Katerina Fotinaki
Mixology
Sortie le 10 septembre 2021
Label: Klarthe Records
Après sa longue collaboration avec Angélique Ionatos, après son album personnel Tzitzikia, distingué par la critique*, Katerina Fotinaki dévoile maintenant une facette inédite de son univers musical et poétique. Mixology : comme si elle préparait un cocktail, dont la saveur découle du mélange de ses composants, Katerina Fotinaki sort du périmètre de la chanson poétique grecque, pour réunir avec une grande liberté, avec puissance et élégance, des ingrédients insolites à travers les langues, les styles et les époques. Qu’il s’agisse de compositions originales ou de reprises et métamorphoses inattendues, le fil conducteur demeure la force du verbe poétique, qu’il soit français, anglais ou grec. Pour garantir l’unité de ses compositions, en plus des voix, elle interprète aussi l’ensemble (ou presque) des instruments.
J’éprouve, depuis que je fabrique de la musique, une difficulté à répondre à cette question récurrente : « quel est le genre de votre musique » ? Si je devais alors y répondre absolument quelque chose, je le faisais par périphrases, avec beaucoup d’astérisques et des « oui, mais ». En tant que grecque en France, j’ai été classée dans la catégorie des Musiques du monde ; cela a même pu provoquer des malentendus amusants, puisque le public de festivals où j’étais invitée, s’attendait souvent à entendre du bouzouki et du syrtaki, tandis que moi je leur proposais des mises en musique de poèmes de Odysseus Elytis ou de Dionyssios Solomos. Lorsque j’ai commencé à travailler sur des poésies en d’autres langues, sur des poètes anglais tels que William Blake, des poétesses américaines comme Edna St. Vincent Millay ou françaises comme Louise Labé, et à m’inspirer de musiques d’autres périodes ou styles – médiévale, contemporaine, blues, jazz, punk – j’ai alors compris qu’il était définitivement vain d’essayer de répondre à la question.
Pourtant je l’entends bien cette question, et le besoin d’où elle découle. Pour cela, j’ai décidé d’inviter les auditeurs de ma musique à la considérer de la même façon qu’ils et elles abordent un cocktail : une margarita est une margarita, nous n’avons pas besoin de savoir si elle est composée de tequila ou de brandy, de citron ou de citron vert. Un mojito est un mojito, nul ne commande un « rhum avec glace pilée, sucre de canne, citron vert, menthe poivrée et eau gazeuse ».
Ainsi pour les pièces de ce disque. Certaines viennent d’un mélange d’ingrédients différents qui proviennent d’un besoin profond d’expression : une expression que seuls ces ingrédients pouvaient servir. D’autres pièces sont d’un seul tenant, comme un whisky sec. D’autres constituent toute une histoire avec un début, un milieu et une fin, avec de nombreux ingrédients distincts et des ruptures stylistiques, tel un B52 en trois couches clairement visibles, dans une véritable narration gustative. L’ensemble du disque, avec ses multiples visages, a pour ambition de véhiculer quelques sensations, indépendamment de la langue, du style, de l’instrumentation, de l’époque dont datent certains ingrédients : d’éveiller des souvenirs et de mobiliser l’imagination.
Tel un nouveau cocktail que l’on nous fait goûter sans nous dévoiler par avance ce qu’il y a dedans. Afin de préserver l’unité du disque, j’ai relevé le défi de l’enregistrer seule, en jouant notamment tous les instruments, à l’exception de quelques pièces, enrichies par la participation de Evi Filippou et de Gaspar Claus.
Entre temps, la pandémie est venue confirmer ce choix solitaire. Je vous invite à l’écouter avec les oreilles et les esprits ouverts. À la vôtre !
Katerina Fotinaki
Pourtant je l’entends bien cette question, et le besoin d’où elle découle. Pour cela, j’ai décidé d’inviter les auditeurs de ma musique à la considérer de la même façon qu’ils et elles abordent un cocktail : une margarita est une margarita, nous n’avons pas besoin de savoir si elle est composée de tequila ou de brandy, de citron ou de citron vert. Un mojito est un mojito, nul ne commande un « rhum avec glace pilée, sucre de canne, citron vert, menthe poivrée et eau gazeuse ».
Ainsi pour les pièces de ce disque. Certaines viennent d’un mélange d’ingrédients différents qui proviennent d’un besoin profond d’expression : une expression que seuls ces ingrédients pouvaient servir. D’autres pièces sont d’un seul tenant, comme un whisky sec. D’autres constituent toute une histoire avec un début, un milieu et une fin, avec de nombreux ingrédients distincts et des ruptures stylistiques, tel un B52 en trois couches clairement visibles, dans une véritable narration gustative. L’ensemble du disque, avec ses multiples visages, a pour ambition de véhiculer quelques sensations, indépendamment de la langue, du style, de l’instrumentation, de l’époque dont datent certains ingrédients : d’éveiller des souvenirs et de mobiliser l’imagination.
