Titi Robin

Les Rives
Sortie le 15 Novembre 2011
Label : Naïve
3 CD + DVD

Les rives ont une mémoire, chaque goutte d’eau laisse une trace. Tout petit, j’ai bu, agenouillé sur le bord, comme un animal avide de connaissance, et j’ai appris à nager, parfois à contre-courant, parfois sous l’eau, parfois sur une barque légère et fragile, parfois entouré de compagnes et d’amis, d’enfants. Les rives sont cette école que la vie m’a donnée en cadeau. Si je remonte à la source, c’est pour rendre hommage aux peuples qui ont irrigué ce fleuve de leur sueur, de leurs larmes, de leur sang, de leurs amours et de leurs rêves. Ils sont ma famille, sur les bords du fleuve, où les traces profondes de leur pas ne s’effaceront jamais.

L’Inde du Nord, la Turquie et le Maroc sont les trois sources emblématiques et symboliques où j’ai enregistré tour à tour les trois disques réunis ici.

Titi Robin
Préalable : mon univers stylistique

Il est l’héritier pleinement moderne et contemporain d’une civilisation qui elle est ancienne, méditerranéenne, qui a réunit de nombreux styles artistiques tout au long de ses rives, depuis le sud des Balkans jusqu’à l’Afrique du Nord, des rives sud de l’Europe jusqu’au Machreq. Il a été fondateur à une autre époque pour de nombreux artistes mais aussi scientifiques, médecins, philosophes, artisans ou poètes.

De plus, la culture méditerranéenne a longtemps été irriguée par un fleuve culturel et philosophique venu du Nord de l’Inde, à travers l’Asie Centrale. C’est également le même chemin qu’ont parcouru les Gitans. Voilà pourquoi j’entends parfois dans le chant d’un Kalo du quartier San Jaume de Perpignan la même métaphore poétique que me soufflait quelques jours plus tôt un Langa du Rajasthan ou un qawal de Lahore. Tous ces styles se font écho, s’opposant ou s’attirant, mais se rejoignant sans cesse. Ils sont toujours vivants et transparaissent sous mille formes complémentaires.

Je ne fais donc aujourd’hui aucunement de la « fusion » mais je recueille au contraire à travers les mailles de mon inspiration des éléments de cette mosaïque à la fois diversifiée et homogène qui préexistait largement à ma démarche. Je me dois aujourd’hui de lui rendre hommage. Je me dois de remercier les Anciens qui ont nourrit ce trésor de leur sueur, de leurs recherches, de leur vies d’artistes et d’hommes, à ma manière, avec ce vocabulaire et ces compositions qui racontent mon parcours et mon identité.

La démarche

Dans le domaine dit des « musiques du monde », il est un ordre économique, social et culturel que j’ai jamais pu ni su assumer, qui nous voit, artistes occidentaux, aller dans des pays de riches traditions musicales, vers l’Est et le Sud, et récolter des musiques, du répertoire, rencontrer des musiciens, puis revenir fructifier cette manne dans ce monde privilégié de l’occident nanti, là où le marché de l’art est structuré de manière suffisamment rationnelle pour pouvoir construire une carrière et vivre de son travail. Cela nous semble normal. Le public de ces pays n’a que rarement l’occasion de juger du résultat de notre travail puisqu’il est souvent difficilement disponible sur place. Il est peut-être temps d’inverser ce courant. C’est en tout cas une nécessité personnelle pour la cohérence et l’équilibre de mon parcours humain et artistique. J’ai souvent déjà été confronté à la difficulté d’échapper à cet ordre des choses.

Je suis simplement comme un homme qui, après des années et un long exil, retourne au pays et désire montrer à sa famille ce qu’il a fait de sa vie, de l’héritage transmis. « Je vous présente mes enfants, ces compositions musicales, qui ont grandi loin de vous, au contact d’autres cultures, sous d’autres cieux. Est ce que dans leur voix, leurs chants, il y a encore l’écho des ancêtres ? Qu’est ce qui a changé, qu’est ce qui perdure ? Ils sont à vous, ma descendance est aussi la vôtre. »

Le projet

Je souhaite réaliser dans chacun des trois pays suivants : l’Inde, la Turquie et le Maroc (trois étapes essentielles dans ma vision et trois pays dans lesquels j’ai déjà une pratique et une histoire particulière artistique et personnelle) un CD musical de la manière suivante :

 Apporter un répertoire original personnel représentatif à la fois de mon style et de ce qu’il doit au pays en question, en témoignage de ce que je dois à cette culture, influence qui a nourri une création originale et novatrice qui ne veut pas oublier ses sources.

 Réunir en studio un ensemble de musiciens et musiciennes et un ingénieur du son du pays.

 Mixer, produire, et réaliser (y compris l’aspect visuel) du disque avec des partenaires locaux.

 Distribuer ce disque en premier lieu dans le pays, avec le soutien de médias locaux et si possible en l’accompagnant d’une tournée sur scène.

