Eli Degibri

Henri & Rachel
Sortie le 26 août 2022
Label: Degibri Records
Dans son neuvième album auto-produit, Henri and Rachel, dédié à ses parents, le compositeur
et saxophoniste Eli Degibri, établi à Tel Aviv, montre qu’il sait exprimer avec talent de profondes émotions par le langage des notes et des sons.
“Eli associe un son particulièrement puissant, une approche provocante, à une créativité et une sensibilité jazz raffinée, alliés à une écriture de morceaux faciles à chanter, ce qui pour moi est magique. Il écrit des mélodies qui valent celles des meilleurs compositeurs.“ – Aaron Goldberg, 2011

“Henri et Rachel, l’oxygène, l’eau, ma boussole, un amour inconditionnel, le tronc robuste d’un arbre, le bleu du ciel, la caresse de la brise, la joie. Je chante pour vous au présent, une mélodie vibrante, dont l’écho résonnera à l’infini dans le futur. Ici, maintenant, nous sommes ensemble, mais bientôt nous serons inéluctablement séparés. Je ne cesserai de vous chercher inlassablement, sachant qu’un jour nous serons forcément réunis. En attendant ce jour, je fredonne votre mélodie, mon merveilleux papa, ma merveilleuse maman, Henri et Rachel.” - Eli Degibri, 2020
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Dans son neuvième album auto-produit, Henri and Rachel, dédié à ses parents, le compositeur

et saxophoniste Eli Degibri, établi à Tel Aviv, montre qu’il sait exprimer avec talent de profondes émotions par le langage des notes et des sons.
Accompagné de sa talentueuse section rythmique israélienne, le maestro de 43 ans raconte l’histoire intime d’un amour passionné, décrivant les personnalités et les caractéristiques d’une famille très unie, ses parents, sa fiancée, ses meilleurs amis. Pour cela, Degibri a composé huit morceaux émouvants et subtils, toujours aussi mélodiques, et un standard habilement reconfiguré, dévoilant une succession de mouvements mélodiques passionnés, ascendants et nuancés, ce qui confirme la remarque d’un professeur, quant il était élève à la Berklee School of Music, dans les années 90 : “Vous jouez à l’ancienne d’une façon moderne.“

Enregistré le 9 mars 2020, quelques jours avant le déclenchement de la pandémie de Covid 19, Henri and Rachel est le premier album de musique originale de Degibi depuis 2015, année où il enregistre Cliff Hangin’, qui lui vaut cinq étoiles de la critique de DownBeat (sorti en 2018, Soul Station est un hommage au saxo ténor Hank Mobley et son album emblématique Blue Note de 1960 du même nom.).

Ces années-là, Degibri, enfant unique, poursuivait sa carrière musicale tout en veillant sur ses parents âgés et malades. Ils avaient tous les deux émigré en Israël après la deuxième guerre mondiale. Son père, Henri, né en Bulgarie, mort à l’automne 2020, avait un cancer, sa mère, Rachel, née en Iran, souffrait de la maladie de Parkinson et était atteinte de démence. Bien que Degibri,pendant le processus créatif, n’avait pas conscience de penser à eux ou à tous ceux à qui son album est dédié, leur présence se diffuse dans ses compositions.

“Quand j’écris des morceaux, je ne sais pas vraiment d’où ça vient.“ remarque Degibri.
“Quand j’ai fini, je pense à la mélodie et je me demande ce qu’elle signifie pour moi, qui je vois, qui je sens quand je l’entends.“
Il appliquait le même procédé quand, en révisant le morceau titre, un refrain hymnique enserré entre deux parties chantées, il remarqua que les première et deuxième mélodies étaient identiques sauf pour la tonalité. “Je me suis rendu compte que c’était essentiellement une chanson d’amour et deux tonalités, Henri et Rachel, mon père et ma mère, les tons fondamentaux de ma vie. Ils ne chantent pas ensemble, mais l’un après l’autre, et ils s’associent parfaitement.“

Les rythmes ondulants et les adaptations style Panthère Rose de “Gargamel“ évoquent le méchant sorcier dont les tentatives vouées à l’échec de manger et de changer en or les minuscules Schtroumpfs, amusaient beaucoup l’enfant qu’était Degibri dans les années 80. “ Je le trouvait drôle, il avait la même allure que mon père,“ dit Debrigi dans sa préface. “Je viens de l’école du be-bop, le swing, le son puissant. Ce tempo semi-lent est le plus difficile à jouer. C’est un retour aux sources, tout ce que je compose ou joue vient de là, même quand ce n’est pas un tempo swing.“

Ceci s’applique parfaitement au standard de Jimmy van Heusen “Like Someone In Love“. “Comme un jeu de l’esprit, on s’est demandé comment Johann Sebastian Bach utiliserait une rythmique à cinq temps (5/4) pour jouer ce morceau“, dit Debrigi, qui, depuis quatre ans, s’est mis au piano classique et au contrepoint. Le pianiste Tom Oren est un bon exemple de cette remarque, et quant au batteur Eviatar Slivnik, son rythme à cinq temps coule comme de l’eau.

