Le Nil
Le chant des fleuves
Sortie le 6 Novembre 2012
Format : Longbox
Les musiques du monde semblent souvent suivre le cours immuable de la tradition. Celle-ci, pourtant, se gonfle d’alluvions diverses, se gorge d’affluents tumultueux et sort quelque fois de son lit comme le fait un fleuve. Il suffit de penser au Nil, au Mississippi, au Niger, au Gange ou au Danube… Ces fleuves charrient de multiples courants nourris d’une infinité de paysages et de vies croisés tout au long d’un voyage incessant. Il suffit de se rappeler les musiques qui se confient à ces fleuves tout au long de leurs trajets. Elles s’alimentent de leur course et elles s’abreuvent de leur mouvement perpétuel. Le chant des fleuves vous propose d’explorer le cours des musiques qui s’épanouissent au bord de ces eaux ancestrales. Le Nil en est le premier volume. E. Bours
Les musiques du monde semblent souvent suivre le cours immuable de la tradition. Celle-ci, pourtant, se gonfle d’alluvions diverses, se gorge d’affluents tumultueux et sort quelque fois de son lit comme le fait un fleuve. Il suffit de penser au Nil, au Mississippi, au Niger, au Gange ou au Danube… Ces fleuves charrient de multiples courants nourris d’une infinité de paysages et de vies croisés tout au long d’un voyage incessant. Il suffit de se rappeler les musiques qui se confient à ces fleuves tout au long de leurs trajets. Elles s’alimentent de leur course et elles s’abreuvent de leur mouvement perpétuel. Le chant des fleuves vous propose d’explorer le cours des musiques qui s’épanouissent au bord de ces eaux ancestrales. Le Nil en est le premier volume.
Le Nil, fleuve sacré.
Le Nil dépose ses musiques, comme il le fit toujours de ses alluvions, sur un parcours de plus de 6.500 kilomètres. Les expressions qu’il charrie jusqu’à nos oreilles sont glanées sur les rives de neuf pays d’Afrique Noire dont l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie qui s’imposent comme sources essentielles dans l’histoire des musiques du monde.
Le chant des fleuves : musiques du Nil.
Entre les eaux et les sables, entre les grandes villes et les oasis, entre cultures africaines et cultures arabes, les peuples de cette sorte de triangle formé par le Soudan, l’Egypte et l’Ethiopie ont tissé nombre de liens dans leurs déplacements respectifs. Les fleuves et les pistes les ont conduits vers de grandes cités aux quartiers bourdonnant de langues et d’expressions différentes, comme autant de témoignages des origines proches ou lointaines de chacun de leurs habitants. Port Saïd, Le Caire, Assouan, Port Soudan, Khartoum, Addis Abeba… Entre le canal de Suez, les Nil(s) et la mer rouge, ces villes ont hérité d’une multitude de richesses musicales qui, plutôt que de se toiser, ont opté pour la rencontre et l’échange. Les uns ont amené leurs lyres, si différentes et pourtant si proches en cette Afrique de l’Est. D’autres, comme les musiciens du Nil, ces Gitans des sables, ont éclaboussé le monde entier de leurs rythmes joués sur la vièle rababa ou sur la clarinette arghul. Et dans leur sillage, c’est toute la musique nubienne qui a transformé le paysage, du Nord au Sud, osant toutes les évolutions possibles entre l’oud majestueux, les percussions vives et sèches, les cuivres du jazz et l’accordéon, ce vagabond planétaire. Et le raks sharki, que nous appelons vulgairement danse du ventre, a rencontré la chanson des cafés du Caire, la musique de Nubie a bousculé le jeel le plus moderne, l’ethio jazz d’Addis Abeba a gonflé les musiques éthiopiennes, Khartoum s’est créé son blues puis son rap et la chanson arabe, nubienne, éthiopienne, a continué de raconter : raconter les crues, la beauté du Nil, l’ensevelissement des villages, la folie de l’amour, les traces de l’histoire, l’espoir de changements…
C’est un vaste territoire dont les frontières culturelles ont souvent fondu sous la chaleur des rencontres. Chacun y tisse le fil de son histoire avec celui de toute personne croisée sur son chemin. Et c’est Ali Hassan Kuban qui devient le parrain de la nubi-shaabi au Caire ; c’est Emmanuel Jal, rappeur soudanais, qui rejoint Abdel Gadir Salim, lui-même venu du Kordofan ; c’est Mohammed Jimmy Mohammed ou Mahmoud Ahmed qui font le lien entre la tradition des azmaris d’Addis Abeba et un chant nouveau que ne renierait aucun chanteur de soul américaine.
En toile de fonds, derrière ces expressions de l’urgence, se maintient encore le répertoire savant de la musique égyptienne, soutenu par les petits orchestres takht, tandis que plane sans cesse l’ombre des grandes voix d’une chanson tellement populaire qu’elle en est devenue éternelle. Et les chants d’Oum Kalthoum sont au coeur des influences tangibles de nombre de nouveaux répertoires.
Comme une immense matière vivante, toutes ces cultures sont brassées par des musiciens et chanteurs pour lesquels aucun trajet n’est impossible, pas plus d’une ville à l’autre que d’un style à l’autre. Les musiques du Nil sont toutes ces expressions qui vivent le long du Nil Blanc, du Nil Bleu, du Nil des montagnes, du Nil Albert ou du Nil Victoria… des musiques vivantes, vibrantes que rien ne semble arrêter.
CD 1
1. EGYPTE. Ali Hassan Kuban : Abu Simbel 4’09
2. ETHIOPIE. Mahmoud Ahmed : Enqu mèssay 4’05
3. SOUDAN. Emmanuel Jal & Abdel Gadir Salim : Nyambol 5’03
4. ETHIOPIE. Mohammed Jimmy Mohammed : Antchin keto 5’38
5. SOUDAN. Abdel Gadir Salim : Umri ma bansa 8’51
6. EGYPTE. Oum Kalsoum (interprétation : Dorsaf Hamdani) : Ghanily chwaye chwaye 4’22
7. EGYPTE. Hamza El Din : A wish 8’59
8. EGYPTE Ensemble Al-Tanbûrah : Yâ’âzif al-awtâr 7’33
9. EGYPTE. Jérôme Ettinger : Nessma 1’59
10. SOUDAN. Sidi Doshka : Basbara 2’45
11. ETHIOPIE. Abiy Seyoum : Deggwa tsome deggwa 2’56
CD 2
1. EGYPTE. Salamat : Nuba noutou 6’13
2. ETHIOPIE. Alèmayèhu Eshèté : Yèwèyn harègitu 3’41
3. EGYPTE & SUISSE. Koch Schütz Studer & El Nil Troop : Qissa 4’44
4. ETHIOPIE. Sèyfu Yohannès : Tezeta 5’23
5. SOUDAN. Saleh Walwali : Dolgidang ayy naafiradam daasci 8’37
6. EGYPTE. Hussein el Masry : Clé du Nil 2’19
7. EGYPTE. Aïcha Redouane & Ensemble Al-Adwâr : Sabah es-sabâh 4’53
8. SOUDAN. Mohammed Gubara : Guroosh edjin 6’59
9. EGYPTE. Les Musiciens du Nil : Zarhat el Louxor 8’22
10. OUGANDA. Iganitiyo Ekacholi : Elosi aberu akipore imaniti abiro 2’34
11. EGYPTE. Egyptian Project : Warda Warda 7’26
CREDITS :
AC 139.40 : Le NIL
CD 1 : (11 pièces)
1/ Ali Hassan Kuban : Abu Simbel (4’09) Extrait du CD : Ali Hassan Kuban. Real Nubian (Piranha CD-PIR1575)
Haute Egypte – Le Caire
Ali Hassan Kuban est né en Nubie en 1929 (il est décédé en 2001). C’est après avoir rejoint le Caire, en 1942, qu’il a commencé à étudier la musique. Basé dans un quartier où s’entassent les émigrants nubiens, il est chanteur attitré des mariages de sa communauté. Mais il entre aussi en contact avec un groupe de jazz venu d’Harlem et, petit à petit, quelque chose se passe dans sa musique et sa Nubie rencontre un certain jazz. Ali Hassan Kuban devient, malgré lui, celui qu’on appelle le parrain de la nubi-shaabi, la nouvelle musique nubienne. Dans cette chanson, il parle de son pays d’origine, Assouan, et des temples de Nubie. Ali Hassan Kuban : voix ; Hassan Meky Mohamed Goma : accordéon ; Hassan Machmud Said Halim : darabukka ; Guma Ismail Adam : saxophone tenor ; Abdelrazik Abdalla Mohamed Ali : saxophone alto ; Sair Gomaa : bongos ; Bibi Hammond : basse, claviers ; Nasreldin Shalaly Hussein : voix ; Adil Daoud : voix : Yachy Saleh : voix
2/ Mahmoud Ahmed : Lomiwen tèqèbèlètch (3’30) Extrait du CD : Ethiopiques 3. L’âge d’or de la musique éthiopienne moderne (Buda 82963-2)
Enregistré en 1975. Ethiopie.
