Noëmi Waysfeld & Blik
Kalima
Sortie le 30 Janvier 2012
Label : Awz Records
AVEC LA PARTICIPATION EXCEPTIONNELLE DE DAVID KRAKAUER ET SONIA WIEDER-ATHERTON
A l’horizon de Noëmi Waysfeld et de son groupe Blik (« regard », en yiddish) : l’Est, les chants des sthtels, les mélodies poignantes des prisonniers sibériens. Mais s’ils transportent des images chargées d’émotion et d’histoire, pas question pour autant de tomber dans les clichés : le groupe construit et déconstruit les thèmes russes et yiddish, pour parler au cœur et à l’intelligence. Quitte à défriser les puristes, Noëmi Waysfeld & Blik fait souffler un vent juvénile sur les nouvelles musiques d’Europe de l’Est, quelque part entre les rondes mystiques de David Krakauer, le grain de folie iconoclaste de Yom et le chant théâtral d’Ella Fitzgerald.
A l’horizon de Noëmi Waysfeld et de son groupe Blik (« regard », en yiddish) : l’Est, les chants des sthtels, les mélodies poignantes des prisonniers sibériens. Mais s’ils transportent des images chargées d’émotion et d’histoire, pas question pour autant de tomber dans les clichés : le groupe construit et déconstruit les thèmes russes et yiddish, pour parler au cœur et à l’intelligence. Quitte à défriser les puristes, Noëmi Waysfeld & Blik fait souffler un vent juvénile sur les nouvelles musiques d’Europe de l’Est, quelque part entre les rondes mystiques de David Krakauer, le grain de folie iconoclaste de Yom et le chant théâtral d’Ella Fitzgerald.
A l’horizon de Noëmi Waysfeld et de son groupe Blik (« regard », en yiddish) : l’Est, les chants des sthtels, les mélodies poignantes des prisonniers sibériens. Mais s’ils transportent des images chargées d’émotion et d’histoire, pas question pour autant de tomber dans les clichés : le groupe construit et déconstruit les thèmes russes et yiddish, pour parler au cœur et à l’intelligence. Quitte à défriser les puristes, Noëmi Waysfeld & Blik fait souffler un vent juvénile sur les nouvelles musiques d’Europe de l’Est, quelque part entre les rondes mystiques de David Krakauer, le grain de folie iconoclaste de Yom et le chant théâtral d’Ella Fitzgerald.
…
Elles sont rares les chanteuses capables d’éprouver, et de faire transparaître l’émotion en dehors de leur langue maternelle ; en l’occurrence, le yiddish et le russe. Noëmi Waysfeld conte, chante, exhibe des textes nourris de révolte et d’espoir. Elle évoque aussi bien la prestance de Barbara, l’émotion de la Russe Elena Frolova, l’attitude de Brassens et, de loin, la voix d’Ella Fitzgerald – grâce à une raucité hors du commun. Parfois elle déclame, plus tard elle repose, souvent elle exploite le cri de ces chansons.
Les garçons de Blik la suivent, l’emmènent, virevoltent. Il y a là Antoine Rozenbaum, à la contrebasse, instrument dont il a approfondi l’usage à l’American School of Modern Music et au Conservatoire. Comme un symbole, Antoine et Noëmi se sont rencontrés lors d’un stage… de musique klezmer. Ils forment désormais le noyau dur du groupe, incarnent sa vision. Se sont joints à eux un guitariste globe-trotter, Florent Labodinière, et ses cordes sans frontières (le oud, la guitare ou le buzuki, qu’il a appris à maîtriser en situation, au Maroc, notamment) et un accordéoniste catégorie surdouée, Thierry Bretonnet, ancien élève de Marcel Azzola. Cet équipage hétéroclite, mais très soudé, développe ensemble leur art du croisement, manipulant sans cesse le génome des musiques contemporaines d’Europe de l’Est.
Leur credo : faire exploser les codes, en prenant des libertés bienvenues sur le carcan des gammes, en faisant voyager dans les steppes le Oud de Méditerranée, en imaginant le jazz moderne débarquer dans un village polonais des années 20. Un côté ébouriffé qui permet au groupe de se réapproprier comme personne, quitte à défriser les puristes, les chants traditionnels des shtetls ou le « blues du goulag » né dans les confins peu riants de l’ex URSS et sauvegardé pour l’éternité par Dina Vierny.
