Dans La Peau De Mano

Spectacle Musical
Le Bal Blomet le 22 nov 2019
Dans la peau de Mano est né de l’envie de Florence NAPRIX de ramener Manuéla PIOCHE, dite Mano, immense interprète guadeloupéenne des années 1960, férue de biguine et de boléro, à la vie, le temps d’une pièce musicale.

Tout au long du spectacle, leurs voix s’entremêlent en un dialogue d’où il sera difficile de distinguer l’une de l’autre, le passé du présent, l’historique de la fiction.
Il est question de s’interroger, avec Alain VERSPAN, scénographe, sur l’héritage qu’elle laisse, et de déconstruire, avec Stéphane CASTRY à la direction musicale, la biguine d’antan, selon une approche furieusement contemporaine.

Le choix du tout cordes et percussions, avec ce même Stéphane CASTRY à la basse, Julien GRATTARD et Rodolphe LISKOWITCH aux violoncelles et Yoann DANIER à la batterie, est l’occasion de créer un univers intimiste et un écrin des plus élégants pour raconter la vie chaotique d’une artiste insaisissable et multiple, féministe sans même le savoir, crucifiée pour avoir osé être libre.

La scène est repensée en dehors des canevas habituels : désormais, l’espace est vie et perpétuel mouvement, faisant un pont permanent entre création et destruction, joie et peine, célébrant le déséquilibre.

De titres en rencontres, Florence NAPRIX mène son enquête, qui pose plus de questions qu’elle ne lève le voile sur Mano. D’une générosité voilant une vie empreinte de violences et d’humiliations ; la musique en pansement, sublimant une vie de désespoirs, tandis que l’alcool l’aidait à oublier une vie qui aurait pu être toute autre… Une Billie HOLIDAY des faubourgs de Pointe-à-Pitre ? Une pin-up kréyòl déchue ? Qui donc était Manuéla PIOCHE ?

Bienvenue dans la peau de Mano, espace-temps insolite, où la musique raconte, alors que les voix dansent et que les corps chantent, entraînant le public dans un univers fantastique pourtant ancré dans l’histoire et le réel. Serez-vous en mesure de les suivre ?
Dans la peau de Mano

Un spectacle surprenant par sa forme et son contenu.
Une plongée dans un univers déroutant, situé quelque part entre 1950 et notre époque. Des musiciens de génie menés par une chanteuse éblouissante d’énergie et de passion. Un répertoire original, magnifiquement interprété. Un voyage des sens et des émotions. Ou quand Manuéla Pioche prend Florence Naprix par la main pour vous entraîner au coeur du formidable récit de deux femmes qui parlent d’humanité.

Dans la peau de Mano est un spectacle pluridisciplinaire plein d’originalité. Ce n’est ni un concert de reprises, ni une pièce de théâtre, ni une comédie musicale. Et pourtant, on y retrouve des éléments communs aux trois univers : musique, jeu d’acteurs, narration...
Au-delà de la volonté de rendre un hommage à Manuéla PIOCHE, les mélodies, les textes et la vie de Mano sont un prétexte tout trouvé pour réinventer l’histoire d’une de ces nombreuses figures féminines qui ont marqué le monde artistique et sont, pourtant, restées dans l’ombre, comme effacées du tableau.

Les femmes et la musique. La musique et l’énergie intrinsèque qu’elle distille et dont elle se nourrit. Celle qui emporte, dérange, fascine, émeut, révolte, impose de prendre position.

Les femmes. Les femmes et leurs combats. Les femmes et leurs faiblesses. Les femmes qui chantent leurs amours. Qui, de leur timbre, questionnent avec brutalité, de leur voix, chamboulent les âmes, ou ébranlent, par leur audace. Des femmes dont le destin en dit tellement long sur l’humanité. Nina Simone, Joséphine Baker, Edith Piaf, Billie Holiday, Whitney Houston, Amy Winehouse, Manuéla Pioche...

Manuéla Pioche ? Qui est-ce ?

Chanteuse de biguine issue du bassin caribéen, elle est l’une des pionnières du genre. Elle a vécu en Guadeloupe de 1932 à 1970.