De toute l’extraordinaire vague d’ethio-jazz et de musique soul éthiopienne née dans les années 60, un seul chanteur aura réussi à continuer avec la même fougue et le même talent : Mahmoud Ahmed. Après plus de quarante ans de carrière et une reconnaissance mondiale, on le retrouve toujours avec plaisir au cœur de cette musique à la fois formidablement rhythm’n’blues et incroyablement éthiopienne dans l’âme et dans l’esprit. De la même manière qu’un Abdel Gadir Salim signe la modernité de Khartoum ou un Ali Hassan Khuban signe celle de la Nubie autant que du Caire, on peut affirmer que Mahmoud Ahmed a créé celle d’Addis Abeba. Autant de nouvelles musiques africaines qui ont réussi à s’imposer comme l’expression d’une culture urbaine et d’une population en mouvement. « Elle a accepté le citron lancé par le garçon, le citron pour l’amour, citron tu sens bon, citron si délicieux » (Lancer le citron est une coutume éthiopienne pour déclarer son amour). Mahmoud Ahmed et un orchestre moderne de l’Agher Feqer Mahber, le sanctuaire de la musique traditionnelle éthiopienne.
3/ Emmanuel Jal & Abdel Gadir Salim : Nyambol (5’05) Extrait du CD : Emmanuel Jal & Abdel Gadir Salim. Ceasefire (Riverboat Records TUGCD1038)
Soudan
Jeune rappeur d’origine soudanaise aujourd’hui installé au Kenya, Emmanuel Jal fut enrôlé enfant dans l’Armée de Libération du Peuple Soudanais (SPLA). Après des années passées sous ce statut d’enfant soldat, il a été scolarisé à Nairobi puis a commencé sa carrière musicale. Ses chansons et son rap traitent beaucoup de la guerre et de la paix. Nyambol, composé par Emmanuel Jal Jak Gatwitch et Paul Borg, raconte l’histoire d’une jeune fille qui fuit le mariage forcé pour pouvoir poursuivre son éducation et devenir leader de son village. « Lorsque ses parents moururent, Nyambol dut vivre chez son oncle dans un autre village où elle fut abusée Nyambol souffrait, Nyambol souffrait Elle devait faire toutes les tâches ménagères Et on lui imposa de s’occuper du troupeau Le stress était son quotidien Nyambol avait une vie rude Nyambol vivait dans la misère Elle n’avait encore que 13 ans… » Emmanuel Jal Jak Gatwitch : voix ; Abdel Gadir Salim : oud, voix ; Lam Tungwar : voix ; Manaseh Mathew Mathiang : voix ; Fath El Rahman Adam Omer : saxophone ; Toby Baker : claviers ; Paul Borg : claviers, guitare
4/ Dorsaf Hamdani : Ghanily chwaye chwaye / Chant un peu pour moi (4’24)
Extrait du CD : Dorsaf Hamdani. Princesses du chant arabe (Accords Croisés AC144) Enregistré en 2011
Egypte
Dorsaf Hamdani interprète ici une des chansons de la plus grande voix de la tradition égyptienne : Oum Kalsoum. Elles sont de plus en plus nombreuses à oser rendre hommage à cette artiste majeure, prolongeant ainsi la tradition d’une chanson classique qui influence encore l’entièreté du monde arabe. Dorsaf est tunisienne d’ailleurs, mais pour elle Oum Kalsoum ne transmet pas seulement une technique et des beautés, mais un univers tout entier. 5/ Mohammed Jimmy Mohammed : Antchin keto (6’28) Extrait du CD : Hulgizey, in concert (Terp AS-14)
Enregistré en 2006
Ethiopie
Le chanteur Mohammed Jimmy Mohammed, décédé en 2006, faisait partie de ces maîtres de la chanson éthiopienne qui ont prolongé et modernisé le style des griots azmari. Ceux-ci s’accompagnent sur le violon masinqo ou sur la lyre krar au profit d’une chanson codée qui permet de dire ce que le discours parlé interdit absolument. Cet habile système de double sens appelé cire et or (sem-enna-werq) est la recette principale d’une chanson qui joue alors le rôle de faire passer analyses et critiques adroitement dissimulées. Mohammed Jimmy Mohammed, nourri de ces répertoires traditionnels, a maintenu une chanson populaire forte en interprétant notamment les compositions de Tlahoun Gèssèssè, une des grandes voix de la musique moderne. La lyre krar fait partie des musiques d’Addis Abeba : musique traditionnelle, musique populaire, musique urbaine, musique moderne. Il n’est donc pas rare que le musicien électrifie son instrument. Mohammed Jimmy Mohammed : voix ; Mèsèlè Asmamaw : lyre krar ; Asnake Gebreyes : tambour kebero
6/ Abdel Gadir Salim : Umri ma bansa / Je ne l’oublierai pas tant que je vivrai (8’57) Extrait du CD : Sounds of Sudan (World Circuit WCD018)
Soudan.
Nous sommes à Khartoum, au carrefour des deux Nils. Dans cette grande ville se rassemblent des populations venues d’horizons très différents. Abdel Gadir Salim vient de la région du Kordofan (entre les plateaux du Darfour et la vallée du Nil). On y joue une musique aux accents arabes riche en demi et quarts de tons. Abdel Gadir Salim a transposé cette musique de nomades en l’emmenant à la ville où il invite d’autres instruments, comme l’accordéon, à accompagner son oud. Cette chanson rappelle l’arrivée du premier camion dans le Kordofan au cours des années 30. Ce fut le premier succès de ce maître incontesté de la nouvelle chanson soudanaise. « Ce camion m’a conduit vers la vallée et vers celle que je n’oublierai jamais ». Abdel Gadir Salim : voix, oud ; Azhari Abdel Gadir : accordéon ; El Zubeir Mohamed El Hassan : tabla
7/ Ensemble Al-Tanbûrah : Yâ’âzif al-awtâr / Ô toi, qui pince les cordes (7’48) Extrait du CD : La simsimiyya de Port-Saïd (Institut du Monde Arabe 321026)
Port-Saïd
Le groupe Al-Tanbûrah joue la musique de Port-Saïd et donc de la région du canal de Suez. On est au nord, au large du Nil pourrait-on dire. Mais on reste au cœur d’une musique qui présente de nombreuses caractéristiques du pays mais aussi d’un ensemble culturel qui s’étend bien au-delà. Celui du royaume des lyres de toutes sortes. Ici cet instrument s’appelle simsimiyya. On dit que l’instrument fut d’abord fabriqué avec une carapace de tortue qui s’était aventurée trop loin le long du Nil. Quoi qu’il en soit, l’instrument est au centre des cafés de Port Saïd où le musicien est devenu barde et conteur, chanteur du quotidien, au profit d’un style qui s’appela vite simsimiyya comme la lyre elle-même. Depuis une vingtaine d’année le groupe Al-Tanbûrah a repris le flambeau de cette tradition en perpétuant un style qui n’hésite pas à rappeler l’histoire de toute une région. Cette chanson fait l’éloge de la musique et du patrimoine soulignant l’importance du travail du groupe pour maintenir cette tradition populaire en mouvement. Sous la direction de Zakaria Ibrahim, avec Mohamed El Shenawy, Mohamed Shoheib, Gamal Farag, Embabi Abdallah, Ahmed Atiatallah, Ahmad Nasr, Ragab Aly, El Sayyed Mahmoud, Ahmed Ghoneim, Salah Mostapha Soliman, Alaa El Shazly Awad, Gamal Awad Mohamed, Morsy Ibrahim, Ibrahim Nasr, Samy Abdel Naby, Morsy Soltan, Ramadan Mohamed Abdelkader
8/ Hamza El Din : A wish (9’04)
Extrait du CD : Hamza El Din : A wish (Sounds True STAM110D)
Enregistré en 1998 Haute Egypte.
