Thomas de Pourquery & Supersonic
Back To The Moon
Sortie le 17 septembre 2021
Label: Lying Lions Productions
Dix ans après la formation de son supergroupe Supersonic, satellisé dans l’orbite de Sun Ra, le saxophoniste-chanteur Thomas de Pourquery reprend les commandes du vaisseau amiral dont Back To The Moon marque le troisième décollage. Où l’on croise Mingus, une histoire d’amour, E.T., Caetano Veloso en kikongo, un robot et des chansons épiques. Visez la Lune.
Quand il a décollé en avril 2021 vers la Station spatiale internationale, l'astronaute Thomas Pesquet a embarqué dans ses bagages une playlist concoctée par FIP. Y figurent notamment Space Cowboy de Jamiroquai et Walking In Space de Gal MacDermot, mais aussi Yes Yes Yes Yes de Thomas de Pourquery et Supersonic, titre du nouvel album du supergroupe, Back To The Moon. Retour sur la Lune, donc, pour le saxophoniste-chanteur qui vit la tête dans les étoiles depuis que son père lui a dit, quand il était encore enfant : « Si tu veux aller sur la Lune, vise la plus lointaine des galaxies. »
Le vaisseau amiral Supersonic a été assemblé en 2011, six décennies après que Sun Ra satellisa l'album Super-Sonic Jazz en prétendant débarquer de Saturne. La formation fête donc ses 10 ans, longévité pas si fréquente avec une escouade fidèle : Laurent Bardainne, Fabrice Martinez, Arnaud Roulin, Frederick Galiay et Edward Perraud, dream team dont les noms apparaissent depuis longtemps, comme leaders ou sidemen, sur des projets qui font exploser les frontières entre jazz, rock progressif, pop ouvragée, funk psychédélique, musique contemporaine, électronique, africaine, etc. – la liste est infinie, s'agissant de créateurs érudits mais curieux de tout. Thomas de Pourquery & Supersonic Play Sun Ra (2014) puis Sons Of Love (2017) ont marqué les esprits du public et de la critique, et fourni le carburant de lives où la sophistication des compositions et la virtuosité des solistes se combinaient à l'excentricité et la communion, dans une ambiance de grand-messe païenne. Jamais deux sans trois, l'épopée ne pouvait pas en rester là. Retour sur la Lune, donc.
Aussi loin qu'il s'en souvienne, Thomas de Pourquery s'est toujours passionné pour l'astronomie, autant qu'il s'est enivré de voyages – terrestres ou spirituels à défaut d'être cosmiques. L'espace et les grands espaces aspirent Back To The Moon avec d'autant plus de souffle que la pandémie nous cloue au sol. Mais la genèse de l'album précède la crise. Il puise une partie de son inspiration dans The Bride, un court-métrage réalisé en 2018 par Vincent Paronnaud aka Winshluss (co-auteur de Persépolis avec Marjane Satrapi) qui met en scène Supersonic dans un monde post-apocalyptique hanté de zombies, sur une BO signée par le groupe en fusion noise. Il intègre aussi la collaboration initiée en 2018 avec des musiciens congolais, dans la foulée de concerts donnés à Pointe-Noire et Brazzaville.
Enfin, les compositions sont imprégnées par une histoire d'amour concomitante à leur exaltation lyrique. C'était avant qu'un virus percute cette trajectoire enchantée. Les paroles, écrites durant le premier confinement, invoquent parfois la lumière au bout des ténèbres, entre surréalisme et futurisme – Pourquery cite Federico Fellini et René Barjavel comme des influences possibles.
Enregistré en juillet 2020 au studio parisien Question de Son, capté dans les conditions du live mais fignolé en post-production et au mixage, Back To The Moon est propulsé par l'introductif Take-Off (Décollage), avant de prendre sa vitesse de croisière avec Joy qui suggère la sérénité d'une orbite interstellaire, sur une mélodie à rapprocher – sans le faire exprès – du thème de John Williams pour E.T., l'extra-terrestre de Steven Spielberg.
