African Virtuoses

The Classic Guinean Guitar Group
Sortie le 10 Octobre 2007
Label: Sterns Music
Guitares volubiles, musiques aériennes, toucher de velours. La Guinée Conakry a été le berceau de la guitare en Afrique de l’Ouest à la fin des années 50 sous la houlette d’un musicien de légende : Grand Papa Diabaté. Véritable référence morale, il inspira tout au long des années 60 les instrumentistes des groupes nationaux de l’ère Sekou Touré qui firent de la Guinée le pays de la culture dans l’Afrique du début des Indépendances.
Guitares volubiles, musiques aériennes, toucher de velours. La Guinée Conakry a été le berceau de la guitare en Afrique de l’Ouest à la fin des années 50 sous la houlette d’un musicien de légende : Grand Papa Diabaté. Véritable référence morale, il inspira tout au long des années 60 les instrumentistes des groupes nationaux de l’ère Sekou Touré qui firent de la Guinée le pays de la culture dans l’Afrique du début des Indépendances.

Avec son frère Sékou « Docteur », ils furent les pionniers de cet instrument dans l’espace mandingue délaissant  les 21 cordes de la  kora pour le manche à six cordes. En compagnie de leurs plus jeunes frères Siré et Abdoulaye, ils enregistrèrent deux opus sous le nom de « Virtuoses Diabaté » puis d’ « African Virtuoses ».

Deux frères de légendes donc.  Grand Papa né en 1936 et disparu en 2006 et Sekou dit « Docteur », son cadet de deux ans se retrouvent au début des années 70 après dix années de carrière, Grand Papa avec le Thiwara Band de Kati au Mali, Docteur avec le fameux groupe Balla et ses Balladins de Conakry.

Deux albums réunis en un volume de leurs deux groupes. Virtuoses Diabaté avec l’album « La nouvelle mariée » enregistré sur le label Syliphone de Conakry en 1975 sous la référence SLP 53. Puis l’album de l’exil ivoirien sur les bords de la lagune Ebrié sous le nom d’African Diabaté enregistré dans les fameux studios JBZ d’Abidjan et intitulé « Nanibali-Ballade sur la lagune ».

Grand Papa Diabaté est véritablement LE guitariste légendaire de la musique guinéenne, précurseur au pays du Sylli national de disciples qui deviendront des références incontournables  sur le continent, Kante Manfila, l’alter ego de Salif Keita dans les Ambassadeurs du Motel et Sekou « Diamond Fingers » Diabaté de l’éternel Bembeya Jazz. Ce pionnier de la musique guinéenne est le premier instrumentiste à avoir vulgarisé le solo de guitare en Guinée. Mais très indépendant, il n’a jamais adhéré à la politique des orchestres nationaux développés par Sékou Touré et préféra s’installer au Mali voisin où il fit carrière durant les années 60 au Thiwara Band de Kati où il électrifia son jeu de guitare. Comme le dit Achken Kaba, le chef d’orchestre du Bembeya, « Tous les guitaristes guinéens aujourd’hui ont le style de Papa Diabaté. Et s’ils ne l’ont pas, ils ont le style de Diamond Fingers ».

Sékou « Diamond Fingers »  reconnaît lui toute l’importance de Grand Papa: « C’est un très grand guitariste, mon maître. S’il avait eu plus de chance  –  tout dans la vie est une question de chance-  il aurait dû être le plus grand guitariste que l’Afrique n’ait jamais connu ».

Mais Franco et Papa Noel en République Démocratique du Congo, Ali Farka Touré et Djelimady Tounkara au Mali ou Kanté Manfila et « Diamond Fingers » en Guinée ont occupé le haut de l’affiche.

Cette réédition de douze titres d’African Virtuoses et Virtuoses Diabaté enregistrés entre le début des années 70 et 1983 permet de découvrir la pureté du jeu de guitare de Docteur Sekou et de Grand Papa, accompagnés par leurs jeunes frères Sire - qui fit un temps parti du National Horoya Band-  et Abdoulaye, le véloce soliste du Nimba-Jazz de N’Zérékoré.

Grand Papa, docteur ès guitares, comme le dit si joliment Justin Morel Junior ministre de la Culture et Communication de Guinée et spécialiste mondial de la musique guinéenne depuis plus de trente ans, a développé un style unique de jeu, en utilisant non plus ses doigts pour gratter les cordes, mais un plectre, sorte de pièce de bois ou plastique ancêtre du médiator. C’est au Conservatoire de musique de Dakar qu’il a été initié aux techniques de la guitare classique et influencé par les techniques de jeu européennes, il décida  d’adapter celles-ci au style guinéen.

Bien qu’artiste culte, il n’a en fait enregistré que peu de titres. Ce qui semble être son premier enregistrement est un morceau de 16’54 minutes en duo avec Sekou « Docteur » à la fin des années 60 intitulé « Solo Virtuose » que l’on retrouve à la fin de cet album. Présent sur la compilation Syliphone « Discothèque 1970 », ce morceau marque les vrais débuts d’African Virtuoses, sous le nom de Virtuoses Diabaté.

Quelques titres apparaitront sur les volumes suivants, « Discothèque 71 » et « Discothèque 72 » avant la parution en 1975 de leur premier opus « La nouvelle mariée » avec la voix de Nadia Hilal, la femme de Sékou Docteur toujours chez Syliphone.

Au tournant des années 80, Abidjan alors véritable Mecque musicale du continent africain attire alors les meilleurs musiciens guinéens. C’est dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire que le concept African Virtuoses prendra touter son ampleur.

Aficionado de flamenco  espagnol ou de danzon cubain ? Avec cette compilation d’African Virtuoses, vous allez découvrir des sonorités connues qui vous entraînerons entre la presqu’île de Conakry et au bord de la lagune d’Abidjan.

(Pierre RENE-WORMS/ RADIO FRANCE INTERNATIONALE)