Yohan Giaume

Whisper of a shadow
Sortie le 12 février 2021
Label: Life Celebration Project
Musical conversations with Louis Moreau Gottschalk

Opus I feat. Evan Christopher

LE COMPOSITEUR YOHAN GIAUME DÉBUTE SON CARNET DE VOYAGE MUSICAL PAR UNE EXPLORATION CRÉATIVE DE LA NOUVELLE-ORLÉANS DU XIXe SIÈCLE

Whisper of a Shadow Opus 1 est le premier d’une série d’albums, l’aboutissement de l’exploration musicale du compositeur et trompettiste Yohan Giaume revisitant les liens musicaux entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. S’inspirant du voyage du compositeur et pianiste romantique louisianais Louis Moreau Gottschalk, l’album est construit comme une conversation imaginée entre deux compositeurs – Gottschalk, un louisianais d’origine créole et le français Y. Giaume – représentant deux époques et deux cultures différentes, celles de La Nouvelle-Orléans et la France.
Whisper of a Shadow Opus 1 est le premier d'une série d'albums, l’aboutissement de l’exploration musicale du compositeur et trompettiste Yohan Giaume revisitant les liens musicaux entre l'Europe, l'Afrique et l'Amérique. S’inspirant du voyage du compositeur et pianiste romantique louisianais Louis Moreau Gottschalk, l'album est construit comme une conversation imaginée entre deux compositeurs - Gottschalk, un louisianais d'origine créole et le français Y. Giaume - représentant deux époques et deux cultures différentes, celles de La Nouvelle-Orléans et la France.

Dans le premier opus de Whisper of a Shadow, qui sortira le 12 février, Y. Giaume rend un hommage à la Nouvelle-Orléans, ville natale de Gottschalk et tout particulièrement à la culture afro-américaine. Loin des clichés habituels de la musique de cette ville, les onze titres du premier album font écho à l’environnement multiculturel incroyablement riche de La Nouvelle-Orléans au XIXe siècle à travers des compositions et arrangements originaux. La musique de Giaume cherche à interagir avec les sources d'inspiration de Gottschalk de manière contemporaine. Elle se tisse comme un récit de voyage musical multi-genres où résonnent des airs d'opéra, des mélodies afro-créoles, des tempos gospel, de la poésie romantique, des rythmes de la célèbre place Congo Square, une marche funèbre et plus encore.

Pour cette création, Yohan Giaume collabore avec des musiciens renommés des deux côtés de l'Atlantique en mettant à l’honneur le clarinettiste Evan Christopher basé à La Nouvelle-Orléans (qui a également co-dirigé avec Yohan les interprétations des compositions). Parmi les 23 artistes français, américains et caribéens invités figurent le batteur Herlin Riley, le trompettiste Nicholas Payton, le bassiste Roland Guerin, le pianiste Aaron Diehl et un quatuor à cordes français. D’autres invités comme le poète new orléanais Chuck Perkins, des percussionnistes et chanteurs caribéens et des trombonistes et tubistes louisianais se joignent sur plusieurs titres à l’ensemble musical. Enfin l’acteur français Didier Sandre, de la Comédie Française, interprète un poème mis en musique par Y. Giaume dans un morceau en bonus.

Whisper of a Shadow a pris naissance au cours du long voyage de Y. Giaume à travers le monde qu’il débute il y a une quinzaine d'années lorsqu'il s'immerge dans différentes cultures, guidé par son amour pour la musique de la diaspora africaine (Cuba, Argentine, Uruguay, Pérou, Maroc, Europe et États-Unis).

Après ses études académiques, Giaume, par ses voyages, ses séjours et ses rencontres, s’est imprégné de différentes traditions musicales en cherchant à se relier au patrimoine ancestral et à comprendre ce qui se cache derrière les notes. « En explorant ces cultures de l'intérieur, en voyageant dans différents pays à la recherche des racines de la musique, j'ai commencé à découvrir des pièces du puzzle de l'arbre généalogique musical et les liens en rhizome de ces cultures », dit Yohan Giaume. « La musique est comme un arbre, tout est lié, chaque ligne musicale ou rythme que vous jouez est l'ombre de quelque chose qui vient de quelque part et il est fascinant de voir comment le patrimoine culturel continue d'exister après des siècles de transformations et de déplacements géographiques. De toute évidence, cela montre à quel point la musique est puissante, essentielle dans une société, et à quel point un certain continuum entre le passé et le présent est vital ».

Si Cuba et l’Amérique du Sud furent ses premières étapes, c'est La Nouvelle-Orléans qui retient le plus son attention lorsqu'il s'y est rendu pour la première fois en 2009 : « J'avais un fort sentiment de reconnaître une partie de moi dans cette culture et cette ville » explique-t-il.

