Kananayé
Kananayé
Sortie le 22 novembre 2024
Label: Tzig'Art
Dans les rues du Burkina Faso, résonne à tout bout de champ « ka nana ye », qui signifie « c’est pas facile », tout en sous-entendant que ça va aller. Avec l’album Kananayé, dont le titre reprend cette philosophie populaire, ça ne peut qu’aller. Son multiculturalisme fondateur, ses paroles conscientes, ses traditions enchevêtrées et son ancrage contemporain sont même des propriétés indispensables par les temps qui courent, alors que l’optimisme est devenu une vertu de survie. C’est pas facile, mais ça va aller. À condition de s’en donner les moyens bien sûr, en enjambant les frontières quand d’autres veulent les fermer. Clotilde Rullaud, Abdoulaye Traore, Achille Nacoulma, Seydou Diabate et Boubacar Djiga, les auteurs de Kananayé, s’y emploient.
Dans les rues du Burkina Faso, résonne à tout bout de champ « ka nana ye », qui signifie « c’est pas facile », tout en sous-entendant que ça va aller. Avec l’album Kananayé, dont le titre reprend cette philosophie populaire, ça ne peut qu’aller. Son multiculturalisme fondateur, ses paroles conscientes, ses traditions enchevêtrées et son ancrage contemporain sont même des propriétés indispensables par les temps qui courent, alors que l’optimisme est devenu une vertu de survie. C’est pas facile, mais ça va aller. À condition de s’en donner les moyens bien sûr, en enjambant les frontières quand d’autres veulent les fermer. Clotilde Rullaud, Abdoulaye Traore, Achille Nacoulma, Seydou Diabate et Boubacar Djiga, les auteurs de Kananayé, s’y emploient.
Le projet franco-burkinabé a germé à Bobo-Dioulasso, en 2019, à l’occasion du festival Badara, organisé par le musicien Koto Brawa qui prône un enrichissement mutuel des artistes nationaux et étrangers. La chanteuse et flûtiste Clotilde Rullaud y est invitée pour participer à un temps de recherche, suivi d’une restitution. Longtemps immergée dans le jazz new-yorkais, improvisatrice aguerrie, elle est avide d’expériences et elle se passionne pour les musiques ouest-africaines de tradition orale, indissociables des cérémonies comme les mariages et les enterrements. Pendant toute la semaine, puis lors de la création finale, elle collabore notamment avec les pointures que sont Abdoulaye « Debademba » Traore (guitares) et Achille Nacoulma (batterie, percussions, voix). Lors des jams interminables qui prolongent chaque soirée du festival jusqu’au bout de la nuit, une alchimie se produit, dans les effluves de poulet bicyclette arrosé de bières Brakina. La magie qui opère est propre aux coups de foudre musicaux : le trio fusionne comme une évidence et se met vite d’accord pour étoffer ses orchestrations. C’est la raison de sa métamorphose en quintet, avec l’apport de Seydou « Kanazoe » Diabate (balafon, percussions, voix) et Boubacar « Papa » Djiga (kundé, percussions). Tous sont des instrumentistes de premier plan, la plupart engagés dans des carrières internationales à la tête de leurs propres formations, bien connus du public et dans les studios de Bobo à Ouagadougou, autant que dans la diaspora. Virtuoses, aussi brillants mélodistes que rythmiciens, ils héritent des griots et ils perpétuent les innombrables traditions régionales. Quant à Clotilde Rullaud, elle a pratiqué des techniques vocales du monde entier, dans une foule de projets allant du folk à l’avant-garde. Pris séparément, les cinq membres du groupe possèdent tous plusieurs cordes à leur arc ; ensemble, leur terrain de jeu est immense.
Cette dream team n’aurait jamais été assemblée sans de solides liens d’amitié, voire d’humanité. Des liens assez serrés pour résister à la crise sanitaire, laquelle a ralenti le démarrage du projet. Le quintet a ensuite entamé sa marche, ponctuée de concerts et résidences, notamment en 2022 à l’Institut français de Bobo-Dioulasso. Il a affiné sa formule, de toute façon plus spontanée que conceptualisée, et il a entériné collectivement les premières compositions et leurs arrangements. Dès sa création, le quintet a notamment eu l’intuition que l’association du balafon et de la guitare serait féconde, à la façon des couples orgue-guitare ayant émaillé l’histoire du jazz. Entre Seydou Diabate et Abdoulaye Traore, les échanges sont d’autant plus prolifiques qu’ils peuvent endosser diverses fonctions, à tour de rôle ou concomitamment : entrelacs mélodiques, improvisations ou pulsation métrique, tout leur est permis. Sous les doigts de Boubacar Djiga, les basses du kundé (le n’goni en langue moré) propulsent l’équipage en compagnie d’Achille Nacoulma qui déploie un éventail de percussions sur des rythmes traditionnels ouest-africains, trésors des peuples Mossi, Toussian, Banmana ou du Wassoulou, jusqu’au blues sahélien. Quant aux paroles, elles racontent des scènes du quotidien autant qu’elles sollicitent des réflexions sur l’époque, tantôt en français, moré, dioula ou anglais, des langues parfois mixées dans l’argot des rues de Bobo : « Were were Mousso / Chauffer the show, chauffer the show », chante Clotilde Rullaud (A chauffer).
