Anissá Bensalah
Sovaj
Sortie le 22 mars 2019
Label : Ovastand
Anissá Bensalah, le chant est son pays, un territoire musical diffracté et complexe, d’une richesse inouïe.
Elle chante en arabe, en brésilien, en français, et ces langues dans lesquelles elle évolue harmonieusement sont déjà, en elles-mêmes, un programme, un manifeste, l’affirmation d’une musique qui puise aux sources de ses origines familiales et navigue à vue d’une influence à une autre, l’Afrique toujours au centre des métissages qui tissent leurs rythmes et sonorités sous le sceau de la rencontre et de l’hybridation. La musique d’Anissá est le fruit d’une histoire personnelle fascinante, d’un mariage inattendu de langues qui se passent le relais sans se marcher sur les pieds, en alternance, chacune trouvant sa place avec évidence pour exprimer à l’unisson le motif de chaque chanson, ses soubassements affectifs, sa charge émotionnelle, le récit qui l’innerve en creux.
Elle chante en arabe, en brésilien, en français, et ces langues dans lesquelles elle évolue harmonieusement sont déjà, en elles-mêmes, un programme, un manifeste, l’affirmation d’une musique qui puise aux sources de ses origines familiales et navigue à vue d’une influence à une autre, l’Afrique toujours au centre des métissages qui tissent leurs rythmes et sonorités sous le sceau de la rencontre et de l’hybridation. La musique d’Anissá est le fruit d’une histoire personnelle fascinante, d’un mariage inattendu de langues qui se passent le relais sans se marcher sur les pieds, en alternance, chacune trouvant sa place avec évidence pour exprimer à l’unisson le motif de chaque chanson, ses soubassements affectifs, sa charge émotionnelle, le récit qui l’innerve en creux.
Anissá Bensalah, le chant est son pays, un territoire musical diffracté et complexe, d’une richesse inouïe.
Elle chante en arabe, en brésilien, en français, et ces langues dans lesquelles elle évolue harmonieusement sont déjà, en elles-mêmes, un programme, un manifeste, l’affirmation d’une musique qui puise aux sources de ses origines familiales et navigue à vue d’une influence à une autre, l’Afrique toujours au centre des métissages qui tissent leurs rythmes et sonorités sous le sceau de la rencontre et de l’hybridation. La musique d’Anissá est le fruit d’une histoire personnelle fascinante, d’un mariage inattendu de langues qui se passent le relais sans se marcher sur les pieds, en alternance, chacune trouvant sa place avec évidence pour exprimer à l’unisson le motif de chaque chanson, ses soubassements affectifs, sa charge émotionnelle, le récit qui l’innerve en creux.
Voix multiple aux parfums d’horizon, Anissá Bensalah a le nomadisme dans la peau et une spiritualité à fleur d’épiderme. Née en Haïti, elle a le tempérament téméraire et indépendant des insulaires et ses cinq premières années de vie dans les Caraïbes laisseront en elle des traces indélébiles, tout comme chaque escale de son enfance, au gré des déménagements de ses parents. A l’âge de 5 ans, premier déracinement direction le Sénégal qui la verra grandir et prendre ses premiers cours de chant lyrique jusqu’à ses 11 ans. Puis vient le temps de l’adolescence pointant son nez et d’un nouvel exil, au Liban. Beyrouth montre son visage de ville blessée, encore fumante des stigmates de la guerre civile, éventrée par les bombes et la haine. Bien que marquée par ces paysages ravagés, Anissá retient aujourd’hui la joie de vivre des libanais, leur énergie à toute épreuve. Trois ans après, cap sur la France et sa capitale. Anissá, qui n’a cessé de perfectionner sa pratique du chant en dépit de sa vie de transit, se sent vite à l’étroit dans le classique et sa découverte du jazz est une révélation, un nouvel horizon à explorer avidement, parallèlement à des études de musicologie à la faculté de Paris 8. Forte de ces nombreuses formations, Anissá a construit sa vie dans, par et pour le chant, constante solide et durable de ses années de déplacements réguliers, territoire immatériel immuable où exprimer les cohabitations culturelles qui la définissent et interagissent en elle. L’écouter chanter est l’occasion de côtoyer de près cet agrégat identitaire et l’on a l’impression de voyager en secret dans les circonvolutions de sa vie.
