Roforofo Jazz

Running The Way
Sortie le 20 janvier 2023
Label: Office Home Rds / The Pusher
Tout juste 2 ans après le premier EP Fire Eater sorti en 2021, le Roforofo Jazz revient avec le LP Running The Way, 8 titres encore plus ambitieux, à la production soignée, marquant une nette progression dans sa quête d’un son et d’une écriture toujours plus personnels.
L’air irrespirable saturé d’humidité, le sol détrempé qui avale chaque pas comme un mort de faim, la nature hostile et, enfin, le marécage reculé. Celui qu’il avait investi pour composer Fire Eater. Celui dans lequel ils ont laissé quelques traces.
Des traces qui vont pouvoir parler.

Six hommes lourdement armés en instruments, un septième plus véloce, uniquement lesté d’un micro. Ils ont quitté la végétation inhospitalière, laissé derrière eux une succession d’empreintes. A mesure qu’on tente de les suivre, l’afrobeat qui permettait de les repérer aisément se dissipe désormais en une brume flottante.
Alors, il faut brancher les radars et tenter de capter les ondes vintages du matériel qui n’émettent plus d’un seul point mais de plusieurs. Se tenir attentif aux soli jazz et aux scarifications funk, autant qu’à ce qui pourrait scander et taper sur les temps des rythmiques taillées au carré. Car leur métissage est devenu un style personnel autant qu’hybride, et c’est pour éviter d’être guettés par l’asphyxie qu’ils ont quitté les eaux stagnantes.
Échappés des sonos des voitures ou placardés sur les murs annonçant leurs nombreux concerts, c’est en ville qu’ils sont à présent détectés. Les infiltrer est une tâche ardue. Un tracé où il faut déjouer la vigilance des claviers électriques et venimeux, échapper aux flammes cuivrées et aux cisailles de la guitare. Pénétrer dans le groove étouffant pour, enfin, profiter d’un passage purement instrumental, se faufiler et danser. Progression hors de la mangrove afro, Running The Way y conserve néanmoins de nombreux câbles encore connectés. Le bas du jean encore ‘Roforofo’. ‘Boueux’ en Yoruba.

Tout juste 2 ans après le premier EP Fire Eater sorti en 2021, coup de cœur Radio Nova (le titre Helelyos trônant 3 mois durant en playlist), le Roforofo Jazz revient avec le LP Running The Way, 8 titres encore plus ambitieux, à la production soignée, marquant une nette progression dans sa quête d’un son et d’une écriture toujours plus personnels.

Mettant l’auditeur immédiatement dans le ton de sa furie afro jazz rap atypique, Love In Time et sa rythmique tranchante en appellent à la puissance de la musique, en un morceau ultra énergétique fleurtant toutefois avec le jazz via des envolées de clavier bien senties. Side To Side est un réarrangement d’un morceau de l’artiste togolaise Bella Bello et de Manu Dibango, lorgnant pourtant vers la Motown et qui résonne telle un hymne à la vie et aux directions à prendre pour contrer la négativité de nos sociétés modernes.
Puis sur Stand Up dans un style plus deepfunk US à la manière de Breakestra ou The Greyboy Allstars, MC Days (aka RacecaR) enchaine entre flows rapide et downtempo dans une injonction à tous nous battre pour ce en quoi nous croyons. Un morceau épique conclu par un clin d’œil au maitre Hendrix…
Gas ponctue la face A par une légère mais salvatrice accalmie rythmique, s’approchant davantage d’une ambiance nu-soul et ponctuée d’un refrain explosif où rap, rock et jazz s’entrechoquent, tendant à prouver comme le scande Days qu’en étant plus réalistes nos différences ne peuvent que s’estomper…
Le titre Shawarma n’a rien à voir avec un sandwich Grec, quoique… ! La vie se déplie comme un menu, dans lequel tout n’est pas toujours à notre gout mais qui nous apprend à accepter les mélanges et combinaisons judicieuses et juteuses. En résulte un morceau à la touche orientale, presque ethio, un rythme qui colle parfaitement au flow hip-hop et au style Roforofo Jazz.
The Big Hustle est un OVNI. Articulé autour d’une boucle de 20 mesures qui lui donne une énergie communicative, ponctué d’une ligne de basse rappelant le Colonial Mentality de Fela Kuti, ce titre sonne comme une autoroute pour danseurs breakbeat effrénés ; épique !
From Here To Benin nous ramène un peu aux origines afro inspirées du groupe, tout en y injectant une légère dose de pop bien sentie. Un morceau qui encourage au voyage pour apprendre à partager, universellement.
Et enfin Mode For DD, reprise du titre instrumental de l’obscure jazz funk de The Awakening, agrémentée de la voix de Days racontant le sens de la vie et ses mystères, nos croyances et certitudes, en tant qu’êtres humains aussi bien qu’en tant qu’artistes.
Après plus d’une quinzaine d’années à entailler l’afrobeat des Frères Smith de ses coups de guitare, Martin Smith aka Elvis Martinez a remué sédiments et limons musicaux dans un marécage de radicalité hip hop, de groove funk, de puissance afro, de liberté jazz avec un goût prononcé pour les mélanges aventureux.

