Touré Kunda
Lambi Golo
Sortie le 25 mai 2018
Label : Soulbeats Records
Le grand retour des éléphants de la musique africaine.
Les Toure Kunda sont de retour. Non qu’ils ne soient jamais partis mais après quarante ans de carrière internationale ils ont eu le besoin de reprendre des forces. Et en ce cas, quoi de mieux que de se ressourcer au creuset de cette Casamance où s’enracine l’incroyable saga de la famille éléphant (Touré Kunda en soninké).
Les Toure Kunda sont de retour. Non qu’ils ne soient jamais partis mais après quarante ans de carrière internationale ils ont eu le besoin de reprendre des forces. Et en ce cas, quoi de mieux que de se ressourcer au creuset de cette Casamance où s’enracine l’incroyable saga de la famille éléphant (Touré Kunda en soninké).
Le grand retour des éléphants de la musique africaine.
Les Toure Kunda sont de retour. Non qu’ils ne soient jamais partis mais après quarante ans de carrière internationale ils ont eu le besoin de reprendre des forces. Et en ce cas, quoi de mieux que de se ressourcer au creuset de cette Casamance où s’enracine l’incroyable saga de la famille éléphant (Touré Kunda en soninké).
Car les nouvelles générations l’ignorent, c’est de cette région au sud du Sénégal, entre savane et mangroves, qu’un jour un des frères parti pour la France, fidèle à son ancêtre colporteur-cordonnier qui lui avait quitté le Mali pour la Casamance en quête des peaux de crocodiles nécessaire à son métier. Pour Ismaël qui vient tenter sa chance à Paris en 1975 et qui participera au West African Cosmos, un combo qui expérimente l’hybridation des sons rocks et afro, ce sera donc le parcours classique de l’immigré entre boulots aléatoires, froid et solitude, réseaux associatifs, filigrane thématique de plusieurs chansons ultérieures. Puis en 1977, c’est Sixu, alors impliqué dans une ONG qui forme les paysans à de nouvelles pratiques agricoles, qui le rejoint. Un duo qui se fera connaître au sein des foyers sous le nom de « Frères griots » avant de devenir un groupe de scène avec des musiciens aguerris.
C’est qu’un nouveau public aspire à découvrir ce continent africain plein de promesses sonores. Les alliés de l’aventure, au diapason d’une nouvelle conscience planétaire, étant ceux d’une presse alternative (Libération, Actuel…), d’un label défricheur (Celluloïd), de lieux altermondialistes comme Le Dunois ou La Chapelle des Lombards ou d’initiatives formidables comme Africa Fête lancé par le précieux Mamadou Konte. Ainsi, Amadou, le frère aîné rejoignant le duo, les Toure Kunda deviennent les ambassadeurs d’une vague des musiques africaines qui va voir s’affirmer les Salif Keita, Mory Kante et autres Youssou N’Dour et bien sûr de plus anciens comme Manu Dibango, Francis Bebey ou Pierre Akendengue. Dès lors les Toure Kunda vont jouer les pionniers.
Précurseurs du phénomène World Music, ils seront les premiers à occuper l’immense Hippodrome de Pantin. Les premiers à organiser une méga tournée en Afrique (cf. l’album Paris-Ziguinchor). Les premiers à épicer leurs musiques de technologies (cf. l’album Natalia avec le mythique producteur Bill Laswell). Les premiers africains à avoir un impact au Japon. On les verra aussi faire tomber la veste aux chefs d’Etats africain lors du sommet de la Francophonie de Vittel en 1983, occuper le Carnegie Hall avec Santana ou rencontrer Mandela... Comme autant de désaveux à ces sceptiques qui, au début de leur carrière, ne les voyaient pas pouvoir jouer au-delà d’un public communautaire.
