Nishtiman Project

Kobané
Sortie le 18 novembre 2016
Label : Accords Croisés
Éparpillé entre plusieurs états et dispersé en diaspora à travers le monde, le peuple kurde a pourtant une patrie. C’est une terre fertile et un lieu secret, une région montagneuse et un rêve radieux. Sa culture a les mêmes magiques singularités, dans un parcours qui tient à la fois de l‘essaimage et de l’évasion, de l’unité et de la dissémination.
Éparpillé entre plusieurs états et dispersé en diaspora à travers le monde, le peuple kurde a pourtant une patrie. C’est une terre fertile et un lieu secret, une région montagneuse et un rêve radieux. Sa culture a les mêmes magiques singularités, dans un parcours qui tient à la fois de l‘essaimage et de l’évasion, de l’unité et de la dissémination.

Quand un Kurde d’ici chante, il n’a pas le même accent qu’un Kurde de là, ni les mêmes pas de danse, ni les mêmes instruments. Pourtant, son imaginaire est semblable, ses déplorations et ses joies ont les mêmes couleurs. Mais on n’entendait pas cette musique. On n’entendait que la dispersion, la dislocation, les enracinements régionaux qui voulaient faire croire qu’un Kurde d’Irak était surtout irakien et qu’un Kurde de Turquie était principalement turque – ou tout au moins leurs musiques.

En 2013, le premier album de Nishtiman a été un choc. Soudain, l’on entendait une musique fédérant la culture kurde, transcendant les frontières étatiques, historiques et même religieuses. Soudain, le Kurdistan s’exprimait tout ensemble – et, d’ailleurs, le mot nishtiman signifie patrie.

« Ce nouvel album est un voyage musical à la recherche des mélodies et des rythmes de la culture kurde, précise Hussain Zahawiz, directeur artistique de Nishtiman Project. Pour créer un style moderne avec ce projet, des instruments de musique kurdes vieux de plusieurs milliers d’années ont été accompagnés d’instruments venus d’autres cultures. »

Le compositeur Sohrab Pournazeri précise : « Cet album est inspiré de mélodies d’un vaste territoire habité depuis des millénaires par des peuples d’une culture raffinée, des confins de la Chine jusqu’à la mer Méditerranée. Cette zone culturelle contient des langues, des traditions, des pratiques vestimentaires et des musiques variées. Les religions archaïques de ces peuples – le culte de Mitra et le zoroastrisme – appellent à respecter la terre et à vivre une harmonie joyeuse avec la nature, préceptes restés ancrés au Kurdistan. Le peuple kurde a un rôle majeur dans la construction et la préservation de cet héritage culturel et mon objectif, avec cet album, est de sauvegarder l’authenticité de ces mélodies tout en illustrant le talent des artistes contemporain du Kurdistan. »

Le destin contemporain du peuple kurde est au cœur de cet album, qui s’ouvre par une pièce instrumentale et vocale qui lui donne son titre, Kobane. Cet hymne à la ville martyre mais victorieuse de la frontière syrienne, dont le texte dit que la rivière Sirvan la protège le feu sacré du zoroastrisme, emboite mélodies et instruments traditionnels à des percussions dévoilant des échanges et une ouverture au monde qui confirment que plus jamais aucune culture ne sera étanche.

Après le premier album de Nishtiman et l’intense tournée internationale qui a suivi, Kobane confirme que son Kurdistan n’est pas enkysté dans les mythes d’un passé qu’il faudrait faire revivre tel qu’enluminé dans quelque grimoire vénérable. Au contraire, le projet est de faire resplendir un futur aussi ouvert qu’enraciné. Cela se traduit par une musique traditionnelle et contemporaine, dont cette dualité est parfois éclatante, comme dans Aman Aman, adaptation d’airs de danse véloces de la ville de Kermanshah, à l’ouest de l’Iran. L’allégresse de la rythmique, la virtuosité des solos instrumentaux (dans une succession qui évoque l’âge d’or du bebop), la ferveur du chant, tout semble contredire un texte déplorant la séparation des amoureux. Mais cette tension entre joie du motif et tristesse de son argument donne à ce titre son incroyable puissance.

Mais Nishtiman plonge aussi à pleins bras dans les répertoires ancien, comme avec Khor Halât, maqam ancien pour le tanbur joué traditionnellement au lever du soleil, ou avec Shirin, chant d’amour dont la mélodie est composée de trois notes, selon l’habitude de la région d’Oraman, à la frontière irako-iranienne… Et, dans Kohbod, le groupe évoque la tradition ascétique du yârsânisme, religion née au XIVe siècle mais rattachée à un ensemble de cultes antérieurs à l’islam.

Comme pour l’album précédent de Nishtiman, le percussionniste et directeur musical Hussein Zahawy a commandé l’essentiel des compositions à Sohrab Pournazeri, chanteur, joueur de tanbur et de kamanché. Il a rassemblé autour d’eux le joueur de zorna, balaban et duduk Ertan Tekin, la chanteuse Donya Kamali, le spécialiste des percussions africaines Robin Vassy et le joueur de santur Mayar Toreihi. Ensemble, ils font entendre une musique qui n’est évidemment plus celle des villages, mais a conservé cette âme radieuse et combative ayant traversé tant de siècles. Cette musique qui dessine un futur ouvert au monde ressemble à un rebond, à un relai, à un réveil. Et ce son-là traverse le fracas des armes.

DISTRIBUTION :

 Sohrab Pournazeri : tanbur, kamanché, composition
 Hussein Zahawy : daf, dohol, bendir
 Ertan Tekin : zorna, balaban, duduck
 Robin Vassy : percussions
 Donia Kamali : voix
 Mayar Toreihi : santour