Roforofo Jazz n’est boueux que parce qu’il s’agite, pas parce qu’il stagne. Fixés dans la cire ou développés sur scène, les sept musiciens ne connaissent qu’un seul et unique canal d’expression : le live, ce moment d’alchimie entre eux, cette connexion par le groove.

Cette télépathie musicale huilée par les dix ans que les membres auront passé à jouer ensemble. Afro Latin Vintage Orchestra, ©© les freres Smith, Los Tres Puntos, No Water Please, ou encore Sax Machine, chacun de ces groupes cache dans son line-up un ou plusieurs des membres de Roforofo Jazz. Des groupes avec lesquels ils auront affronté les publics massifs et les scènes surchauffées des festivals (Roskilde Festival, Paimpol Festival, Nuits Zebrées Nova, Copacobana Festival, Solidays, Fete de l’Humanité, Notting Hill Carnival, Wassermusik Festival Berlin, et bien d’autres encore...), le trio guitare / basse / batterie de Roforofo Jazz a également tenu les rênes rythmiques du OK Band de Kologbo, dernière formation d’Oghene Kologbo, side man du mythique Fela. Fela, le créateur de l’afrobeat. Fela le Black President, dont le batteur Tony Allen, le scientifique de la polyrythmie, est venu un jour s’installer derrière les fûts de Roforofo pour faire le guest ultra-luxueux le temps d’un concert. Fela dont la présence passe comme un fil continu dans les compositions du groupe.

Un fil plus ou moins visible devenu rouge incandescent le jour où Roforofo Jazz est devenu le premier groupe français à consonnance afrobeat à figurer au programme de la Felabration, la grand-messe annuelle dédiée au Père Fondateur, tenue chaque année à Lagos. De l’Afrika Shrine au Freedom Park, c’est dans un mélange de pèlerinage et de voyage initiatique que Roforofo Jazz a écumé les salles de la tentaculaire mégalopole Nigériane, des plus explosives aux plus feutrées. Dans l’ambiance chaotique d’une ville surchargée, une connexion directe avec la source, l’apprentissage ultime.
Désormais soudés par cette expérience aux frontières du mystique, c’est les bidons remplis de grooves inflammables et d’inspirations explosives directement puisés dans ce chaudron d’énergies créatrices que les membres de Roforofo Jazz sont revenus en France.

Fire Eater premier EP du groupe est paru en Janvier 2021, particulièrement bien playlisté avec 3 titres sur 5 en radios nationales.
Le LP Running The Way quant à lui paraîtra 2 ans tout juste après, avec pour objectif supplémentaire d’être défendu sur scène à double dose, et ainsi compenser ce manque sur Fire Eater dont le Covid a injustement amputé la carrière scénique. Une injustice que les membres de Roforofo Jazz ont particulièrement à cœur de réparer dès Janvier 2023!