Diogal

Urban Spirit
Sortie le 9 septembre 2010
Label : Wasia / Playasound
Si les précédents albums de Diogal avaient une saveur iodée, c’est parce qu’ils étaient parcourus de cette brise légère qui frôle le littoral sénégalais – fidèle à sa tradition lébou, Diogal chantait la mer en faisant rouler une calebasse au long de sa guitare. Pour « Urban Spirit », le musicien sénégalais, installé en France depuis plus de dix ans, quitte un peu plus les rivages africains pour célébrer la ville et ses courants d’airs, mais aussi les valeurs simples qui font l’homme : l’eau, la solidarité, l’amour. Avec la manière des grands orfèvres folk, tout en profitant des musicalités extraordinaires du wolof, Diogal écrit des chansons qui courent à perdre la haine au milieu de nos vies urbaines. Innocent mais pas naïf, sans esbroufe mais pas austère, africain mais musicien citoyen du monde, Diogal n’a pas d’égal pour planer au-dessus de nos têtes.
Si les précédents albums de Diogal avaient une saveur iodée, c’est parce qu’ils étaient parcourus de cette brise légère qui frôle le littoral sénégalais – fidèle à sa tradition lébou, Diogal chantait la mer en faisant rouler une calebasse au long de sa guitare. Pour « Urban Spirit », le musicien sénégalais, installé en France depuis plus de dix ans, quitte un peu plus les rivages africains pour célébrer la ville et ses courants d’airs, mais aussi les valeurs simples qui font l’homme : l’eau, la solidarité, l’amour. Avec la manière des grands orfèvres folk, tout en profitant des musicalités extraordinaires du wolof, Diogal écrit des chansons qui courent à perdre la haine au milieu de nos vies urbaines. Innocent mais pas naïf, sans esbroufe mais pas austère, africain mais musicien citoyen du monde, Diogal n’a pas d’égal pour planer au-dessus de nos têtes.

Tout juste reconnu « Meilleur artiste Sénégalais de la diaspora » aux derniers « Sunu Music Awards » de Dakar, il n’était pas censé devenir musicien. Né en 1970 à Ngor, petit village de pêcheurs lébous au Nord de Dakar, qui n’était pas encore devenu la banlieue balnéaire de la capitale sénégalaise, Diogal passe son enfance au bord de mer, à manier pirogue et filet. Pour devenir « un vrai lébou ». Mais c’était compter sans le doigt tordu du destin, un décès et une rencontre providentielle. Sa vie va basculer au milieu des années 80, suite à la mort tragique de son oncle musicien. Par atavisme et un peu par chance, il hérite de la guitare familiale, y prend rapidement goût et décide de reprendre à ses comptes les rêves de son oncle. Délaissant la pirogue et les études, il commence à répéter sans cesse. Dans le même temps, tout en imitant le style familial, il se fait l’oreille sur des cassettes d’Ismaël Lô ou de Cheikh Lô, mais aussi des quelques artistes de l’époque disponibles en import : Jimi Hendrix, Cat Stevens ou Bob Dylan, dont l’influence se révélera décisive.

Quelques années plus tard, il sort une première cassette en hommage à son oncle disparu, sans vraiment réfléchir à une hypothétique carrière. Mais c’est justement cette cassette qui va tout déclencher... en arrivant dans les mains expertes de celui qui deviendra son bienfaiteur : Loy Ehrlich. L’ancien membre de Gong, qui a joué avec Touré Kunda et Youssou N’Dour, a des liens avec le Sénégal et tout particulièrement avec la famille de Diogal, chez qui il réside régulièrement : il se décide alors à prendre Diogal sous son aile. En 1998, il l’invite donc en France, chez lui, à une seule condition : qu’il continue à travailler son style, mélange de rythmiques lébous et de folk lunaire, à des kilomètres du mbalax encore en vogue à Dakar. Diogal hésite, doute, mais finit par accepter ce défi, quasiment en rapport à la signification de son nom en langue lébou : « Lève Toi et Vas-Y ». A Paris, à la fois producteur, manager et ami, Ehrlich se démène pour l’enregistrement du premier CD de Diogal, l’encourage, lui présente Lokua Kanza, Vincent Ségal ou Didier Malherbe. Mais si la liste d’accompagnateurs de Diogal sur son premier « Samba Alla » (2002) ressemble de loin au bottin de la world parisienne de la fin des années 90, c’est avant tout à son talent miraculeux qu’il récolte ses premières bonnes critiques - « la nouvelle sensation sénégalaise », peut-on alors lire dans les Inrocks. « C’était le moment ou jamais de prendre ma chance » se souvient Diogal, un peu ému, « j’ai beaucoup regardé et écouté les autres jouer, et j’ai compris que je n’avais plus le choix : je ne pouvais rien faire d’autre que musicien ».