Hamza El Din raconte dans cette chanson comment les siens ont perdu leurs terres le long du fleuve suite à la construction du barrage d’Assouan. Son village, Toshka, a été inondé et reconstruit au nord d’Assouan. Mais l’essentiel, dit cette chanson, est de penser que les terres du bord du lac Nasser, non loin de l’ancien village, vont renaître grâce à de nouveaux projets d’agriculture et d’industrie. C’est une chanson d’espoir qui voit avec bonheur la vie revenir en cet endroit jadis fertile. « Quand réapparaîtront les terres inondées vertes comme elles le furent par le passé, à l’est comme à l’ouest des rives du Nil les dattiers pousseront chargés de fruits… »
Paroles (en nubien) de Mohi El Din Sherif
Hamza El Din : oud, târ et voix. W.A. Mathieu : piano et arrangements. Joan Jeanrenaud : violoncelle
9/ Abiy Seyoum : Deggwa tsome deggwa / Le jugement dernier (2’55) Extrait du CD : Ethiopie. Les chants de bagana (Archives Internationales de Musique Populaire VDE-Gallo CD-1206)
Enregistré en 2004 par Stéphanie Weisser
Ethiopie.
Le bagana est une grande lyre à dix cordes des Amhara d’Ethiopie. On retrouve en effet, en ce pays, et ce même si on s’éloigne des rives du Nil Bleu, différentes lyres qui jouent un rôle essentiel dans les musiques traditionnelles sacrées et profanes. Le bagana est le seul instrument mélodique exclusivement réservé au répertoire spirituel. On l’appelle souvent « lyre du roi David » parce que la légende veut qu’elle ait été donnée à celui-ci par Dieu lui-même. Cette lyre basse très puissante génère d’exceptionnelles sensations, d’autant qu’elle accompagne des chants qui parlent essentiellement de la mort, de l’inutilité de la vie, du monde d’ici-bas pervers et rempli de tentations… Abiy Seymoum est un jeune musicien qui a hérité de l’instrument et du répertoire de ses ancêtres. Il chante le jugement dernier, un classique du répertoire. Abiy Seyoum : bagana, chant
10/ Sidi Doshka : Basbara (2’46) Extrait du CD : Basbar. Chants de lutte et autres chansons du peuple Béja, Soudan (Colophon Col.CD112)
Enregistré en 2001 par Eddy Pennewaert
Soudan
Les Béja vivent au nord du Soudan, dans les régions désertiques et montagneuses entre la vallée du Nil et la mer Rouge. Le peuple Béja est en guerre contre le régime islamiste de Khartoum dans le but de créer un Etat fédéral dans lequel les Béja jouiraient de plus d’autonomie et du respect légitime de leur culture et de leur identité. Comme beaucoup de peuples voisins, ils jouent une lyre symétrique quadrangulaire à cinq cordes métalliques qu’on appelle ici basenkob. L’instrument sert à accompagner des chants épiques, des chants de guerre, d’amour, d’éloges ou de funérailles.
Ce chant « Basbara » signifie « braves » et parle de ces jeunes qui ont pris leurs responsabilités, qui sont braves et courageux et qui défendent leurs terres avec courage. Sidi Doshka : voix, basenkob ; Ahmed Adam Ahmed, Abu Mohammad Onour, Mohammad Osman Onour, Mohammad Ahmed Tahir & Youssef Mohammad Tahir : chœurs
11/ Jérôme Ettinger : Nessma (3’40) Label Togezer Productions, enregistré et mixé par Jérôme Ettinger
Egypte
A l’opposé de l’oud, en plein cœur des musiques populaires, la clarinette en roseau, l’arghul, est tout un symbole de ces musiques du Nil, celles que nous ont fait découvrir les musiciens du Nil. Un instrument trop peu connu, en danger peut-être, qu’un jeune musicien français a décidé de sauver, contre vents et marées. Jérôme Ettinger travaille avec des musiciens Egyptiens pour proposer une lecture nouvelle de leurs musiques, entre tradition et musique du monde.
Jérôme Ettinger : clarinette arghul, composition & arrangement
Le NIL - CD 2 (11 pièces) 1/ Salamat : Nuba noutou (6’16)
Extrait du CD : Salamat. Nubiana (Piranha CD-PIR1044) Haute Egypte (Nubie)
Parmi les artistes du renouveau de la musique nubienne il faut remarquer le groupe Salamat qui comprend le percussionniste Mahmoud Fadl et de nombreux musiciens venus au Caire pour y participer à la création d’une nouvelle musique urbaine aux accents profondément nubiens. Dans cette chanson, composée par Fathi Malik et arrangé par Mahmoud D-Fald, la voix de Farah El Masri nous parle du sol de la Nubie célèbre pour sa fertilité et ses dattes. S’en suit une liste de nombreux villages nubiens dont la plupart sont aujourd’hui ensevelis sous les eaux.
Farah El Masri : voix ; Salamat : voix & musique
2/ Aïcha Redouane & Ensemble Al-Adwâr : Sabah es-sabâh / Le jour se lève (4’54) Extrait du CD : Aïcha Redouane : Arabesques vocales (Institut du Monde Arabe 321015)
Le Caire
La musique « classique » égyptienne est au carrefour des musiques d’art des pays arabes. On retrouve, dans cette interprétation de la chanteuse Aïcha Redouane, un excellent condensé de cette musique raffinée. Sur un accompagnement d’un petit orchestre appelé takht, la chanteuse se livre à une improvisation vocale qui, après l’introduction ou taqsim (joué sur la cithare qanoun), se livre d’abord à un layali, variations autour d’un maqam (mode de la musique arabe) sans rythme marqué par les paroles. Vient ensuite le poème ou mawwâl en dialecte égyptien, une forme poétique qui laisse le chanteur libre d’improviser autour du texte sur le mode choisi. Il s’agit d’une poésie décrivant un rendez-vous au lever du jour. Les jeunes filles se rendent à la source pour puiser l’eau et seule la bien-aimée arrive en retard. Aïcha Redouane : voix ; Ensemble Al-Adwâr : Salah El-Din Mohamed : qanoun ; Brahim Meziane El-Otmani : oud ; Farhat Bouallagui : violon ; Habib Yammine : riqq
3/ Mohammed Gubara : Guroosh edjin / Devil’s money (7’05) Extrait du CD : Sounds of Sudan (World Circuit WCD018)
Soudan
Khartoum, ville des deux Nils accueille les chantres de nombreuses populations. Mohamed Gubara vient du Nord du Soudan. Il chante et joue la lyre tambur dont joue son peuple, les Shaigiyya. Il a rejoint la capitale en 1970 et est devenu interprète des poètes de sa communauté. Cette chanson fustige ceux qui veulent quitter le pays à la recherche d’un travail en Libye ou dans le Golfe : « Ils y perdent leur dignité et courent après l’argent du démon ». Mais le poème respecte aussi ce migrant, sa souffrance et son isolement loin de son pays : « Oh mon pays, ton souvenir est dans mon cœur, je suis ton fils mais j’ai franchi les mers et je suis tombé dans l’isolement et les drogues, j’ai tant pleuré que mes larmes sont devenues des pierres ». Mohammed Gubara : voix, tambur
4/ Alèmayèhu Eshèté : Yèwèyn harègitu / Vigne grimpante, belle plante (3’44) Extrait du CD : Ethiopiques 9. Alèmayèhu Eshèté (Buda 82983-2)
Enregistré en 1971
Ethiopie
Si les lyres éthiopiennes nous mènent à d’évidentes comparaisons avec les populations vivant au bord du Nil, ou plus précisément des Nil. Les musiques populaires d’Addis Abeba forcent également l’admiration et suscitent des pistes de comparaisons avec les musiques urbaines du Soudan ou de l’Egypte. Non parce qu’elles se ressemblent mais parce qu’elles sont toutes originales, dynamiques, inventives et parce qu’elles ont réussi à maintenir le lien avec une culture locale et une identité précise. Alèmayèhu Eshèté est une des grandes voix de cette musique soul, ou cet ethio-jazz, si prolifique pendant les années 70. Ce n’est pas un hasard si on le compara à James Brown ou même à Elvis Presley. Ce chanteur, qui grava plus de trente 45 tours, avait un don particulier pour de torrides chansons d’amour comme celle-ci où il supplie celle qui le trompe de revenir vers lui ; le tout avec d’étonnants effets de gorge. « Viens, je t’en supplie, sinon je meurs et si je meurs, tu ne pourras venir sur ma tombe –
je n’oublierai pas ce que tu m’as fait » Alèmayèhu Eshèté : voix ; Girma Bèyènè : piano ; Tèsfa-Maryam Kidané : saxophone tenor ; Tamrat « Djoro » Fèrendj : trompette ; Tamrat « Loti » Kèbbèdè : batterie
5/ Koch Schütz Studer & El Nil Troop : Qissa (4’46)
Extrait du CD : Koch Schütz Studer & El Nil Troop. Heavy Cairo Traffic (Intuition records 3175-2)
Haute Egypte & Suisse
Quand un trio de jazz suisse invite les musiciens du Nil à partager un répertoire et une expérience musicale, on comprend la force de cette musique tsigane des bords du grand fleuve et on ne s’étonne guère du succès international qu’ils ont rencontré. Cette musique de fusion nous montre également l’impact possible des musiques africaines sur la création musicale mondiale. Les musiques du Nil, depuis Khartoum jusqu’au Caire, en passant par les inventions nubiennes, ont prouvé leur dynamisme et leur remarquable créativité, sans cesse en mouvement.