Chanteuse dans plusieurs formations outre son projet solo qu’elle mène avec panache, la jeune femme s’est produite dans de nombreuses salles parisiennes, comme la Salle Gaveau, le New Morning, le Festival Solidays, l’Institut du Monde Arabe, le Théâtre des Gémeaux, la Fondation Goulbenkian, la Maroquinerie, le Sunside-Sunset, le Petit Bain, le Studio de l’Ermitage, la Salle Gustave Eiffel... mais également au Dock 40 (à Lyon), au Théâtre de la Mer (à Sainte Maxime), au Festival Jazz au Château (à Cagnes sur Mer), au Festival La Rue des Artistes (à Saint Chamont), ainsi qu’au Brésil et en Algérie. Anissá n’a pas de frontières, elle est libre comme la lumière et ne s’interdit rien, même reprendre Beyonce en arabe, dans son single Lebnat, version personnelle de Who run the world (girls).
Sovaj, un deuxième album habité d’une maturité nouvelle, habillé d’arrangements chamarrés aux sonorités nomades
Après un premier album, Matriz, sorti en 2013 sur le label Ovastand, Anissá Bensalah revient dans les bacs avec un deuxième opus qui joue sur la continuité avec le premier tout en prenant une voie autre, mixant musique acoustique et musique électronique, comme si explorer de nouveaux paysages, de nouveaux alliages et nouvelles alliances, ne pouvait être que sa façon à elle d’être elle-même, de renouveler le pacte de fidélité à ses racines nomades et plurielles, de celles qui s’arrachent sans cesse pour mieux se planter ailleurs, tout en gardant, dans le sillon de ses pas un peu de la terre première collée sous ses pieds. On n’oublie pas le pays qui nous a nourri de son sein, on n’oublie pas la culture qui nous a forgé de sa sève, le lieu primitif où l’être prend forme dans les prémices de sa vie. Le lieu matrice. Dans ce nouvel album, intitulé Sovaj, Anissá Bensalah consacre une chanson à son île, berceau de sa naissance, Haïti. Chanson-hommage, chanson-origine, chanson-mémoire, chanson-histoire, on la traverse sur le fil d’une émotion délicate et pudique qui nous cueille le coeur dès les premières notes de guitare qui l’introduisent. Sovaj est un disque-monde creusant la veine identitaire du premier, qui s’organise en neuf titres, répartissant l’usage des trois langues pratiquant Anissá en un équilibre parfait. Trois morceaux en français, trois en portugais-brésilien, trois en arabe (en l’occurrence deux en arabe littéraire et un en arabe dialectal algérien). Trois langues aux sonorités très identifiables, porteuses de musicalités radicalement différentes et complémentaires. Quant à la voix d’Anissá, elle s’y fait tantôt suave et grave, tantôt naviguant à l’envie, avec souplesse et fluidité, sur des sommets veloutés, aigüe mais jamais aiguisée, toujours franche et déterminée. Une voix aux mille et un éclats miroitants qui cultive la virtuosité avec la nonchalance des plus grands. Une technicité admirable qui s’efface devant la liberté sans borne de l’artiste aux semelles de vent. Et l’on est médusé devant les grands écarts et modulations auxquels elle nous convie, les lignes de crête sur lesquelles elle avance, funambule et légère comme l’air, envoûtante de bout en bout. Son chant, s’il est très présent, d’ici et de maintenant, semble s’ancrer dans la terre qui l’a vu naître autant que dans les suivantes qui ont accompagné ses premières foulées, pour enfin s’élever via une spiritualité personnelle et libre connectée aux mythologies Vaudou qui l’ont imprimée en profondeur et l’habitent toujours. Les mélopées afro-arabo-brésiliennes qui irriguent le disque enveloppent de leur douceur, tapissée d’une puissance souterraine, bercent de leur mélancolie souriante et chatoyante ou revigorent de leur énergie terrienne, du feu intérieur qui les anime. La découverte du livre de Clarissa Pinkola Estes, Femmes qui courent avec les loups - Histoires et Mythes de l’archétype de la femme sauvage, est à l’origine de cet album au titre qui lui fait écho. Une lecture majeure dans le chemin artistique d’Anissá Bensalah qui vient percuter ses propres réflexions sur la création, entrer en résonance avec son histoire singulière et lui ouvrir portes et pistes dans son inspiration et sa démarche musicale.
