The Buttshakers

Lessons In Love
Sortie le 24 octobre 2025
Label: Underdog Records
Leurs racines musicales profondément immergées dans la terre fertile de la musique afro-américaine, les Buttshakers y ont trouvé une nouvelle orientation les pour leur soul. Avec Lessons In Love, leur 3ème album chez Underdog Records, l’explosivité s’est effacéevau profit d’une retenue auréolée de blues. Guidés par sa chanteuse Ciara Thompson, les Buttshakers ont pris une route plus intimiste, dont la boussole, dans le chaos des sentiments ou de celui du monde moderne n’indique qu’une direction : celle de la lumière.
Vue du ciel, l’étendue apparaît comme sans limite. Accentuées par le soleil, les teintes ocres et sableuses ne font que renforcer ce sentiment d’immensité. Le vert y ressort dans un contraste frappant. Dans des tons plus clairs s’y dessine une route au tracé sans virage ni détour. Celle de la soul, que The Buttshakers empruntent à chaque album, là où il est rare d’y croiser des groupes français.
Vastes, si ces grands espaces sont l’endroit le plus propice pour y développer la furie organique et habituelle qui est la leur, les Buttshakers ont néanmoins choisi d’y évoluer d’une manière différente. D’emprunter une autre route.
L’une agitée de considérations sociales, l’autre purement sentimentale, avec Lessons In Love, ces deux voies de la route soul qui se regardent et se croisent, finissent par se confondre pour ne faire plus qu’une et de- venir à elle seule un périple.
Une route qui fait se rejoindre l’agitation d’un monde où les bonnes intentions ne dépassent jamais le stade de l’indignation numérique, et la foi en l’amour qui, quelque
soit la manière dont il se manifeste et s’exprime, reste la seule valeur qui ne perd jamais son pouvoir.
Moins d’énergie et plus de retenue, en contournant la confrontation directe pour privilégier la suggestion de l’explosion plutôt que de la laisser se produire, c’est dans les non-dits des rugissements désormais tempérés de Ciara Thompson que s’inscrivent en filigrane, émotions et ressentis différents. Voire nouveaux.
Le regard porté sur l’horizon et l’esprit invité à suivre la guitare acoustique de Gotta Believe pour une balade intimiste, le temps de Dream On, les Buttshakers emportés par un riff de clavinet et le saxophone possédé, renouent avec la nervosité des villes et le mal famé des juke-joints. Les sens modifiés par le philtre vaudou distillé par la guitare de Troubled Waters, c’est les corps amenés sur la piste par les cuivres et l’orgue qui sont mis à rude épreuve par Sure As Sin et sa rythmique irrépressible.
Le passage dans les nuages de poussière et de sable a laissé dans leur groove une empreinte blues. Les miles parcourus sont devenus des centaines puis des milliers. Ensorcelés par le halo de mystère qui entoure désormais l’interprétation de Ciara, les dix titres ont laissé le jour s’éteindre. Mais certainement pas l’espoir.
Comme le tournesol qui trouve toujours les ressources pour continuer à s’épanouir en se tournant vers les rayons du soleil, les Buttshakers ont, eux aussi, laissé leurs racines s’immiscer en profondeur. Dans les strates de la musique afro-américaine des années 60-70, pour en capter l’esprit autant que l’esthétique musicale. Dans les méandres de l’âme jusqu’à y rencontrer ces sentiments qui préfèrent se cacher dans les zones d’ombre.
Mais, dans les coeurs les plus asséchés comme dans un monde endommagé, Lessons In Love décèle le plus infime faisceau pour le faire devenir lumière qui irradie leur route.