Composition : Hans Koch, Martin Schütz, Shaker Ismail
Hans Koch : clarinette basse ; Martin Schütz : violoncelle, sampling ; Fredy Studer : batterie, percussion ; Nil Troop (El) : Saker Ismail : rababa ; Ragab Sadek, Ismail Haggag & Ihab Abbas : percussions
6/ Saleh Walwali : Dolgidang ayy naafiradam daasci / Je cachais mon amour dans mon cœur (8’44)
Extrait du CD : Al-Nûbatiyya. Chants et tambours de Nubie (Institut du Monde Arabe 321.043)
Enregistré en 1997
Soudan
Les barrages construits dans le monde entier n’ont pas fait couler que de l’eau. Beaucoup d’auteurs, anonymes ou non, ont trempé leur plume dans l’encrier de la chanson pour s’en plaindre. Une chanson du répertoire de la Nubie, territoire partagé entre le sud de l’Egypte et le Soudan, glisse presque discrètement des événements historiques au sein d’une complainte amoureuse. Le chanteur dit, en effet : « En 1946, nous avons été submergés par la crue du Nil. Nos terres ont été inondées. Alors nous nous sommes repliés au bas d’une montagne avec nos troupeaux. Ensuite, lorsque les eaux se sont retirées, nous sommes revenus à nos champs. Notre travail a été de replanter des jardins, des palmiers et des arbres fruitiers. Puis on éleva le grand barrage.
Aussi nous nous sommes retrouvés en larmes lorsque nous avons été confrontés à cette nouvelle situation… » Le chant est dans le style d’appel-et-réponse avec accompagnement du tambour sur cadre târ. Saleh Walwali : direction, chœur et percussion ; Sawsan Mohamad Ali Kurdi, Gisma Atta El Manan, Mouna Ahmed Mohammed : chœur ; Wahba Mohamed Moussa, Mokhtar Mabrouk Fadel Allah, Abdelmajid Mohammad Salah, Babaker Mohammad Aboubaker, Sabet Othman Mohamed, Hassan Ibrahim Ali Ahmad : chœur et percussion
7/ Hussein el Masry : Clé du Nil (2’28) Extrait du CD : Hussein el Masry : récital (MHEL Productions MHEL551)
Le Caire
Hussein el Masry est originaire de la capitale égyptienne. Non content de connaître la tradition classique et le jeu de l’oud, il compose de nombreuses pièces dans le respect des répertoires anciens mais avec une large ouverture sur les autres musiques. Cette Clé du Nil est peut-être, à l’image de son titre, une œuvre à la fois symbolique et simple qui peut évoquer, tant par l’image que par la poésie et la musicalité, toute la richesse des musiques nées ou suggérées sur tous les bords du Nil et de ses affluents. L’oud est cet indispensable lien entre le chant populaire et la musique classique arabe, il est un repère, une sorte de balise dans le déroulement historique de ces musiques et de leurs cheminements entre peuples et cultures. Hussein el Masry s’en sert adroitement pour créer une musique vivante et pourtant ancrée dans l’histoire. Hussein El Masry : composition & oud
8/ Les Musiciens du Nil : Zarhat el Louxor / Rose de Louxor (8’23)
Extrait du CD : Les Musiciens du Nil (Ocora C550006)
Haute Egypte
Dans la région de Louxor, les musiciens du Nil maintiennent la tradition des populations tsiganes d’Egypte. Avec la vièle rababa, la clarinette arghul, la flûte souffara, les hautbois mizmar et les percussions, ils accompagnent les anciennes épopées (la geste hilalienne) et le chant populaire de Haute-Egypte, le chaabi de Sa’idi. Cette pièce instrumentale est menée par le charismatique leader des Musiciens du Nil, le joueur de rababa Metqâl Qenaoui. Ce musicien et son groupe ont été choisis par le gouvernement pour représenter les traditions populaires égyptiennes à l’étranger. Tous ces musiciens font partie de castes de professionnels de la musique, liés à des clans tsiganes venus s’établir en Egypte dès le XIe siècle. Les Musiciens du Nil, tous issus de la région de Louxor, ont eu un succès énorme sur les scènes du monde depuis une trentaine d’années. Des artistes comme Sun Ra ou Keith Jarrett en ont ouvertement souligné le talent. Metqâl Quenanoui Metqâl : rababa ; Chamandi Tewfick Metqâl : rababa ; Mohammed Mourad Metgali : rababa ; Fawzy Hafiz : souffara ; Abdel Rhani : dûf ; Saïd Mohammed Aly : darabouka
9/ Sèyfu Yohannès : Tezeta (5’22) Extrait du CD : Ethiopiques 1. L’âge d’or de la musique éthiopienne moderne (Buda 829521-2)
Enregistré en 1970
Ethiopie
Sèyfu Yohannès n’a fait partie que très brièvement du mouvement de la musique moderne qui secoua Addis Abeba dans les années 60 et 70. Mort à 26 ans, ce chanteur enregistra très peu. Il fut le chanteur du groupe Soul Ekos que l’on entend ici dans une interprétation d’un titre qui revient souvent tout simplement parce que Tezeta signifie « mélancolie », « spleen », « nostalgie » et qu’au nom de ce sentiment on est souvent prêt à faire n’importe quoi et, en tout cas, à chanter des ballades aux relents de blues. « La nostalgie consume ma mémoire,
je suis tellement amoureux que je pourrais commettre des folies » Sèyfu Yohannès & Soul Ekos : voix, sax ténor, trompette, batterie, guitare, basse, piano
10/ Iganitiyo Ekacholi : Elosi aberu akipore imaniti abiro (2’35) Extrait du CD : Secular music from Uganda 1950 & 1952 (Sharp Wood Productions SWP024)
Enregistrement de Hugh Tracey
Ouganda
Le groupe Teso, de langage nilotique, vit à l’est de l’Ouganda, dans la région du Nil Victoria. Le chanteur s’accompagne sur la harpe adedeu tandis que les autres participants jouent quelques percussions et une corne. On est encore dans ces territoires ou harpes et lyres sont les instruments types de l’accompagnement d’une chanson sociale. Cette chanson fait partie du répertoire typique des chanteurs africains qui se servent de cette expression pour faire des commentaires sociaux. « Quelle que soit l’habileté d’une femme à la cuisine, son mari n’est jamais satisfait ». Iganitiyo Ekacholi : harpe adedeu, chant
11/ Egyptian Project : Warda Warda
Label Togezer Productions, enregistré et mixé par Jérôme Ettinger
Mawwâl (2’26)
Takasim kawala (2’50)
Takasim rababa (2’15)
On retrouve ici le jeune Français Jérôme Ettinger et en collaboration avec le musicien et chanteur égyptien Sayed Emam. Le musicien joue ici un takasim sur le kawala, flûte traditionnelle oblique.
