Dakota Days
Dakota Days
Sortie 7 octobre 2010
Label : Ponderosa
Le temps d’un album, l’Allemand Ronald Lippok (Tarwater, To Rococo Rot) et l’Italien Alberto Fabris (Pacifico, Blonde Redhead) ont collectivisé leurs modes de production, mis en commun leurs goûts respectifs pour l’improvisation et la programmation électronique et connecté leurs cerveaux télépathes. De leurs jams bouillonnants, ces deux trafiquants de prog ont fait émerger cet album de rock intuitif sur millefeuille électronique, un hybride génial entre Tortoise, Notwist, Public Image Ltd et Fleetwood Mac. La basse vrombit, la guitare gronde, le drone passe au dessus de nos têtes : ne laissez pas passer l’orage.
Au départ, ce ne devait être que des vacances à peine studieuses, entre musiciens fans d’improvisations et de bidouillages. Ronald Lippok et Alberto Fabris, se sont rencontrés il y a trois ans, sur la tournée allemande de Ludovico Einaudi, le premier étant engagé comme percussionniste, le deuxième comme arrangeur électronique. Tous les soirs, dans le tour-bus, les deux musiciens, qui ont déjà un peu de bouteille, apprennent à se connaître autour d’un verre, en discutant des mérites comparés de T-Rex ou de Fleetwood Mac. Sans rien connaître de leurs propres groupes respectifs, Alberto finit par inviter Ronald dans sa maison de famille, où il a installé son propre studio, Comerio. C’est là, dans les environs de la petite ville lombarde de Varèse, que les deux ont envisagé de répéter ensemble, pour le plaisir de mélanger leurs univers. Et surtout, sans se donner aucune pression, Lippok n’aura emporté avec lui qu’un petit sampler, à tout hasard.
« Un échange à boutons rompus entre bidouilleurs aguerris ».
L’histoire aurait pu en rester là, mais c’était compter sans leur goût naturel pour les rencontres musicales presque fortuites. Déjà, en 1995, il n’avait fallu quelques instants à Ronald pour fonder Tarwater avec son acolyte Bernd Jestram, sur la foi d’un simple « hey, si on faisait de la musique ensemble », le jour où Jestram avait investi dans son premier sampler. De la même manière, Ronald et Alberto trouveront leur nom de groupe par hasard. Parce qu’il fallait trouver un nom pour leurs fichiers de sauvegarde ! « Au départ, Dakota Days était simplement un titre de travail, le premier à nous être passé par la tête » explique Ronald Lippok, « et puis au fil du temps, c’était devenu une évidence : avec Alberto, toutes proportions gardées, nous avions vraiment l’impression d’être dans le Dakota Building de Lennon et Yoko Ono. A vrai dire, cela m’a même rappelé ma jeunesse punk à Berlin Est, dans les années 80 - une période de créativité intense, sans pression extérieure ou compromis ». Et très vite, les « vacances » se transforment en longues heures d’enregistrements, comparable aux mythiques Desert Sessions de Josh Homme dans le désert de Mojave. « C’était très intense », confirme Alberto, « je gardais même ma boîte à rythmes au pied du lit, au cas où. Nous sommes à peine sortis, tout juste avons-nous fait une fois le tour du lac en voiture. De toute façon, comme il pleuvait, il n’y avait rien d’autres à faire que jouer et s’amuser avec les instruments à notre disposition ». Sans plan préalable, sans idée préconçue sur ce que devrait donner leur rencontre, comme dans les meilleurs albums de Tortoise ou Yo la Tengo, le duo fait parler l’improvisation et se trouve un fonctionnement, quasiment télépathique. Deux ans plus tard, Ronald n’en revient toujours pas : « c’était magique : nous n’avons jamais eu besoin de nous consulter pour écrire les morceaux ou de dire : ici il faut plus de guitares, là moins d’électroniques. Tout se faisait en quelques clignements d’œil ». « Pour le morceau The Kiss », renchérit Alberto, « il ne nous a fallu que cinq minutes pour trouver la structure. Ronald était dans une pièce à la basse, moi dans une autre à la guitare. Nous étions en mode « pilote automatique » et le morceau... s’est construit tout seul. Nous l’avons à peine retouché par la suite ». Pour restituer au mieux cette énergie initiale, le duo ne se sera ainsi fixé qu’une seule règle : ne pas abuser de la post production, et ne rajouter aucun effet ultérieur sur ordinateur, contrairement à leurs habitudes. Des vacances, on vous dit.
