Ana Carla Maza

Caribe
Sortie le 13 octobre 2023
Label: Persona Editorial
Troisième album de la violoncelliste et compositrice cubaine Ana Carla Maza, Caribe renouvelle une déclaration d’amour déjà adressée à la musique latino-américaine dans l’opus précédent, Bahia. Publié en 2022, Bahia fut suivi d’une tournée de 150 concerts donnés dans 14 pays. Sur les chemins croisés des voyages, Ana Carla Maza, qui n’a pas froid aux yeux, a procédé à la mutation de l’intimité du violoncelle vers un sextet très latin- jazz, coloré, énergique, dansant.
Troisième album de la violoncelliste et compositrice cubaine Ana Carla Maza, Caribe renouvelle une déclaration d’amour déjà adressée à la musique latino-américaine dans l’opus précédent, Bahia. Publié en 2022, Bahia fut suivi d’une tournée de 150 concerts donnés dans 14 pays. Sur les chemins croisés des voyages, Ana Carla Maza, qui n’a pas froid aux yeux, a procédé à la mutation de l’intimité du violoncelle vers un sextet très latin- jazz, coloré, énergique, dansant.

De formation classique, Ana Carla se meut ici dans l’univers caribéen, et au-delà (l’Argentine, le Brésil) en prenant ses libertés. La première d’entre elles est d’imposer sa sensibilité et sa parole de femme. « J’ai composé Caribe en parcourant le monde. En studio à Rome, sur les bords du Lac d’Annecy, dans un château au Portugal, lors d’un voyage en avion vers le Mexique… C’était une sorte de recherche de mon identité, qui partait de Guanabacoa, le quartier de La Havane où j’ai grandi avec mes grands-parents et qui se trouve être l’épicentre des « rumberos », les percussionnistes issus de la pure tradition afro-caribéenne ».

Ana Carla a deux mantras : vivre le présent et vivre en femme libre. Pour le premier, la musicienne a choisi le tourbillon du jazz latin - des musiques à danser, des mélodies amoureuses - décliné en treize titres cuivrés, parcourus de cumbia, de samba, de tango, de rumba, de salsa. Ella a décliné le second précepte au fil de 13 titres, dont Diana (« N’aie pas peur, c’est ta vie, tu n’as rien à perdre »), proposé en clôture. Avec énergie et féminisme, la jeune musicienne a mis son veto aux cadres habituels, qui imposent d’appeler à la rescousse un arrangeur et producteur, des hommes dans la plupart des cas, pour boucler un projet.

« Dans la musique latine, les femmes chantent, les hommes font tout le reste. J’ai décidé de me passer d’un producteur musical. Et je suis arrivée en studio avec toutes les partitions, écrites pour un sextet, instrument par instrument. Je suis de formation classique, je peux jouer Brahms ou Chostakovitch, qui sont compliqués. Dès lors, pourquoi ne pas relever un nouveau défi : réaliser entièrement un album latin haut en couleurs, qui correspond à ma sensibilité féminine, à mon désir de la célébration positive de l’ici et maintenant, à l’ «alegria », la joie spontanée ». Formée au piano à Cuba par Miriam Valdes, sœur de Chucho Valdes, fille du multi-instrumentiste n chilien opposant à Pinochet Carlos Maza, Ana Carla a choisi des musiciens reflétant la diversité : un Guadeloupéen, le batteur Arnauld Dolmen, deux Cubains, Luis Guerra aux percussions et Irving Acao au saxophone et à la flûte, un Allemand amoureux du Honduras au piano, un Français du sud, Norman Peplow, également au piano, Fidel Fourneyron au trombone, Noé Clerc à l’accordéon. Et bien sûr, Ana Carla au violoncelle, précis, virtuose, et au chant.

« Le violoncelle, c’est la basse, la terre. Je l’utilise parfois en soliste, notamment pour le tango Astor Piazzola, toujours en acoustique, dans toute sa splendeur. La voix représente le corps. En chantant, on en finit avec la peur, on danse, on célèbre la vie, on apprend, on tombe amoureux ». La musique peut-être une succession de petits miracles, un enchaînement d’inventions qui s’opposent au pire, à la tristesse, au désarroi. « A Cuba, quand il y avait « apagon », une coupure de courant, on prenait un morceau de coton, de l’huile de palme, on faisait une bougie et c’était beau, intense et calme ».
Guanabacoa

Inspiré de la rumba cubaine, racines de toutes les musiques de l’île, ce titre d’ouverture célèbre par le chant, la clave et les cuivres le quartier de Guanabacoa, où vivaient les grands-parents d’Ana Carla. Lieux de rencontre des « rumberos », lieu de fête partagée et de rituels importés d’Afrique, Guanabacoa créé les conditions de « l’être ensemble » et concrétise la joie de la célébration.

