Pierrick Pedron

AnD the
Sortie le 22 janvier 2016
Label : Jazz Village
Enregistré à Bruxelles et Paris, le nouvel album de Pierrick Pédron est un jeu de pistes époustouflant entre bop, funk, jazz rock, pop psyché et afro. Une matière sonore sculptée dans les règles de l’art (énergie du direct, jam sessions, explosion de thèmes, improvisations et constructions) en compagnie de quelques fidèles complices, avec le groove comme ligne directrice. Une musique à la fois complexe et dansante que ne renieraient pas Quincy Jones ou les Brecker Brothers. La direction artistique est assurée par Vincent Artaud et le soin particulier apporté au son et au mixage par le sorcier Manu Gallet rappelle le travail de Teo Macero. Figure centrale du meilleur jazz made in France, le saxophoniste virtuose prouve qu’il est plus qu’un compositeur inventif : un innovateur sonore, catalyseur des musiques de son temps.
Funk, pop psychédélique, afro rock : Pierrick Pédron repousse les frontières

du jazz et invente le groove du futur !



Début décembre 2013, studios ICP de Bruxelles. Pendant cinq jours, Pierrick Pédron convie une équipe polyglotte dans le temple multipistes de la capitale de l’Europe. Ils sont venus de Berlin, Munich, Barcelone, Paris, Londres, et même des faubourgs de Bruxelles. Tous sont là pour servir le nouveau délire du saxophoniste, « la recréation d’un souvenir de jeunesse » selon lui.

Quand il pratiquait l’Hôpital éphémère, haut lieu de l’underground parisien, Pédron était auprès de Juan Rozoff et des Zucchini Metal Flashers, deux expériences entre funk et jazz-rock. Un quart de siècle plus tard, il veut retrouver cette vibration. Il a contacté Jan Weissenfeldt, moitié des mythiques Whitefield Brothers qui sous divers noms (on se souvient des Poets Of Rhythm) s’est imposée comme un backing band hors-pair. Comme toujours, il a tout préparé en amont.

Phase une. Il rencontre à Paris Jan Weissenfeldt et met la machine en route, se chargeant des morceaux et Jan rassemblant l’équipe. Il y retrouve Chris de Pauw, son guitariste de Omry et Cheerleaders, et son collègue hard bopper anglais le trompettiste Damon Brown.

Phase deux. Il compose les mélodies puis dirige quatre jours de répétitions à Munich. Phase trois. Les bandes tournent... Des thèmes propices à extensions et improvisations

surgissent. Une boucle de guitare post rumba trafiquée par-ci, une ligne de percussions déglinguées par-là, des zigouigouis aux claviers, un long chorus de trompette, le parti pris est de saisir l’énergie du direct pour la réorganiser plus tard, sans en perdre l’esprit. Aux manettes, Manu Gallet conduit cette délicate opération de live réalisé en studio. De nouvelles idées arrivent comme cette compo de la claviériste Marja Burchard. Il y a même deux morceaux qui seront réalisés en post-prod à Paris. Pédron parle de « mélange improbable » et d’ « une expérience inoubliable ». Il évoque une « suite ethno funk psychotrope », une « mélodie éthio », du « funk twist jazz », du « rock sous boule à facettes disco », de la « drum’n’bass organique » et du « Zappa façon transformiste »... Une seule contrainte : rester à l’écoute. En cinq jours l’affaire est entendue.

Phase quatre. 2014, porte de Montreuil, Paris XXème. Pierrick Pédron retravaille la matière pendant un an, il la sculpte pour tailler ce disque... Son alter ego Vincent Artaud entre dans la danse, autrement dit dans le dédale des multipistes. Tous les deux vont chez Manu Gallet le « sound cooker » et la troisième paire d’oreilles de l’histoire. Ils essayent tout, une idée puis une autre... Ils décident même de refaire des guitares basses, confiées à Julien Herné. Au final, près de trois ans auront été nécessaires pour accoucher de AnD the, un album qui doit autant aux partages de l’instant qu’aux bidouillages. Plusieurs couches et autant d’étapes façonnent ce disque aux nombreux reflets. Le funk s’y teinte de psyché, l’esprit du jazz souffle, le rock prog y fait des percées, des ambiances électro pointent... Pas de doute, Pierrick Pédron signe un nouvel O.S.N.I., traduisez « objet sonore non identifiable ». C’est un peu aussi la suite d’Omry, ce disque novateur paru en 2009. Après avoir réinvesti The Cure en mode jazz débridé et osé honorer sans piano l’esprit de Monk, Pierrick Pédron ne se laisse décidément pas embastiller dans une chapelle...