Tel un nouveau cocktail que l’on nous fait goûter sans nous dévoiler par avance ce qu’il y a dedans. Afin de préserver l’unité du disque, j’ai relevé le défi de l’enregistrer seule, en jouant notamment tous les instruments, à l’exception de quelques pièces, enrichies par la participation de Evi Filippou et de Gaspar Claus.
Entre temps, la pandémie est venue confirmer ce choix solitaire. Je vous invite à l’écouter avec les oreilles et les esprits ouverts. À la vôtre !
Katerina Fotinaki
Katerina Fotinaki est une sorcière. Elle-même le dit. Mais dans son antre, aucune toile d’araignée, aucun oripeau douteux, pas de chauve-souris accrochée au plafond et encore moins de crapauds séchés au milieu des balais. La cabane de Katerina est tapissée de tentures soyeuses, écarlates qui fleurent bon l’origan, le thé anglais et le trèfle marin.
Si vous voulez bien entrer, vous trouverez sur les étagères, pêle-mêle, des recueils de poésie intemporelle venus de Grèce, de Grande-Bretagne, de France ou d’Amérique.
Au sol, comme en attente d’un signe qui les réveillera, des guitares, des percussions, un harmonica, un vibraphone, une batterie, un marimba, un violoncelle, et peut-être même une cigale assoupie sur un lit de feuilles d’automne.
Katerina est une bonne sorcière, car le chaudron qu’elle a choisi est un vase de cristal, où, en alchimiste des sons, elle fabrique ses mélanges, ses compositions.
Le signe, celui du réveil, c’est sa voix, reconnaissable entre toutes, riche de sonorités et d’échos infinis, parfois joueuse, coquine, parfois un peu fâchée, tout de même, ou mélancolique. La voix de Katerina Fotinaki ordonne le faux désordre des morceaux choisis dont elle remplit son vase, C’est sa voix, encore, qui autorise les rencontres, dialogues, chorégraphies des ingrédients nécessaires à la saveur recherchée des sons et des mots mêlés. Cette saveur traverse les siècles, les styles, les genres. En toute liberté.
Katerina, seule, connaît le sens profond des alliages, des mariages et dialogues qui lui viennent et qu’elle peaufine avec art. Elle seule sait pourquoi la habanera de Carmen appelle si intensément la musique manouche. Pourquoi T. S. Elliot ou Louise Labé réclament une musique grecque, et Barbara celle de Peggy Lee.
En bonne sorcière qu’elle est, Katerina Fotinaki laisse vivre son talent de compositrice et d’arrangeuse subtile. Elle ne s’inquiète pas pour les convenances, les imbroglios ou l’incongruité de ses cocktails.
L’insolite n’est pas pour lui déplaire, si le plaisir des sens et la qualité du breuvage sont au rendez- vous. Il suffit d’y tremper les lèvres pour s’en convaincre. Je l’ai fait. C’est divin !
Noëlle Châtelet
Si vous voulez bien entrer, vous trouverez sur les étagères, pêle-mêle, des recueils de poésie intemporelle venus de Grèce, de Grande-Bretagne, de France ou d’Amérique.
Au sol, comme en attente d’un signe qui les réveillera, des guitares, des percussions, un harmonica, un vibraphone, une batterie, un marimba, un violoncelle, et peut-être même une cigale assoupie sur un lit de feuilles d’automne.
Katerina est une bonne sorcière, car le chaudron qu’elle a choisi est un vase de cristal, où, en alchimiste des sons, elle fabrique ses mélanges, ses compositions.
Le signe, celui du réveil, c’est sa voix, reconnaissable entre toutes, riche de sonorités et d’échos infinis, parfois joueuse, coquine, parfois un peu fâchée, tout de même, ou mélancolique. La voix de Katerina Fotinaki ordonne le faux désordre des morceaux choisis dont elle remplit son vase, C’est sa voix, encore, qui autorise les rencontres, dialogues, chorégraphies des ingrédients nécessaires à la saveur recherchée des sons et des mots mêlés. Cette saveur traverse les siècles, les styles, les genres. En toute liberté.
Katerina, seule, connaît le sens profond des alliages, des mariages et dialogues qui lui viennent et qu’elle peaufine avec art. Elle seule sait pourquoi la habanera de Carmen appelle si intensément la musique manouche. Pourquoi T. S. Elliot ou Louise Labé réclament une musique grecque, et Barbara celle de Peggy Lee.
En bonne sorcière qu’elle est, Katerina Fotinaki laisse vivre son talent de compositrice et d’arrangeuse subtile. Elle ne s’inquiète pas pour les convenances, les imbroglios ou l’incongruité de ses cocktails.
L’insolite n’est pas pour lui déplaire, si le plaisir des sens et la qualité du breuvage sont au rendez- vous. Il suffit d’y tremper les lèvres pour s’en convaincre. Je l’ai fait. C’est divin !
Noëlle Châtelet