Salama Metwaly joue un takasim sur le petit violon populaire rababa, un des instruments emblématiques des musiciens du Nil.
Sayed Emam : voix, kawala ; Salama Metwaly : rababa, Jérôme Ettinger : programmation
Le Nil, fleuve sacré.
Le Nil dépose ses musiques, comme il le fit toujours de ses alluvions, sur un parcours de plus de 6.500 kilomètres. Les expressions qu’il charrie jusqu’à nos oreilles sont glanées sur les rives de neuf pays d’Afrique Noire dont l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie qui s’imposent comme sources essentielles dans l’histoire des musiques du monde.
Le chant des fleuves : musiques du Nil.
Entre les eaux et les sables, entre les grandes villes et les oasis, entre cultures africaines et cultures arabes, les peuples de cette sorte de triangle formé par le Soudan, l’Egypte et l’Ethiopie ont tissé nombre de liens dans leurs déplacements respectifs. Les fleuves et les pistes les ont conduits vers de grandes cités aux quartiers bourdonnant de langues et d’expressions différentes, comme autant de témoignages des origines proches ou lointaines de chacun de leurs habitants. Port Saïd, Le Caire, Assouan, Port Soudan, Khartoum, Addis Abeba… Entre le canal de Suez, les Nil(s) et la mer rouge, ces villes ont hérité d’une multitude de richesses musicales qui, plutôt que de se toiser, ont opté pour la rencontre et l’échange. Les uns ont amené leurs lyres, si différentes et pourtant si proches en cette Afrique de l’Est. D’autres, comme les musiciens du Nil, ces Gitans des sables, ont éclaboussé le monde entier de leurs rythmes joués sur la vièle rababa ou sur la clarinette arghul. Et dans leur sillage, c’est toute la musique nubienne qui a transformé le paysage, du Nord au Sud, osant toutes les évolutions possibles entre l’oud majestueux, les percussions vives et sèches, les cuivres du jazz et l’accordéon, ce vagabond planétaire. Et le raks sharki, que nous appelons vulgairement danse du ventre, a rencontré la chanson des cafés du Caire, la musique de Nubie a bousculé le jeel le plus moderne, l’ethio jazz d’Addis Abeba a gonflé les musiques éthiopiennes, Khartoum s’est créé son blues puis son rap et la chanson arabe, nubienne, éthiopienne, a continué de raconter : raconter les crues, la beauté du Nil, l’ensevelissement des villages, la folie de l’amour, les traces de l’histoire, l’espoir de changements…
C’est un vaste territoire dont les frontières culturelles ont souvent fondu sous la chaleur des rencontres. Chacun y tisse le fil de son histoire avec celui de toute personne croisée sur son chemin. Et c’est Ali Hassan Kuban qui devient le parrain de la nubi-shaabi au Caire ; c’est Emmanuel Jal, rappeur soudanais, qui rejoint Abdel Gadir Salim, lui-même venu du Kordofan ; c’est Mohammed Jimmy Mohammed ou Mahmoud Ahmed qui font le lien entre la tradition des azmaris d’Addis Abeba et un chant nouveau que ne renierait aucun chanteur de soul américaine.
En toile de fonds, derrière ces expressions de l’urgence, se maintient encore le répertoire savant de la musique égyptienne, soutenu par les petits orchestres takht, tandis que plane sans cesse l’ombre des grandes voix d’une chanson tellement populaire qu’elle en est devenue éternelle. Et les chants d’Oum Kalthoum sont au coeur des influences tangibles de nombre de nouveaux répertoires.
Comme une immense matière vivante, toutes ces cultures sont brassées par des musiciens et chanteurs pour lesquels aucun trajet n’est impossible, pas plus d’une ville à l’autre que d’un style à l’autre. Les musiques du Nil sont toutes ces expressions qui vivent le long du Nil Blanc, du Nil Bleu, du Nil des montagnes, du Nil Albert ou du Nil Victoria… des musiques vivantes, vibrantes que rien ne semble arrêter.
CD 1
1. EGYPTE. Ali Hassan Kuban : Abu Simbel 4’09
2. ETHIOPIE. Mahmoud Ahmed : Enqu mèssay 4’05
3. SOUDAN. Emmanuel Jal & Abdel Gadir Salim : Nyambol 5’03
4. ETHIOPIE. Mohammed Jimmy Mohammed : Antchin keto 5’38
5. SOUDAN. Abdel Gadir Salim : Umri ma bansa 8’51
6. EGYPTE. Oum Kalsoum (interprétation : Dorsaf Hamdani) : Ghanily chwaye chwaye 4’22
7. EGYPTE. Hamza El Din : A wish 8’59
8. EGYPTE Ensemble Al-Tanbûrah : Yâ’âzif al-awtâr 7’33
9. EGYPTE. Jérôme Ettinger : Nessma 1’59
10. SOUDAN. Sidi Doshka : Basbara 2’45
11. ETHIOPIE. Abiy Seyoum : Deggwa tsome deggwa 2’56
CD 2
1. EGYPTE. Salamat : Nuba noutou 6’13
2. ETHIOPIE. Alèmayèhu Eshèté : Yèwèyn harègitu 3’41
3. EGYPTE & SUISSE. Koch Schütz Studer & El Nil Troop : Qissa 4’44
4. ETHIOPIE. Sèyfu Yohannès : Tezeta 5’23
5. SOUDAN. Saleh Walwali : Dolgidang ayy naafiradam daasci 8’37
6. EGYPTE. Hussein el Masry : Clé du Nil 2’19
7. EGYPTE. Aïcha Redouane & Ensemble Al-Adwâr : Sabah es-sabâh 4’53
8. SOUDAN. Mohammed Gubara : Guroosh edjin 6’59
9. EGYPTE. Les Musiciens du Nil : Zarhat el Louxor 8’22
10. OUGANDA. Iganitiyo Ekacholi : Elosi aberu akipore imaniti abiro 2’34
11. EGYPTE. Egyptian Project : Warda Warda 7’26
CREDITS :
AC 139.40 : Le NIL
CD 1 : (11 pièces)
1/ Ali Hassan Kuban : Abu Simbel (4’09) Extrait du CD : Ali Hassan Kuban. Real Nubian (Piranha CD-PIR1575)
Haute Egypte – Le Caire
Ali Hassan Kuban est né en Nubie en 1929 (il est décédé en 2001). C’est après avoir rejoint le Caire, en 1942, qu’il a commencé à étudier la musique. Basé dans un quartier où s’entassent les émigrants nubiens, il est chanteur attitré des mariages de sa communauté. Mais il entre aussi en contact avec un groupe de jazz venu d’Harlem et, petit à petit, quelque chose se passe dans sa musique et sa Nubie rencontre un certain jazz. Ali Hassan Kuban devient, malgré lui, celui qu’on appelle le parrain de la nubi-shaabi, la nouvelle musique nubienne. Dans cette chanson, il parle de son pays d’origine, Assouan, et des temples de Nubie. Ali Hassan Kuban : voix ; Hassan Meky Mohamed Goma : accordéon ; Hassan Machmud Said Halim : darabukka ; Guma Ismail Adam : saxophone tenor ; Abdelrazik Abdalla Mohamed Ali : saxophone alto ; Sair Gomaa : bongos ; Bibi Hammond : basse, claviers ; Nasreldin Shalaly Hussein : voix ; Adil Daoud : voix : Yachy Saleh : voix
2/ Mahmoud Ahmed : Lomiwen tèqèbèlètch (3’30) Extrait du CD : Ethiopiques 3. L’âge d’or de la musique éthiopienne moderne (Buda 82963-2)
Enregistré en 1975. Ethiopie.