Suit Back To The Moon, l'alunissage après lequel l'équipage semble capter les fréquences radio d'un thème de bebop. Entrecoupé par trois miniatures où des papillons volètent, le voyage alterne une plage méditative (Jungle), une marche glissant vers Mingus (Wolf Smile), une ascension épique (I Gotta Dream), une discussion avec un robot (Venusian Boys), un tube pop (Yes Yes Yes Yes) et une chanson crépusculaire (Bring Me Back The Day), ainsi qu'une étourdissante reprise de Caetano Veloso (O Estrangeiro) avec deux percussionnistes congolais et sur des paroles en kikongo dans la voix de Berléa Bilem – « Si tu n'arrives à communiquer avec un autre monde, change de comportement », dit-elle en substance. L'énumération donne une idée du foisonnement d'un tel album, à l'écoute duquel s'éprouve l'ivresse de l'apesanteur.
Ce space opera, qui emballe l'aventure cosmique de poésie et de lyrisme, dégage l'horizon de nos existences entravées.
Lumière au bout du tunnel, Back To The Moon peut alors se lire suivant une autre traduction : dos à la Lune, face au Soleil.
Le vaisseau amiral Supersonic a été assemblé en 2011, six décennies après que Sun Ra satellisa l'album Super-Sonic Jazz en prétendant débarquer de Saturne. La formation fête donc ses 10 ans, longévité pas si fréquente avec une escouade fidèle : Laurent Bardainne, Fabrice Martinez, Arnaud Roulin, Frederick Galiay et Edward Perraud, dream team dont les noms apparaissent depuis longtemps, comme leaders ou sidemen, sur des projets qui font exploser les frontières entre jazz, rock progressif, pop ouvragée, funk psychédélique, musique contemporaine, électronique, africaine, etc. – la liste est infinie, s'agissant de créateurs érudits mais curieux de tout. Thomas de Pourquery & Supersonic Play Sun Ra (2014) puis Sons Of Love (2017) ont marqué les esprits du public et de la critique, et fourni le carburant de lives où la sophistication des compositions et la virtuosité des solistes se combinaient à l'excentricité et la communion, dans une ambiance de grand-messe païenne. Jamais deux sans trois, l'épopée ne pouvait pas en rester là. Retour sur la Lune, donc.
Aussi loin qu'il s'en souvienne, Thomas de Pourquery s'est toujours passionné pour l'astronomie, autant qu'il s'est enivré de voyages – terrestres ou spirituels à défaut d'être cosmiques. L'espace et les grands espaces aspirent Back To The Moon avec d'autant plus de souffle que la pandémie nous cloue au sol. Mais la genèse de l'album précède la crise. Il puise une partie de son inspiration dans The Bride, un court-métrage réalisé en 2018 par Vincent Paronnaud aka Winshluss (co-auteur de Persépolis avec Marjane Satrapi) qui met en scène Supersonic dans un monde post-apocalyptique hanté de zombies, sur une BO signée par le groupe en fusion noise. Il intègre aussi la collaboration initiée en 2018 avec des musiciens congolais, dans la foulée de concerts donnés à Pointe-Noire et Brazzaville.
Enfin, les compositions sont imprégnées par une histoire d'amour concomitante à leur exaltation lyrique. C'était avant qu'un virus percute cette trajectoire enchantée. Les paroles, écrites durant le premier confinement, invoquent parfois la lumière au bout des ténèbres, entre surréalisme et futurisme – Pourquery cite Federico Fellini et René Barjavel comme des influences possibles.
Enregistré en juillet 2020 au studio parisien Question de Son, capté dans les conditions du live mais fignolé en post-production et au mixage, Back To The Moon est propulsé par l'introductif Take-Off (Décollage), avant de prendre sa vitesse de croisière avec Joy qui suggère la sérénité d'une orbite interstellaire, sur une mélodie à rapprocher – sans le faire exprès – du thème de John Williams pour E.T., l'extra-terrestre de Steven Spielberg.