C’est l’une des toutes premières femmes à s’être produites dans les orchestres, exclusivement composés d’hommes à l’époque. Elle règne sur les faubourgs de Pointe-à-Pitre et sur les bals qui animent régulièrement l’île, réunissant plèbe et notables.
Elle chante l’amour et le désespoir, fige une peinture sociale saisissante de son environnement et partage la scène avec les plus grands : Al Lirvat, Robert Mavounzy, Alain Jean-Marie... Tandis qu’eux s’envolent pour la France, où ils contribuent magistralement à l’essor de la biguine, elle reste en Guadeloupe. Sa soif de liberté suinte de chacun des textes qu’elle interprète, tout comme l’amour incommensurable qu’elle porte au petit bout de terre qui l’a vue naître et qui, bientôt, la rejette.

C’est vrai, Manuéla boit. Elle se donne aux hommes. Dont elle subit aussi les violences et la jalousie. Cette femme sans honneur (à croire que son immense talent et sa générosité débordante ne font pas le poids face au jugement des bien-pensants) voit ses nombreux fans et la plupart de ses amis et collègues lui tourner progressivement le dos. Blessée, affaiblie par une vie décadente, elle quitte la scène et parcourt les rues en mendiant pour survivre. Elle s’éteint, de façon inexpliquée, seule, à l’âge de 37 ans.

Et aujourd’hui, si ses chansons se fredonnent encore, son nom tombe irrémédiablement dans l’oubli.

Et Florence Naprix, dans tout cela ?

A 37 ans, Florence Naprix est en plein essor. Elle aussi, 60 ans plus tard et avant même d’avoir croisé la route de Manuéla, chante la Guadeloupe, ses forces vives, l’amour - pour soi, d’abord -, et sa place, en tant que femme, dans une société qui semble traîner des pieds, au regard de ses rêves et de ses ambitions. Elle aussi en aurait, des choses à raconter sur la violence. Celle des hommes envers leurs compagnes, notamment. Ou la brutalité de la société vis-à-vis de ceux (celles...) qui sortent du cadre.

Tant de ponts relient ces deux artistes... La musique et cette biguine teintée de jazz, qu’elles affectionnent. Une histoire parsemée de douleur.

Et puis, Florence Naprix a grandi à Lauricisque, un quartier populaire de Pointe-à-Pitre, celui-là même où Manuéla Pioche est morte.

Si leur voix particulière, puissante et chaleureuse, fait l’unanimité auprès des professionnels comme du public, elles ont toutes les deux eu, au début de leur carrière, à travailler leur gestion du tempo (mais ça... ne le répétez pas !). Elles n’échappent pas au besoin impérieux de redéfinir les codes de leur époque. Et enfin, aucune des deux n’est prête à faire le moindre compromis qui menacerait sa liberté.

Soucieuse de maintenir la mémoire de Manuéla Pioche, Florence Naprix saisit l’opportunité de la réhabiliter à travers un spectacle inédit : Dans la peau de Mano.

Un spectacle qui sort du cadre


Comment réveiller une artiste qui faisait la gloire de la biguine antillaise 60 ans auparavant ? Evidemment, il n’est pas question pour Florence Naprix de se contenter d’un banal concert de reprises. Au contraire, la jeune femme s’est évertuée à déconstruire les codes du (des) genre(s). Comment ?

 La musique
Si la biguine traditionnelle requiert au moins une section rythmique, un piano et une section cuivres, Dans la peau de Mano, la formation est toute autre et le duo basse/batterie répond, en toute simplicité, à deux violoncelles. Cette couleur suave, inhabituelle et épurée donne l’occasion à Stéphane Castry, arrangeur de renom, de revisiter le répertoire de l’époque d’une façon furieusement moderne. Les pizzicati taquinent une basse des plus mélodiques, qui se met volontiers en retrait, tandis qu’à l’archer, les violoncellistes tiennent la rythmique. Le batteur a toute latitude pour explorer, sur un set qui fait la part belle aux percussions, des rythmes variés : la biguine n’est plus qu’un prétexte pour parcourir allègrement la Caraïbe.
Et tout cela, au service de la voix, plus que jamais mise en valeur.
Les textes en disent tellement de l’histoire et de la vie de Manuéla Pioche, qu’il était important de les faire entendre. En revanche, Florence Naprix s’accorde le droit et l’immense plaisir de réinterpréter, pour tous les publics, durant 1h30, les 15 titres choisis pour l’occasion, en toute liberté.