Repères biographiques

Pierrick Pédron est l’un des meilleurs saxophonistes alto du jazz français. Il est aussi un compositeur de talent et son univers musical est très ouvert. En perpétuel mouvement, il n’est jamais là où on l’attend, changeant souvent de direction mais gardant toujours le cap de l’innovation, de la rigueur instrumentale et du plaisir de jouer. Il est incontournable dans le paysage jazz européen depuis 2001, date de son premier enregistrement en leader, une année où il conçoit aussi pour la firme Selmer le sax alto « Référence ». Né le 23 avril 1969 à Saint-Brieuc, il débute la musique à l’alto dès l’âge de sept ans. Son professeur, l’accordéoniste Georges Gouault, jouera un grand rôle dans son éducation musicale. Il s’initie rapidement à la scène en jouant dès l’âge de neuf ans dans les bals populaires de sa Bretagne natale. Il découvre le jazz à seize ans et intègre le CIM deux ans plus tard. A Paris il participe à de nombreux projets funk et rhythm’n’blues, jouant avec Sinclair et Juan Rozoff. Il fait ses débuts discographiques en 1994 aux côtés du flûtiste Magic Malik puis participe au big band de saxophones Le Douzetet de Sax avec Lionel Belmondo et François Théberge. Il est lauréat du Concours de La Défense en 1996 au sein de la formation Artaud / Blanchet et poursuit ses expériences dans les Nuits blanches du Petit Opportun qui sont un tremplin d’une nouvelle génération jazz avec notamment Baptiste Trotignon, Olivier Témime, Vincent Artaud et Alex Tassel. Il se produit avec le pianiste Alain Jean-Marie à Paris et enregistre avec le trompettiste Ernie Hammes à New York où il réside plusieurs mois et en profite pour jouer dans plusieurs clubs.

De retour en France il enregistre Cherokee son premier album en leader avec Baptiste Trotignon, Vincent Artaud et Franck Agulhon. En 2004 il signe chez Nocturne et enregistre Classical Faces. Puis il participe au Paris Jazz Big Band et se produit avec Wynton Marsalis à Marciac. En 2005 il grave Seven Steps to Heaven avec le pianiste anglais Gordon Beck. La même année il retourne à New York où il enregistre Deep In A Dream avec le pianiste Mulgrew Miller, le contrebassiste Thomas Bramerie et le batteur Lewis Nash.

En 2006, Pierrick Pédron participe au septette du contrebassiste Jacques Vidal avec qui il enregistre Mingus Spirit. Puis, après un temps de réflexion, il effectue en 2009 un virage à 180 degrés avec Omry, un album ambitieux où il délaisse le jazz classique pour une fusion singulière entre pop et jazz, avec des compositions qui rendent à la fois hommage à Pink Floyd et à la chanteuse égyptienne Oum Kalsoum.

En 2010, Pierrick Pédron continue de collaborer avec Jacques Vidal et participe à l’enregistrement de Fables of Mingus. L’année suivante il signe chez ACT Music et poursuit ses expériences pop avec Cheerleaders, aidé du producteur Ludovic Bource et de l’ingénieur du son Jean Lamoot. Puis il revient au bop qu’il aime tant dans une formule sans piano, en trio avec Franck Agulhon et Thomas Bramerie, et grave successivement Kubic’s Monk (2012) et Kubic’s Cure (2014) qui rendent respectivement hommage à Thelonious Monk puis au groupe The Cure. La même année il participe à l’album de Riccardo del Fra My Chet, My Song qui célèbre Chet Baker ainsi qu’au Cuernavaca de Jacques Vidal, toujours autour de la musique de Charles Mingus.

Aujourd’hui, Pierrick Pédron rejoint JazzVillage avec son nouvel album AnD the.