Muntu Valdo

The One & The Many
Sortie le 7 Novembre 2011
Label : Warner Jazz
Deuxième album très attendu du guitariste et harmoniciste camerounais.
Désormais installé à Londres Muntu Valdo appartient à la grande communauté Sawa qui s’étend le long de la côte camerounaise, dans le golf de guinée. Ses parents viennent de Dibombari, petit village situé à 30 km à l’ouest de Douala et des îles Malimba dans l’océan Atlantique. Muntu est donc un Sawa, un enfant de la côte, un enfant des mangroves et de l’eau, un enfant dont la naissance fût saluée et bénite par les « miengu » (sirènes), protectrices ou destructrices des lieux et des populations selon l’humeur.
Muntu Valdo appartient à la grande communauté Sawa qui s’étend le long de la côte camerounaise, dans le golf de guinée. Ses parents viennent de Dibombari, petit village situé à 30 km à l’ouest de Douala et des îles Malimba dans l’océan Atlantique, célèbrent pour leurs huîtres. Muntu est donc un Sawa, un enfant de la côte, un enfant des mangroves et de l’eau, un enfant dont la naissance fût saluée et bénite par les « miengu » (sirènes), protectrices ou destructrices des lieux et des populations selon l’humeur.

A 80 km à l’Est de Douala, capitale économique, ville la plus grande et la plus peuplée du Cameroun, se trouve la petite ville d’Edéa. Muntu y naquit, dans la case de sa grand-mère, au bord de la Sanaga, le fleuve le plus large et plus long du pays. Dans sa tendre enfance il est surnommé ’Muutu’ de « muut’ésucudu » (bon élève) pour ses aptitudes précoces à comprendre comment fonctionnent les choses qui l’entourent et pour ses capacités exceptionnelles à mémoriser et à réciter les comptes et les légendes sur la sorcellerie, les animaux, la nature et les hommes. ’Muutu’ se transformera en Muntu quelques années plus tard.

C’est à l’âge de 8 ans, assis sous un grand manguier dans le quartier de la Cité Verte à Yaoundé où ses parents se sont installés quelques années plus tôt, que Muntu égrainera pour la première fois des notes sur une vieille guitare à 3 cordes. Cette guitare faite de contreplaqué et de fils de pêche appartenait à un camarade de jeu. Le jeu, sous ces grands arbres, dans les terrains vague semblables à des clairières était principalement axé sur la pratique du football. Ainsi, tout au long de son enfance, le football et la guitare seront ses distractions préférées. L’art et le sport permettront quelque peu à Muntu d’échapper à la petite délinquance qui caractérise les enfants turbulents de son âge. C’est à l’adolescence que Muntu se passionnera pour la musique à travers les concerts et compétitions scolaires auxquelles il participe, en tant que guitariste du Lycée Joss de Douala, dès l’âge de 14 ans.

C’est également à cet âge qu’il découvre l’harmonica. L’épicier nigérian de son quartier, à deux pâtés de maisons de chez lui l’impressionna en jouant l’hymne national Sud-Africain. « Comment arrive-t-il à jouer autant de notes avec autant de précision sur ce petit instrument bizarre et intrigant composé de 10 trous minuscules ? ». Faire la même chose devint alors un défi que Muntu mis quelques années à relever. Plus tard, il aiguisera son amour pour l’harmonica en participant aux ateliers organisés par l’harmoniciste français Vincent Bucher lors du festival les Remy (rencontres musicales de Yaoundé) en 1998.

Nous sommes au début des années 90. Muntu Valdo, aîné d’une famille de quatre garçons, vient d’obtenir son baccalauréat et une fois de plus il aura la chance de grandir en marge des chemins de traverse que la grande partie des adolescents camerounais suivra pour cause de pauvreté, d’absence de moyens permettant de poursuivre des études scolaires, de chômage généralisé et de criminalité grandissante. C’est dans ce climat de grande incertitude, rythmé par les tournoiements politiques, secouée par le vent de la démocratie imposée par les anciennes puissances coloniales, nouvelle tendance qui fera bouger toute l’Afrique subsaharienne, qu’on retrouve Muntu, étudiant en droit à l’université de Yaoundé.

Les populations africaines qui ont vécu jusqu’ici sous l’oppression d’un dictateur et d’un système de parti politique unique faisant la pluie et le beau temps pendant 30 ans crient leur soif de démocratie. Les marches de protestation estudiantines font rages à Yaoundé. Elles seront réprimées violemment, faisant quelques morts et de nombreux blessés parmi lesquels Muntu qui subira une bastonnade des militaires. Il restera cloué à l’hôpital pendant de nombreuses semaines pour guérir des hématomes, des fractures et des cicatrices qui malheureusement resteront indélébiles dans son dos, son bras, son visage et son esprit.

Après cet épisode malheureux, Muntu retourne chez ses parents à Douala. Ceux-ci lui interdisent de retourner dans cette université qui a failli lui coûter la vie. Après une année passée à panser ses blessures et à donner des cours de soutien scolaires à des jeunes ici et là, Muntu retrouve secrètement l’université, celle de Douala, à l’insu de ses parents. Il y étudiera la linguistique et l’histoire, notamment celle des antiquités africaines et égyptiennes. Parallèlement à cela, pour bien masquer ses sorties matinales quotidiennes, il suivra également des cours de management en tourisme et en hôtellerie.

