Laurent Bardainne & Tigre d’Eau Douce

Hymne au Soleil
Sortie le 28 janvier 2022
Label: Heavenly Sweetness
Après Love Is Everywhere, Laurent Bardainne emporte son Tigre d’Eau Douce dans une exploration dédiée à l’astre du jour. Arnaud Roulin (complice de Bardainne dans Thomas de Pourquery Supersonic et feu Poni Hoax) à l’orgue Hammond, Sylvain Daniel (Camélia Jordana et l’ONJ) à la basse, Philippe Gleizes à la batterie, Roger Raspail aux percussions :  c’est avec le même quartet de fidèles qu’il a écrit ces nouvelles aventures félines. Le saxophone mat de Bardainne laissant les grands noms du jazz spirituel faire écho dans ses clés, le compas musical ouvert depuis le hip hop jusqu’aux rythmes africains, de Pharoah Sanders jusqu’à Kruhangbin et Sault, Hymne Au Soleil (hommage à la composition du même nom de Lili Boulanger) guide le Tigre dans un voyage onirique et cinématographique. Vers une soul rétro futuriste où synthétiseurs et chœurs féminins s’invitent, eux aussi, à briller dans les rayons solaires.
Aux commandes de son biplan, la carlingue personnalisée d’une peinture reproduisant le coup d’une patte à quatre griffes, Laurent Bardainne l’avait enfin retrouvé. Lui dont il avait perdu la trace à la faveur d’une escapade chimérique à travers plaines et forêts.

Robe orange rayée de noir. Vif, rapide, bondissant. Dans l’immaculé doré du désert noyé de soleil, sa silhouette gracieuse se dessinait distinctement. Le Tigre d’Eau Douce.

Par une mélodie de saxophone ténor captivante, de celles auxquelles il le savait réceptif, Bardainne lui signala sa présence depuis les airs. Même précédé par sa réputation, le super prédateur reste toujours à l’affût. La venue de son maître, il l’avait anticipée depuis quelques mesures déjà, depuis qu’il avait perçu, portés par les vents, les rythmes africains qui secouaient la mécanique de l’engin volant.

Sûr de son fait et de la route à emprunter dans cette infinité ocre, l'œil brillant de malice d’avoir repéré l’ombre qui allait accompagner son effort, le Tigre entama sa course. Et toute la physionomie de ce qui jusque-là ressemblait à un désert changea alors.

Déblayée par les grooves organiques et le souffle de l’orgue Hammond, la voie s’ouvrait au Tigre à mesure qu’il progressait. Ses pattes s’enfonçaient dans les profondeurs du jazz pour en ressortir couvertes de soul, l’écume filait depuis ses babines, laissant dans sa traîne sablée des cristallisations hip hop.

Dans cette émulation à l’esthétique seventies sophistiquée, où ses crocs saillants ne reflétaient plus que la lumière du saxophone, les touches de synthétiseurs finissaient même par leur faire entrevoir le futur.

Arrivés à destination, le moteur du biplan secoué de hoquets et suppliant qu’on le refroidisse, Bardainne et son félin haletant se posèrent. Ensemble, ils contemplèrent l’oasis prospère et onirique, habitée par cette musique qui avait accompagné leur périple.

Redoutables pour qui s’égare, les rayons de l’astre solaire étaient devenus ces alliés miraculeux capables de faire naître et renaître la vie.

Et ce n’était peut-être pas le Tigre d'Eau Douce qui l’avait attiré là, mais Laurent Bardainne qui l’avait poussé jusqu’ici...