C’est en allant chercher dans les entrailles de soi-même que l’énergie créative se libère, dans les recoins obscurs que la pulsion artistique se révèle. La fertilité, la maternité, le terreau des origines, l’amour sous toutes ses acceptions, Philia et Eros, se mêlent dans ses chansons-poèmes dont les arrangements sont signés Fred Velucci, également guitariste, l’un des trois musiciens constituant le cercle rapproché de la chanteuse, auquel s’ajoutent Philippe Monge au synthé basse et clavier ainsi que Tim Campanella à la batterie et au pad. Outre ce noyau dur complice, se greffe dans cet album aux textures riches et denses, mariant pop et sonorités afro-brésiliennes, un florilège d’invités qui viennent apporter des touches de jazz et agrémenter le métissage d’un mélange des genres jamais brouillon, un patchwork éclectique et savoureux. Trompette, saxophone, trombone, violon, flûte, piano sont de la partie et font monter la sauce de ce cosmopolitisme musical réjouissant.
Marie Plantin
Elle chante en arabe, en brésilien, en français, et ces langues dans lesquelles elle évolue harmonieusement sont déjà, en elles-mêmes, un programme, un manifeste, l’affirmation d’une musique qui puise aux sources de ses origines familiales et navigue à vue d’une influence à une autre, l’Afrique toujours au centre des métissages qui tissent leurs rythmes et sonorités sous le sceau de la rencontre et de l’hybridation. La musique d’Anissá est le fruit d’une histoire personnelle fascinante, d’un mariage inattendu de langues qui se passent le relais sans se marcher sur les pieds, en alternance, chacune trouvant sa place avec évidence pour exprimer à l’unisson le motif de chaque chanson, ses soubassements affectifs, sa charge émotionnelle, le récit qui l’innerve en creux.
Voix multiple aux parfums d’horizon, Anissá Bensalah a le nomadisme dans la peau et une spiritualité à fleur d’épiderme. Née en Haïti, elle a le tempérament téméraire et indépendant des insulaires et ses cinq premières années de vie dans les Caraïbes laisseront en elle des traces indélébiles, tout comme chaque escale de son enfance, au gré des déménagements de ses parents. A l’âge de 5 ans, premier déracinement direction le Sénégal qui la verra grandir et prendre ses premiers cours de chant lyrique jusqu’à ses 11 ans. Puis vient le temps de l’adolescence pointant son nez et d’un nouvel exil, au Liban. Beyrouth montre son visage de ville blessée, encore fumante des stigmates de la guerre civile, éventrée par les bombes et la haine. Bien que marquée par ces paysages ravagés, Anissá retient aujourd’hui la joie de vivre des libanais, leur énergie à toute épreuve. Trois ans après, cap sur la France et sa capitale. Anissá, qui n’a cessé de perfectionner sa pratique du chant en dépit de sa vie de transit, se sent vite à l’étroit dans le classique et sa découverte du jazz est une révélation, un nouvel horizon à explorer avidement, parallèlement à des études de musicologie à la faculté de Paris 8. Forte de ces nombreuses formations, Anissá a construit sa vie dans, par et pour le chant, constante solide et durable de ses années de déplacements réguliers, territoire immatériel immuable où exprimer les cohabitations culturelles qui la définissent et interagissent en elle. L’écouter chanter est l’occasion de côtoyer de près cet agrégat identitaire et l’on a l’impression de voyager en secret dans les circonvolutions de sa vie.
Chanteuse dans plusieurs formations outre son projet solo qu’elle mène avec panache, la jeune femme s’est produite dans de nombreuses salles parisiennes, comme la Salle Gaveau, le New Morning, le Festival Solidays, l’Institut du Monde Arabe, le Théâtre des Gémeaux, la Fondation Goulbenkian, la Maroquinerie, le Sunside-Sunset, le Petit Bain, le Studio de l’Ermitage, la Salle Gustave Eiffel... mais également au Dock 40 (à Lyon), au Théâtre de la Mer (à Sainte Maxime), au Festival Jazz au Château (à Cagnes sur Mer), au Festival La Rue des Artistes (à Saint Chamont), ainsi qu’au Brésil et en Algérie. Anissá n’a pas de frontières, elle est libre comme la lumière et ne s’interdit rien, même reprendre Beyonce en arabe, dans son single Lebnat, version personnelle de Who run the world (girls).