De toute l’extraordinaire vague d’ethio-jazz et de musique soul éthiopienne née dans les années 60, un seul chanteur aura réussi à continuer avec la même fougue et le même talent : Mahmoud Ahmed. Après plus de quarante ans de carrière et une reconnaissance mondiale, on le retrouve toujours avec plaisir au cœur de cette musique à la fois formidablement rhythm’n’blues et incroyablement éthiopienne dans l’âme et dans l’esprit. De la même manière qu’un Abdel Gadir Salim signe la modernité de Khartoum ou un Ali Hassan Khuban signe celle de la Nubie autant que du Caire, on peut affirmer que Mahmoud Ahmed a créé celle d’Addis Abeba. Autant de nouvelles musiques africaines qui ont réussi à s’imposer comme l’expression d’une culture urbaine et d’une population en mouvement. « Elle a accepté le citron lancé par le garçon, le citron pour l’amour, citron tu sens bon, citron si délicieux » (Lancer le citron est une coutume éthiopienne pour déclarer son amour). Mahmoud Ahmed et un orchestre moderne de l’Agher Feqer Mahber, le sanctuaire de la musique traditionnelle éthiopienne.
3/ Emmanuel Jal & Abdel Gadir Salim : Nyambol (5’05) Extrait du CD : Emmanuel Jal & Abdel Gadir Salim. Ceasefire (Riverboat Records TUGCD1038)
Soudan
Jeune rappeur d’origine soudanaise aujourd’hui installé au Kenya, Emmanuel Jal fut enrôlé enfant dans l’Armée de Libération du Peuple Soudanais (SPLA). Après des années passées sous ce statut d’enfant soldat, il a été scolarisé à Nairobi puis a commencé sa carrière musicale. Ses chansons et son rap traitent beaucoup de la guerre et de la paix. Nyambol, composé par Emmanuel Jal Jak Gatwitch et Paul Borg, raconte l’histoire d’une jeune fille qui fuit le mariage forcé pour pouvoir poursuivre son éducation et devenir leader de son village. « Lorsque ses parents moururent, Nyambol dut vivre chez son oncle dans un autre village où elle fut abusée Nyambol souffrait, Nyambol souffrait Elle devait faire toutes les tâches ménagères Et on lui imposa de s’occuper du troupeau Le stress était son quotidien Nyambol avait une vie rude Nyambol vivait dans la misère Elle n’avait encore que 13 ans… » Emmanuel Jal Jak Gatwitch : voix ; Abdel Gadir Salim : oud, voix ; Lam Tungwar : voix ; Manaseh Mathew Mathiang : voix ; Fath El Rahman Adam Omer : saxophone ; Toby Baker : claviers ; Paul Borg : claviers, guitare
4/ Dorsaf Hamdani : Ghanily chwaye chwaye / Chant un peu pour moi (4’24)
Extrait du CD : Dorsaf Hamdani. Princesses du chant arabe (Accords Croisés AC144) Enregistré en 2011
Egypte
Dorsaf Hamdani interprète ici une des chansons de la plus grande voix de la tradition égyptienne : Oum Kalsoum. Elles sont de plus en plus nombreuses à oser rendre hommage à cette artiste majeure, prolongeant ainsi la tradition d’une chanson classique qui influence encore l’entièreté du monde arabe. Dorsaf est tunisienne d’ailleurs, mais pour elle Oum Kalsoum ne transmet pas seulement une technique et des beautés, mais un univers tout entier. 5/ Mohammed Jimmy Mohammed : Antchin keto (6’28) Extrait du CD : Hulgizey, in concert (Terp AS-14)
Enregistré en 2006
Ethiopie
Le chanteur Mohammed Jimmy Mohammed, décédé en 2006, faisait partie de ces maîtres de la chanson éthiopienne qui ont prolongé et modernisé le style des griots azmari. Ceux-ci s’accompagnent sur le violon masinqo ou sur la lyre krar au profit d’une chanson codée qui permet de dire ce que le discours parlé interdit absolument. Cet habile système de double sens appelé cire et or (sem-enna-werq) est la recette principale d’une chanson qui joue alors le rôle de faire passer analyses et critiques adroitement dissimulées. Mohammed Jimmy Mohammed, nourri de ces répertoires traditionnels, a maintenu une chanson populaire forte en interprétant notamment les compositions de Tlahoun Gèssèssè, une des grandes voix de la musique moderne. La lyre krar fait partie des musiques d’Addis Abeba : musique traditionnelle, musique populaire, musique urbaine, musique moderne. Il n’est donc pas rare que le musicien électrifie son instrument. Mohammed Jimmy Mohammed : voix ; Mèsèlè Asmamaw : lyre krar ; Asnake Gebreyes : tambour kebero
6/ Abdel Gadir Salim : Umri ma bansa / Je ne l’oublierai pas tant que je vivrai (8’57) Extrait du CD : Sounds of Sudan (World Circuit WCD018)
Soudan.
Nous sommes à Khartoum, au carrefour des deux Nils. Dans cette grande ville se rassemblent des populations venues d’horizons très différents. Abdel Gadir Salim vient de la région du Kordofan (entre les plateaux du Darfour et la vallée du Nil). On y joue une musique aux accents arabes riche en demi et quarts de tons. Abdel Gadir Salim a transposé cette musique de nomades en l’emmenant à la ville où il invite d’autres instruments, comme l’accordéon, à accompagner son oud. Cette chanson rappelle l’arrivée du premier camion dans le Kordofan au cours des années 30. Ce fut le premier succès de ce maître incontesté de la nouvelle chanson soudanaise. « Ce camion m’a conduit vers la vallée et vers celle que je n’oublierai jamais ». Abdel Gadir Salim : voix, oud ; Azhari Abdel Gadir : accordéon ; El Zubeir Mohamed El Hassan : tabla
7/ Ensemble Al-Tanbûrah : Yâ’âzif al-awtâr / Ô toi, qui pince les cordes (7’48) Extrait du CD : La simsimiyya de Port-Saïd (Institut du Monde Arabe 321026)
Port-Saïd
Le groupe Al-Tanbûrah joue la musique de Port-Saïd et donc de la région du canal de Suez. On est au nord, au large du Nil pourrait-on dire. Mais on reste au cœur d’une musique qui présente de nombreuses caractéristiques du pays mais aussi d’un ensemble culturel qui s’étend bien au-delà. Celui du royaume des lyres de toutes sortes. Ici cet instrument s’appelle simsimiyya. On dit que l’instrument fut d’abord fabriqué avec une carapace de tortue qui s’était aventurée trop loin le long du Nil. Quoi qu’il en soit, l’instrument est au centre des cafés de Port Saïd où le musicien est devenu barde et conteur, chanteur du quotidien, au profit d’un style qui s’appela vite simsimiyya comme la lyre elle-même. Depuis une vingtaine d’année le groupe Al-Tanbûrah a repris le flambeau de cette tradition en perpétuant un style qui n’hésite pas à rappeler l’histoire de toute une région. Cette chanson fait l’éloge de la musique et du patrimoine soulignant l’importance du travail du groupe pour maintenir cette tradition populaire en mouvement. Sous la direction de Zakaria Ibrahim, avec Mohamed El Shenawy, Mohamed Shoheib, Gamal Farag, Embabi Abdallah, Ahmed Atiatallah, Ahmad Nasr, Ragab Aly, El Sayyed Mahmoud, Ahmed Ghoneim, Salah Mostapha Soliman, Alaa El Shazly Awad, Gamal Awad Mohamed, Morsy Ibrahim, Ibrahim Nasr, Samy Abdel Naby, Morsy Soltan, Ramadan Mohamed Abdelkader
8/ Hamza El Din : A wish (9’04)
Extrait du CD : Hamza El Din : A wish (Sounds True STAM110D)
Enregistré en 1998 Haute Egypte.
