The Bongo Hop

La Ñapa
Sortie le 6 mai 2022
Label: Underdog Records
Dans le sillage d’un retour à sa Colombie d’adoption et de la formation de son nouveau groupe, The Bongo Hop propose, avec La ñapa (le rab en argot colombien), un Ep grand format surprenant, en attendant un 3e album pour 2023. Prolongeant l’épopée transatlantique des deux premiers opus, il amène encore une fois sa musique sur de nouvelles routes, explorant d’autres langues et d’autres imaginaires, à travers cinq nouveaux titres et trois remixes baignés de soleil, enfiévrés et sensuels.
Dans le sillage d’un retour à sa Colombie d’adoption et de la formation de son nouveau groupe, The Bongo Hop propose, avec La ñapa (le rab en argot colombien), un Ep grand format surprenant, en attendant un 3e album pour 2023. Prolongeant l’épopée transatlantique des deux premiers opus, il amène encore une fois sa musique sur de nouvelles routes, explorant d’autres langues et d’autres imaginaires, à travers cinq nouveaux titres et trois remixes baignés de soleil, enfiévrés et sensuels.

En seulement deux albums, The Bongo Hop s’est imposé sur la scène world, grâce aux sonorités groovy et cuivrées de titres comme Agua Fria, Tite Jeanne, ou encore La Carga. Du Barbican de Londres à Nancy jazz Pulsations, en passant par le WOMAD ou l’Ariano Folk Festival, la tornade TBH a marqué les esprits. Dans ce moment de transition, un projet mêlant nouveautés et remixes, imaginé dès le début de l’épopée Satingarona, a semblé une évidence. Mais ici, pas de nostalgie: l’envie de prolonger ces 4 années côtoie celle de revisiter ce bagage riche, à travers le regard de producteurs dont il se sent proche.

Pour ce qui est des remixes, entre le banger garage-psyché tropical (Clouds par Futuropelo, ex Sporto Kantes), la bombe dancefloor évoquant un Lagos 70s infestée de disco (Ventana, par Voilaaa), ou encore la dystopie afro futuriste entre Detroit et Port au Prince (Grenn Pwonmennen par Dowdelin), on peut considérer le pari largement réussi. Plus que de simples remix, ces nouvelles versions dévoilent de nouvelles facettes de ce que les originaux disaient en creux: fièvre, ambiance de club moite, bitume brulant, voyage...

C’est en poussant encore un peu plus le curseur de la surprise que survient la claque hip hop The Red Hill, réinterpretation d’El Terron par les danois de Dafuniks et du mc nigerian Kuku Agami dans un exercice rappelant le rap façon L.A de Jurassic 5 ou Ozomatli. C’est dire qu’avec ces inédits, on fera parfois des excursions autant assumées que jubilatoires hors des sentiers colombiens.

Encore plus surprenant est le titre Maydoum hal, et la rencontre avec Souad Asla, chanteuse algérienne qui, depuis son passage remarqué au WOMEX 2019, représente les musiques du Sud Algérien avec son ensemble féminin Lemma ou encore Sahariennes. Loin des repères de ses traditions, elle s’est laissée séduire par un dub de velours hypnotique, qui rappelle le Full Circle de Jah Wobble, Czukay et Liebezeit, version stambali (ce gnawa tunisien, dont le gambriste Mehdi Belhassen et le flutiste Mohamed Ben Salha auxquels TBH a fait appel, sont des interprètes réputés). Souad témoigne: «Cette chanson touche une part de mon intimité que je ne pensais pas aborder», et ajoute: «J’ai vécu des moments très durs avec la mort de proches que je n’ai pas pu revoir à cause du Covid... Etienne m’avait donné des pistes gnawa, et puis finalement c’est cette idée qui m’a submergé en venant: maydoum hal, rien n’est éternel. On a poursuivi ça en studio.» Elle se souvient « L’enregistrement m’a fait revivre des choses, je me souviens même avoir pleuré à un moment...Et finalement, la voix se marie parfaitement avec la gambra et la kawala tunisiennes.» . The Bongo Hop, lui, a vécu les choses à sa manière: «Pour moi il y a quelque chose d’amusant à me rappeler que c’est au moment même où je lisais les aventures africaines de Keubla et Kébra que j’ai fait un voyage en Algérie avec ma famille, en 1987.» Il se rappelle: « De Kouba à Ghardaia en passant par El Oued...Dunes, bazars, hôtels déglingués et piscines vides, beignets dans du papier journal, murs de terre, coca pomme, chaleur étouffante, terre rouge, oasis, portes du désert, raï, dattes, ânes...tout ça se mélangeait avec la bd, parfois même les bâtiments se ressemblaient! Enregistrer avec la voix venue de ces terres-là m’a ramené en arrière. » Voguant quelque part entre Bechar et Kingston, le titre semble regarderau delà des dunes de l’Erg occidental, dans une transe mémorielle.