Kalyma
Noëmi Waysfeld & Blik sont des irréductibles. Comprendre : ils ne peuvent se réduire à un seul genre. Déjà, ils ont choisi de ne pas choisir, se réapproprier les chants traditionnels yiddish, ressusciter les complaintes des prisonniers sibériens : ils feront les deux. Les premiers se sont imposés comme une évidence. S’intéressant très tôt à la culture yiddish, Noëmi Waysfeld voulait redonner leur lustre à ces « tubes », « Unter dayne vayse shtern », complainte pleine d’espoir écrite dans le ghetto de Varsovie, « Bobenyu », qui célèbre le shabbat, ou « Shnirele Perele ». On retrouve six de ces morceaux sur Kalyma, brillamment réarrangés et revisités avec charme et intelligence.
Les chants des prisonniers sibériens méritent qu’on s’y attarde un peu plus en longueur. C’est Noëmi qui aura fait découvrir au groupe l’incroyable histoire de cette sorte de « blues du goulag ». Elle aura emmené Antoine, Florent et Thierry, de sa voix de conteuse, sur les pas de Dina Vierny, l’une des rares privilégiées « de l’Ouest » à avoir été en contact direct avec les premiers rescapés, des prisonniers de droit commun rentrés de Sibérie pendant la période d’ouverture, sous Khroutchev. A Moscou, Dina Vierny, celle qu’on appelle la « muse de Maillol » entend ces chants emplis d’une terrible rage ; elle les apprend par cœur (il eût été difficile de faire passer de quelconques enregistrements à la douane). Rentrée à Paris, elle pose sur bande ces morceaux-témoignages en une grande soirée, avec ses amis poètes-musiciens-peintres russes. Au passage, elle rajoute quelques arrangements légers, une guitare, une contrebasse, à ces voix nues.
C’est cet enregistrement, sorti sur vinyle en 1975 et présent dans la discothèque familiale, que va faire découvrir Noëmi à ses camarades, immédiatement conquis. Désormais, c’est sur scène qu’elle présente ces textes oubliés aux spectateurs, des textes de révolte à l’argot russe si poétique.
Le groupe, lui, s’approprie ces cris de révolte et d’espoir (parce que le sourire reprend toujours le dessus) avec une formidable boulimie d’aventure, utilisant les idées musicales d’aujourd’hui pour les faire sien. Alors oui, ils décontenancent les gardiens du temple, qui leur reprochent leur prise de liberté ? Ils étonnent les jazzmen, parfois réticents à l’idée de toucher à des chants traditionnels ? Peu importe : leur approche moderne de ces trésors plus ou moins oubliés parle au cœur et à l’intelligence, et donc, au plus grand nombre. Preuve qu’ils sont sur la bonne voie, leur démarche, à la fois cultivée et accessible, respectueuse et innovante, a été approuvée par les meilleurs « libertaires » du klezmer : l’excellent David Krakauer et la violoncelliste Sonia Atherton, guests de choix sur l’album. Au musée Maillol, les dépositaires de l’héritage de Dina Vierny approuvent d’ailleurs de voir ces chants remis au goût du jour. D’ailleurs, dans le champ immense des nouvelles musiques juives, la paire ne compte pas s’arrêter à ses premiers labours : ils développent déjà des projets parallèles où leurs sons sans frontières s’emboutiront sur des beats électros et du chant fado traduit en yiddish.
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Elles sont rares les chanteuses capables d’éprouver, et de faire transparaître l’émotion en dehors de leur langue maternelle ; en l’occurrence, le yiddish et le russe. Noëmi Waysfeld conte, chante, exhibe des textes nourris de révolte et d’espoir. Elle évoque aussi bien la prestance de Barbara, l’émotion de la Russe Elena Frolova, l’attitude de Brassens et, de loin, la voix d’Ella Fitzgerald – grâce à une raucité hors du commun. Parfois elle déclame, plus tard elle repose, souvent elle exploite le cri de ces chansons.
