Fred Nardin

Look Ahead
Sortie le 1er Mars 2019
Label : Naïve
Deux ans après la révélation « Opening » couronné du prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz, Fred Nardin est de retour avec le contrebassiste Or Bareket et le batteur Leon Parker pour le deuxième album du Fred Nardin Trio : « Look Ahead » .
Deux ans après la révélation « Opening » couronné du prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz, Fred Nardin est de retour avec le contrebassiste Or Bareket et le batteur Leon Parker pour le deuxième album du Fred Nardin Trio : « Look Ahead » .

« Jouez intelligent et soulful, aussi loin que vous le pouvez, et le swing deviendra cette force puissante et subtile. Il faut se consacrer pleinement à ce but, et de manière exclusive ». Mulgrew Miller, DownBeat Magazine.

Pianiste nourri d’histoire(s) et de tradition, Fred Nardin n’a qu’un seul but dans la vie : jouer du mieux qu’il peut pourvu que ça swingue. Sage mais déterminé, passionné et passionnant dès qu’il s’agit d’aborder les grands maitres - Kenny Barron, McCoy Tyner ou Mulgrew Miller – Fred Nardin se rapproche un peu plus chaque jour de son objectif, et « Look Ahead » en est la preuve éclatante.

Co-fondateur de l’Amazing Keystone Big-Band, sideman de choix pour Cecile McLorin Salvant, Jacques Schwarz-Bart, Natalia M.King, Stefano Di Battista, Jesse Davis et Gaël Horellou, animateur régulier des « After-Hours » du Duc Des Lombards à Paris : Fred Nardin est partout où le jazz se fait, mais c’est avec le trio de l’album « Opening » qu’on l’a vraiment découvert en 2017. A la contrebasse : Or Bareket, un jeune espoir new-yorkais élevé entre Buenos-Aires et Tel-Aviv. Et à la batterie, une référence : l’immense américain Leon Parker.

"La mélodie au centre du trio" Télérama

"Fred Nardin place la barre très haut, un jeu détonnant" Libération

"Du swing, de la profondeur, beaucoup d’humilité et déjà l’audace d’un petit géant." JazzNews

« J’avais cette idée en tête depuis longtemps, raconte Fred Nardin. Je savais que pour jouer avec Leon il fallait avoir la maturité nécessaire et des choses à dire pour faire quelque-chose d’abouti. A 30 ans je me suis dit : c’est le moment ».

Rencontré dans la cave du Sunset/Sunside à Paris en 2008, Fred Nardin retrouve Leon Parker à New-York en 2016. « Il m’a présenté à Or dans son appartement de Harlem, et là, dès qu’on a joué les premières notes, j’ai su qu’on irait jusqu’au bout » ! Points cardinaux de ce trio instantané : le time, l’envie, le plaisir et un goût certain pour la tradition. « On aime quand ça swingue. Que ça swingue vraiment bien, que ça ne rigole pas ! »

Si l’osmose avec Or Bareket est exemplaire, c’est bien la relation quasi filiale entre Leon Parker et Fred Nardin qui fait la différence. « Leon a joué avec Mulgrew Miller et Kenny Barron et j’ai beaucoup écouté ses disques avec Jacky Terrasson. La transmission se fait par-là. L’avoir dans le trio c’est génial mais il faut être présent, lui donner du répondant, sinon tu te fais bousculer. Leon est très exigeant, très charismatique, il m’a énormément appris. On a passé des semaines entières à travailler sur le mental, être dans la musique à chaque instant : connectés. Au départ il me débriefait après chaque répétition ou concert, ça n’a pas été simple mais c’était très constructif. A un tel niveau ce n’est plus un jeu ! Quand tu es sur scène, tu es sur scène. Il n’y a pas de bullshit ».

Pour qu’un groupe fonctionne et que la musique soit d’un bon niveau il faut la jouer. Après la tournée « Opening » en 2017-2018, Fred Nardin, Leon Parker et Or Bareket remettent immédiatement le couvert au Studio de Meudon avec Erwan Boulay à la console. Même lieu, même équipe en mode plus loin, plus haut, plus fort. « On est en famille. Ce qui me touche c’est l’idée de développer un son, que l’on puisse dire : c’est ce trio. Ce qui a été réussi sur Opening je le garde. Le reste, j’essaie de l’améliorer. Entre les deux il y a eu les concerts : c’est plus tight, ça prend plus de risque, c’est plus espiègle » !

