Vinicio Capossela
Canzoni Della Cupa
Sortie le 25 août 2017
Label : Accords Croisés
Canzoni della Cupa est un disque en deux parties, ou plus précisément, un disque à deux faces. L’une exposée au soleil et au vent. La face de la Poussière, du chaume desséché, du champ moissonné. La face du dur labeur pour obtenir le grain, de la sueur et de l’exploitation du travail. Et puis l’autre, celle de l’Ombre, de la face lunaire, des arbustes et des fantômes. La face des hurlements, des ronces et des branches qui, au clair de lune, donnent vie à des créatures imaginaires qui défient toute classification zoologique et ne sont visibles que par une seule personne à la fois. C’est la face des créatures de la Cupa, du Pumminale, du chien loup-garou, de la bête dans le champ de blé. La face du muletier qui dérobe le bois quand la nuit tombe. La face des fugues d’amour. Celle des apparitions.
Canzoni della Cupa est un disque en deux parties, ou plus précisément, un disque à deux faces. L’une exposée au soleil et au vent. La face de la Poussière, du chaume desséché, du champ moissonné. La face du dur labeur pour obtenir le grain, de la sueur et de l’exploitation du travail. Et puis l’autre, celle de l’Ombre, de la face lunaire, des arbustes et des fantômes. La face des hurlements, des ronces et des branches qui, au clair de lune, donnent vie à des créatures imaginaires qui défient toute classification zoologique et ne sont visibles que par une seule personne à la fois. C’est la face des créatures de la Cupa, du Pumminale, du chien loup-garou, de la bête dans le champ de blé. La face du muletier qui dérobe le bois quand la nuit tombe. La face des fugues d’amour. Celle des apparitions.
Ces deux faces ont vu le jour au cours de deux saisons d’enregistrement. Deux saisons différentes, distanciées par une décennie, le temps que les ronces puissent épaissir et s’enraciner plus profondément dans la terre. Afin que la Poussière puisse générer l’Ombre. Le premier enregistrement eu lieu pendant la période aride de l’été 2003. Une session décharnée, desséchée. Avec seulement deux violons, un cymbalum, une contrebasse et une guitare d’accompagnement. Et puis onze ans après, à l’automne 2014, j’entamais la session de l’Ombre qui dura jusqu’en 2015. Ces chansons, celles de la Poussière, en avaient généré de nouvelles que j’ai ensuite rassemblées lors d’une unique session d’enregistrement, au feu de bois, dans les ruelles des villages de Calitri, là d’où elles sont originaires. De cette frontière maternelle orientale – celle de la poule turque cachée dans le coffre arrière du Liveinvolvo – ces chansons ont migré de l’autre côté de l’océan, et ont rejoint l’autre frontière que les côtes paternelles de l’Ofanto m’évoquent depuis toujours. Cet Ouest que tout le monde désire tellement il évoque les selles, les mules, les rails de chemins de fer et les paysages de règlements de compte. De la frontière du loup, des vallées de la Lucanie, jusqu’aux terres des coyotes, l’oeuvre s’est au fur et à mesure enrichie de la culture texane et mexicaine de Flaco Jimenez à San Antonio (Texas), de celle de Calexico dans le désert de Sonora, et de celle des Los Lobos, ces loups-musiciens qui errent la nuit entre Mexique et Californie. Les ruelles de ces villages oubliés ont vu défiler des voix, des instruments amoureux de chants ruraux, traditionnels. Parmi eux : Giovanna Marini, Enza Pagliara, Antonio Infantino, la Banda della Posta, Francesco Loccisano, Giovannangelo De Gennaro et arrivant d’horizons plus lointains : Howe Gelb, Victor Herrero, Los Mariachi Mezcal, Labis Xilouris, Albert Mihai. Et toujours pour les accueillir, nous étions là, la triade productrice de la Cupa : Taketo Gohara, Asso Stefana et moi-même.
