Aïda Nosrat

Common Routes
Sortie le 30 janvier 2026
Label: Accords Croisés
Les routes des musiques ne se prédisent pas. Common Routes a commencé par se dessiner comme un désir radieux, comme un vertige radical : reprendre au XXIe siècle ce que furent jadis les circulations des musiques manouches. Entre origines lointaines, emprunts emmagasinés lors des migrations et adaptations aux cultures dans lesquelles ils sont installés, les Gitans ont inventé des langues musicales d’une richesse exceptionnelle et quoi de plus tentant que de partir sur leurs traces ?
Les routes des musiques ne se prédisent pas. Common Routes a commencé par se dessiner comme un désir radieux, comme un vertige radical : reprendre au XXIe siècle ce que furent jadis les circulations des musiques manouches. Entre origines lointaines, emprunts emmagasinés lors des migrations et adaptations aux cultures dans lesquelles ils sont installés, les Gitans ont inventé des langues musicales d’une richesse exceptionnelle et quoi de plus tentant que de partir sur leurs traces ?

Il ne s’agit pas d’explorer l’héritage de Django Reinhardt ! Pendant plus de deux ans, la chanteuse et violoniste Aïda Nosrat, le guitariste Olivier Kikteff et l’accordéoniste Antoine Girard explorent l’esprit manouche dans six pays (France, Belgique, Pologne, Hongrie, Italie et Espagne) en rencontrant des musiciens locaux et venus de l’exil. Mais, à l’issue de ce voyage à travers l’Europe, le trio ne veut pas que se perde son répertoire. Alors les trois artistes décident que Common Routes deviendrait un projet porté par l’unique voix d’Aïda – et voici cet album. Aïda Nosrat, iranienne de parents azéris qui, en outre, considère le Kurdistan comme son « paradis sur terre », s’est installée en France en 2016 pour y travailler librement son parcours soliste ou les projets Manushan et Atine, Elle avait découvert en Iran les musiques manouches, en les explorant sur YouTube. Elle y a repéré Olivier Kikteff, leader du groupe Les Doigts de l’homme. Et celui-ci a proposé de faire appel à Antoine Girard, au bagage musical également très large.

Ensemble, ils composent quelques thèmes et construisent des arrangements autour de pièces traditionnelles iraniennes, azéries ou kurdes – « toujours différemment des versions originales », souligne Aïda. Et Olivier confirme : « Je ne souhaite pas jouer de musique traditionnelle et Aïda est comme programmée pour le mélange. »

Comme des Gitans ont pu le faire jadis, le trio emmêle, transforme, bouleverse un matériau moyen-oriental dans une Europe ouverte à tous les vents. Une musique manouche ? Plutôt un esprit, une pratique, un entendement tsigane dans le refus de l’immobilité. « Je n’avais pas envie d’un cadre, ni iranien, ni occidental, ni jazz, ni traditionnel », confirme Aïda. Et, de fait, la musique de Common Routes se déploie dans un perpétuel ailleurs où, pourtant, chaque lignée peut trouver des éléments familiers. Une sorte de rêve hyper-manouche, aussi audacieux poétiquement que politiquement, comme pour gommer plus encore les frontières, ces frontières que les cultures enjambent toujours plus facilement à mesure que les pouvoirs prétendent les verrouiller.
En concert le 3 février 2026 au 360