Huit ans et trois albums plus tard, Diogal a accompli sa mue. Il a d’abord pris son indépendance en devenant également ingénieur du son et en montant son propre studio en région parisienne. Surtout, il a affiné son style autour d’une idée simple : accoupler les guitares claires de son héritage folk à des rythmiques composites, « afro européennes », tout en travaillant son très pur chant en wolof. Au point d’être comparé aujourd’hui à ses idoles passées, Ismaël Lô et Cheikh Lô.

Urban Spirit

Ce quatrième disque, Diogal l’appréhende comme une forme d’aboutissement de sa carrière.

Un constat assez logique puisqu’il s’agit seulement du deuxième album qu’il aura écrit, arrangé, enregistré et produit tout seul, dans son propre studio, avec ses propres invités de prestige comme le guitariste Eric Löhrer (Julien Lourau, Ibrahim Maalouf, Alain Chamfort) ou le jeune prodige de la batterie Davy Honnet. Surtout, Urban Spirit permet à Diogal de trouver le plus juste équilibre entre la tradition lébou et sa propre modernité occidentale, sans pervertir ni l’une ni l’autre. De la première, il a peu à peu abandonné les références à la mer : si sur ses précédents albums il avait déjà beaucoup écrit et ressentit les vibrations insolentes de l’océan, il se concentre désormais sur une part importante de l’âme lébou, la modestie et l’appel à la générosité. Sur « Yeni Nen », exemple magique de « pop rock à la sénégalaise » qui tutoie les cieux, il en appelle ainsi à la solidarité et au partage entre les peuples - « je suis un optimiste », confie Diogal dans un sourire, même s’il essaie également d’éveiller les consciences, à l’image du titre « Rooti ». Sur cette ballade déchirante, il aborde avec pudeur les problèmes absurdes du manque d’eau en Afrique : « Au village, quand j’étais enfant, j’allais chercher de l’eau au puits, jusqu’à ce qu’ils installent un robinet commun », explique Diogal, « mais la municipalité a fini par le couper, en demandant à toutes les familles d’installer chez elle l’eau courante. Sauf que tout le monde n’avait pas les moyens et beaucoup de gens se sont retrouvés sans accès à l’eau ! ».

Ancré en Afrique, « Urban Spirit » résonne également des émotions simples que lui procure la ville. Diogal aime se balader tout seul la nuit, vibrer sous les éclairages diffus de la place des Vosges, virevolter en journée au milieu de la fourmilière parisienne : il en revient avec deux titres forts, « Reer », une simple ballade guitare/violon que n’aurait pas renié Syd Matters s’il chantait en wolof, ainsi que l’animée « Town » où la section rythmique de son groupe prend alors toute son ampleur. Pour clôturer l’album, Diogal laisse également parler sa pudeur et sa sensualité sur « Weet » une chanson d’amour apparemment modeste, mais qui révèle tout son talent d’orfèvre. « Mais attention, ce n’est pas mon histoire d’amour, c’est celle de tout le monde » prévient Diogal, « A chaque fois, je vise l’universel ». Conclure sur ce morceau n’est pas anodin, tant Diogal est autant sénégalais que français, américain ou anglais. C’est bien simple : s’il ne chantait pas en wolof, qu’il garde pour son grand pouvoir émotionnel, on rangerait ses disques entre deux grandes références de pop/folk plutôt que dans le rayon des « musiques du monde ».

Reer

Se perdre dans les chemins de la vie pour mieux se retrouver soi-même.

Thiow li

Tirons le meilleur de chacun au lieu de passer notre temps à palabrer sur des choses qui nous empêchent d’avancer.

Yeni nen

Au lieu de se critiquer et de se mépriser, on ferait mieux d’être plus solidaires entre nous.

Layi

Arrête de chercher des excuses… Essaie d’être de ceux en qui on peut avoir confiance, qui tiennent leur parole et qui sont ponctuels.

Fétia

Viens me rejoindre dans le cercle de danse. Ceux qui t’aiment bien te suivront…

Rooti

L’eau se raréfie. Aidons ces peuples qui souffrent du manque d’eau.

Town

J’aime le calme et les lumières de la ville la nuit, me balader dans les lieux qui me rappellent des souvenirs.

Bok Tuma

Petits, nous jouions ensemble. Aujourd’hui, la distance, les responsabilités et les devoirs nous séparent.

Weet

J’adore ces moments tranquilles où je te chuchote mon amour pour toi.