A chaque fois, le répertoire m’est propre, mais interprété en mariant le (les) style(s) local (locaux) au mien.

J’ai proposé à la maison de disque Naïve, qui a l’exclusivité de mon travail discographique, de réunir ces trois disques « import » dans un coffret qu’elle distribuera en France et dans le reste du monde. Le coffret international comprendra un livret traduisant les textes des pochettes d’origine (en hindi, turc et arabe).

Une cinéaste indienne, Renuka George, suit l’aventure dans les trois pays et raconte à sa manière le déroulement de ce voyage. Cela fera l’objet d’un film et d’un DVD accompagnant la sortie du coffret.

Musicalement et stylistiquement, il y aura un travail de correspondances entre les répertoires des trois disques, afin de mettre en évidence les différences de style et les nombreux points communs entre les pays. Certains thèmes seront joués dans les trois disques, certains poèmes traduits dans les trois langues, avec un arrangement différent correspondant aux musiciens présents et à leurs instruments, et il y aura aussi des liens avec des interprétations déjà réalisées par le passé en France.

Paradoxalement, reconnaître et honorer mes sources et les commenter par ces écrits me permettra de mieux définir mon propre style qui est, je le revendique volontiers, tout à fait iconoclaste.

(Titi Robin)

Les Musiciens (sur scène)

Titi Robin

Depuis plus de 30 ans, Titi Robin a navigué aux confluences des cultures tziganes, orien- tales et européennes, sur la vague impétueuse et majestueuse qui coule des contreforts de l’Inde à travers l’Asie centrale jusqu’aux rives de la mer Méditerranée. Il y a recherché puis construit patiemment un univers esthétique original. Mais il est impossible de réduire son art à un simple désir de mixer les sons et les styles. La musique de Titi Robin exprime ce que les mots ont souvent du mal à capter : elle parle de l’extrême solitude de l’âme, de la vérité nue de l’émotion, de la grandeur délicate de l’amour parfois teintée de violence, que la beauté du monde peut éveiller en chacun d’entre nous. Titi Robin joue la guitare, le bouzouq et le oud, et est le compositeur exclusif de ses nombreux projets.

« I do think Titi Robin is one of the world’s great musicians and visionaries. » Charlie Gillet, BBC - London, 2009

« Une des plus singulières trajectoires d’artiste en France. »

LE MONDE DE LA MUSIQUE

Francis Varis

Jazzman de formation, Francis Varis s’est distingué avec son groupe Cordes et Lames (Dominique Cravic à la guitare), sa participation à Paris Musette et sa collaboration avec Jacques Bolognesi au sein du Bolovaris. Il a cotoyé des jazzmen comme Tal Farlow, Lee konitz et accompagne régulièrement la chanteuse brésilienne Nazaré Péreira, Georges Moustaki ou Maria Teresa. Francis Varis est un improvisateur extrèmement lyrique et son phrasé d’une grande pureté en fait un invité idéal pour les projets de Titi Robin, avec qui il partage une belle complicité de longue date.

Ze Luis Nascimento

Ze Luis Nascimento percussionniste brésilien virtuose, est originaire de Salvador de Bahia. En tant que soliste et assistant à la direction musicale, il enchaine les tournées mondiales avec le ballet folklorique de Bahia, au sein duquel il a été formé. Arrivé en France en 1996, il s’est ouvert aux styles des percussions orientales et occidentales et élabore alors un vocabulaire rythmique profondément original mêlant des instruments trés variés, qu’il rassemble dans un discours musical d’une grande cohérence.

Murad Alli

Instrument d’un apprentissage réputé difficile, le sarangi est une vielle jouée avec archet que l’on rencontre principalement en Inde, en Afghanistan et au Pakistan. Son jeu composé de glissandos lui permet de suivre les inflexions du chant (tous les micro-intervalles entre les tons) comme d’être un instrument soliste apprécié. MURAD ALI KHAN qui a suivi l’enseignement de la célèbre école de Muradabad dans l’Uttar Pradesh, est de la 6e génération d’une famille de musiciens. Il a également dirigé la création Kalyaan de RAVI SHANKAR et a été l’invité du festival de France-Musique en septembre 2006.

Sinan Celik

Sinan Celik est le spécialiste du kaval, la flute populaire, et un maître des musiques turques auprès de qui la jeune génération aime à venir se ressourcer. Il a créé un lieu dédié à la musique, à Istanbul, où il est possible de jouer de répéter, d’enregistrer, et de produire des disques (les productions Duygu Müzik).

El Mehdi Nassouli

Né en 1985, Mehdi Nassouli a commencé l’apprentissage de la musique à l’âge de 14 ans, attiré par les racines de sa famille, ancrées dans la culture gnawa. De Taroudant à Marrakech, en passant par Essaouira et Safi, en 10 ans Mehdi a réalisé un véritable voyage initiatique auprès de plusieurs mââlems, acquérant ainsi une solide connaissance de la musique gnawa, de la daqqa ou encore du malhûn.