 La scène
Quitte à casser les codes, après la musique, Florence Naprix se permet de déstructurer l’espace scénique. Les musiciens positionnés en avant-scène lui laissent tout le loisir d’investir le plateau au gré de ses déambulations. Tantôt surélevée, tantôt au milieu des spectateurs, l’artiste joue de façon surprenante entre la distance et l’intimité et le public adore ! Ses compagnons de scène ne sont pas en reste : Stéphane Castry à la basse, Yoann Danier à la batterie, Julien Grattard et Rodolphe Liskowitch aux violoncelles sont tous les quatre amenés à endosser le costume de comédiens et d’un geste, d’une parole, d’une attitude, à lui donner la réplique.

 La dimension symbolique
Raconter cette histoire, qui mêle ainsi la vie de deux femmes qui ne se sont jamais rencontrées, impose une mise en scène toute en intelligence, en subtilité et en sobriété. Il n’est pas question de narrer la vie de Manuéla Pioche. Florence Naprix ne se positionne ni en historienne ni en biographe. Sa démarche artistique est née de son étonnante rencontre avec cette artiste d’un autre temps. Ainsi, plus que lui rendre hommage, Dans la peau de Mano interroge les troublantes similitudes qui les unissent. Pour se faire, leurs voix s’entremêlent, au cours d’un récit qui ne prétend certainement pas répondre aux questions mais qui, au contraire, bouscule et déstabilise. La mise en scène épurée et le décor minimaliste laissent pleinement la place aux émotions, à la musique et... au silence. Alain Verspan, comédien et éminent metteur en scène a choisi, pour l’occasion, de travailler sur le signe et les symboles. Le sens se niche dans un regard, un geste, quelques mots.

 Le personnage central
Pour élaborer ce personnage tout droit sorti de son imagination, à mi-chemin entre Manuéla Pioche et elle, Florence Naprix a fait appel à Anaïs Verspan, plasticienne à l’oeil aiguisé et d’une sensibilité saisissante. Le challenge consistait à faire émerger une figure qui matérialiserait le pont entre la Manuéla Pioche des années 1960 et la Florence Naprix d’aujourd’hui, entre la biguine d’antan et les arrangements d’aujourd’hui, entre le destin de l’une et l’histoire de l’autre. Elles ont donc pris la liberté (et énormément de plaisir à le faire) d’imaginer une pin-up créole « Notre culture est un vivier de créations sans fond. Manuéla Pioche est une de ces artistes guadeloupéennes parties prématurément, avec tout leur génie. Femme de caractère, femme- passion, femme-muse, femme-enfant, femme abusée..., Manuéla Pioche rappelle une Billie Holiday des faubourgs de Pointe-à-Pitre. Mon leitmotiv sera de tisser avec subtilité et originalité l’esthétisme de cette époque, lié à la modernité de Florence Naprix. En matière de stylisme, le challenge consiste à conceptualiser la codification esthétique singulière et inédite d’une pin-up créole. » (Anaïs Verspan). Une coiffure sophistiquée, un maquillage soigneusement travaillé, des tenues sur mesure, dont la modernité de la coupe ramène néanmoins à l’esprit des années 1950 en France et aux Etats-Unis, et confectionnées avec doigté par Muriel Jacquet-Crétides de la marque Sanouyé, et notre personnage central est prêt à s’animer sur scène.
Un moment musical original, un son décodifié, un espace déstructuré et des personnages singuliers ! Tous ces ingrédients combinés ouvrent sur un espace-temps insolite, où la musique raconte, alors que les voix dansent, tandis que les corps chantent, entraînant le public dans un univers fantastique pourtant ancré dans l’histoire et le réel. Serez-vous en mesure de les suivre ?

