Mina Agossi

Red Eyes feat. Archie Shepp
Sortie 6 Mars 2012
Label : Naïve
Deux ans après « Just Like A Lady », son premier album pour Naïve Jazz, Mina Agossi nous présente « Red Eyes », et nous démontre encore une fois qu’elle n’est pas une artiste comme les autres. La chanteuse franco-béninoise n’a jamais caché son amour pour le blues et le rock, comme en témoignent ses reprises, toujours surprenantes, des grands noms de la musique anglo-saxonne (Jimi Hendrix ou plus récemment les Beatles). Avec « Red Eyes », elle exprime toute sa dimension de blueswoman, accompagnée d’une nouvelle formation à deux guitares et du légendaire Archie Shepp, qui l’a toujours soutenue.
Deux ans après "Just Like A Lady", son premier album pour Naïve Jazz, Mina Agossi nous présente "Red Eyes", et nous démontre encore une fois qu’elle n’est pas une artiste comme les autres. La chanteuse franco-béninoise n’a jamais caché son amour pour le blues et le rock, comme en témoignent ses reprises, toujours surprenantes, des grands noms de la musique anglo-saxonne (Jimi Hendrix ou plus récemment les Beatles). Avec "Red Eyes", elle exprime toute sa dimension de blueswoman, accompagnée d’une nouvelle formation à deux guitares et du légendaire Archie Shepp, qui l’a toujours soutenue.

Mina Agossi est une chanteuse exceptionnelle aux références et aux univers variés : Inspiré par le jazz le plus traditionnel, par la chanson française ou même Jimi Hendrix, son nouvel album réussit le tour de force d’être à la fois tout ça mais surtout, et pour le plus grand plaisir de tous, un formidable album de Jazz d’aujourd’hui.

Le jazz est-il condamné à devenir une langue morte, avec pour seule ambition de singer avec application les grands canons, New Orleans, free, bebop ? Pour Mina Agossi, le jazz ne peut se réduire à une définition compassée, à une simple étiquette. Il est mouvement, il doit « bousculer les tabous et ce qui est institutionnalisé ». « Miles Davis, aujourd’hui s’étonnerait s’il voyait tout le monde imiter son style ! » s’esclaffe la chanteuse qui tente depuis une vingtaine d’années de faire sortir le jazz du musée.

Quitte à perturber les amateurs « traditionnels », elle revendique le droit d’aimer « le New Orleans et Albert Ayler, Charlie Parker ou Miles Davis, Amalia Rodriguez ou Jimi Hendrix, Caruso ou Louis Armstrong ». Décloisonner. Déchirer. Reconstruire. Si elle reprend ses standards, c’est « en les décalant, sous son angle à elle, de l’intérieur, pour savoir, pour comprendre par elle-même » comme on a pu l’écrire à son sujet. Personnaliser l’uniforme. Rire aux éclats. Balancer. Vous avez dit atypique ? Ca tombe bien, Mina n’a jamais rien fait comme les autres, ça lui filerait la chair de poule.

Née en 1972 à Besançon, elle a des racines en Afrique par son père béninois et en Bretagne, par sa mère. Métisse, elle vit comme une chance d’avoir les deux facettes, d’avoir le pied dans les deux mondes. Le monde, elle y mettra partout les pieds, grandissant entre la Franche Comté, le Niger, le Maroc, la Côte d’Ivoire ou le Pays Basque.

Une vraie matrice où se forge l’identité « tumultueuse » et curieuse de l’artiste qui dit se sentir aussi bien Bretonne que Basque, Béninoise, Corse, ou plutôt...Slave (!) : « je me situe très bien dans ce goût des extrêmes, celui qui pleure aux mariages et rit aux enterrements ». Mina la Sauvage ? Un peu. La vie aura été sa seule école du jazz. Indépendante à 16 ans, elle se sera construite au hasard, aura connu la galère, avant la reconnaissance. Le 26 mars 1992, elle se retrouve engagée pour jouer dans un restaurant à Dijon, devant un auditoire clairsemé. Et là... « Je suis devenue chanteuse le jour de mon premier concert », elle en rigole encore. « Je n’avais jamais chanté, jamais pris de cours de chant, et c’est tombé comme une évidence : le lendemain, j’ai arrêté la fac. » Opiniâtre, Mina se lance à corps perdu dans cette nouvelle aventure, s’essaie au swing en Bretagne dans un groupe qu’elle abandonne en découvrant Parker et Miles Davis, rattrape toute la culture jazz qui lui manquait, chante partout où on l’engage, jusque dans des prisons ou des boites de strip-tease. Il lui faudra quatre ans pour faire mûrir son style. Là encore, il y aura une part de chance et d’évidence. Elle rencontre le contrebassiste Vincent Guérin et l’invite à monter un groupe avec elle. Sauf qu’à la première répétition, il est le seul à se pointer. Les deux commencent une jam, pour voir. Le flash : ça fonctionne, cet inédit mélange voix/contrebasse. Pour être sûr, les deux montent voir la grand-mère de Mina et lui jouent un morceau, la font pleurer. Un concept était né.

Pendant plus de dix ans, elle tirera la formule dans ses derniers retranchements, cette alchimie particulière qui lui permet de s’adonner à ce qu’elle préfère : l’impro tonitruante, partager les solos de ses musiciens, collecter les sons autour du monde, à Damas, à New York avec Archie Shepp, en Angleterre avec le producteur Alan Bates, ou même à Lyon où elle monte une version de la Comédie Musicale La Belle et la Bête (en 2004). Toujours, elle cherche, sans y parvenir, à étancher sa soif de nouveauté, jusqu’à imiter les larsens de Jimi Hendrix ou les batteries de Tony Williams. Mais voilà, quand on met Mina dans une boîte, « elle cherche toujours à en sortir ». Pour son nouvel album, Mina a donc décidé de prendre un virage à 180°. Mais ça, c’est encore une autre histoire.

DISCOGRAPHIE

Red Eyes (2012)
Just Like a Lady (2010)
Simple Things ? (2008)
Who wants Love ? (2007)
Well You don’t need (2006)
Zaboum ! (2005)
Carousel (2004)
E.Z. Pass to Brooklyn (2001)
Alkemi (2000)
Voice and Bass (1997)