Omar Sosa & Yilian Cañizares

Aguas
Sortie le 5 octobre 2018
Label : MDC / Pias
Après Transparent Water (2017) enregistré avec le joueur de kora Seckou Keita, Omar Sosa revient en compagnie de la violoniste Yilian Cañizares pour un album de nouveau placé sous le signe de l’eau : Aguas. Pianiste aussi profondément cubain qu’ouvert à toutes les musiques du monde, Omar Sosa a développé, en plus de trente ans de carrière, un style gorgé de spiritualité, aventureux et porteur d’humanisme. Son œuvre, il l’édifie en collaborant avec des musiciens venus de tous horizons. Paolo Fresu, Trilok Gurtu, Seckou Keita, Jaques Morelenbaum…
Après Transparent Water (2017) enregistré avec le joueur de kora Seckou Keita, Omar Sosa revient en compagnie de la violoniste Yilian Cañizares pour un album de nouveau placé sous le signe de l’eau : Aguas. Pianiste aussi profondément cubain qu’ouvert à toutes les musiques du monde, Omar Sosa a développé, en plus de trente ans de carrière, un style gorgé de spiritualité, aventureux et porteur d’humanisme. Son œuvre, il l’édifie en collaborant avec des musiciens venus de tous horizons. Paolo Fresu, Trilok Gurtu, Seckou Keita, Jaques Morelenbaum...

Or, Omar n’a peut-être jamais trouvé de partenaire plus complémentaire. Avec Yilian, qui s’est fait connaître grâce à deux albums débordant d’énergie (Ochumare et Invocacíon), quelque chose s’est établi qui tient de l’évidence. Il suffit de les écouter parler : tous deux font plus que raconter la même histoire, leurs mots mêmes sont identiques. « Aguas est une collaboration entre deux musiciens cubains, explique Omar. Il reflète nos traditions, nos émotions, notre nostalgie aussi. J’ai 53 ans, Yilian 35, et nous avons conçu ensemble une musique contemplative, pleine d’humilité, de paix et de dignité. Sans muscles. Tout le monde pense que la musique cubaine est virtuose et doit faire danser, mais il existe bien d’autres traditions. » Yilian renchérit : « La musique cubaine est souvent démonstrative. Omar et moi avons fait très attention à ne pas suivre cette voie. Cela suppose une démarche intellectuelle et spirituelle, il faut se dépouiller de son ego pour laisser la musique vivre. »

Leur rencontre a eu lieu en 2014, lors d’un concert d’Omar dont Yilian assurait la première partie. Sans qu’elle s’y attende, le pianiste vient l’écouter et la congratuler. Ils se revoient ensuite à Zurich : « La connexion était plus qu’évidente, se rappelle Yilian. La première fois qu’on a discuté, on s’est aperçus que nous avions des goûts communs dans les arts comme dans la nourriture ou les bons vins. Au restaurant, Omar m’a glissé : On est déjà en train de jouer, c’est notre première répétition. » L’album sera composé en quelques jours, puis enregistré avec un recours discret à l’électronique et le concours d’Inor Sotolongo aux percussions. « On voulait que ce disque très sincère, très honnête, ait de l’espace et du temps. On a donc attendu que nos plannings nous permettent de le sortir avec la certitude que son contenu pourrait s’épanouir sur scène. »

Son caractère le plus évident est l’espace, la respiration. Dès les premières mesures de Duo de aguas, une sérénité s’instaure, rendant l’échange possible. « Aujourd’hui, les gens parlent trop, trop fort, ils ne s’écoutent pas assez, déplore Omar. Il y a trop de tensions partout. Cette musique cherche à recréer un espace de communication libre et respectueuse. » Pour un musicien aussi imprégné de mystique qu’Omar, cela supposait d’invoquer les deux déesses-sœurs de la religion lukumi, Yemaya (énergie de l’eau salée, de la mer et de la pluie) et Oshun (énergie de la rivière, de l’eau douce et des lacs). « L’eau représente la fluidité, la flexibilité et l’élément le plus fort en même temps, explique Yilian. On la pollue pourtant, tout en sachant qu’on ne pourra pas vivre sans. L’humanité est devenue inconsciente. Pour nous, Cubains, l’eau signifie aussi la séparation avec notre pays d’origine. » Ce thème symbolise donc à la fois une inquiétude, une urgence, et une réponse : le don perpétuel de l’un à l’autre. « Dans la liste des musiciens qui m’ont marquée, aucun ne pouvait plus m’apporter qu’Omar, conclut Yilian. Sur la façon de voir la vie, la musique, l’art, la spiritualité, on n’a pas besoin de parler, tout est simple. Quoi qu’il arrive, on est très heureux parce que ce disque reflète notre relation, tout le respect et l’amour qu’on a l’un pour l’autre. On avait envie de laisser toute la créativité sortir. C’est venu de nous-mêmes. »