Amel Brahim-Djelloul

Les chemins qui montent
Sortie le 14 octobre 2022
Label: Klarthe Records
Ceux qui la connaissent savent déjà combien l’art lyrique qu’elle pratique dans les plus belles salles avec les plus beaux orchestres pour les plus belles pièces du répertoire ne la résume pas tout à fait. Non qu’Amel Brahim-Djelloul n’y consacre une remarquable carrière lyrique au cours de laquelle elle a déjà interprété les plus grands rôles, mais dans ce parcours aussi chevronné que brillant se lit également une relation particulière à d’autres cultures. Et particulièrement à celle de ses origines algériennes et à celle de la culture kabyle vers lesquelles elle revient aujourd’hui, comme si l’art lyrique l’avait guidée jusqu’à ses racines.
Un projet qui vient de loin
Ceux qui la connaissent savent déjà combien l’art lyrique qu’elle pratique dans les plus belles salles avec les plus beaux orchestres pour les plus belles pièces du répertoire ne la résume pas tout à fait. Non qu’Amel Brahim-Djelloul n’y consacre une remarquable carrière lyrique au cours de laquelle elle a déjà interprété les plus grands rôles, mais dans ce parcours aussi chevronné que brillant se lit également une relation particulière à d’autres cultures. Et particulièrement à celle de ses origines algériennes et à celle de la culture kabyle vers lesquelles elle revient aujourd’hui, comme si l’art lyrique l’avait guidée jusqu’à ses racines. Bien sûr, il y eut ces programmes avec la pianiste Anne Le Bozec (Les 1001 nuits), ainsi que cet hommage au patrimoine arabo-andalous (Amel chante la Méditerranée) adapté par son frère, le violoniste et musicologue Rachid Brahim-Djelloul et interprété avec l'Ensemble Amedyez. Mais avec Les Chemins qui montent, Amel Brahim-Djelloul fait résonner encore un peu plus fort cette culture inscrite en elle depuis l’enfance.
A l’origine de ce retour aux sources, il y a le succès immédiat, sur YouTube au printemps 2020, de deux reprises chantées par la soprano en hommage à Idir, le grand artiste algérien d’expression kabyle qui venait de disparaître. Signe qu’il fallait gravir désormais ces chemins qui montent vers les sommets de la Kabylie.

Un programme personnel et intime
Amel Brahim-Djelloul a donc construit au fur et à mesure ce périple intime autour de quatre personnalités artistiques importantes :
« J’ai grandi avec Idir, artiste très présent dans le coeur de tous les Algériens. Il a apporté une modernité à notre culture et l’a faite connaître au monde entier, bien au-delà de la Grande Kabylie. Djamal Allam et un autre chanteur marquant pour moi, issu de la Petite Kabylie, dont la voix très lyrique a également occupé une place importante dans le répertoire de la variété algérienne.
Je voulais aussi emmener ce projet un peu plus loin dans la tradition en allant chercher du côté de Taos Amrouche qui toute sa vie a tenté de restituer un fond ancestral. Je me retrouve moins dans la dimension complexe et torturée de sa personnalité, mais sa voix était très singulière, fortement influencée par l’art lyrique. Elle a figé les formes traditionnelles de la musique telle que les femmes la vivaient et la faisaient vivre dans les villages.
Il était également essentiel pour moi d’évoquer la figure de la mère. Le charme et la douceur du chant féminin du groupe Djurdjura était une très belle façon d’exprimer cet amour maternel, au travers d’une berceuse.
En parallèle de tout cela, il me fallait un guide dans cette langue kabyle qui n’est pas ma langue maternelle. J’ai trouvé ce guide en la personne de Rezki Rabia, poète en langue kabyle et française, qui m’a appris à m’approprier ces textes et à les restituer le plus fidèlement possible dans mon chant. Quatre de ses poésies ont également été mises en musique par Thomas Keck afin d’enrichir le panel des thèmes abordés et apportent cet ancrage dans la Kabylie d’aujourd’hui.


Un casting à son image
La colonne vertébrale du programme ayant été dessinée, il a fallu ensuite le réaliser : « Le projet a été enregistré en avril 2021 mais nous avons commencé à travailler avant la crise sanitaire. C’est vers le guitariste Thomas Keck (compositeur et arrangeur), avec qui j’avais envie de retravailler depuis longtemps, que je me suis tournée et qui est le pilier de cet album. J’ai soumis à Thomas le souhait d’inviter des musiciens rencontrés lors de précédents projets et issus de répertoires très variés : le clarinettiste  Vincent Penot, soliste de l’Orchestre National de l’Opéra de Paris et invité  régulier de l’Orchestre Pasdeloup;  le gambiste François Joubert-Caillet, spécialisé dans le  répertoire  baroque ; Adrien Espinouze, au ney, spécialiste de la musique traditionnelle ottomane l’Ensemble Amedyez avec mon frère Rachid, Dahmane Khalfa et Noureddine Aliane ; Vincent Beer-Demander, virtuose de la mandoline; Damien Varaillon, contrebassiste de jazz; Stéphane-France Léger, harpiste ; et les grands talents de la violoniste Stéphanie-Marie Degand, de l’altiste Lise  Berthaud et du violoncelliste Raphaël Merlin, tous trois issus du répertoire classique et romantique.

La musique d’une vie
Mais plus qu’un casting qui relève de la simple excellence, ces Chemins qui montent offrent une musique sensible, vibrante, qui marie harmonieusement toutes ces couleurs présentes dans la voix d’Amel Brahim-Djelloul : folk, classique, pièces rythmées et dansantes, a capella ensorcelants et spirituels. Une vie que la soprano a aussi trouvé dans le roman de Mouloud Feraoun qui a donné son titre à cet album : « Les Chemins qui montent, ce dernier roman de Feraoun est une histoire d’amour mais qui exprime aussi l’idée que pour se rendre en Kabylie, il faut s’élever, tant physiquement que par l’esprit.
Chaque pièce de ce programme est d’une authenticité désarmante. Pétrie de mots et de notes qui parlent à tous les coeurs.