Après ce détour par les sables, on s’offre un passage par la maison, CALI COLOMBIA ! Avec La ñapa, TBH, lié à jamais à sa ville d’adoption, offre un nouvel écrin à la voix de Nidia Gongora, la maestra du Pacifique. Cette fois TBH a demandé à sa complice d’évoquer ces scènes de la vie quotidienne lorsqu’à la tienda (l’épicerie de quartier), on mégote avec le patron. Elle a choisi de parler de cet épicier qui n’en peut plus de faire crédit:la chanson développe les deux points de vue, de chaque coté du miroir-une interaction qui a aussi marqué le quotidien du trompettiste. Alors que la Colombie et Cali se retrouvaient à feu et à sang, Nidia offrait un regard empreint d’espoir sur cette réalité parfois difficile. Le clip a été l’occasion pour TBH de revenir dans sa ville adoptive pour un voyageépique, marqué par de nombreux obstacles, dont une mort survenue sur le lieu du tournage. La vie et la mort, en balance permanente...tout Cali est là.

Tempo Rei marque, lui, la rencontre récente avec le chanteur Paulo Flores, l’une des grandes voix angolaises actuelles, en qui certains voient le successeur de Bonga. Passionné autant de vieille semba que de mélodies kizomba 80s, TBH raconte «J’appreciais déjà des titres comme Coisas da terra, comme quoi parfois le son synthé-prog ça peut etre marrant! Et je l’ai contacté, pour sa voix chaude. Après ça il a sorti des titres comme Njila la dikanga et Herois da fotografia alors qu’on bossait sur mon morceau, et là ça m’a marqué. Ses chansons resteront comme des classiques de la musique angolaise, avec des paroles d’une profondeur politique, chargées de poésie et de nostalgie».

Il lui a donc composé un morceau sur mesure, tendu entre des basses gonflées et des cuivres aériens, en lui proposant de raconter son arrivée à Lisbonne et sa découverte de la scène des exilés, entre innocence, espoirs et nostalgie. Il fallait voir, en plein marasme covid, la vidéo que le maestro a envoyé à TBH juste après l’enregistrement, pour témoigner de son enthousiasme. On l’y voit, écoutant la mise à plat des voix avec l’ingénieur du son, dans une Lisbonne confinée jusqu’à l’os.

Les têtes dodelinent d’avant en arrière, tels Sony Crockett et Ricardo Tubbs sur leur hors bord, fendant les vagues de l’Atlantique. Un claquement de mains plus tard «En direct de Gotham city mon frère...Aï Etienne, mais c’est mortel ce son! Merci Mon Ami». Fierté. La cachaça tourne, les baisers volent, les visages incrédules devant la magie du groove, à cru surune monture céleste.

Dans cette livraison d’inédits, le digestif vient sous la forme d’un clin d’œil au destin: une version alternative du dernier titre de Satingarona pt1 el rap Pa Congo devient Esta vida... On part a Barranquilla pour célébrer la champeta, façon TBH forcément, en un clin d’oeil à son ami Abelardo Carbono, guitariste pionnier du genre récemment disparu. Le morceau est porté par les mélodies et la voix de Nidia Gongora , comme un appel a profiter du présent. Et, avant même qu’elle vive en octobre 2021 un grave accident de la route qui a failli la lui prendre, c’était déjà son favori !

LIVE!

2022 marquera aussi l’arrivée d’un nouveau format live. TBH passe de 6 à 8 membres, tout en refondant son groupe, à la poursuite du groove parfait. Pour cela il est allé dénicher les perles rares: le batteur béninois Albert Gnanho(Marema Fall, Faada Fredy), le bassiste camerounais Jean Tchoumi (Peter Solo, Kady Diarra),le conguero colombien Mario Vargas (Pambélé, Electric Mamba) etle guitariste Riad Klaï (Bigre!) forment une section rythmique impeccable, accompagnée d’une escouade latina, dont Luisa Caceres (sax), et le clavier Vicente Fritis (Vaudou Game). Au chant deux figures, la panaméenne Yomira John et bien sûr Nidia Gongora incarnent tour à tour sur scène ce récit à tiroirs aux horizons multiples.