Ziskakan

32 Desanm
Sortie le 5 Novembre 2012
Label : Sakifo Records
Ziskakan nous propose 32 Desanm, son quinzième album. Groupe phare de l’Ile de La Réunion, Ziskakan est emmené depuis plus de trente ans par le très charismatique Gilbert Pounia. Musiques malgaches ou indiennes, percussions africaines, textes créoles… : son style est à l’image de La Réunion, métissé.
Poète humaniste et homme de convictions, Gilbert Pounia réussit admirablement « sa mission de valorisation et de propagation de la culture réunionnaise » et s’inscrit dans l’héritage culturel, musical mais aussi littéraire de haute qualité de l’Île.
32 Desanm

Comme tout projet musical, l’histoire de « 32 Désanm », tout nouvel album du groupe Ziskakan, démarre à partir d’une histoire de rencontre et d’un fort désir de collaboration.

« Nouvel Album, nouveaux écrits, nouvelles mélodies »

LA RENCONTRE

C’est tout d’abord la découverte du label Earth Sync, de leurs différents projets et de leurs valeurs à travers le DVD musical « Laya Project » dont la qualité artistique, exceptionnelle, incitera Gilbert Pounia, leader de Ziskakan à faire connaissance avec leurs auteurs : Patrick Sebag et Yotam Agam (musiciens, compositeurs, producteurs) originaires de Tel Aviv. Ces deux « fabricants et brigands » de sons sont à l’origine de plusieurs formations dont ils font ou non parti (Nagore Session, Kartick & Gotam : Business Class Refugee, No Stranger Here...). Entre Inde et Israël, ils créent un pont entre plusieurs cultures, rassemblant voix, instruments et traitements sonores subtiles.

L’équipe israélo indienne est invitée à participer à la première édition du IOMMA (Indian Ocean Music Market) en 2011 à l’ile de la Réunion. Des répétitions partagées au restaurant familial le « Zinzin » à Grand Bois et une production sur une même scène marquent les premières lignes d’une collaboration à venir. Et que dire des Kari ou autres rougails faits par Gilbert Pounia qui ont aussi scellé à la Plaine des Palmistes ce désir de créations communes par de belles nuits sous la brume.

L’ÉCRITURE

A la fin du mois de Septembre 2011 à l’île Maurice, une résidence d’écriture réunit dans une maison à Souillac durant une dizaine de jours le poète Mauricien Michel Ducasse, Serge Ulentin déjà auteur de textes sur les deux précédents albums et bien évidemment Gilbert Pounia qui collabore étroitement à l’écriture et au choix des textes à venir.

Ce séjour permet à Gilbert Pounia d’affiner ses compositions et notamment avec la création du texte « Madame » de Lisa Ducasse (13 ans) né d’une confidence de Gilbert sur son enfance et que Lisa, trois jours plus tard transforma en pure émotion.

Et pendant ce temps, le trio travaille également sur un thème commun, « un jour idéal à construire, à rêver, avec un lien fort entre les gens » souligne Gilbert Pounia, qui donnera le titre à l’album, « 32 Désanm ».

En fin de séjour et faisant suite à de magnifiques instants de partages artistiques et affectifs, tous les textes en créole sont écrits. Il en va de même pour les traductions en français réalisées avec une remarquable finesse par Michel Ducasse. Mo Akbi se charge pour sa part de la traduction anglaise des textes afin de porter au plus loin la langue et l’imaginaire créole.

Gilbert Pounia aura ainsi le choix entre une quinzaine de textes dont les auteurs sont Carpanin Marimoutou, Michel Ducasse, Lisa Ducasse, Gérard Chopinet, Anny Grondin, Maya Pounia, Monseigneur Aubry, Shenaz Patel, Serge Ulentin et le très beau texte « Papa » qu’il a lui-même écrit.

L’ENREGISTREMENT

En décembre 2011, Ziskakan revient à l’île Maurice et participe au festival ENN avant de s’envoler au mois de Janvier 2012 pour une tournée en Inde avec notamment le Music Global Festival et des concerts au Blue Frog de Bombay et de New Delhi.

C’est lors de cette tournée que le groupe visite pour la première fois le studio Clementine basé à Chennai et que sont mis en place les derniers détails de l’enregistrement qui débutera deux mois plus tard.

C’est donc en Mars 2012 que les musiciens, Gerard Clara, Daniel Riesser, Jérémie Lapra et Gilbert Pounia s’envolent vers Chennai afin de rejoindre Patrick Sebag et Yotam Agam qui assurent à la réalisation l’enregistrement des onze titres choisis.

Cette aventure en territoire indien est également l’occasion d’inviter quelques artistes tels que ANURHADA GENRICH (voix) ; MAHESH VINAYAKRAM (voix, tampura) ; B. V. RAGHAVENDRA RAO (violon) ; RAPHAEL (harmonica, morsing). Rencontrés au fil des années ou sur le moment, les voix et instrumentalisation donnent reflet et harmonie au projet « 32 Désanm »

Au final ce sont dix nouvelles compositions et un nouvel enregistrement de « Mon Nasion », magnifique texte de Carpanin Marimoutou déjà interprété sur l’album « Kaskasnikola » (Sankara/Polygram. 1996) qui voient le jour.

Comme toujours chez Ziskakan, l’empreinte musicale est à chercher entre tradition et modernité, pimentée ici ou là « d’électro suggérée ».