Suit Back To The Moon, l'alunissage après lequel l'équipage semble capter les fréquences radio d'un thème de bebop. Entrecoupé par trois miniatures où des papillons volètent, le voyage alterne une plage méditative (Jungle), une marche glissant vers Mingus (Wolf Smile), une ascension épique (I Gotta Dream), une discussion avec un robot (Venusian Boys), un tube pop (Yes Yes Yes Yes) et une chanson crépusculaire (Bring Me Back The Day), ainsi qu'une étourdissante reprise de Caetano Veloso (O Estrangeiro) avec deux percussionnistes congolais et sur des paroles en kikongo dans la voix de Berléa Bilem – « Si tu n'arrives à communiquer avec un autre monde, change de comportement », dit-elle en substance. L'énumération donne une idée du foisonnement d'un tel album, à l'écoute duquel s'éprouve l'ivresse de l'apesanteur.
Ce space opera, qui emballe l'aventure cosmique de poésie et de lyrisme, dégage l'horizon de nos existences entravées.
Lumière au bout du tunnel, Back To The Moon peut alors se lire suivant une autre traduction : dos à la Lune, face au Soleil.
SUPERSONIC
Thomas de Pourquery
saxophone alto, voix lead
Laurent Bardainne
saxophone ténor, synthétiseur, voix
Fabrice Martinez
trompette, bugle, chant, percussions
Arnaud Roulin
piano, synthétiseur, électronique, percussions
Frederick Galiay
basse, chant
Edward Perraud
batterie, chant, électronique
Thomas de Pourquery
saxophone alto, voix lead
Laurent Bardainne
saxophone ténor, synthétiseur, voix
Fabrice Martinez
trompette, bugle, chant, percussions
Arnaud Roulin
piano, synthétiseur, électronique, percussions
Frederick Galiay
basse, chant
Edward Perraud
batterie, chant, électronique
SAVE THE DATES
1977 Naissance sous le signe du 7 (7/7/77), à Bondy, d'un beau bébé que le gabarit destine à une carrière de rugbyman. Chemin sur lequel il s'engage tête baissée, jusqu'à occuper le poste de pilier pendant quelques matchs au Stade Français, en juniors. Mais la musique est plus forte.
1991 Commence le saxophone, se passionne pour Coltrane et Cannonball Adderley, étudie avec Stefano di Battista qui l'influence grandement, puis intègre le CNSM de Paris, dans la classe de François Jeanneau où s'agitent aussi Laurent Bardainne et Arnaud Roulin. La fine équipe prend forme.
2000 Participe aux bœufs sans fin au squat des Falaises, à Pigalle, avec Bardainne et Maxime Delpierre notamment. Membre du Big Band Lumière de Laurent Cugny et du Pandémonium de François Jeanneau, plus tard du Sacre du Tympan de Fred Pallem et du MegaOctet d'Andy Emler (quatre albums et deux Victoires du jazz), il souffle aussi dans l'ONJ dirigé par Paolo Damiani.
2002 En quintet avec Daniel Zimmermann (trombone), tous deux décrochent les premiers prix d'orchestre et de soliste au concours national de jazz de la Défense, puis créent DPZ dont l'album He's Looking At You, Kid (2009) balance entre jazz, pop et rock progressif.
2005 Chanteur et co-leader – avec Sylvain Rifflet et Laurent Bardainne – de la fanfare punk Rigolus, devenue The Endless Summer en 2012, il affirme sa vocation de showman virtuose et loufoque.
2011 En résidence à la Dynamo de Banlieues Bleues (Pantin), création de Supersonic avec six complices issus du jazz, du rock et des sphères électroniques.
2013 Il incarne un homme reclus dans une caravane et organisateur de fêtes dionysiaques, dans Il est des nôtres du réalisateur Jean-Christophe Meurisse, et entame une collaboration avec la compagnie Les Chiens de Navarre.
2014 Thomas de Pourquery & Supersonic Play Sun Ra est désigné « album instrumental de l'année » aux Victoires du jazz. Création du duo pop VKNG avec Maxime Delpierre (album Illumination, 2015).