En deux jours, le trio a gravé onze morceaux dont un solo par musicien, dans une ambiance live et spontanée. « Ils se sont mis en mode concert, il y avait la motivation et ils ont tout enchaîné » raconte Erwan Boulay. D’où l’impression de fraîcheur, d’émulation et d’urgence qui se dégage de « Look Ahead », qui répond effectivement à l’ambition de départ : plus précis, plus joueur, encore plus élégant. Il y a cette écriture de Fred Nardin dans la grande tradition des standards (« Just Easy », « Memory Of T. »), cet interplay phénoménal qui traverse « One Finger Snap » d’Herbie Hancock pris sur un tempo démentiel, l’intelligence d’un pianiste, le lyrisme de la contrebasse et le jeu de ride exceptionnel d’un batteur, capté par un ingénieur du son qui a cherché, lui aussi, à approcher l’émotion au plus près, « comme s’il y avait un micro au bout de ses baguettes ».

Si « Opening » fût une révélation, « Look Ahead » passe brillamment le cap de l’épisode deux. Depuis, Fred Nardin, Or Bareket et Leon Parker se sont déjà retrouvé à New-York pour préparer la suite d’une aventure peu commune dans le Jazz d’aujourd’hui : Creuser encore et encore le même sillon, jusqu’à trouver la vérité de la musique. Comme avait coutume de le dire, bien avant eux, un certain Mulgrew Miller.

BIOGRAPHIE

Le Jazz est une langue formidable. Elle permet à un gamin né en 1987 dans une petite ville de Bourgogne de rencontrer un géant né au pays du Blues, à Greenwood, Mississippi il y a plus de soixante ans. Le gamin c’est Fred Nardin. Et le géant Mulgrew Miller, le plus mésestimé des pianistes de Jazz, un type qui a joué avec Art Blakey, Woody Shaw, Tony Williams et tiré sur le même fil qu’Oscar Peterson. « Il était grand, avec des mains immenses ! Un géant sur scène et dans la vie ». Voilà comment on fait le trait d’union entre le Bradley’s à New-York et Chamilly, à vingt kilomètres de Chalon-sur-Saône.

Élevé dans les années 1990, Fred Nardin, c’est un peu la génération Y prise à rebours, le Millenial qui filerait en sens contraire : « Mon père avait un orchestre de bal qui tournait dans la région et ma mère m’emmenait le voir les samedis soir et les dimanches après-midi. J’adorais ça ! Et puis un jour, j’ai demandé à mes parents de faire du piano ». Lorsqu’il découvre le Jazz, Fred Nardin en fait une véritable obsession : « J’écoutais et ne lisais plus que ça. Du matin au soir, faire du piano, relever des phrases et des solos d’instrumentistes ». Entre ses premières leçons de piano Classique et de Boogie puis son entrée au conservatoire, le garçon prend les choses par le bon bout : Armstrong, Ellington et Basie avant Roy Hargrove et Michel Petrucciani. « J’ai eu la chance d’apprendre dans le sens de l’Histoire, la manière dont on devait jouer cette musique ». Un chemin bien balisé qui le mène jusqu’à McCoy Tyner, Herbie Hancock, Kenny Barron (« la synthèse de tout ce que j’aimais bien »), Tommy Flanagan, Hank Jones, Red Garland et Cedar Walton… sans oublier Mulgrew.

Après avoir fait ses gammes au conservatoire de Chalon, Fred Nardin entre au CNSM de Paris en 2007, l’année de ses 19 ans. C’est le saxophoniste Sylvain Beuf qui lui a mis le pied à l’étrier. Il en sortira diplômé en 2011. Entre-temps, Nardin sillonne les clubs de sa région : l’Arrosoir à Chalon, le Crescent de Mâcon, le Hot-Club et la Clef-de-Voûte à Lyon où s’enhardissent les futurs membres de l’Amazing Keystone Big Band : Jon Boutellier (saxophone), Bastien Ballaz (trombone), David Enhco (trompette) et tous les autres. « A l’origine, nous avions formé un petit combo de jams afin d’animer les brasseries lors du festival Jazz à Vienne. C’était un peu une blague au début, mais ça a matché et c’est devenu le noyau dur d’un big-band ! On s’est dit qu’on pourrait mettre à profit tous ces arrangements qu’on travaillait avec François Théberge au CNSM de Paris, et on a commencé à les jouer à la Clef-de-Voûte les lundis soirs, avec d’autres scores écrits tout spécialement pour l’occasion, un peu comme le fait l’orchestre-maison du Village Vanguard à New-York ». Aujourd’hui, l’AKBB donne plus de 40 concerts par ans, de « Pierre et le Loup... et le Jazz » à « We Love Ella ». « C’est formateur. Un bagage énorme pour apprendre à composer, arranger, travailler la forme des morceaux et mener des projets ».