Cette période marque un grand tournant dans la carrière musicale de Muntu. C’est dans cette période qu’il rencontrera grâce à la lecture, la majorité des maîtres spirituels qui l’accompagnent jusqu’ à aujourd’hui. De Cheik Anta Diop à Kwame Nkrumah, en passant par Marcus Garvey, Bob Marley, Gandi, Jesus Christ, Ari-Krishna, Mahomet, Omram Aïvanov, Mohamed Ali ou Thomas Sankara, Muntu s’est forgé ce caractère insaisissable, posé, nonchalant et méditatif qui semble le définir aujourd’hui. A la même période, alors qu’il est membre de l’orchestre de l’université de Douala, il fait la connaissance d’Eko Roosevelt pour lequel il sera guitariste au sein de son Bigband. Sa carrière de musicien professionnel débutera ainsi.

En 1998, après avoir passé trois années sous la direction d’Eko Roosevelt, Muntu Valdo crée son propre groupe : le Muntuband. Plus tard, il l’appellera Mulema (le cœur). Les premières scènes s’enchaînent, ainsi que de nombreux séjours dans les studios pour enregistrer des démos et des albums avec d’autres musiciens. En 1999, Muntu est lauréat de l’opération « scènes ouvertes » organisé par le centre culturel français de Douala. En 2000, la coopération française organise pour Muntu Valdo une tournée nationale qui lui donnera l’occasion de jouer dans les 8 principales villes du pays. La même année, l’un des meilleurs ingénieurs du son camerounais, Gilbert Moodio, fait découvrir les bandes son d’un vieux concert de Muntu à un producteur français en repérage au Cameroun. Une semaine plus tard, Moodio organise la rencontre : il est 19h, le crépuscule borde l’équateur, Muntu chante ’Di Sibi’, une ballade émouvante et captivante. Une page se tourne, le producteur est séduit. Le lendemain, Gilles Petit De La Villéon, alors directeur du centre culturel français, le persuade définitivement : Muntu est le nouveau talent camerounais qui mérite d’être entendu par le monde entier. L’année d’après, Muntu se retrouve en Europe, sur invitation dudit producteur.

Le 3 octobre 2001, il est 1h du matin quand le vol Camair se pose sur le tarmac de l’aéroport Roissy Charles de Gaule. Muntu foule pour la toute première fois le sol Européen. Paris et le quartier de Belleville deviennent sa nouvelle base. Au gré de rencontres fructueuses, il devient un musicien très demandé dans le microcosme mais c’est Manu Dibango qui lui conseillera vivement de se lancer et de realiser un premier album.

Ce conseil ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd. Au bout de multiples démarches et tentatives, Muntu réussira à convaincre la Sacem de l’aider à financer la duplication et la sortie en fin 2005 de son premier Album autoproduit : Gods & Devils – Moiyé Na Muititi. On y découvre une musique douce, sensuelle, spirituelle et puissante à la fois, une synthèse de toutes les musiques qui l’auront influencé jusqu’ici : le makossa, l’essewe, le bikutsi, la chanson française, les musiques congolaises, américaines, indiennes et afro-cubaines. A l’idée de métissage, Muntu Valdo préfère celle de réconciliation pour décrire cette musique qui a pris au passage, le qualificatif de Sawa Blues sous la plume de certains journalistes. Il entend par réconciliation le retour quasi automatique des musiciens de la diaspora et du monde entier aux sources africaines des musiques nées de l’esclavage. Le blues, le jazz, le rock, la bossa, la funk, la soul, samba, le tango, le mambo, le Son, la rumba, pour ne citer que ceux-là, sont des expressions artistiques aussi évoluées que sophistiquées dont nous héritons tous aujourd’hui de la beauté.

En Janvier 2008, c’est le début d’une nouvelle aventure pour le prince du « sawa blues » qui change une fois encore de base, après Douala et Paris. Cette fois, il a choisi la ville de Londres qu’il qualifie de carrefour culturel très dynamique, très avant-gardiste propice au développement d’idées et de matières nouvelles.

Se produisant de plus de plus en plus seul sur scène en compagnie de sa guitare et de son harmonica, Muntu continu de développer son unique solo show en se servant de la technologie pour associer à ses belles et puissantes mélodies la richesse de plusieurs couches harmoniques soniques et rythmiques par la manipulation mystérieuse d’une grande variété de pédales à ses pieds. Les nombreuses tournées en solo et celles où il ouvre pour les Artistes tels que Richard Bona (2008), Staff Benda Bilili (2009) et Lady Smith Black Mambazo (2011), ont permit à Muntu de travailler à l’élaboration de ce nouveau projet intitulé The One & The Many

Les 10 titres de l’album témoignent de la foi qu’a Muntu en la puissance de l’individu dans sa capacité à générer une multitude d’entités. Cet album dans lequel il joue de tous les instruments et de toutes les voix, a été écrit, composé et produit entièrement par lui. Avec cette touchante honnêteté et sincérité, Muntu, a réussi à fusionner une riche diversité d’éléments et d’environnements, ce qui nous oblige à reconnaitre là un artiste profondément enraciné dans les richesses de son héritage et de sa culture pendant qu’il surf sur les éléments de la modernité, s’ouvrant et se projetant vers l’avenir.

Avec ‘The One & The Many’, Muntu Valdo nous invite à nous éveiller et à extraire la puissance des multiples entités à l’intérieur de chacun de nous.