Finalement, au fil des jams se dessine une couleur générale de ce qui deviendra plus tard leur album : du rock intuitif et instrumental (mais avec des voix !)... qui fait le grand écart. S’ils sont tous nourris de textures électroniques et d’influences seventies, les morceaux de Dakota Days se retrouvent ainsi à mi-chemin entre le post rock électro de Notwist (Planet of the Apes, Without a Stone), l’ambient de Boards of Canada (Dakota Days), le rock en ligne claire de Fleetwood Mac (Sinners) ou le noise dronesque de Public Image Limited (The Hunter). Des directions très différentes, parfois brouillées par l’ajout d’instruments plus exotiques, parfois tombés du ciel, comme ce ngoni du père d’Alberto que Ronald dénichera dans le garage, en allant chercher une bouteille de vin, ou le sitar d’Andrea Rubuffetti (seule tierce partie invitée dans le duo) présent sur quatre morceaux. Autre forme d’exotisme : deux reprises totalement inattendues, une version vrombissante et minimaliste du « Slow » de Kylie Mynogue (qui n’a plus grand chose à voir avec l’original) et une fantaisie folktronica sur le thème pétillant de « Love Boat » (dont seul le texte aura survécu au travail de dynamitage de Dakota Days). Etonnant ? Pas tant que ça, vu le goût du challenge poursuivi par les deux têtes chercheuses : « Il est plus difficile de retravailler de façon satisfaisante un titre aussi cheesy que Love Boat qu’une chanson d’Iggy Pop ou de Lou Reed. Si l’original est déjà parfait, cela ne sert à rien ! » explique ainsi Ronald. Et le duo n’en est pas à un défi prêt. Il y a bien sûr la tournée à venir, où les deux, rejoints par le batteur des Mouse on Mars Dodo, essaieront de retrouvera la magie de ces semaines passées au Nord de l’Italie. Et par la suite, Dakota Days envisage déjà de s’attaquer à une autre forme de « Musique Potentielle » : réaliser un cadavre exquis musical, où chaque musicien disposera d’une trentaine de minutes pour écrire sa partie. Bref, de quoi occuper les prochaines vacances...
Les Musiciens
Ronald Lippok, 44 ans : Musicien électronique, chanteur et artiste visuel berlinois, Ronald Lippok a cofondé les groupes Tarwater en 1995 et To Rococo Rot en 1996 (avec son frère Robert Lippok), où il aura fait parler son goût pour l’improvisation et la recherche sonore. Avec Ludovico Einaudi, avec qui il collabore depuis l’album « Divenire », il aura également monté le projet électronique Whitetree.
Alberto Fabris, 45 ans : Elevé dans une famille de musiciens, diplômé de l’Université Brunel à Londres, il est à la fois compositeur (pour le cinéma, le théâtre, la danse contemporaine ou les groupes Pacifico ou Blonde Redhead), multi-instrumentiste (avec une préférence pour la basse et la double basse) et officie en tant que dj sous le nom de Dj Delatecho. Installé à Milan, il est également l’assistant musical du compositeur italien Ludovico Einaudi depuis cinq ans.
« Un échange à boutons rompus entre bidouilleurs aguerris ».
