’on lui parle de Mogwaï, Kraftwerk, Eno ou encore du trip hop de Bristol, il s’emballe.
J’adore le post-rock de Mogwaï et Do Make Say Think, j’ai l’intégrale de Kraftwerk et Brian Eno est un génie ! Et puis Massive Attack, Tricky, Portishead !!! On peut citer aussi Radiohead et Sigur Ros. Toutes ces influences sont là effectivement. On peut les retrouver de manière plus ou moins littérales, mais à aucun moment je n’ai perdu mon fil directeur, à aucun moment mon amour de la musique d’europe de l’est au sens large n’a été laissé de côté, il est sous jacent à toute ma musique et servi par mes influences les plus diverses.
Un univers qui doit également beaucoup aux Wonder Rabbis, ne serait-ce que pour cadrer et canaliser l’énergie débordante du leader Yom.
Manuel Peskine (clavier) et Sylvain Daniel (basse) font partie des musiciens avec lesquels j’avais e plus envie de travailler. Manuel a une immense culture musicale et une oreille parfaite. Sylvain est un puits de science pop, rock, soul etc. Il possède aussi une vaste connaissance du son et de la production. Quant à Sébastien Lété, c’est un batteur super technique avec une grande culture world. En live c’est Emiliano Turi qui tient les fûts avec un son beaucoup plus rock. Avec tous ces gens merveilleux ’ai vraiment pu aller chercher un son de groupe et combiner toutes mes influences pour les transcender.
Un cocktail détonnant qui ne manquera pas de perturber les puristes de pacotille dont Yom n’a que faire, lui qui exècre tout ce qui a trait à la pureté. L’Histoire lui donne raison. D’ailleurs, le background historique chargé de la musique klezmer n’est bien évidemment pas oublié et se retrouve même dès la pochette du disque créée par le dessinateur Pierre Van Hove.
Grand connaisseur de Comics, Pierre était la personne idéale pour cette pochette. Cela donne un côté pop proche des aspirations du disque. Mais je réfléchissais aussi depuis longtemps au terme de « juste », celui qui a sauvé des Juifs pendant la guerre. Dans les périodes troubles de l’Histoire, celui qui fait un simple geste de bonté humaine devient soudainement un super-héros. C’est pourquoi j’ai pensé à ce justicier qui répand l’amour avec sa clarinette. C’est aussi une référence aux inventeurs juifs de Superman, censé combattre Hitler au départ. Et puis franchement, qui n’a pas envie de se fantasmer en super-héros quand le monde paraît complètement flippant ?!
Toutes ces sages affirmations prouvent, si besoin était, que même si Yom joue au Comic sur son nouvel album, il n’en demeure pas moins un artiste à prendre de plus en plus au sérieux.
Sébastien Mauge
Propos recueillis le 26/12/2010
AUX ORIGINES
La légende veut qu’il ait découvert sa vocation en écoutant Prokoviev. Un choix délibéré malgré son très jeune âge. J’ai commencé la clarinette à 5 ans en écoutant « Pierre et le loup ». J’ai demandé à mes parents de jouer de la clarinette. Plus tard, j’ai appris que mon grand père paternel avait été clarinettiste, notamment dans les bals des mines du nord de la France. Mais les adultes n’ont pas été directement responsables de mon choix et ne l’ont pas influencé.
Jeune surdoué de la clarinette, Yom découvre également d’autres horizons musicaux et se démarque de ses petits camarades du Conservatoire. J’ai écouté beaucoup d’autres musiques étant ado... J’étais depuis la sixième en mi-temps musique donc entouré de musiciens classiques dès l’âge de dix ans. Un environnement où écouter du Pink Floyd était considéré comme bizarre. J’étais un peu punk au conservatoire, mais en même temps très en avance en clarinette pour mon âge, donc on me laissait tranquille. Je n’ai jamais eu envie dans ma vie de faire autre chose que de la clarinette, et c’est beaucoup plus tard, vers 20 ans, que j’ai ressenti le besoin de commencer réellement à mêler à mon background classique et klezmer le reste de mes influences.
Après plusieurs expériences musicales collectives, Yom se lance en solo et fait ses gammes en rendant hommage au maître Brandwein. La figure controversée de ce dernier lui permet à la fois de respecter et de s’affranchir de la tradition. Une décision judicieuse et bénéfique. Rendre hommage à Brandwein a été salutaire pour moi, cela m’a permis d’exister intérieurement et publiquement, ça m’a libéré à tous points de vue. J’ai pu m’autoriser à jouer mes compositions, à me faire confiance, à ne plus me sentir obligé de consciencieusement servir la tradition. En même temps j’ai travaillé mon instrument comme un fou, fait des gammes et arrêté de fumer !
En dédiant son album suivant, « Unue », à une autre légende du klezmer, Giora Feidman, Yom entendait remercier son aîné d’avoir ouvert pour lui la boîte de Pandore. Après l’avoir rencontré et joué avec lui, il m’a beaucoup parlé et je me suis rendu compte que ce clarinettiste que j’écoute depuis l’âge de 7 ans était quelqu’un d’extrêmement ouvert ; c’est lui qui m’a encouragé à trouver la confiance pour faire vivre mon propre univers et me laisser aller sans peur au delà de la simple tradition.