Chaque village de l’Italie profonde – ces terres de l’Osso éloignées des mers et des villes, ces villages construits au bord de précipices comme pour se protéger du monde, s’entourant de mers d’argile, de terres et de ténèbres – connaît bien cette géographie de l’âme. Ces villages ont également deux faces : celle qui reçoit la lumière et celle qui reste à l’ombre. Un antagonisme créateur d’une unité immobile, comme figée au sein d’un temps circulaire, qui se répète éternellement, qui nous rappelle le cycle des terres et des saisons. Dans chaque village, on trouve la Cupa, la face de l’ombre, moins battue par le soleil, celle où l’imaginaire et l’inconscient placent les légendes. Et on trouve aussi la face de la lumière, celle embrasée, éclairée, celle du labeur et de l’exploitation. La face de la Poussière et de la sueur. Ces deux faces composent un cercle dans lequel le temps circule immobile. Ces chansons puisent dans cet univers.
Elles s’inspirent de ce monde folklorique, rural et mythologique que j’ai voulu transmettre et à qui j’ai voulu redonner la parole. Je me suis appuyé sur le travail préexistant de chanteurs populaires, en particulier de Matteo Salvatore. Mais aussi et par-dessus tout, je me suis inspiré des sagas épiques des communautés, des sonnets, des vers rimés dont il n’existe pas de traces écrites mais que tout le monde connaît et chante d’une seule voix. Et puis j’en ai trouvé d’autres encore, enfouies en moi, en arpentant les ruelles, les ronces et les terres. Rassemblées au fil du temps, elles sont devenues les Canzoni della Cupa. Ces chansons source de chaleur, d’enracinement, de peur et de réconfort.
Bob Dylan a affirmé un jour qu’il n’y avait rien de très rassurant dans la musique folk. Et il disait vrai. Les compositions ici sont des chansons où l’homme est exposé aux forces de la terre, à ces racines qui entourent et étranglent, à ces ronces qui infligent des blessures, aux forces de la nuit, aux gouffres d’une nature sombre et cruelle, à l’exploitation et à l’oppression de l’homme sur l’homme. Des chansons qui nous exposent aux malices humaines, à la cruauté des petits villages. Des musiques qui ne se dérobent pas face au deuil, à la séparation et à la douleur. Qui ne posent pas de limites à la fête, à l’abondance dissipatrice qui frôle la mort. Mais ce sont aussi des chants qui unissent à nouveau le ciel et la terre, et nous font retrouver un état suspendu, inconscient, somnambule. Et qui nous permettent de ressentir encore le froid, l’émotion, le désir, la peur, le sens de l’aventure, l’euphorie, le deuil et la mort. Qui nous racontent qu’elles appartiennent à un monde plus vieux que nous, ce monde où l’histoire change de visage et de dimension, mais qui, en même temps, résiste et nous rappelle que nous sommes, tout simplement, des hommes sur une terre nue. Une terre sombre qui a échappé au ciel.
Ces deux faces ont vu le jour au cours de deux saisons d’enregistrement. Deux saisons différentes, distanciées par une décennie, le temps que les ronces puissent épaissir et s’enraciner plus profondément dans la terre. Afin que la Poussière puisse générer l’Ombre. Le premier enregistrement eu lieu pendant la période aride de l’été 2003. Une session décharnée, desséchée. Avec seulement deux violons, un cymbalum, une contrebasse et une guitare d’accompagnement. Et puis onze ans après, à l’automne 2014, j’entamais la session de l’Ombre qui dura jusqu’en 2015. Ces chansons, celles de la Poussière, en avaient généré de nouvelles que j’ai ensuite rassemblées lors d’une unique session d’enregistrement, au feu de bois, dans les ruelles des villages de Calitri, là d’où elles sont originaires. De cette frontière maternelle orientale – celle de la poule turque cachée dans le coffre arrière du Liveinvolvo – ces chansons ont migré de l’autre côté de l’océan, et ont rejoint l’autre frontière que les côtes paternelles de l’Ofanto m’évoquent depuis toujours. Cet Ouest que tout le monde désire tellement il évoque les selles, les mules, les rails de chemins de fer et les paysages de règlements de compte. De la frontière du loup, des vallées de la Lucanie, jusqu’aux terres des coyotes, l’oeuvre s’est au fur et à mesure enrichie de la culture texane et mexicaine de Flaco Jimenez à San Antonio (Texas), de celle de Calexico dans le désert de Sonora, et de celle des Los Lobos, ces loups-musiciens qui errent la nuit entre Mexique et Californie. Les ruelles de ces villages oubliés ont vu défiler des voix, des instruments amoureux de chants ruraux, traditionnels. Parmi eux : Giovanna Marini, Enza Pagliara, Antonio Infantino, la Banda della Posta, Francesco Loccisano, Giovannangelo De Gennaro et arrivant d’horizons plus lointains : Howe Gelb, Victor Herrero, Los Mariachi Mezcal, Labis Xilouris, Albert Mihai. Et toujours pour les accueillir, nous étions là, la triade productrice de la Cupa : Taketo Gohara, Asso Stefana et moi-même.
