Kamilya Jubran & Sarah Murcia

Nhaoul’
Sortie le 29 Janvier 2013
Label : Accords Croisés
Kamilya Jubran, chanteuse et oudiste palestinienne, et Sarah Murcia, contrebassiste adepte de la ligne claire, ont longtemps songé à croiser leurs univers et leurs langages respectifs. Avec « Nhaoul’ », elles ont trouvé la formule magique pour donner libre cours à leurs cordes sensibles sur un terrain de jeu patiemment construit.

- Kamilya Jubran : oud et voix
- Sarah Murcia : contrebasse
- Marion Brizemur : alto
- Catherine Debrouker : violon
- Christine Krauz : violoncelle
Kamilya Jubran, chanteuse et oudiste palestinienne, et Sarah Murcia, contrebassiste adepte de la ligne claire, ont longtemps songé à croiser leurs univers et leurs langages respectifs. Avec « Nhaoul’ », elles ont trouvé la formule magique pour donner libre cours à leurs cordes sensibles sur un terrain de jeu patiemment construit.

Leur première rencontre date de 1998, quand Sarah a intégré Sabreen, groupe novateur symbole de la Palestine dont Kamilya était la chanteuse vedette, pour un disque et une tournée de concerts. Cette aventure est devenue le nœud d’un échange humain et artistique régulier : la Palestinienne, décidée à jouer du oud et à s’installer en Europe en quête d’une voie musicale originale entre traditions arabes et éléments contemporains, et la contrebassiste française, ouverte à toutes les expériences de la pop, du jazz et de l’improvisation, d’Higelin à Elysian Fields en passant par Magic Malik et son quartette « Caroline », saisissaient toutes les occasions de collaborer ensemble. En fait, entre les deux musiciennes, l’envie était grande d’un véritable projet commun. Mais comment arriver à créer de la musique ensemble avec des parcours et des modes de jeu si séparés, sans que l’une se plie aux exigences de la musique de l’autre, et au-delà d’une simple superposition ?

Au fil de plusieurs années de réflexion et d’apprentissage mutuel, le duo a fini par trouver les réponses à ses ambitions. D’abord en travaillant à se créer un langage commun : Sarah Murcia s’est fait un devoir d’apprendre à jouer les quarts de ton des gammes orientales et à mémoriser les longues phrases labyrinthiques -de tradition orale- de règle dans le mode arabe : sa contrebasse seule déroule de façon impressionnante le titre Hayati, dawr de forme classique du chant arabe écrit par le maître égyptien Sayed Darwich, l’un des compositeurs préférés de Kamilya. Laquelle, de son côté, a entrepris d’intérioriser les modes à transposition limitée et les structures rythmiques complexes (asymétrie, polyrythmie) en suivant les suggestions de Sarah : la Suite Nomade 2, entièrement composée à deux, brouille les pistes à un point troublant, au-delà de tout repère.

La base du duo repose sur une convergence musicale et esthétique étonnante, qui s’est solidifiée en approfondissant plusieurs compositions de Kamilya sur des poèmes - en prose, pour laisser à l’oud une totale liberté rythmique et mélodique.

Les textes sont forts, choisis chez des poètes contemporains ou, pour la Suite Nomade, extraits d’un recueil de poésies bédouines des déserts du Sinaï et du Negev et chantés en dialecte.

« Nhaoul’ », d’abord créé sur les scènes de l’ARC de Rezé et de la Dynamo de Banlieues Bleues, n’a pas fini de surprendre son monde. Au fait, « Nhaoul’ », en arabe, désigne le « métier à tisser », plus précisément le châssis sur lequel se tendent et s’entrecroisent les fils pour fabriquer le tissu. Ici, pas de doute, la trame est solide.