Ce morceau et les trois suivants, “Longing », “Noa“ et “The Wedding“, font référence à la relation de Eli Debrigi avec sa fiancée. Il s’adresse à elle directement dans “Noa“, exprimant ses sentiments par une ligne mélodique vibrante et par le son chatoyant du saxophone ténor. Il montre son immense maitrise du saxophone soprano quand son instrument exprime la nostalgie sans voile de “Longing“ et dans le rapide et jubilatoire “The Wedding“.

“Je veux utiliser des mesures asymétriques de telle façon que, quand on écoute, ce n’est ni difficile ni évident, on n’a pas besoin de serrer les dents et compter,“ dit Eli Degibri. “La mélodie est peut-être sophistiquée, mais je veux qu’elle vous touche.“

Cela s’applique bien au délicat “Don Quixote“, un contrafact 5/4 bien déguisé de “Lover“ qui fait référence à son père, l’idéaliste, mort à l’automne 2020 ; au thème audacieux de “Ziv“, dédié au manager et meilleur ami de Degibri ; et à “Preaching To The Choir,“ un refrain poignant, dans un style choral, qui, par son titre, évoque un sermon dans une église Noire.

Degibri s’était déjà fait connaître auprès de la communauté internationale du jazz depuis 1999, quand Ron Carter, mentor au Thelonious Monk Institute, qui avait enregistré en 2009 Israeli Song avec Brad Mehldau et Al Foster, le recommanda à Herbie Hancock pour une mission de 30 mois : mettre au point un répertoire à partir de l’album Gershwin’s World, lauréat d’un Grammy Award. Il perfectionna encore plus ses capacités artistiques en tant que membre du quintet de Al Foster de 2002 à 2011, et en tant que leader de formations, avec des musiciens de réputation internationale comme Goldberg, Kurt Rosenwinkel, Ben Street, Jeff Ballard, Kevin Hays, Gary Versace, Gregory Hutchinson, and Obed Calvaire.

Après avoir quitté New York et retourné dans son pays natal, Debrigi mit en place des ensembles issus du vivier israélien de jeunes jazzmen enthousiastes. Il travaille depuis les quatre dernières années avec sa section rythmique actuelle, Tom Oren au piano, Alon Near à la basse (le membre le plus récent), et Eviatar Slivnik à la batterie.

“Je me sens profondément relié à eux, parce qu’ils se sont tous installés à New York, et qu’ils ont dans l’oreille le style des Noirs américains new-yorkais, tout comme moi quand j’entends de la musique. » déclare Debrigi.“Quand ils étaient encore là-bas et qu’on se rencontrait en tournée, je me rendais compte de leur évolution à chaque fois que nous jouions ensemble. Comme ces parents qui parlent du choc qu’ils éprouvent de voir leurs enfants devenir adultes, et c’est cela que je ressens avec eux. Ils travaillent dur et ils paient leurs factures dans une ville où la vie coûte cher, mais où ils vont en apprendre la langue et la musique.

Comme ça arrive parfois dans la nature des choses, les rôles se sont trouvés renversés entre Degibri et ses parents dont la santé déclinait. “Je passait tellement de temps avec ma mère que j’avais décidé de laisser un clavier chez elle pour travailler.“ dit-il. “Moi-même et son aide-soignante, nous l’avons mis dans son fauteuil roulant pour l’emmener dans la salon le lui montrer. Elle me demanda de jouer quelque chose. Je me mis à jouer ‘Henri and Rachel‘ et tout d’un coup ma mère, qui ne se souvenait plus qui était mon père le jour de sa mort, se mit à chanter la mélodie en 4/5. C’est vrai qu’elle avait entendu l’enregistrement de ce morceau pendant de longs mois, mais c’était quand même un miracle. ‘Waouh!‘ j’ai fait, ‘Tu chantes vraiment bien. C’est quoi le titre de ce morceau ?‘ Elle répondit, ‘C’est ‘Henri and Rachel’ bien sûr.‘ Super. J’ai fait mon boulot.“