2017 Sortie de Sons Of Love, deuxième album de Supersonic, inspiré par un rêve d'oiseau miniature au cours d'une nuit de pleine lune. Artiste de l'année aux Victoires du jazz.
2019 Album Nougaro avec Babx et André Minvielle et création du projet pop cosmique Von Pourquery. La liste des collaborations s'allonge : Mick Jones, Metronomy, Jeanne Added, Magnetic Ensemble, Frànçois and The Atlas Mountains, Oxmo Puccino...
2021 Sortie de Back to the Moon, troisième album de Supersonic.
1977 Naissance sous le signe du 7 (7/7/77), à Bondy, d'un beau bébé que le gabarit destine à une carrière de rugbyman. Chemin sur lequel il s'engage tête baissée, jusqu'à occuper le poste de pilier pendant quelques matchs au Stade Français, en juniors. Mais la musique est plus forte.
1991 Commence le saxophone, se passionne pour Coltrane et Cannonball Adderley, étudie avec Stefano di Battista qui l'influence grandement, puis intègre le CNSM de Paris, dans la classe de François Jeanneau où s'agitent aussi Laurent Bardainne et Arnaud Roulin. La fine équipe prend forme.
2000 Participe aux bœufs sans fin au squat des Falaises, à Pigalle, avec Bardainne et Maxime Delpierre notamment. Membre du Big Band Lumière de Laurent Cugny et du Pandémonium de François Jeanneau, plus tard du Sacre du Tympan de Fred Pallem et du MegaOctet d'Andy Emler (quatre albums et deux Victoires du jazz), il souffle aussi dans l'ONJ dirigé par Paolo Damiani.
2002 En quintet avec Daniel Zimmermann (trombone), tous deux décrochent les premiers prix d'orchestre et de soliste au concours national de jazz de la Défense, puis créent DPZ dont l'album He's Looking At You, Kid (2009) balance entre jazz, pop et rock progressif.
2005 Chanteur et co-leader – avec Sylvain Rifflet et Laurent Bardainne – de la fanfare punk Rigolus, devenue The Endless Summer en 2012, il affirme sa vocation de showman virtuose et loufoque.
2011 En résidence à la Dynamo de Banlieues Bleues (Pantin), création de Supersonic avec six complices issus du jazz, du rock et des sphères électroniques.
2013 Il incarne un homme reclus dans une caravane et organisateur de fêtes dionysiaques, dans Il est des nôtres du réalisateur Jean-Christophe Meurisse, et entame une collaboration avec la compagnie Les Chiens de Navarre.
2014 Thomas de Pourquery & Supersonic Play Sun Ra est désigné « album instrumental de l'année » aux Victoires du jazz. Création du duo pop VKNG avec Maxime Delpierre (album Illumination, 2015).
2017 Sortie de Sons Of Love, deuxième album de Supersonic, inspiré par un rêve d'oiseau miniature au cours d'une nuit de pleine lune. Artiste de l'année aux Victoires du jazz.
2019 Album Nougaro avec Babx et André Minvielle et création du projet pop cosmique Von Pourquery. La liste des collaborations s'allonge : Mick Jones, Metronomy, Jeanne Added, Magnetic Ensemble, Frànçois and The Atlas Mountains, Oxmo Puccino...
2021 Sortie de Back to the Moon, troisième album de Supersonic.
Tout en soulignant la qualité des relations avec les différents labels qui ont jalonné son parcours, Thomas de Pourquery ambitionnait depuis longtemps d'acquérir son indépendance. Pas seulement pour ses propres projets, aussi pour ceux des autres : défendre les musiques qui l'émeuvent, le font « partir loin », souvent lyriques mais sans impératif stylistique. C'est le sens de la création du label Lying Lions Productions, dont Back To The Moon est la première référence. Lying Lions, des lions couchés ou menteurs selon la traduction que l'on en fait, dont Thomas de Pourquery coifferait bien la crinière : « Etant presque chauve de naissance, c'est comme un manifeste pour moi ! »