L’histoire aurait pu en rester là, mais c’était compter sans leur goût naturel pour les rencontres musicales presque fortuites. Déjà, en 1995, il n’avait fallu quelques instants à Ronald pour fonder Tarwater avec son acolyte Bernd Jestram, sur la foi d’un simple « hey, si on faisait de la musique ensemble », le jour où Jestram avait investi dans son premier sampler. De la même manière, Ronald et Alberto trouveront leur nom de groupe par hasard. Parce qu’il fallait trouver un nom pour leurs fichiers de sauvegarde ! « Au départ, Dakota Days était simplement un titre de travail, le premier à nous être passé par la tête » explique Ronald Lippok, « et puis au fil du temps, c’était devenu une évidence : avec Alberto, toutes proportions gardées, nous avions vraiment l’impression d’être dans le Dakota Building de Lennon et Yoko Ono. A vrai dire, cela m’a même rappelé ma jeunesse punk à Berlin Est, dans les années 80 - une période de créativité intense, sans pression extérieure ou compromis ». Et très vite, les « vacances » se transforment en longues heures d’enregistrements, comparable aux mythiques Desert Sessions de Josh Homme dans le désert de Mojave. « C’était très intense », confirme Alberto, « je gardais même ma boîte à rythmes au pied du lit, au cas où. Nous sommes à peine sortis, tout juste avons-nous fait une fois le tour du lac en voiture. De toute façon, comme il pleuvait, il n’y avait rien d’autres à faire que jouer et s’amuser avec les instruments à notre disposition ». Sans plan préalable, sans idée préconçue sur ce que devrait donner leur rencontre, comme dans les meilleurs albums de Tortoise ou Yo la Tengo, le duo fait parler l’improvisation et se trouve un fonctionnement, quasiment télépathique. Deux ans plus tard, Ronald n’en revient toujours pas : « c’était magique : nous n’avons jamais eu besoin de nous consulter pour écrire les morceaux ou de dire : ici il faut plus de guitares, là moins d’électroniques. Tout se faisait en quelques clignements d’œil ». « Pour le morceau The Kiss », renchérit Alberto, « il ne nous a fallu que cinq minutes pour trouver la structure. Ronald était dans une pièce à la basse, moi dans une autre à la guitare. Nous étions en mode « pilote automatique » et le morceau... s’est construit tout seul. Nous l’avons à peine retouché par la suite ». Pour restituer au mieux cette énergie initiale, le duo ne se sera ainsi fixé qu’une seule règle : ne pas abuser de la post production, et ne rajouter aucun effet ultérieur sur ordinateur, contrairement à leurs habitudes. Des vacances, on vous dit.
Finalement, au fil des jams se dessine une couleur générale de ce qui deviendra plus tard leur album : du rock intuitif et instrumental (mais avec des voix !)... qui fait le grand écart. S’ils sont tous nourris de textures électroniques et d’influences seventies, les morceaux de Dakota Days se retrouvent ainsi à mi-chemin entre le post rock électro de Notwist (Planet of the Apes, Without a Stone), l’ambient de Boards of Canada (Dakota Days), le rock en ligne claire de Fleetwood Mac (Sinners) ou le noise dronesque de Public Image Limited (The Hunter). Des directions très différentes, parfois brouillées par l’ajout d’instruments plus exotiques, parfois tombés du ciel, comme ce ngoni du père d’Alberto que Ronald dénichera dans le garage, en allant chercher une bouteille de vin, ou le sitar d’Andrea Rubuffetti (seule tierce partie invitée dans le duo) présent sur quatre morceaux. Autre forme d’exotisme : deux reprises totalement inattendues, une version vrombissante et minimaliste du « Slow » de Kylie Mynogue (qui n’a plus grand chose à voir avec l’original) et une fantaisie folktronica sur le thème pétillant de « Love Boat » (dont seul le texte aura survécu au travail de dynamitage de Dakota Days). Etonnant ? Pas tant que ça, vu le goût du challenge poursuivi par les deux têtes chercheuses : « Il est plus difficile de retravailler de façon satisfaisante un titre aussi cheesy que Love Boat qu’une chanson d’Iggy Pop ou de Lou Reed. Si l’original est déjà parfait, cela ne sert à rien ! » explique ainsi Ronald. Et le duo n’en est pas à un défi prêt. Il y a bien sûr la tournée à venir, où les deux, rejoints par le batteur des Mouse on Mars Dodo, essaieront de retrouvera la magie de ces semaines passées au Nord de l’Italie. Et par la suite, Dakota Days envisage déjà de s’attaquer à une autre forme de « Musique Potentielle » : réaliser un cadavre exquis musical, où chaque musicien disposera d’une trentaine de minutes pour écrire sa partie. Bref, de quoi occuper les prochaines vacances...
Les Musiciens
Ronald Lippok, 44 ans : Musicien électronique, chanteur et artiste visuel berlinois, Ronald Lippok a cofondé les groupes Tarwater en 1995 et To Rococo Rot en 1996 (avec son frère Robert Lippok), où il aura fait parler son goût pour l’improvisation et la recherche sonore. Avec Ludovico Einaudi, avec qui il collabore depuis l’album « Divenire », il aura également monté le projet électronique Whitetree.
Alberto Fabris, 45 ans : Elevé dans une famille de musiciens, diplômé de l’Université Brunel à Londres, il est à la fois compositeur (pour le cinéma, le théâtre, la danse contemporaine ou les groupes Pacifico ou Blonde Redhead), multi-instrumentiste (avec une préférence pour la basse et la double basse) et officie en tant que dj sous le nom de Dj Delatecho. Installé à Milan, il est également l’assistant musical du compositeur italien Ludovico Einaudi depuis cinq ans.