Moussu T e Lei Jovents

Navega !
Sortie le 23 septembre 2016
Label : World Village
Moussu T e lei Jovents est l’un des groupes les plus stimulants de la scène française, mêlant poésie urbaine provençale, rythmes créoles et blues. Avec un ancrage occitan et des guitares très rock, leur nouvel album est sans concession !
Souvent, les albums de Moussu T e lei Jovents sont écrits « sous le totem », comme dit Tatou, c’est-à-dire influencés par le visuel choisi pour la pochette. Pour Navega !, Blu a dessiné un groupe d’ouvriers au pied des hautes silhouettes des bateaux et des grues d’un port, dans la veine de Fernand Léger – une de ses influences majeures en peinture mais aussi pour sa vision du monde en pleine transformation des années 30 et 40. Et cet album puise largement dans la mémoire ouvrière de Marseille et de La Ciotat, dans la conscience des combats passés et à venir, dans l’orgueil insolent des quartiers populaires...

Moussu T e lei Jovents naviguent depuis une dizaine d’années entre Marseille et les Amériques, entre le cœur du XXe siècle et l’élan du XXIe. Créé par Tatou et Blu, également MC et guitariste dans Massilia Sound System, ce qui fut au départ un side project est peu à peu devenu un des groupes les plus stimulants de la scène française, en emmêlant poésie urbaine occitane, rythmes créoles et guitare blues. Après Opérette qui revenait, en 2014, sur le patrimoine de l’opérette marseillaise de l’entre-deux-guerres, Moussu T e lei Jovents est retourné en studio pour un huitième album.

Navega ! présente de nouvelles chansons et des guitares très rock, comme un retour aux sources pour Blu, qui a grandi en écoutant les guitar heroes volubiles des années 70 avant de plonger dans le reggae.

Cet ancrage blues est aussi très occitan, car cette langue partage avec l’anglais une étonnante capacité à produire des images libres, mouvantes, polysémiques, généreuses. La matière plus normée du français porte à la pudeur, à la mélancolie, à l’introspection. La luxuriance linguistique de l’occitan invite au jaillissement, à la pulsion instinctive.

Alors, au français reviennent l’hommage chanté à la sublime Louise Brooks ou le souvenir des liserons des amours d’enfance, et à l’occitan les célébrations de l’art de vivre et de lutter sur ces terres-là, ou La Balada d’Henri Diffonty, qui se souvient d’un résistant fusillé par les nazis. Par cette chanson, Moussu T e lei Jovents replacent des héros, connus par les noms de rues, dans un quotidien usuel de soleil et de vie laborieuse.

Ce rappel dit aussi que Moussu T e lei Jovents n’a pas pour seule vocation d’enchaîner des concerts et des albums, mais d’être utiles à la vie de qui les écoute. C’est la fonction des musiciens dans les sociétés traditionnelles, mais aussi celle du légendaire Joe Hill, auteur de multiples chansons de lutte syndicale aux États-Unis il y a plus d’un siècle. L’idée, encore et toujours, d’apporter de nouvelles chansons au folklore de nos villes et de nos quartiers.

Bertrand Dicale

MUSICIENS
 Tatou : chant
 Blu : banjo, guitares, chant
 Souba : basse, contrebasse, scie musicale
 Stef Lo DéliK : percussions
 Denis Lo Bramaire : batterie
Avec la participation de
 Sam Burguière (Les Ogres de Barback) : trompette et violon (10, 11)