Quand ces fils de Ziguinchor, nourris de James Brown, Led Zeppelin, Brassens ou Creedence Clearwater ont toujours voulu voyager à la rencontre d’autres fratries, avec la terre de leur pays sous leurs semelles et des sabars à portée de main. D’où ce besoin, pour ces quarante ans de scène, d’en revenir à cette matrice qui a nourri leurs imaginaires et leur a fourni leur carburant onirique.
Une Casamance qui comme bien des régions du monde a été brutalisée dans son immémoriale teranga (hospitalité) par une mondialisation pas toujours positive dans ses effets (voir par exemple le pillage des forêts ou des eaux de pêche par les multinationales). Aussi les chansons de ce nouvel album, longtemps peaufiné et enregistré façon « studio au village » pour garder le suc de la vie, évoquent les pertes de valeurs de générations en désarroi. Ces valeurs collectives que les Toure Kunda ont toujours fait leurs et que symbolise le djambaadong, « danse des feuilles » pulsant le parcours initiatique des jeunes rentrant dans la vie d’adulte. Des valeurs qu’ils évoquent à travers des métiers comme ceux des paysans, pêcheurs, forgerons ou par le souvenir de cet ex-lépreux qui faisait le tour des concessions pour se nourrir et dispensait des messages d’amour, de paix et de fraternité.
A contrario, les frères dénonçant la marchandisation du làmb (la fameuse lutte sénégalaise, hier école d’humilité et d’exemplarité), devenu une « lutte de singes » (Lambi Golo, titre de l’album), lutte qui n’est pas sans rappeler celle des hommes politiques. On le voit, rien donc de nostalgique dans ce répertoire tant les Toure Kunda ont toujours sensibles aux mutations et enjeux du présent. Avec cet album, entourés de brillants complices musiciens (Paco Sery, Romain Ghezal, Alune Wade,...) et d’amis célèbres (Manu Dibango, Nelson Palacio, Cheik Tidiane Seck, Lokua Kanza...), les Toure Kunda déclinent à leur manière le mot humanité. Puisque, fidèles à l’idée que « l’universel c’est le local moins les murs », eux qui grandirent quartier Santhiaba entre Soninkés, Diolas, Mandingues, créoles portugais, Peulhs ou wolofs, estiment qu’une région du monde ne peut être qu’une métaphore de la diaspora humaine. Aussi dégustera t’on leur thiéboudienne musical, énergique et tendre, mélange de m’balax, rythmes casamançais, funk, pop-rock, pop, épices reggaeisantes, comme une invitation à la danse, au rêve et à l’espérance.
Frank Tenaille.
Les Toure Kunda sont de retour. Non qu’ils ne soient jamais partis mais après quarante ans de carrière internationale ils ont eu le besoin de reprendre des forces. Et en ce cas, quoi de mieux que de se ressourcer au creuset de cette Casamance où s’enracine l’incroyable saga de la famille éléphant (Touré Kunda en soninké).
Car les nouvelles générations l’ignorent, c’est de cette région au sud du Sénégal, entre savane et mangroves, qu’un jour un des frères parti pour la France, fidèle à son ancêtre colporteur-cordonnier qui lui avait quitté le Mali pour la Casamance en quête des peaux de crocodiles nécessaire à son métier. Pour Ismaël qui vient tenter sa chance à Paris en 1975 et qui participera au West African Cosmos, un combo qui expérimente l’hybridation des sons rocks et afro, ce sera donc le parcours classique de l’immigré entre boulots aléatoires, froid et solitude, réseaux associatifs, filigrane thématique de plusieurs chansons ultérieures. Puis en 1977, c’est Sixu, alors impliqué dans une ONG qui forme les paysans à de nouvelles pratiques agricoles, qui le rejoint. Un duo qui se fera connaître au sein des foyers sous le nom de « Frères griots » avant de devenir un groupe de scène avec des musiciens aguerris.
