Laurent Bardainne & Tigre d’Eau Douce

Eden Beach Club
Sortie le 29 mars 2024
Label: Heavenly Sweetness
Difficile de savoir combien de temps dure le voyage. Des heures, des jours, peut-être plus. Une chose est sûre, ici en est le terminus. L’escale finale où tout le monde s’échoue un jour ou l’autre.
Comme une éternité à parcourir des immensités d’eau salée et puis, soudain, ce signe de vie au loin. La flore abondante habille un arrière-plan duquel se détache dans un contraste saisissant une étendue blanche. On la jurerait éclairée par des rampes de spots, seul le soleil lui donne ses couleurs. Ni atmosphère céleste, ni décors de nuages ouatés. Tout n’est finalement que plage, le sable fin qui la délimite provient peut-être de tous les sabliers qui sont venus s’y briser, mais cela n’a aucune importance.
Le panneau EDEN BEACH CLUB qui barre le fronton de la petite construction de rondins et de planches installée là le confirme, ce lieu uniquement rendu accessible par la mer est bien un paradis.
Géographique ou musicale, plus aucune carte ne permet de localiser le lieu. La seule disponible est celle qui détaille les titres de cette playlist infinie et rêvée, proposée par Laurent Bardainne et Tigre d’Eau Douce.

Le bruit des vagues occupe désormais seul l’espace sonore. La chaleur ambiante n’a pas eu raison de la fraîcheur des verres. Ici, on peut fermer les yeux et se laisser bercer par le calme ambiant. Ou enclencher à nouveau la playlist…
1/ L'ARRIVÉE
Au son et rythme des vagues caressant le sable, le piano d’Arnaud Roulin accueille les premiers arrivants. Prenez une table, installez vous confortablement, quelqu’un va venir s’occuper de vous.

2/ WELCOME
Seul le saxophone est, pour le moment, éveillé mais, à ses notes mélodiques, vont bientôt se joindre boucles de clavier, beat et cordes dans cette ôde au lever du soleil. La journée commence bien

3/ SERPENT KAA
La détente est déjà la règle au point que, face à la mer, on en oublierait presque la proximité avec la jungle luxuriante. Les percussions de Fab Baurel Bambi viennent rappeler la présence de cette flore luxuriante, et du pavillon cuivré s’échappe maintenant des notes au charme envoûtant.

4/ EDEN
Balafon et saxophone se tutoient avant de continuer leur conversation sur la basse de Sylvain Daniel. Dans la traîne d’un groove que n’auraient pas désavoué les texans de Khruangbin, et sous l’impulsion des modulations et de nappes de claviers retrofuturistes, le convoi quitte la terre. Ou plutôt le sable blanc.

5/ SINGING
La mélodie enclenche un retour instantané vers l’enfance. Poser son verre, quitter son fauteuil en rotin et se laisser aller à une joie aussi simple que communicative. Bardainne et ses clés exhortent d’abord, et supportent ensuite, l’explosion hédoniste irrépressible

6/ WE TRY
Les caresses vocales de Laëtitia N’Diaye ont réussi à emporter les convives dans les airs. Le saxophone ne souffle pas à pleine puissance, juste ce qu’il faut pour continuer le vol et contempler l’Eden Beach et la canopée. Une expérience.

7/ MEILLEUR
Pluie tropicale, la suite se passe en intérieur. Les couleurs s’assombrissent. Sous la voix de Jeanne Added, le sens d’écoulement des grains s’inverse. Dans ce vortex mélancolique, un typhon nostalgique se déchaîne et agite les parois du haut du sablier.

8/ LUXE, CALME ET VOLUPTÉ
Les chœurs en disent plus que de longues paroles. Tout s’est apaisé. Balayée en surface par le vent que souffle Bardainne, à peine troublée par les gouttes de piano qui y tombent, la mer rythmique de Philippe Gleizes est redevenue d’huile.

9/ GLOBULES ROUGES
Ses habituels riddims jamaïcains désertés, son anglais échangé contre le français ; c’est sur ce rivage battu par une houle de vague à l’âme que Pupajim et le Félin se sont rencontrés. Des pulsations pleines d’espoir malgré le spleen des cordes.

10/ LA MARCHE DES ANIMAUX
Au son des percussions tribales, guidée par l’esprit de Pharoah Sanders, la procession animale majestueuse traverse la plage, imposant de fait le respect de tous. Flûte orientale, percussions tribales, nappes rétro-futuristes, le jazz se dissipe dans la chaleur tropicale.

11/ DANCE FOR ETERNITY
Romain Clission met les curseurs de production en position rock-electro. Les lieux sont devenus une piste de danse où tout n’est plus qu’invitation à danser et à célébrer un moment. Celui d’un coucher de soleil éternel, zébré d’électricité par Laurent Bardainne et Tigre d’Eau Douce.