Il y a également fait une découverte inattendue : Louis Moreau Gottschalk, le compositeur et pianiste créole romantique louisianais, avait emprunté à peu près le même chemin dans ses voyages deux siècles auparavant. Le fort attrait de Giaume pour les musiques afro-créoles résonne également avec celui de Gottschalk qui fut l'un des premiers, sinon le premier compositeur américain à embrasser de manière inspirée la musique afro-créole. Dès lors, Y. Giaume eu l’étrange sensation d’être accompagné dans sa quête et d’avoir comme « rendez-vous » avec Gottschalk.

À la Nouvelle-Orléans, Y. Giaume a découvert la chanson afro-créole Lisette Quitté la Plaine, autrefois très populaire, que Gottschalk a entendu dans son enfance. Ses recherches montrent que cet air faisait à l'origine partie du répertoire mélodique utilisé dans les opérettes vaudevilles en France au XVIIIe siècle et que les paroles étaient dans une parodie créole de l'opéra de Jean-Jacques Rousseau « Le Devin du Village ». Yohan Giaume a repris cette mélodie pour son arrangement sublimé par l’interprétation de Evan Christopher et a intégré en introduction un autre air issu de cette parodie créole.

Dans sa composition « Lez African E La », Giaume s'est également inspiré d'une autre vieille mélodie folklorique afro-créole « quan patate la cuite » que Gottschalk a utilisée pour sa célèbre pièce nommée Bamboula. En nourrisant son travail d’écriture de ses recherches sur les pratiques musicales des populations d’origine africaine et caribéenne qui se rassemblaient au XIXème siècle le dimanche sur la place Congo Square, Giaume leur rend ici un hommage tout particulier.

Ce que Y. Giaume a fait avec la mélodie de la pièce de Gottschalk intitulée Morte montre un autre exemple significatif de son processus de composition. « L’une de mes expériences les plus marquantes a été d’assister aux funérailles de Snooks Eaglin dans les rues de la Nouvelle-Orléans en 2009. C'est la première fois que je voyais un enterrement qui célèbre une vie et la vie en général avec une telle beauté », explique Y. Giaume. « J'ai été touché par la force émotionnelle et la magie de cette expérience où la procession est accompagnée d'une musique si captivante et émouvante. Lorsque j’ai découvert la lamentation Morte de Gottschalk, j’ai été transporté par sa grâce et sa simplicité. Cette mélodie qui sonne pour moi comme un hymne m’a accompagné, tout comme le souvenir de cette expérience de procession funéraire d’origine afro-louisianaise communément appelé jazz funeral. Tous deux ont fini par imprégner le développement de ma composition intitulée « Life Circle », une invitation à honorer et célébrer le pouvoir de la musique, de la danse et de l’expression du vivant face à la mort ».

Whisper of a Shadow en résumé est bien plus qu'un album musical. C'est une invitation à ralentir, à prendre du recul par rapport à notre époque, à entrer dans un voyage à travers le temps et l’espace, et à célébrer ce qu'une expérience multiculturelle peut offrir.