Sovaj, un deuxième album habité d’une maturité nouvelle, habillé d’arrangements chamarrés aux sonorités nomades
Après un premier album, Matriz, sorti en 2013 sur le label Ovastand, Anissá Bensalah revient dans les bacs avec un deuxième opus qui joue sur la continuité avec le premier tout en prenant une voie autre, mixant musique acoustique et musique électronique, comme si explorer de nouveaux paysages, de nouveaux alliages et nouvelles alliances, ne pouvait être que sa façon à elle d’être elle-même, de renouveler le pacte de fidélité à ses racines nomades et plurielles, de celles qui s’arrachent sans cesse pour mieux se planter ailleurs, tout en gardant, dans le sillon de ses pas un peu de la terre première collée sous ses pieds. On n’oublie pas le pays qui nous a nourri de son sein, on n’oublie pas la culture qui nous a forgé de sa sève, le lieu primitif où l’être prend forme dans les prémices de sa vie. Le lieu matrice. Dans ce nouvel album, intitulé Sovaj, Anissá Bensalah consacre une chanson à son île, berceau de sa naissance, Haïti. Chanson-hommage, chanson-origine, chanson-mémoire, chanson-histoire, on la traverse sur le fil d’une émotion délicate et pudique qui nous cueille le coeur dès les premières notes de guitare qui l’introduisent. Sovaj est un disque-monde creusant la veine identitaire du premier, qui s’organise en neuf titres, répartissant l’usage des trois langues pratiquant Anissá en un équilibre parfait. Trois morceaux en français, trois en portugais-brésilien, trois en arabe (en l’occurrence deux en arabe littéraire et un en arabe dialectal algérien). Trois langues aux sonorités très identifiables, porteuses de musicalités radicalement différentes et complémentaires. Quant à la voix d’Anissá, elle s’y fait tantôt suave et grave, tantôt naviguant à l’envie, avec souplesse et fluidité, sur des sommets veloutés, aigüe mais jamais aiguisée, toujours franche et déterminée. Une voix aux mille et un éclats miroitants qui cultive la virtuosité avec la nonchalance des plus grands. Une technicité admirable qui s’efface devant la liberté sans borne de l’artiste aux semelles de vent. Et l’on est médusé devant les grands écarts et modulations auxquels elle nous convie, les lignes de crête sur lesquelles elle avance, funambule et légère comme l’air, envoûtante de bout en bout. Son chant, s’il est très présent, d’ici et de maintenant, semble s’ancrer dans la terre qui l’a vu naître autant que dans les suivantes qui ont accompagné ses premières foulées, pour enfin s’élever via une spiritualité personnelle et libre connectée aux mythologies Vaudou qui l’ont imprimée en profondeur et l’habitent toujours. Les mélopées afro-arabo-brésiliennes qui irriguent le disque enveloppent de leur douceur, tapissée d’une puissance souterraine, bercent de leur mélancolie souriante et chatoyante ou revigorent de leur énergie terrienne, du feu intérieur qui les anime. La découverte du livre de Clarissa Pinkola Estes, Femmes qui courent avec les loups - Histoires et Mythes de l’archétype de la femme sauvage, est à l’origine de cet album au titre qui lui fait écho. Une lecture majeure dans le chemin artistique d’Anissá Bensalah qui vient percuter ses propres réflexions sur la création, entrer en résonance avec son histoire singulière et lui ouvrir portes et pistes dans son inspiration et sa démarche musicale.
C’est en allant chercher dans les entrailles de soi-même que l’énergie créative se libère, dans les recoins obscurs que la pulsion artistique se révèle. La fertilité, la maternité, le terreau des origines, l’amour sous toutes ses acceptions, Philia et Eros, se mêlent dans ses chansons-poèmes dont les arrangements sont signés Fred Velucci, également guitariste, l’un des trois musiciens constituant le cercle rapproché de la chanteuse, auquel s’ajoutent Philippe Monge au synthé basse et clavier ainsi que Tim Campanella à la batterie et au pad. Outre ce noyau dur complice, se greffe dans cet album aux textures riches et denses, mariant pop et sonorités afro-brésiliennes, un florilège d’invités qui viennent apporter des touches de jazz et agrémenter le métissage d’un mélange des genres jamais brouillon, un patchwork éclectique et savoureux. Trompette, saxophone, trombone, violon, flûte, piano sont de la partie et font monter la sauce de ce cosmopolitisme musical réjouissant.
Marie Plantin