Souad Massi

Zagate
Sortie le 6 mars 2026
Label: BackingTrack
Entre folk, rock et poésie, Souad Massi revient avec Zagate, un album incandescent où la douceur de sa voix se frotte à la gravité du monde. À travers onze titres portés par la force de l’émotion et la clarté du verbe, l’artiste franco-algérienne signe l’œuvre la plus libre et la plus audacieuse de sa carrière.
Entre folk, rock et poésie, Souad Massi revient avec Zagate, un album incandescent où la douceur de sa voix se frotte à la gravité du monde. À travers onze titres portés par la force de l’émotion et la clarté du verbe, l’artiste franco-algérienne signe l’œuvre la plus libre et la plus audacieuse de sa carrière.

Zagate - un mot dérivé du français « ça se gâte », employé en Algérie pour annoncer que « les choses tournent mal ». En choisissant ce titre pour son nouvel album, Souad Massi signe plus qu’un clin d’œil linguistique : elle affirme, d’un seul mot, sa double appartenance, entre l’Algérie où elle est née et la France où elle vit et crée depuis vingt-six ans. Cette expression métisse ouvre la porte d’un disque intense, à la fois plus rock et plus frontal que jamais, mais qui ne s’interdit pas pour autant la fragilité qui l’a fait connaître.
Souad Massi, pourtant réticente à se dire « engagée » - « ce mot, je le réserve à celles et ceux qui vont sur le terrain » -, livre ici une réflexion lucide et sans fard sur le monde tel qu’il va mal : la guerre, la violence, le racisme, les drames qui saturent nos écrans et pèsent sur nos consciences. « Bombardée d’informations, il m’est difficile de ne pas être affectée.

Dans cet album, j’ai voulu partager ma vision du monde », confie-t-elle. Plus qu’une vision, Zagate révèle une sensibilité à vif, à laquelle on ne peut refuser l’épithète d’« écorchée ». L’artiste s’y montre plus libre, plus directe : « Je ne suis plus la même qu’à mes débuts. J’ai longtemps dû dépasser ma timidité et ma pudeur pour m’exprimer. Aujourd’hui, je puise dans un gisement d’audace et de maturité. »

Sous la production du guitariste anglais Justin Adams - déjà présent sur Sequana (2022) -, les onze titres du disque enregistrés en grande partie en Angleterre explorent une palette d’émotions d’une rare intensité : la douleur, la colère, la révolte, mais aussi le courage et l’espoir. Du rock électrique d’Ana Inssan à l’afrobeat ensorcelant de Samt, du folk saharien de D’ici, De là-bas au blues parisien de Chibani, chaque morceau révèle de nouvelles nuances de sa voix. Longtemps associée à la douceur et à la mélancolie, Souad Massi s’affirme ici dans toute sa pluralité, plus entière, plus elle-même que jamais.

Pour atteindre ce degré d’accomplissement, il lui a fallu convoquer toutes les strates de son histoire. Née à Bab-El-Oued, quartier populaire et métissé d’Alger, elle grandit entourée de femmes fortes dans un monde d’hommes omniprésents. Cette enfance forge sa conviction : le salut passe par l’autonomie. Devenue ingénieure en génie civil, elle découvre vite que la réussite professionnelle ne suffit pas à s’affranchir des carcans. Alors, elle choisit la musique.

Soutenue par des parents mélomanes et un frère pianiste, elle étudie la guitare classique, écrit des poèmes, lit les philosophes, découvre Oum Kalthoum, Amália Rodrigues, Joan Baez, Bob Dylan ou Led Zeppelin. « Quand j’ai entendu Kashmir pour la première fois, j’ai eu des frissons. Cette musique occidentale que j’admirais m’invitait enfin à entrer. »
À la fin des années 1990, chanteuse du groupe rock Atakor, elle traverse l’Algérie des « années de plomb », marquées par la peur et la violence. En 1999, une invitation à Paris change sa vie : elle enregistre Raoui, son premier album, couronné d’un disque d’or, puis Deb, où s’affirme son style folk inspiré d’Idir. Mesk Elil lui vaudra une Victoire de la Musique et l’image d’une messagère douce-amère de l’exil.

Mais avec Zagate, Souad Massi brise les codes : elle électrise son propos et met à nu ses colères comme ses espoirs. « La gravité de notre époque m’obligeait à quitter les formes musicales plus douces, plus mélancoliques, qui m’ont fait connaître. » « Comment faire comme si de rien n’était ?», semble-t-elle nous lancer.
Entourée de Youssoupha (Congo Connection) et Gaël Faye (D’ici, De là-bas), elle signe un disque à la fois intime et politique, où la poésie devient acte de résistance. Un album-miroir d’une artiste libre, plus que jamais en prise avec le monde.
En concert le 18 juin 2026 au Théâtre du Châtelet