Alejandra Ribera

La Boca
Sortie le 22 septembre 2015
Label : Jazz Village
Avec ses refrains habités et ses arrangements raffinés, La Boca s’écoute comme un carnet de voyages intérieurs au fil d’une pop de chambre inédite qui a traversé les continents musicaux.

Née au Canada d’un père argentin et d’une mère écossaise, Alejandra Ribera était prédisposée pour les voyages. La chanteuse arrive en France avec La Boca, un album beau comme un nuage d’altitude qui a bravé les orages, traversé les continents musicaux et trouvé la lumière dans la pop et les musiques latines. Auteure et compositrice autant qu’interprète, elle possède une voix de rêveuse suprême, lovée dans des chansons vaporeuses et délicatement arrangées, faites pour voler.
Eminem ne le sait sans doute pas, mais Alejandra Ribera lui doit beaucoup. C’est en voyant la première scène du film 8 Mile (qui montre le rappeur rongé par le trac avant de monter sur scène pour un « battle ») que la Canadienne de Toronto décide de franchir le pas, et de consacrer sa vie à la musique. S’il a pu le faire, je peux aussi, pense-t-elle alors.

Alejandra Ribera n’est pas tout à fait novice : petite, elle a chanté avec sa mère dans la chorale de l’église anglicane, elle a été biberonnée au jazz et à la musique classique, puis elle a appris le violon et la guitare folk, tout en composant des chansons depuis l’adolescence. En 2009, elle enregistre un premier album impromptu, avec des étudiants en jazz qui trouve une reconnaissance inattendue au Canada. Mais Alejandra Ribera, interprète singulière doublée d’une auteure et compositrice unique, considère que La Boca est son véritable premier album. Elle a composé les chansons en voyage (Espagne, Écosse, Slovaquie, puis la France où elle s’est posée), et en traversant les épreuves de la vie : « J’ai été inspirée par cette brillance rare et dangereuse qu’on ne voit que dans les profondeurs. Chaque chanson a la valeur de la lumière au bout de l’épreuve. Et cet album, c’est aussi l’intuition, l’écoute d’une voix intérieure ». Une voix qui lui dit par exemple qu’elle doit confier les arrangements de son disque à Jean Massicotte, magicien-producteur de Lhasa et de Patrick Watson. Elle attendra longtemps, mais elle avait raison : La Boca est un tapis volant, tissé dans un instrumentarium raffiné (piano, cordes pincées, cuivres, percussions effleurées, pedal- steel), qui emmène la voix puissante, fébrile et capiteuse d’Alejandra Ribera dans des contrées impressionnistes. Alejandra est d’ailleurs particulièrement heureuse lorsqu’elle apprend que son morceau I Want a été distingué « chanson de l’année » en 2014 par la Socan, l’équivalent canadien de la Sacem. Sur scène, elle exprime le bonheur de chanter comme des ronds de fumée : sa voix navigue entre jazz, folk et pop, comme dans un coffee-house de Laurel Canyon à la grande époque de la bohème folk. Jamais avare d’une bonne histoire entre deux chansons, elle sait émouvoir avec le sourire. On songe à tous ces artistes qui ont chanté le blues et ses multiples déclinaisons en funambules : Rufus Wainwright, Melingo, Tom Waits, Chavela Vargas, sans oublier bien sûr Arthur H qui est en duo avec elle sur le seul titre en français de La Boca – Un Cygne la nuit, rempli d’une profonde dramaturgie... On pense aussi aux étoiles et à l’horizon dégagé, la où la mer et le ciel se confondent. Cet album est un trip, le récit d’une histoire et le début d’une aventure.