Sainkho Namtchylak

Where water meets water: Bird songs & lullabies
Sortie le 31 mars 2023
Label: Ponderosa Music Records
Après leur album collaboratif avec Tinariwen en 2016, Sainkho Namtchylak et le producteur Ian Brennan, lauréat d’un Grammy Award, reviennent avec un ensemble de chansons improvisées enregistrées sur les îles abandonnées de Venise où Brennan réside depuis 10 ans.
Après leur album collaboratif avec Tinariwen en 2016, Sainkho Namtchylak et le producteur Ian Brennan, lauréat d'un Grammy Award, reviennent avec un ensemble de chansons improvisées enregistrées sur les îles abandonnées de Venise où Brennan réside depuis 10 ans.

Sainkho parle quatre langues (le tuvan, le russe, l'anglais et l'allemand), mais a choisi pour ce projet de chanter phonétiquement dans la "langue de la nature". L'album a été enregistré en extérieur, 100% en live, sans overdubs, et avec l'eau comme principal instrument d'accompagnement.

"Les gens ne réalisent pas la taille de la lagune vénitienne. Elle est remplie d'îles abandonnées. Son histoire s'étend sur 1500 ans et raconte la lutte des habitants pour leur survie. Cette lutte se poursuit aujourd'hui, où, face au tourisme de masse, la plupart des habitants ont été déplacés et la population a diminué au point que le centre de Venise a été largement déserté", explique Ian Brennan.

A rebours d'une époque où l'image prime sur le son, l'objectif de ce projet était de créer un "film audio" indélébilement imprégné par le temps et le lieu.

L'un des morceaux a été enregistré sur l'île la plus hantée de Venise, un lieu que beaucoup considèrent comme le plus hanté de la planète. On estime que 160 000 personnes y sont mortes de la peste et la rumeur veut que plus de 50 % du sol soit constitué de cendres humaines. Un psychiatre qui menait des expériences de chirurgie cérébrale sur des patients a fini par se suicider en se jetant de la tour de l'asile. On entend la voix à plusieurs octaves de Sainkho rebondir sur les murs de cet ancien asile, créant une réverbération d'un autre monde.

Dans une autre chanson, une mission de recherche et de sauvetage est en cours, récupérant des nageurs de l'océan. L'hélicoptère a survolé la scène pendant que Namtchylak et Brennan enregistraient sur le toit de la forteresse d'où les Vénitiens ont coulé l'un des navires de Napoléon durant l’invasion datant de la fin du XVIIIe siècle.
« Sainkho Namtchylak est une de ces chimères à plusieurs têtes, capable d’élever sa voix jusqu’au souffle divin comme de l’enfermer dans un cri primal. Le crâne nu, le corps filiforme, elle ressemble à une rock-star hantée par un esprit mystique, par des traditions ancestrales arrachées au secret pour prendre corps dans une musique décalée.

Les origines de la chanteuse ne sont pas étrangères à sa marginalité. Elle est née dans un petit village de la République de Tuva, en Sibérie méridionale, à la frontière de la Mongolie. L’une de ces contrées dépeuplées, aux plaines sans fin étendues sur le fleuve Ieniseï. Tuva est célèbre pour son chant diphonique, le « khöömei », issu de la tradition chamanique, qui laisse entendre un son principal accompagné d’harmoniques secondaires, produites par une position particulière de la langue, et qui ressemblent au son d’une guimbarde.

Héritière de grands-parents nomades et de parents instituteurs, Sainkho étudie le chant au collège près de son village. Attirée par les chants chamaniques réservés aux hommes, le Comité Philharmonique local lui refuse toute reconnaissance académique. Elle part seule à Moscou finir ses études et découvre l’improvisation russe. Parallèlement, elle s’initie aux différentes techniques vocales des chants lamanistes et chamaniques de Sibérie. Elle commence sa carrière comme chanteuse folk avec Sayani, l’Ensemble folk de l’Etat de Tuva, et part en tournée en Europe, en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux Etats-Unis et au Canada. En 1988, elle rejoint l’ensemble Tri-O, un groupe de jazz créatif, et se fait remarquer par les médias occidentaux. Elle multiplie alors les expériences artistiques et les tournées. Elle s’installe en Europe et rapproche son art de créations chorégraphiques, théâtrales et cinématographiques. Son disque « Out of Tuva », enregistré entre 1989 et 1993 à Kyzyl, Moscou, Paris et Bruxelles, est défini comme un chef-d’œuvre de l’ethno-pop. Elle improvise avec des musiciens comme Peter Kowald ou Evan Parker, compose un album autobiographique, « Letters », en hommage à son père, participe à un projet musical international avec des chanteurs algériens, espagnols, péruviens.

Avec plus de 40 albums et trois prix internationaux à son actif, Sainkho Namtchylak a tout tenté, du classique au jazz en passant par la musique ethnique et contemporaine. »

(Mondomix)