Les artistes en présence

 Florence Naprix - porteuse du projet/directrice artistique/interprète
Elle chante depuis toujours, un peu comme elle respire. Fann Kann, le titre de son premier album, fait référence aux esclaves marrons, ceux qui arrachaient leur liberté au péril de leur vie. C’est cet état d’esprit qui pousse Florence à sans cesse repousser ses limites. Elle arpente les scènes de France et de Navarre depuis plus de 10 ans, forte d’expériences riches au contact de la culture caribéenne dont elle se nourrit, du jazz qui l’anime, du gospel qu’elle pratique régulièrement, de la variété française et américaine qui font également partie de son bagage musical. Elle prend plaisir à intégrer la comédie, le théâtre et la danse à son parcours. Briser les codes est ce qui l’inspire par-dessus tout.

 Alain Verspan - scénographe
Sur les planches depuis l’âge de 16 ans, Alain Verspan est acteur, auteur et metteur en scène. Il est membre fondateur du théâtre du Cyclone, sacré Meilleur acteur FEMI (festival international du cinéma) en 2009 et s’est illustré, depuis 1982, dans un nombre impressionnant de créations et d’adaptations, en tant que comédien et scénographe notamment. Ses dernières recherches l’amènent à interroger, en situation, l’espace scénique.

 Stéphane Castry - arrangeur/directeur musical/basse
Issu d’une famille de musiciens, Stéphane Castry développe très tôt son oreille au son de la contrebasse, du piano et de la guitare. Après avoir tâté du violon, c’est la basse qu’il choisit pour s’exprimer sur les rythmes du funk, du jazz et des musiques caribéennes et africaines. Il fait partie des premiers musiciens antillais de sa génération à accompagner des artistes français et internationaux de renom (Kassav, Keziah Jones, Imany, Asa, Ayo, Mayra Andrade...). Aujourd’hui, il se consacre à son premier album Basstry Therapy, plébiscité par la critique, et met ses talents d’arrangeur et de directeur musical au service du spectacle Dans la peau de Mano.

 Anaïs Verspan - conception esthétique
Anaïs Verspan est une plasticienne à l’esthétique particulière.
Elle expose depuis 2010 entre la Guadeloupe, la Martinique et la France hexagonale. Elle ne cesse de questionner le monde qui l’entoure à travers ses peintures, installations et autres prestations artistiques. Pour Dans la peau de Mano, elle s’associe avec Florence Naprix pour dessiner un personnage original et développe l’idée d’une pin-up créole.

 Rodolphe Liskowitch - violoncelle
Il débute le violoncelle à l’âge de 6 ans et suit un parcours classique qui l’amène, au fil des ans, à intégrer différents orchestres comme celui des jeunes d’Ile-de-France, l’orchestre de Colonne ou le Philarmonique de Montpellier. Il participe ainsi à de nombreux festivals. Aujourd’hui, il prend également part à des formations de musique actuelle et accompagne des artistes tel que Cécile Corbel ou Imany.

 Julien Grattard - violoncelle
Il étudie le violoncelle et la musique de chambre à Paris et à Londres dans un premier temps. Les formations qu’il intègre lui permettent de jouer dans le monde entier : Japon, Maroc, Russie, Corée... Très vite, il se retrouve également à accompagner des artistes sur des planches de théâtre.

 Yoann Danier - batterie
Ce jeune prodige a été bercé, dès sa plus tendre enfance, par les influences de son grand-père bassiste. A l’âge de 9 ans, il prend ses premiers cours de batterie et à 17, il commence à sillonner les scènes aux côtés de figures emblématiques de la musique caribéenne, tous styles confondus : zouk, salsa, RnB, jazz, soul... Depuis, il multiplie les collaborations avec des artistes d’envergure internationale et d’horizons variés (Kassav, Beethova Obas, la Gitane Tropical, Mizikopéyi Big Band...).

 Muriel JACQUET-CRÉTIDES - Création des tenues de scènes
Créatrice de la marque SaNouYé - being yourself L’ADN de SaNouYé, c’est avant tout un savant mélange, qui amène Muriel JACQUET-CRETIDES à relier à travers ses créations tout ce qui l’inspire au quotidien : la musique, la danse, le cinéma, la pâtisserie... La créatrice nous invite à rêver beau, chic, coloré. Pour elle, chaque détail compte et doit laisser place à l’imagination, et au-delà, à l’humain avant tout.