Kananayé a été enregistré par Peter Soldan aux Dada Studios à Bruxelles, par Kaskade au Studio Hanou à Bobo-Dioulasso, puis mixé et masterisé à New York. Il est formé de sept compositions originales, en plus d’une reprise du traditionnel américain Sea Lion Woman que sublima Nina Simone. De la ballade à la transe, raffinées et lumineuses, ces chansons se projettent dans les musiques actuelles tout en étant profondément enracinées. Le projet tisse les fils de plusieurs traditions et tresse les pratiques rurales séculaires avec les tendances des grandes métropoles modernes. Tantôt vibrant, poignant ou festif, toujours solaire, l’album respire la joie que ses participants éprouvent de jouer ensemble. Mais le groupe est aussi foncièrement militant, puisque ses cinq membres proclament leur multiculturalisme et célèbrent la beauté des métissages. Ils revendiquent aussi la liberté des artistes du monde entier de se déplacer, de se rencontrer et de créer, à une époque où la délivrance des visas est entravée par des politiques nationalistes. Décidément, « ka nana ye » ! C’est pas facile, mais ça va aller.
Le projet franco-burkinabé a germé à Bobo-Dioulasso, en 2019, à l’occasion du festival Badara, organisé par le musicien Koto Brawa qui prône un enrichissement mutuel des artistes nationaux et étrangers. La chanteuse et flûtiste Clotilde Rullaud y est invitée pour participer à un temps de recherche, suivi d’une restitution. Longtemps immergée dans le jazz new-yorkais, improvisatrice aguerrie, elle est avide d’expériences et elle se passionne pour les musiques ouest-africaines de tradition orale, indissociables des cérémonies comme les mariages et les enterrements. Pendant toute la semaine, puis lors de la création finale, elle collabore notamment avec les pointures que sont Abdoulaye « Debademba » Traore (guitares) et Achille Nacoulma (batterie, percussions, voix). Lors des jams interminables qui prolongent chaque soirée du festival jusqu’au bout de la nuit, une alchimie se produit, dans les effluves de poulet bicyclette arrosé de bières Brakina. La magie qui opère est propre aux coups de foudre musicaux : le trio fusionne comme une évidence et se met vite d’accord pour étoffer ses orchestrations. C’est la raison de sa métamorphose en quintet, avec l’apport de Seydou « Kanazoe » Diabate (balafon, percussions, voix) et Boubacar « Papa » Djiga (kundé, percussions). Tous sont des instrumentistes de premier plan, la plupart engagés dans des carrières internationales à la tête de leurs propres formations, bien connus du public et dans les studios de Bobo à Ouagadougou, autant que dans la diaspora. Virtuoses, aussi brillants mélodistes que rythmiciens, ils héritent des griots et ils perpétuent les innombrables traditions régionales. Quant à Clotilde Rullaud, elle a pratiqué des techniques vocales du monde entier, dans une foule de projets allant du folk à l’avant-garde. Pris séparément, les cinq membres du groupe possèdent tous plusieurs cordes à leur arc ; ensemble, leur terrain de jeu est immense.
Cette dream team n’aurait jamais été assemblée sans de solides liens d’amitié, voire d’humanité. Des liens assez serrés pour résister à la crise sanitaire, laquelle a ralenti le démarrage du projet. Le quintet a ensuite entamé sa marche, ponctuée de concerts et résidences, notamment en 2022 à l’Institut français de Bobo-Dioulasso. Il a affiné sa formule, de toute façon plus spontanée que conceptualisée, et il a entériné collectivement les premières compositions et leurs arrangements. Dès sa création, le quintet a notamment eu l’intuition que l’association du balafon et de la guitare serait féconde, à la façon des couples orgue-guitare ayant émaillé l’histoire du jazz. Entre Seydou Diabate et Abdoulaye Traore, les échanges sont d’autant plus prolifiques qu’ils peuvent endosser diverses fonctions, à tour de rôle ou concomitamment : entrelacs mélodiques, improvisations ou pulsation métrique, tout leur est permis. Sous les doigts de Boubacar Djiga, les basses du kundé (le n’goni en langue moré) propulsent l’équipage en compagnie d’Achille Nacoulma qui déploie un éventail de percussions sur des rythmes traditionnels ouest-africains, trésors des peuples Mossi, Toussian, Banmana ou du Wassoulou, jusqu’au blues sahélien. Quant aux paroles, elles racontent des scènes du quotidien autant qu’elles sollicitent des réflexions sur l’époque, tantôt en français, moré, dioula ou anglais, des langues parfois mixées dans l’argot des rues de Bobo : « Were were Mousso / Chauffer the show, chauffer the show », chante Clotilde Rullaud (A chauffer).
Kananayé a été enregistré par Peter Soldan aux Dada Studios à Bruxelles, par Kaskade au Studio Hanou à Bobo-Dioulasso, puis mixé et masterisé à New York. Il est formé de sept compositions originales, en plus d’une reprise du traditionnel américain Sea Lion Woman que sublima Nina Simone. De la ballade à la transe, raffinées et lumineuses, ces chansons se projettent dans les musiques actuelles tout en étant profondément enracinées. Le projet tisse les fils de plusieurs traditions et tresse les pratiques rurales séculaires avec les tendances des grandes métropoles modernes. Tantôt vibrant, poignant ou festif, toujours solaire, l’album respire la joie que ses participants éprouvent de jouer ensemble. Mais le groupe est aussi foncièrement militant, puisque ses cinq membres proclament leur multiculturalisme et célèbrent la beauté des métissages. Ils revendiquent aussi la liberté des artistes du monde entier de se déplacer, de se rencontrer et de créer, à une époque où la délivrance des visas est entravée par des politiques nationalistes. Décidément, « ka nana ye » ! C’est pas facile, mais ça va aller.