Hamza El Din raconte dans cette chanson comment les siens ont perdu leurs terres le long du fleuve suite à la construction du barrage d’Assouan. Son village, Toshka, a été inondé et reconstruit au nord d’Assouan. Mais l’essentiel, dit cette chanson, est de penser que les terres du bord du lac Nasser, non loin de l’ancien village, vont renaître grâce à de nouveaux projets d’agriculture et d’industrie. C’est une chanson d’espoir qui voit avec bonheur la vie revenir en cet endroit jadis fertile. « Quand réapparaîtront les terres inondées vertes comme elles le furent par le passé, à l’est comme à l’ouest des rives du Nil les dattiers pousseront chargés de fruits… »
Paroles (en nubien) de Mohi El Din Sherif
Hamza El Din : oud, târ et voix. W.A. Mathieu : piano et arrangements. Joan Jeanrenaud : violoncelle
9/ Abiy Seyoum : Deggwa tsome deggwa / Le jugement dernier (2’55) Extrait du CD : Ethiopie. Les chants de bagana (Archives Internationales de Musique Populaire VDE-Gallo CD-1206)
Enregistré en 2004 par Stéphanie Weisser
Ethiopie.
Le bagana est une grande lyre à dix cordes des Amhara d’Ethiopie. On retrouve en effet, en ce pays, et ce même si on s’éloigne des rives du Nil Bleu, différentes lyres qui jouent un rôle essentiel dans les musiques traditionnelles sacrées et profanes. Le bagana est le seul instrument mélodique exclusivement réservé au répertoire spirituel. On l’appelle souvent « lyre du roi David » parce que la légende veut qu’elle ait été donnée à celui-ci par Dieu lui-même. Cette lyre basse très puissante génère d’exceptionnelles sensations, d’autant qu’elle accompagne des chants qui parlent essentiellement de la mort, de l’inutilité de la vie, du monde d’ici-bas pervers et rempli de tentations… Abiy Seymoum est un jeune musicien qui a hérité de l’instrument et du répertoire de ses ancêtres. Il chante le jugement dernier, un classique du répertoire. Abiy Seyoum : bagana, chant
10/ Sidi Doshka : Basbara (2’46) Extrait du CD : Basbar. Chants de lutte et autres chansons du peuple Béja, Soudan (Colophon Col.CD112)
Enregistré en 2001 par Eddy Pennewaert
Soudan
Les Béja vivent au nord du Soudan, dans les régions désertiques et montagneuses entre la vallée du Nil et la mer Rouge. Le peuple Béja est en guerre contre le régime islamiste de Khartoum dans le but de créer un Etat fédéral dans lequel les Béja jouiraient de plus d’autonomie et du respect légitime de leur culture et de leur identité. Comme beaucoup de peuples voisins, ils jouent une lyre symétrique quadrangulaire à cinq cordes métalliques qu’on appelle ici basenkob. L’instrument sert à accompagner des chants épiques, des chants de guerre, d’amour, d’éloges ou de funérailles.
Ce chant « Basbara » signifie « braves » et parle de ces jeunes qui ont pris leurs responsabilités, qui sont braves et courageux et qui défendent leurs terres avec courage. Sidi Doshka : voix, basenkob ; Ahmed Adam Ahmed, Abu Mohammad Onour, Mohammad Osman Onour, Mohammad Ahmed Tahir & Youssef Mohammad Tahir : chœurs
11/ Jérôme Ettinger : Nessma (3’40) Label Togezer Productions, enregistré et mixé par Jérôme Ettinger
Egypte
A l’opposé de l’oud, en plein cœur des musiques populaires, la clarinette en roseau, l’arghul, est tout un symbole de ces musiques du Nil, celles que nous ont fait découvrir les musiciens du Nil. Un instrument trop peu connu, en danger peut-être, qu’un jeune musicien français a décidé de sauver, contre vents et marées. Jérôme Ettinger travaille avec des musiciens Egyptiens pour proposer une lecture nouvelle de leurs musiques, entre tradition et musique du monde.
Jérôme Ettinger : clarinette arghul, composition & arrangement
Le NIL - CD 2 (11 pièces) 1/ Salamat : Nuba noutou (6’16)
Extrait du CD : Salamat. Nubiana (Piranha CD-PIR1044) Haute Egypte (Nubie)
Parmi les artistes du renouveau de la musique nubienne il faut remarquer le groupe Salamat qui comprend le percussionniste Mahmoud Fadl et de nombreux musiciens venus au Caire pour y participer à la création d’une nouvelle musique urbaine aux accents profondément nubiens. Dans cette chanson, composée par Fathi Malik et arrangé par Mahmoud D-Fald, la voix de Farah El Masri nous parle du sol de la Nubie célèbre pour sa fertilité et ses dattes. S’en suit une liste de nombreux villages nubiens dont la plupart sont aujourd’hui ensevelis sous les eaux.
Farah El Masri : voix ; Salamat : voix & musique
2/ Aïcha Redouane & Ensemble Al-Adwâr : Sabah es-sabâh / Le jour se lève (4’54) Extrait du CD : Aïcha Redouane : Arabesques vocales (Institut du Monde Arabe 321015)
Le Caire
La musique « classique » égyptienne est au carrefour des musiques d’art des pays arabes. On retrouve, dans cette interprétation de la chanteuse Aïcha Redouane, un excellent condensé de cette musique raffinée. Sur un accompagnement d’un petit orchestre appelé takht, la chanteuse se livre à une improvisation vocale qui, après l’introduction ou taqsim (joué sur la cithare qanoun), se livre d’abord à un layali, variations autour d’un maqam (mode de la musique arabe) sans rythme marqué par les paroles. Vient ensuite le poème ou mawwâl en dialecte égyptien, une forme poétique qui laisse le chanteur libre d’improviser autour du texte sur le mode choisi. Il s’agit d’une poésie décrivant un rendez-vous au lever du jour. Les jeunes filles se rendent à la source pour puiser l’eau et seule la bien-aimée arrive en retard. Aïcha Redouane : voix ; Ensemble Al-Adwâr : Salah El-Din Mohamed : qanoun ; Brahim Meziane El-Otmani : oud ; Farhat Bouallagui : violon ; Habib Yammine : riqq
3/ Mohammed Gubara : Guroosh edjin / Devil’s money (7’05) Extrait du CD : Sounds of Sudan (World Circuit WCD018)
Soudan
Khartoum, ville des deux Nils accueille les chantres de nombreuses populations. Mohamed Gubara vient du Nord du Soudan. Il chante et joue la lyre tambur dont joue son peuple, les Shaigiyya. Il a rejoint la capitale en 1970 et est devenu interprète des poètes de sa communauté. Cette chanson fustige ceux qui veulent quitter le pays à la recherche d’un travail en Libye ou dans le Golfe : « Ils y perdent leur dignité et courent après l’argent du démon ». Mais le poème respecte aussi ce migrant, sa souffrance et son isolement loin de son pays : « Oh mon pays, ton souvenir est dans mon cœur, je suis ton fils mais j’ai franchi les mers et je suis tombé dans l’isolement et les drogues, j’ai tant pleuré que mes larmes sont devenues des pierres ». Mohammed Gubara : voix, tambur
4/ Alèmayèhu Eshèté : Yèwèyn harègitu / Vigne grimpante, belle plante (3’44) Extrait du CD : Ethiopiques 9. Alèmayèhu Eshèté (Buda 82983-2)
Enregistré en 1971
Ethiopie
Si les lyres éthiopiennes nous mènent à d’évidentes comparaisons avec les populations vivant au bord du Nil, ou plus précisément des Nil. Les musiques populaires d’Addis Abeba forcent également l’admiration et suscitent des pistes de comparaisons avec les musiques urbaines du Soudan ou de l’Egypte. Non parce qu’elles se ressemblent mais parce qu’elles sont toutes originales, dynamiques, inventives et parce qu’elles ont réussi à maintenir le lien avec une culture locale et une identité précise. Alèmayèhu Eshèté est une des grandes voix de cette musique soul, ou cet ethio-jazz, si prolifique pendant les années 70. Ce n’est pas un hasard si on le compara à James Brown ou même à Elvis Presley. Ce chanteur, qui grava plus de trente 45 tours, avait un don particulier pour de torrides chansons d’amour comme celle-ci où il supplie celle qui le trompe de revenir vers lui ; le tout avec d’étonnants effets de gorge. « Viens, je t’en supplie, sinon je meurs et si je meurs, tu ne pourras venir sur ma tombe –
je n’oublierai pas ce que tu m’as fait » Alèmayèhu Eshèté : voix ; Girma Bèyènè : piano ; Tèsfa-Maryam Kidané : saxophone tenor ; Tamrat « Djoro » Fèrendj : trompette ; Tamrat « Loti » Kèbbèdè : batterie
5/ Koch Schütz Studer & El Nil Troop : Qissa (4’46)
Extrait du CD : Koch Schütz Studer & El Nil Troop. Heavy Cairo Traffic (Intuition records 3175-2)
Haute Egypte & Suisse
Quand un trio de jazz suisse invite les musiciens du Nil à partager un répertoire et une expérience musicale, on comprend la force de cette musique tsigane des bords du grand fleuve et on ne s’étonne guère du succès international qu’ils ont rencontré. Cette musique de fusion nous montre également l’impact possible des musiques africaines sur la création musicale mondiale. Les musiques du Nil, depuis Khartoum jusqu’au Caire, en passant par les inventions nubiennes, ont prouvé leur dynamisme et leur remarquable créativité, sans cesse en mouvement.