Chaque village de l’Italie profonde – ces terres de l’Osso éloignées des mers et des villes, ces villages construits au bord de précipices comme pour se protéger du monde, s’entourant de mers d’argile, de terres et de ténèbres – connaît bien cette géographie de l’âme. Ces villages ont également deux faces : celle qui reçoit la lumière et celle qui reste à l’ombre. Un antagonisme créateur d’une unité immobile, comme figée au sein d’un temps circulaire, qui se répète éternellement, qui nous rappelle le cycle des terres et des saisons. Dans chaque village, on trouve la Cupa, la face de l’ombre, moins battue par le soleil, celle où l’imaginaire et l’inconscient placent les légendes. Et on trouve aussi la face de la lumière, celle embrasée, éclairée, celle du labeur et de l’exploitation. La face de la Poussière et de la sueur. Ces deux faces composent un cercle dans lequel le temps circule immobile. Ces chansons puisent dans cet univers.
Elles s’inspirent de ce monde folklorique, rural et mythologique que j’ai voulu transmettre et à qui j’ai voulu redonner la parole. Je me suis appuyé sur le travail préexistant de chanteurs populaires, en particulier de Matteo Salvatore. Mais aussi et par-dessus tout, je me suis inspiré des sagas épiques des communautés, des sonnets, des vers rimés dont il n’existe pas de traces écrites mais que tout le monde connaît et chante d’une seule voix. Et puis j’en ai trouvé d’autres encore, enfouies en moi, en arpentant les ruelles, les ronces et les terres. Rassemblées au fil du temps, elles sont devenues les Canzoni della Cupa. Ces chansons source de chaleur, d’enracinement, de peur et de réconfort.
Bob Dylan a affirmé un jour qu’il n’y avait rien de très rassurant dans la musique folk. Et il disait vrai. Les compositions ici sont des chansons où l’homme est exposé aux forces de la terre, à ces racines qui entourent et étranglent, à ces ronces qui infligent des blessures, aux forces de la nuit, aux gouffres d’une nature sombre et cruelle, à l’exploitation et à l’oppression de l’homme sur l’homme. Des chansons qui nous exposent aux malices humaines, à la cruauté des petits villages. Des musiques qui ne se dérobent pas face au deuil, à la séparation et à la douleur. Qui ne posent pas de limites à la fête, à l’abondance dissipatrice qui frôle la mort. Mais ce sont aussi des chants qui unissent à nouveau le ciel et la terre, et nous font retrouver un état suspendu, inconscient, somnambule. Et qui nous permettent de ressentir encore le froid, l’émotion, le désir, la peur, le sens de l’aventure, l’euphorie, le deuil et la mort. Qui nous racontent qu’elles appartiennent à un monde plus vieux que nous, ce monde où l’histoire change de visage et de dimension, mais qui, en même temps, résiste et nous rappelle que nous sommes, tout simplement, des hommes sur une terre nue. Une terre sombre qui a échappé au ciel.