Yom * Le Silence de l’Exode

Le Silence de l’Exode
Sortie le 25 août 2014
Label : Planètes Rouges
A mille lieues des univers facétieux qu’on a lui a déjà connus, Yom livre son projet le plus introspectif. A l’origine, il s’agit d’une création commandée par le Festival d’Ile-de-France dans le cadre d’une thématique sur les diasporas. Le clarinettiste se penche sur le mythique exode du peuple juif, guidé par Moïse à sa sortie d’Egypte.

- YOM – clarinette, compositions
- CLAUDE TCHAMITCHIAN – contrebasse
- FARID D. – violoncelle
- BIJAN CHEMIRANI – percussions
A mille lieues des univers facétieux qu’on a lui a déjà connus, Yom livre son projet le plus introspectif. A l’origine, il s’agit d’une création commandée par le Festival d’Ile-de-France dans le cadre d’une thématique sur les diasporas. Le clarinettiste se penche sur le mythique exode du peuple juif, guidé par Moïse à sa sortie d’Egypte.

Le silence du titre pourrait être celui du désert, où le peuple erra pendant quarante ans : un épisode initiatique propice à la découverte de soi, synonyme d’une certaine sagesse… mais aussi un moment chaotique, abondamment détaillé dans le Livre de l’exode, émaillé par les morts, les révoltes et les messages divins, des sept plaies d’Egypte aux dix commandements. Riche en péripéties, le récit qu’en fait l’Ancien Testament se concentre sur les deux premières années de cette formidable odyssée. Les trente-huit autres sont celles d’une génération maudite, condamnée à ne jamais atteindre la Terre promise de son vivant, celles d’un peuple puni pour ne pas avoir eu confiance en son guide. Un peuple apeuré, confronté au silence de Dieu et livré à lui-même dans un environnement hostile…

On retrouve ces silences pleins de tumultes dans la partition de Yom, qui fait la part belle aux influences minimalistes et aux modes de jeux orientaux. Il use ainsi particulièrement de la clarinette en sol (la clarinette turque), au son plus grave, plus chaud. Il ménage également des espaces d’improvisation aux trois musiciens qui l’accompagnent. L’aîné de ses complices est Claude Tchamitchian, contrebassiste de jazz contemporain (Dave Liebman, Andy Emler…), improvisateur hors-pair dont le lyrisme s’enracine dans les origines arméniennes. Farid D., lui, est passé maître dans l’art de jouer les musiques orientales au violoncelle, qu’il prend d’assaut tantôt comme un oud, tantôt comme une percussion, maîtrisant même les quarts de ton. Quant à Bijan Chemirani, héritier virtuose d’une lignée de percusionnistes persans, il ancre son jeu de daf, de bendir ou de zarb dans les musiques actuelles. Un pied dans la tradition, l’autre dans la musique savante occidentale, ces musiciens à la double culture entrelacent les musiques et les sensibilités orientales, moyen-orientales, maghrébines, juives et arméniennes.

Fidèle à la version scénique, le disque, acoustique jusque dans le mix, a été enregistré dans les conditions du live, avec les musiciens positionnés en arc de cercle, sans casque. Aucun re-recording, très peu de réverbération, montage minimum et respect de la dynamique au mastering, pour un son pur, naturaliste, qui s’accommode des craquements de parquet et de chaise, des bruits de clés de clarinette ou du bruissement d’une page tournée : l’humain est à nu face à lui même et à son propre dépouillement.

Les sous-titres, eux, représentent soit des étapes du Livre de l’exode (Ramses, rouge, l’eau jaillie du rocher…), soit des états d’esprit (“sarab”, le mirage en arabe, la solitude, l’ivresse…). Ils sont facultatifs : libre à chacun d’inventer les siens.