A Vienne, c’est le programmateur Jean-Pierre Vignola qui met la bande sur la piste de Cecile McLorin Salvant, une jeune chanteuse franco-américaine qui va remporter le prestigieux concours Thelonious Monk aux États-Unis. « On est allé la voir au Duc Des Lombards avec Jon Boutellier et on a été scotché. C’était impressionnant. Avec Patrick Maradan (contrebasse) et Romain Sarron (batterie), on l’a accompagné sur les concerts puis la promo de son disque Woman Child. Pour elle j’ai arrangé « Le Front Caché sur tes Genoux » qui figure sur l’album ».

Voilà comment au début des années 2010, Fred Nardin commence à toucher au but. En 2013, lui et Jon Boutellier sortent du bois avec Watts, leur premier disque en quartet. Jon, le double : « On a les mêmes références. Plus jeunes, on allait dans la cave où était rangée la collection de 16.000 disques de son père (Jean-Paul Boutellier, fondateur du festival Jazz à Vienne) ! On passait des soirées entières à les écouter et les rentrer dans l’ordinateur, parce qu’il n’y avait pas encore Itunes et YouTube. Jon a une culture Jazz incroyable pour un mec de trente ans. Au blindfold-test il est quasiment imprenable ». Boutellier, Nardin ? Même combat : une approche du Jazz no-bullshit, et l’envie d’être les plus sincères possible.

On en revient donc à notre point de départ, le jour où Fred Nardin, le jeune pianiste bourguignon, a pu approcher ses héros américains pour de vrai, Mulgrew Miller en tête. « C’était au Festival de piano de Beaupré où je jouais avec le Quartet de Cecile en première partie de son trio.

Il avait écouté l’intégralité de la balance et la totalité du concert, un homme vraiment adorable. Mulgrew, McCoy Tyner, Cedar Walton, Benny Golson ? Tous ces gens là je les ai vu, je leur ai parlé lors de concerts ou de masterclasses. Je me souviens d’un piano à quatre mains avec Kenny Barron, une chance extraordinaire ! Ça marque énormément quand tu es un jeune musicien ».

Basé à Paris depuis douze ans, Fred Nardin suit l’exemple des aînés et prend le pli de « faire le métier » comme il l’a toujours voulu, en passionné : « Je sors, je vais en club, je fais des jams, je rencontre des gens ». Et à parcourir la liste non-exhaustive des artistes qu’il a accompagné ces dernières années (Didier Lockwood, Cecile McLorin Salvant, Jesse Davis, Stefano Di Battista, Scott Hamilton, Evan Christopher, Joël Frahm, Nancy Harms, Joe Sanders, Jacques Schwarz-Bart, etc...), on peut dégager des constantes, percevoir des affinités d’esprits et d’esthétiques, jusqu’à dessiner un profil qui serait définitivement ancré dans la tradition du Jazz. Pas un hasard, dès lors, que Fred Nardin soit tombé nez-à-nez avec l’immense batteur Leon Parker, il y a dix ans, dans une cave de la Rue des Lombards. Leon Parker, désormais membre de son trio régulier… Encore un lien direct avec Mulgrew !

Avant de disparaître en 2013, le pianiste aux mains de géant avait lâché dans les colonnes du magazine DownBeat : « Aujourd’hui, beaucoup de musiciens apprennent les rudiments du jazz classique, pensent en avoir fait le tour, deviennent blasés et décident de passer à autre-chose : reggae, hip-hop, blues, un peu de soul par ici et de musique classique par-là... Mais plutôt que de faire beaucoup de choses assez bien, j’ai l’intuition qu’il faut creuser encore et encore, jusqu’à atteindre le vrai savoir : l’essence même de la musique ». Et c’est précisément ce que Fred Nardin tente d’accomplir depuis, en souvenir d’une poignée de main.

Fred Nardin en dix dates :

1987 : Naissance à Saint-Rémy (Bourgogne).

2007 : Entre au CNSM de Paris.

2008 : Rencontre le batteur Leon Parker.

2010 : Débuts de The Amazing Keystone Big Band.

2011 : Accompagne Cecile McLorin Salvant.

2013 : Enregistrement de « Watt’s », Quartet avec Jon Boutellier (feat. Cecile McLorin Salvant)

2016 : Début du Trio avec Leon Parker et Or Bareket à New-York.

2017 : Premier album du trio : « Opening ». Remporte le prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz (musicien Français de l’année).

2018 : Victoire du Jazz « Groupe de l’année » avec The Amazing Keystone Big Band. Présent sur le coffret « At Barloyd’s » avec 8 pianistes de la scène jazz parisienne, dont Alain Jean-Marie, Franck Amsalem, Laurent Courthaliac...

2019 : Deuxième album : « Look Ahead ».