Composition : Hans Koch, Martin Schütz, Shaker Ismail
Hans Koch : clarinette basse ; Martin Schütz : violoncelle, sampling ; Fredy Studer : batterie, percussion ; Nil Troop (El) : Saker Ismail : rababa ; Ragab Sadek, Ismail Haggag & Ihab Abbas : percussions
6/ Saleh Walwali : Dolgidang ayy naafiradam daasci / Je cachais mon amour dans mon cœur (8’44)
Extrait du CD : Al-Nûbatiyya. Chants et tambours de Nubie (Institut du Monde Arabe 321.043)
Enregistré en 1997
Soudan
Les barrages construits dans le monde entier n’ont pas fait couler que de l’eau. Beaucoup d’auteurs, anonymes ou non, ont trempé leur plume dans l’encrier de la chanson pour s’en plaindre. Une chanson du répertoire de la Nubie, territoire partagé entre le sud de l’Egypte et le Soudan, glisse presque discrètement des événements historiques au sein d’une complainte amoureuse. Le chanteur dit, en effet : « En 1946, nous avons été submergés par la crue du Nil. Nos terres ont été inondées. Alors nous nous sommes repliés au bas d’une montagne avec nos troupeaux. Ensuite, lorsque les eaux se sont retirées, nous sommes revenus à nos champs. Notre travail a été de replanter des jardins, des palmiers et des arbres fruitiers. Puis on éleva le grand barrage.
Aussi nous nous sommes retrouvés en larmes lorsque nous avons été confrontés à cette nouvelle situation… » Le chant est dans le style d’appel-et-réponse avec accompagnement du tambour sur cadre târ. Saleh Walwali : direction, chœur et percussion ; Sawsan Mohamad Ali Kurdi, Gisma Atta El Manan, Mouna Ahmed Mohammed : chœur ; Wahba Mohamed Moussa, Mokhtar Mabrouk Fadel Allah, Abdelmajid Mohammad Salah, Babaker Mohammad Aboubaker, Sabet Othman Mohamed, Hassan Ibrahim Ali Ahmad : chœur et percussion
7/ Hussein el Masry : Clé du Nil (2’28) Extrait du CD : Hussein el Masry : récital (MHEL Productions MHEL551)
Le Caire
Hussein el Masry est originaire de la capitale égyptienne. Non content de connaître la tradition classique et le jeu de l’oud, il compose de nombreuses pièces dans le respect des répertoires anciens mais avec une large ouverture sur les autres musiques. Cette Clé du Nil est peut-être, à l’image de son titre, une œuvre à la fois symbolique et simple qui peut évoquer, tant par l’image que par la poésie et la musicalité, toute la richesse des musiques nées ou suggérées sur tous les bords du Nil et de ses affluents. L’oud est cet indispensable lien entre le chant populaire et la musique classique arabe, il est un repère, une sorte de balise dans le déroulement historique de ces musiques et de leurs cheminements entre peuples et cultures. Hussein el Masry s’en sert adroitement pour créer une musique vivante et pourtant ancrée dans l’histoire. Hussein El Masry : composition & oud
8/ Les Musiciens du Nil : Zarhat el Louxor / Rose de Louxor (8’23)
Extrait du CD : Les Musiciens du Nil (Ocora C550006)
Haute Egypte
Dans la région de Louxor, les musiciens du Nil maintiennent la tradition des populations tsiganes d’Egypte. Avec la vièle rababa, la clarinette arghul, la flûte souffara, les hautbois mizmar et les percussions, ils accompagnent les anciennes épopées (la geste hilalienne) et le chant populaire de Haute-Egypte, le chaabi de Sa’idi. Cette pièce instrumentale est menée par le charismatique leader des Musiciens du Nil, le joueur de rababa Metqâl Qenaoui. Ce musicien et son groupe ont été choisis par le gouvernement pour représenter les traditions populaires égyptiennes à l’étranger. Tous ces musiciens font partie de castes de professionnels de la musique, liés à des clans tsiganes venus s’établir en Egypte dès le XIe siècle. Les Musiciens du Nil, tous issus de la région de Louxor, ont eu un succès énorme sur les scènes du monde depuis une trentaine d’années. Des artistes comme Sun Ra ou Keith Jarrett en ont ouvertement souligné le talent. Metqâl Quenanoui Metqâl : rababa ; Chamandi Tewfick Metqâl : rababa ; Mohammed Mourad Metgali : rababa ; Fawzy Hafiz : souffara ; Abdel Rhani : dûf ; Saïd Mohammed Aly : darabouka
9/ Sèyfu Yohannès : Tezeta (5’22) Extrait du CD : Ethiopiques 1. L’âge d’or de la musique éthiopienne moderne (Buda 829521-2)
Enregistré en 1970
Ethiopie
Sèyfu Yohannès n’a fait partie que très brièvement du mouvement de la musique moderne qui secoua Addis Abeba dans les années 60 et 70. Mort à 26 ans, ce chanteur enregistra très peu. Il fut le chanteur du groupe Soul Ekos que l’on entend ici dans une interprétation d’un titre qui revient souvent tout simplement parce que Tezeta signifie « mélancolie », « spleen », « nostalgie » et qu’au nom de ce sentiment on est souvent prêt à faire n’importe quoi et, en tout cas, à chanter des ballades aux relents de blues. « La nostalgie consume ma mémoire,
je suis tellement amoureux que je pourrais commettre des folies » Sèyfu Yohannès & Soul Ekos : voix, sax ténor, trompette, batterie, guitare, basse, piano
10/ Iganitiyo Ekacholi : Elosi aberu akipore imaniti abiro (2’35) Extrait du CD : Secular music from Uganda 1950 & 1952 (Sharp Wood Productions SWP024)
Enregistrement de Hugh Tracey
Ouganda
Le groupe Teso, de langage nilotique, vit à l’est de l’Ouganda, dans la région du Nil Victoria. Le chanteur s’accompagne sur la harpe adedeu tandis que les autres participants jouent quelques percussions et une corne. On est encore dans ces territoires ou harpes et lyres sont les instruments types de l’accompagnement d’une chanson sociale. Cette chanson fait partie du répertoire typique des chanteurs africains qui se servent de cette expression pour faire des commentaires sociaux. « Quelle que soit l’habileté d’une femme à la cuisine, son mari n’est jamais satisfait ». Iganitiyo Ekacholi : harpe adedeu, chant
11/ Egyptian Project : Warda Warda
Label Togezer Productions, enregistré et mixé par Jérôme Ettinger
Mawwâl (2’26)
Takasim kawala (2’50)
Takasim rababa (2’15)
On retrouve ici le jeune Français Jérôme Ettinger et en collaboration avec le musicien et chanteur égyptien Sayed Emam. Le musicien joue ici un takasim sur le kawala, flûte traditionnelle oblique.
Salama Metwaly joue un takasim sur le petit violon populaire rababa, un des instruments emblématiques des musiciens du Nil.
Sayed Emam : voix, kawala ; Salama Metwaly : rababa, Jérôme Ettinger : programmation