C’est qu’un nouveau public aspire à découvrir ce continent africain plein de promesses sonores. Les alliés de l’aventure, au diapason d’une nouvelle conscience planétaire, étant ceux d’une presse alternative (Libération, Actuel…), d’un label défricheur (Celluloïd), de lieux altermondialistes comme Le Dunois ou La Chapelle des Lombards ou d’initiatives formidables comme Africa Fête lancé par le précieux Mamadou Konte. Ainsi, Amadou, le frère aîné rejoignant le duo, les Toure Kunda deviennent les ambassadeurs d’une vague des musiques africaines qui va voir s’affirmer les Salif Keita, Mory Kante et autres Youssou N’Dour et bien sûr de plus anciens comme Manu Dibango, Francis Bebey ou Pierre Akendengue. Dès lors les Toure Kunda vont jouer les pionniers.
Précurseurs du phénomène World Music, ils seront les premiers à occuper l’immense Hippodrome de Pantin. Les premiers à organiser une méga tournée en Afrique (cf. l’album Paris-Ziguinchor). Les premiers à épicer leurs musiques de technologies (cf. l’album Natalia avec le mythique producteur Bill Laswell). Les premiers africains à avoir un impact au Japon. On les verra aussi faire tomber la veste aux chefs d’Etats africain lors du sommet de la Francophonie de Vittel en 1983, occuper le Carnegie Hall avec Santana ou rencontrer Mandela... Comme autant de désaveux à ces sceptiques qui, au début de leur carrière, ne les voyaient pas pouvoir jouer au-delà d’un public communautaire.
Quand ces fils de Ziguinchor, nourris de James Brown, Led Zeppelin, Brassens ou Creedence Clearwater ont toujours voulu voyager à la rencontre d’autres fratries, avec la terre de leur pays sous leurs semelles et des sabars à portée de main. D’où ce besoin, pour ces quarante ans de scène, d’en revenir à cette matrice qui a nourri leurs imaginaires et leur a fourni leur carburant onirique.
Une Casamance qui comme bien des régions du monde a été brutalisée dans son immémoriale teranga (hospitalité) par une mondialisation pas toujours positive dans ses effets (voir par exemple le pillage des forêts ou des eaux de pêche par les multinationales). Aussi les chansons de ce nouvel album, longtemps peaufiné et enregistré façon « studio au village » pour garder le suc de la vie, évoquent les pertes de valeurs de générations en désarroi. Ces valeurs collectives que les Toure Kunda ont toujours fait leurs et que symbolise le djambaadong, « danse des feuilles » pulsant le parcours initiatique des jeunes rentrant dans la vie d’adulte. Des valeurs qu’ils évoquent à travers des métiers comme ceux des paysans, pêcheurs, forgerons ou par le souvenir de cet ex-lépreux qui faisait le tour des concessions pour se nourrir et dispensait des messages d’amour, de paix et de fraternité.
A contrario, les frères dénonçant la marchandisation du làmb (la fameuse lutte sénégalaise, hier école d’humilité et d’exemplarité), devenu une « lutte de singes » (Lambi Golo, titre de l’album), lutte qui n’est pas sans rappeler celle des hommes politiques. On le voit, rien donc de nostalgique dans ce répertoire tant les Toure Kunda ont toujours sensibles aux mutations et enjeux du présent. Avec cet album, entourés de brillants complices musiciens (Paco Sery, Romain Ghezal, Alune Wade,...) et d’amis célèbres (Manu Dibango, Nelson Palacio, Cheik Tidiane Seck, Lokua Kanza...), les Toure Kunda déclinent à leur manière le mot humanité. Puisque, fidèles à l’idée que « l’universel c’est le local moins les murs », eux qui grandirent quartier Santhiaba entre Soninkés, Diolas, Mandingues, créoles portugais, Peulhs ou wolofs, estiment qu’une région du monde ne peut être qu’une métaphore de la diaspora humaine. Aussi dégustera t’on leur thiéboudienne musical, énergique et tendre, mélange de m’balax, rythmes casamançais, funk, pop-rock, pop, épices reggaeisantes, comme une invitation à la danse, au rêve et à l’espérance.
Frank Tenaille.