Caribe

Toujours sur un registre cubain, Caribe se conjugue sur trois A : Amor, Alegria, Apagon. A savoir : comment même si tout manque, l’électricité, le sucre ou les haricots, le Caribéen ne cultive pas le drame. A la rudesse des temps, il oppose sa capacité à la joie, à l’amour. Couleurs et chaleur garanties, dans la lignée du Dominicain Michel Camilo et son big-band, auteur d’un autre Caribe, paru en 1988.

El Malecon

Quel instrument pouvait le mieux évoquer le Malecon, mythique boulevard qui longe la mer à La Havane ? Le violoncelle évidemment, ici joué avec virtuosité, en boucle, en vagues, comme un rêve serpentin, soutenu par des boucles d’un piano Rhodes. Plage instrumentale, espace de calme, de repos, avec la magie d’un coucher de soleil sur l’océan.

Las Primaveras

Retour à l’énergie du sextet, sur un rythme de merengue dominicain. A la tristesse du temps qui passe, on opposera le bonheur d’exister. Les années, les saisons défilent, et il faut s’en réjouir, puisque c’est le signe que nous avons beaucoup dansé, et bien cultivé le terreau de nos racines.

Astor Piazzola (Latin version)

Revisite d’un titre figurant sur l’album Bahia, un hommage à l’art du compositeur argentin Astor Piazzola. « Le violoncelle chante la mélodie, j’y ai ajouté une touche de Bach, j’ai mis la batterie et le piano en avant, créant ainsi des couleurs inédites », explique Ana Carla. Tout en rupture, ce tango décalé joue sur le registre de l’improvisation jazz, parcouru d’une énergie magnétique.

Bahia (Latin Version)

Petit détour vers le jazz-samba, Bahia, du nom du quartier de La Havane où Ana Carla passa son enfance, offre également une relecture « latine ». Paru sur l’album précédent, il et ici l’occasion de chanter à tue-tête.

Huayno (Latin Version)

Egalement paru en 2022, l’instrumental Huayno se base sur une danse quechua du Pérou. Dans ses nouveaux habits, il appuyé par la force de la batterie et du piano percussif. Comme une cérémonie tribale dédiée aux ancêtres, aux défunts, chantée par le violoncelle.

Cumbia del Tiempo

Une cumbia colombienne donc. Un chapelet de lalalala joyeux qui nous interpelle sur le temps. Comment le percevons-nous ? Le futur peut nous rendre anxieux, le passé, triste. Il nous reste à construire le présent, avec nos mains, nos jambes, nos cœurs.

Carnaval

Retour au Brésil, avec une samba-frevo, spécialité du Nordeste brésilien, cuisinée au son du jazz latin de la grande période des années 1970. Un titre à danser sans réserve.

A Tomar Café (Latin Version)

Ana Carla a quitté Cuba en 2007, « en paix », dit-elle, pour en avoir gardé en elle des sensations, des émerveillements, des rêves de bouquets de fleurs de flamboyants, et puis de ces moments sacrés qui scandent avec un bonheur simple la vie quotidienne. « A Cuba, il y a toujours quelqu’un qui vient boire une petit café en passant sans être pressé », expliquait Ana Carla à la parution de ce titre sur l’album Bahia. Après une large tournée, voyant les réactions d’un public ravis, elle décide de convertir l’original. Parti d’un dialogue intime entre la voix et le violoncelle joué pizzicato, A Tomar Café, se mue en un son « où ça groove, ça danse, , ça explose ».

Dos Enamorados

Cette valse amoureuse proclame d’une voix ample la force du lien, la beauté du vent, de la nature, et l’impossibilité de séparer ceux qui s’aiment - aucune montagne, aucune distance. L’accordéon voyageur vient corroborer le propos.

Tropical

La vision, même naïve, des Caraïbes peut servie de remède à la mélancolie : cet instrumental, où le violoncelle est roi, nous laisse vagabonder dans des paysages de mer bleue, de coraux, de poissons colorés. « C’est un hommage à Dominique, qui m’a accueilli en France comme une mère ».

Diana

Exercice de style funk, avec les expérimentations d’Herbie Hancock en toile de fond, Diana casse les barrières stylistiques, mais aussi sociétales : Diana est partie, c’est une femme libre, qui, au-delà des interdits familiaux, a trouvé sa liberté en dansant, en portant son corps là où elle le veut.