« J'ai trouvé mes racines à travers mon voyage dans la culture des autres », dit Giaume.  « Nous avons tous un point commun, même si rien ne le suggère, mais pour le découvrir, il faut sortir de sa propre zone de confort et aller l’explorer ».
Compositeur-arrangeur, trompettiste et ethnomusicologue, Yohan Giaume construit une œuvre qui allie sa passion pour les traditions des musiques du monde et l’exploration de nouveaux genres, en développant des collaborations et partenariats créatifs et enrichissants avec d’autres musiciens. Pendant près de 15 ans, Giaume sillonne une partie du monde au gré des rencontres afin d’explorer les origines et les intersections de la musique entre les Amériques, l’Europe et l’Afrique. Sa motivation est moins académique qu’axée sur la création de cadres contemporains pour que les traditions puissent continuer à transmettre et inspirer de nouvelles rencontres créatives. Après des études de trompette, de composition, d’orchestration et de jazz aux Conservatoires de Lyon, Chambéry et Grenoble ainsi que d’ethnomusicologie à l’Université de la Sorbonne à Paris, Giaume cherche l’expérience directe des musiques du monde en étudiant et travaillant lors de séjours sur plusieurs périodes à Cuba, en Argentine, en Uruguay, au Pérou, au Maroc et en Louisiane. Ses collaborations incluent des artistes tels que La Banda de Santiago de Cuba, Benito Suarez (Buena Vista Social Club), Kocani Orkestar, Juan Carlos Caceres, Felix Casaverde (Susanna Baca), l’Orchestre symphonique du Minnesota, Evan Christopher, Marrakech Jazz Beat, parmi tant d’autres. Les expériences et l’approche originale de Giaume reliant le monde de la recherche à celui de la création musicale apportent à ses compositions et ses arrangements un caractère unique et reconnaissable. Cette démarche, associée à une riche et éclectique palette sonore tissant un lien entre le monde musical vernaculaire et savant, lui attire également des commandes dans sa France natale pour travailler avec des artistes tels que Christian Vieussens, Manu Dibango, André Minvielle... Lauréat de la bourse «Hors les Murs» (2012) de l’Institut Français et du French American Jazz Exchange Award (2016), Giaume mène ses derniers travaux sur les traditions musicales de la Nouvelle- Orléans, point de départ de sa dernière création intitulée «Whisper of a shadow».
Louis Moreau Gottschalk (1829-1869) est l’un des musiciens américains les plus fascinants du XIXe siècle. Né le 8 mai 1829 d'un père anglo-allemand et d’une mère aux ascendances franco-haïtiennes, Gottschalk grandit dans l’environnement multiculturel de la Nouvelle-Orléans et absorbe l’héritage culturel créole qu’il reçoit par sa grand-mère et sa nourrice afro-haïtienne, toutes deux originaires de St Domingue. Enfant prodige, il part à l’âge de 13 ans faire ses études à Paris pour apprendre avec les meilleurs professeurs. Refusé au conservatoire à cause de sa nationalité américaine, il suit néanmoins les cours des célèbres professeurs Camille Stamaty et Pierre Maleden (aussi professeurs de Saint Saëns). Faisant rapidement fureur par son jeu et sa virtuosité, il enthousiasme Chopin, « Vous serez le roi des pianistes », dit-il alors au jeune Gottschalk qui fait son entrée dans le cercle des artistes mondains parisiens. Il obtient le succès en tant que compositeur lorsqu'il met en musique des airs traditionnels afro-créoles (Le Bananier, Bamboula, La Savane...), et suscitera rapidement l’enthousiasme de toute la presse française. Fort de cette aura parisienne, il fera des tournées triomphales en France, en Suisse et en Espagne. Lors de ses voyages, il ne cesse de s’imprègner de la culture et des musiques locales traditionnelles. Les œuvres espagnoles qu'il compose à cette époque incorporent habillement des harmonies et des rythmes espagnols distinctifs dans des compositions formelles.

En 1853, il regagne les États-Unis où il fait ses débuts à New York. Les pièces qu’ils composent là-bas font souvent références à des airs populaires américains et contribue à une nouvelle expression « occidentale » avec ses pièces de genre comme Le banjo (1853, 1855) ou Columbia (1859). Entre 1854 et 1861, Gottschalk séjourne plus de 6 années dans les Caraïbes (Cuba, Martinique, Guadeloupe...), un environnement dans lequel Gottschalk se reconnaitra. Durant cet période très productive, Gottschalk travaille sur plusieurs opéras et pièces symphoniques, et compose de nombreuses œuvres imprégnés de rythmes et mélodies locales. Beaucoup de ces œuvres annoncent les prémisses du ragtime.

A Cuba, Il entretient des liens étroits avec les compositeurs cubains de renom tels que Manuel Saumell Nicolas Ruiz Espadero ou encore Ignacio Cervantes qui fut son élève. Leurs musiques reflètent de profondes influences réciproques et longtemps Gottschalk sera longtemps considéré comme un compositeur cubain.

Après ces longs séjours caribéens, Gottschalk part pour une longue tournée de trois ans aux Etats-Unis et au Canada, puis les quatre dernières années de la vie de Gottschalk sont consacrées à une longue tournée en Amérique du Sud (Panama, Pérou, Chili, Argentine, Uruguay et Brésil).

Lors de cette dernière tournée, Gottschalk encourage fortement les talents locaux et, dans plusieurs pays, et joue un rôle important dans le développement de la musique classique. Il milite pour réduire la frontière entre l'art populaire et l'art savant, défend l'éducation publique et la forme républicaine de gouvernement, et utilise les festivals de musique qu’il organise comme vitrines pour un modèle panaméricain de vie et de cultures civiques ; Il devient la première figure culturelle panaméricaine.

Alors qu’il s’apprêtait à organiser des « concerts monstres » impliquant plusieurs centaines de musiciens à Rio de Janeiro, il s’écroule lors d’un concert quelques minutes après son interprétation de sa composition intitulée « Mort !! (She is dead)» et meurt en décembre de la même année à 40 ans. Après être tombé dans l’oubli au XXème siècle, il est maintenant reconnu comme l'un des musiciens américains les plus importants du XIXe siècle, et un compositeur salué comme le premier porte-parole musical éloquent et authentique du Nouveau Monde.