Les garçons de Blik la suivent, l’emmènent, virevoltent. Il y a là Antoine Rozenbaum, à la contrebasse, instrument dont il a approfondi l’usage à l’American School of Modern Music et au Conservatoire. Comme un symbole, Antoine et Noëmi se sont rencontrés lors d’un stage… de musique klezmer. Ils forment désormais le noyau dur du groupe, incarnent sa vision. Se sont joints à eux un guitariste globe-trotter, Florent Labodinière, et ses cordes sans frontières (le oud, la guitare ou le buzuki, qu’il a appris à maîtriser en situation, au Maroc, notamment) et un accordéoniste catégorie surdouée, Thierry Bretonnet, ancien élève de Marcel Azzola. Cet équipage hétéroclite, mais très soudé, développe ensemble leur art du croisement, manipulant sans cesse le génome des musiques contemporaines d’Europe de l’Est.
Leur credo : faire exploser les codes, en prenant des libertés bienvenues sur le carcan des gammes, en faisant voyager dans les steppes le Oud de Méditerranée, en imaginant le jazz moderne débarquer dans un village polonais des années 20. Un côté ébouriffé qui permet au groupe de se réapproprier comme personne, quitte à défriser les puristes, les chants traditionnels des shtetls ou le « blues du goulag » né dans les confins peu riants de l’ex URSS et sauvegardé pour l’éternité par Dina Vierny.
Kalyma
Noëmi Waysfeld & Blik sont des irréductibles. Comprendre : ils ne peuvent se réduire à un seul genre. Déjà, ils ont choisi de ne pas choisir, se réapproprier les chants traditionnels yiddish, ressusciter les complaintes des prisonniers sibériens : ils feront les deux. Les premiers se sont imposés comme une évidence. S’intéressant très tôt à la culture yiddish, Noëmi Waysfeld voulait redonner leur lustre à ces « tubes », « Unter dayne vayse shtern », complainte pleine d’espoir écrite dans le ghetto de Varsovie, « Bobenyu », qui célèbre le shabbat, ou « Shnirele Perele ». On retrouve six de ces morceaux sur Kalyma, brillamment réarrangés et revisités avec charme et intelligence.
Les chants des prisonniers sibériens méritent qu’on s’y attarde un peu plus en longueur. C’est Noëmi qui aura fait découvrir au groupe l’incroyable histoire de cette sorte de « blues du goulag ». Elle aura emmené Antoine, Florent et Thierry, de sa voix de conteuse, sur les pas de Dina Vierny, l’une des rares privilégiées « de l’Ouest » à avoir été en contact direct avec les premiers rescapés, des prisonniers de droit commun rentrés de Sibérie pendant la période d’ouverture, sous Khroutchev. A Moscou, Dina Vierny, celle qu’on appelle la « muse de Maillol » entend ces chants emplis d’une terrible rage ; elle les apprend par cœur (il eût été difficile de faire passer de quelconques enregistrements à la douane). Rentrée à Paris, elle pose sur bande ces morceaux-témoignages en une grande soirée, avec ses amis poètes-musiciens-peintres russes. Au passage, elle rajoute quelques arrangements légers, une guitare, une contrebasse, à ces voix nues.
C’est cet enregistrement, sorti sur vinyle en 1975 et présent dans la discothèque familiale, que va faire découvrir Noëmi à ses camarades, immédiatement conquis. Désormais, c’est sur scène qu’elle présente ces textes oubliés aux spectateurs, des textes de révolte à l’argot russe si poétique.
Le groupe, lui, s’approprie ces cris de révolte et d’espoir (parce que le sourire reprend toujours le dessus) avec une formidable boulimie d’aventure, utilisant les idées musicales d’aujourd’hui pour les faire sien. Alors oui, ils décontenancent les gardiens du temple, qui leur reprochent leur prise de liberté ? Ils étonnent les jazzmen, parfois réticents à l’idée de toucher à des chants traditionnels ? Peu importe : leur approche moderne de ces trésors plus ou moins oubliés parle au cœur et à l’intelligence, et donc, au plus grand nombre. Preuve qu’ils sont sur la bonne voie, leur démarche, à la fois cultivée et accessible, respectueuse et innovante, a été approuvée par les meilleurs « libertaires » du klezmer : l’excellent David Krakauer et la violoncelliste Sonia Atherton, guests de choix sur l’album. Au musée Maillol, les dépositaires de l’héritage de Dina Vierny approuvent d’ailleurs de voir ces chants remis au goût du jour. D’ailleurs, dans le champ immense des nouvelles musiques juives, la paire ne compte pas s’arrêter à ses premiers labours : ils développent déjà des projets parallèles où leurs sons sans frontières s’emboutiront sur des beats électros et du chant fado traduit en yiddish.