Les Amazones de Guinée

Wamato
Sortie le 2 juin 2008
Label: Cantos
« Retour en force des Amazones ! » Ainsi commence « Wamato », le nouvel album des Amazones de Guinée, la référence des orchestres féminins en Afrique, symbole de l’émancipation de la femme africaine.

Elles ont représenté la Guinée de Sekou Touré aux quatre coins de la planète tout au long des années 60 et 70. On les appelait les « Déesses de la musique africaine », « les Tigresses de planches » et c’est vrai que les Amazones révèlent toute leur grâce et leur magie sur scène. Gracieuses certes, mais gendarmes également. Qui reconnaîtrait ces quinze femmes dans leurs tenues kaki de service ? A leur début, en 1961, les Amazones était l’Orchestre féminin de la Gendarmerie de Guinée. Mais il est vrai qu’Amazones de Guinée sonne plus glamour à l’étranger !
« Retour en force des Amazones ! » Ainsi commence « Wamato », le nouvel album des Amazones de Guinée, la référence des orchestres féminins en Afrique, symbole de l’émancipation de la femme africaine.

Elles ont représenté la Guinée de Sekou Touré aux quatre coins de la planète tout au long des années 60 et 70. On les appelait les « Déesses de la musique africaine », « les Tigresses de planches » et c’est vrai que les Amazones révèlent toute leur grâce et leur magie sur scène. Gracieuses certes, mais gendarmes également. Qui reconnaîtrait ces quinze femmes dans leurs tenues kaki de service ? A leur début, en 1961, les Amazones était l’Orchestre féminin de la Gendarmerie de Guinée. Mais il est vrai qu’Amazones de Guinée sonne plus glamour à l’étranger !

 Les premières années, les musiciennes jouent en acoustique : mandolines, violons, violoncelles, contrebasses, bongos, congas. Avec ces instruments elles créent une musique limpide, chantant des titres qui exhortent les femmes africaines à se libérer de leurs complexes hérités du système coutumier et féodal. « Femmes d’Afrique », « Vive les femmes africaines » étaient des hymnes repris par toute la gente féminine dans les années soixante. C’est en 1965 que viendra le grand virage des instruments électriques. Basse, guitare, batterie font leur apparition, de même que les cuivres avec les trompettes et les saxs ténor et soprano.

 Pendant plus d’une décennie, les Amazones sillonnent en vraies Reines d’Afrique le continent alors que toutes les tentatives de groupe similaires échouent les unes après les autres. Le Festac de 1977 à Lagos marquera l’apogée de ce cycle et leur beauté et maestria séduira toute l’intelligentsia afro de l’époque qui avait fait de ce sommet culturel de Lagos un moment fort de l’histoire des « afro-musiques ».

 1982 marquera enfin le premier enregistrement phonographique avec « Au cœur de Paris » où l’on retrouve le truculent morceau « Samba » qui décrit la vie d’un homme qui ne sait pas ce qu’il veut ou « PDG », ode au parti de Guinée avec les virevoltants solo de guitare de Nyépou Habas, l’incomparable Reine.

 Aujourd’hui les Amazones reviennent vingt-quatre années après cet album enregistré en plein cœur de Paris.

 Deux albums en quarante-quatre ans ! Quel groupe aussi populaire à travers l’Afrique peut se prévaloir d’une discographie si peu prolixe ? Les Amazones ont été la référence des groupes féminins dans l’Afrique des années post-indépendance, symbole de l’émancipation de la femme africaine et sont demeurées un exemple rarement imité.

Aussi leurs activités de militaires font d’elles des femmes de devoir à qui le travail ne fait pas peur. A voir ces quinze femmes gendarmes se concentrer sur leur instrument pour une ultime répétition avant la présentation publique de l’album à Conakry, on le comprend ! Dans le hangar surchauffé jouxtant le Palais du peuple, le commandant Salématou Diallo a les yeux rivés sur le manche de sa basse, de grosses gouttes de sueur perlant à son front. Les quinze Amazones ont délaissé l’uniforme kaki pour d’amples boubous et troqué leurs armes de service pour des instruments de musique.

 Sur la route chaotique et boueuse qui menait leur minibus de Conakry à Bamako où elles allaient enregistrer au studio Bogolan, l’heure était malgré tout au recueillement et à la concentration. Cet enregistrement marquait un nouveau départ avec l’intégration de nouvelles « recrues » après le décès de certaines des Amazones originelles comme Nyépou Haba, surnommée la Reine des Amazones ou encore le départ à la retraite des plus anciennes.

Dans le studio de feu Ali Farka Touré, les Amazones ont retrouvé la fluidité de leurs jeux de guitares et ont enregistré un album qui fait honneur à la réputation de ces artistes incontournables de l’histoire  de la musique africaine.

A propos, pourquoi Amazones ? Leur patronyme est une référence à l’histoire africaine, à ces guerrières du roi Behanzin du Bénin qui ont fait don de leur vie pour la liberté, l’égalité et la paix. Des valeurs que ces Reines vont perpétuer lors de leurs prochaines tournées qui vont ouvrir une nouvelle page de leur si longue épopée.

Pierre RENE-WORMS / RFI