Paradoxalement, l’ensemble apparait très épuré. « Il y a beaucoup de simplicité dans cet album. Parfois seulement guitare et voix donnent toute sa dimension à l’écrit. J’avais l’impression de revenir aux premiers albums de Ziskakan » souligne son leader.

Voilà qui devrait à la fois ravir les aficionados des premières créations de Ziskakan, il y a maintenant plus de trente ans, et ceux qui au fil du temps se sont nourris des magnifiques ouvertures au monde des compositions de Gilbert Pounia.

BIOGRAPHIE

Gilbert Pounia

Personnage intense à l’allure de prince indien d’un autre temps, il est aujourd’hui une figure emblématique de l’Île de la Réunion. Cet auteur-compositeur qui se voit "plus conteur que chanteur" est le leader charismatique du groupe de musique Ziskakan qu’il a créé en 1979 et qui jouit d’une reconnaissance internationale (États-Unis, Canada, Europe). Musiques malgaches ou indiennes, percussions africaines, textes créoles... : son style est à l’image de La Réunion, métissé. Poète humaniste et homme de convictions, Gilbert Pounia réussit admirablement "sa mission de valorisation et de propagation de la culture réunionnaise" et s’inscrit dans l’héritage culturel, musical mais aussi littéraire de haute qualité de l’Île.

Fin des années 70, dans l’île de la Réunion, des écrivains, des poètes et des musiciens se mobilisent en faveur de la langue créole et de la culture réunionnaise. Dans ce contexte, l’association Ziskakan voit le jour en 1979, à l’instigation d’un groupe d’amis entraîné par Gilbert Pounia.

C’est dans les « kabars » (du mot malgache kabary qui signifie assemblée) que le maloya s’écoute, se vit, se joue avec ses instruments de prédilection : le rouleur (cheval tambour de basse que l’on chevauche), le bobre (arc musical), le kayamb (boîte en tige de fleurs de canne contenant des graines que l’on agite à plat : ce mouvement donnant naissance au 6-8, signature rythmique du genre). Un maloya qui, entre humanités volées et bonheur possible, fonctionne comme un marqueur identitaire.

A partir de ce blues, Gilbert Pounia va asseoir sa création, imaginant au fil des scènes et des enregistrements, un maloya contemporain nourri des vertus de la créolisation insulaire : cocktail de métissages de descendants d’Africains, d’Européens, d’Indiens, de Chinois et de Métis. En 1992, ce syncrétisme musical va rencontrer les oreilles attentives de Philippe Constantin, regretté responsable chez Polygram, puis de l’autre côté de l’Atlantique, celles de Chris Blackwell, patron du fameux label « Island ».

La vague des musiques africaines ayant ouvert la voie, un nouveau public international est séduit par ces sonorités, ces timbres et ces rythmes de l’Océan Indien, hybrides et singuliers. Dès lors parmi les groupes réunionnais qui pratiquent l’alchimie en mariant maloya, séga, tambours malabars, reggae, jazz et pop, Ziskakan va faire figure de locomotive.

C’est en 1994 que le travail est mondialement reconnu (tournée en Europe, en Afrique, aux Etats-Unis via Africa Fêtes, au Canada...) et aboutit à diverses récompenses : classement au Top Ten Californie, meilleur groupe et meilleur artiste d’Afrique de l’Est aux Kora Arwards d’Afrique du Sud...

Au milieu des années 90, la donne musicale, tant à La Réunion qu’au niveau international, a évolué et les échanges entre musiciens dessinent de nouvelles perspectives artistiques.

Dès lors, l’universalité d’un genre doit se jouer selon un subtil dosage d’éléments très spécifiques et d’influences extérieures : Gilbert Pounia peut se prévaloir d’avoir fréquenté, entre autres, John McLaughlin, Baba Maal, Angélique Kidjo, Kassav’, Brandford Marsalis, Michaël

Brook, Ismaël Lo...

Fin des années 90, Ziskakan, prenant appui sur l’imaginaire et les instruments du cru (enrichis de bongos, congas, sitar, tabla, harmonium...), amorce un retour vers l’acoustique, démarche qui a pour résultat de dynamiser avec bonheur le côté entêtant et fataliste du lyrisme créole. Pour preuve, l’album « 4 TI MO », enregistré à La Réunion sous l’égide du renommé réalisateur et bassiste Mishko M’Ba (participation sur le dernier album de Johnny Halliday, bassiste de Zazie, accompagnement de Ray Charles, Barbara Hendrix...) vient de se vendre à 12.000 exemplaires dans l’île (pour une population de 600.000 habitants !).

Depuis 2000, de nouveaux évènements prometteurs s’enchaînent : participation bénéfique au Strictly Mundial de Saragosse (Espagne), signature avec le label Créon Music distribué par Virgin pour la sortie en France de « 4 TI MO » en 2001, signature avec le label espagnol Ventura/Seyba,signature également avec le tourneur français Groove.

Tournées en Europe et en Afrique s’enchaînent tout comme les productions discographiques : Rimayer en 2001, Live au Casino de Paris en 2002, un DVD Live théâtre de St Gilles en 2004 et enfin le CD Banjara en 2006 pour lequel le groupe a reçu le CESAIRE 2007 de la musique du meilleur groupe. Dernier opus de Ziskakan, Live dann Sakifo a été enregistré lors de l’édition 2010 du renommé festival réunionnais. Il comporte des apparitions de -M- ainsi que du chanteur Alex Sorres.